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Gérard Cousin Prod présente
Cyrvony

Base de Volkoelv, Russie, 2022  

 

La zone fumeurs est pourtant en extérieur, mais l'air y est chargée d'odeurs de tabac et de shit. Je suis prise d'une quinte de toux, mais la réprime. Je tiens à faire bonne figure devant ces "grands" qui m'impressionnent et me font peur à la fois... Un des hommes armés me propose de tirer sur son bout incandescent et, me sentant comme initiée à un rite, j'attrape la mèche et la porte à mes lèvres. J'aspire et le mélange me brûle les lèvres, mais je retente l'expérience, enivrée. L'homme à qui appartient le tabac, Mocny, reprend son bien et tire vigoureusement dessus. La tête me tourne et une nausée m'assaille, mais bizarrement, je me sens rassurée et bien. Mon père arrive, un dossier sous le bras, où le Sceaux du Règne apparait. Il sort un étuis de la poche intérieure de sa veste et en retire une cigarette rouge. Il l'allume à l'aide de son zippo à l’effigie du Tsar et la flamme tressaille en se reflétant dans les yeux froids de mon géniteur. Uraz Cyrvony est l'homme le plus effrayant que j'ai rencontré dans ma vie, et cet homme est mon père. Il ne semble éprouver aucun sentiment pour ses enfants, pas plus que pour sa femme, et il nous délaisse bien souvent pour "son devoir" auprès du Fondateur, le Tsar Snieh Krov. Il est impartial, cruel et sans pitié. Je l'ai déjà vu à l’œuvre, et c'est pour cela que je peux me permettre de le juger. Depuis toujours, je vis dans ses horreurs.  

Lios vient nous rejoindre, fusil au poing, qu'il pose sur la pointe de sa botte. Il est un petit peu plus vieux que moi. Il a dix-neuf ans, alors que j'en ai presque dix-sept. Nous avons grandit ensemble et le jeune homme, devenu soldat du Tsar, est le fils de Protair Halka, l'un des rares ministres du Tsar à être encore vivant. La raison ? Halka est son plus fervent serviteur et à accusé tous les autres de trahison ou de non-conformité au règlement durant les cinq dernières années. Sans procès, tous les hommes de "loi" ont été exécutés en public, pour exemple. J'étais là et je les ai tous vu se faire décapiter sur la place publique un par un.  

Depuis une semaine, j'ai intégré les rangs de ses hommes et femmes qui, officiellement, garantissent paix et prospérité dans tout le pays et, officieusement, traquent les rebelles en tous coins et leur font très chèrement payés leur divergence.  

Mais j'ignore pourquoi, les actions que nous menons contre les résistants me révoltent de plus en plus, malgré mon entérinement. Je devrai être fière de mon père et de pouvoir servir mon pays, et je le suis, vraiment, mais quelque chose cloche pourtant...  

En surface, je ressemble énormément à ma sœur aînée, Okyean, sauvage, belle, résistante et tête brulée. Mais au fond de moi, je rêve d'un monde en paix, où il n'y aurait plus ni morts, ni disparus, ni peur...  

Tog Pazarny, le fiancé d'Okyean et très prochainement son époux, rompt le fil de mes pensées en éclatant bruyamment de rire. Il raconte une blague morbide à l'assemblée réunie là, sur la façon dont il a torturé un couple de protestataires, place Stancyja. J'ignore ce qu'Okyean lui trouve. Ce n'est qu'une brute sans cœur et sans cervelle. Tous toussotent de rire avant de parler "affaires". C'est le moment que choisi mon père pour m'envoyer chercher le colonel Emir Rugat, qui est resté à l'intérieur. Je sais qu'ainsi, il me congédie. J'ignore pourquoi, mais mon père refuse encore que j'assiste aux réunion de prises de décisions, malgré mon enrôlement dans les forces du Tsar. Frustrée, j'opine néanmoins de la tête et monte les marches jonchées de neige.  

 

Le soir, je lis tranquillement dans le calme de ma chambre, quand une lumière m'aveugle soudainement, puis disparaît. Je me glisse derrière ma fenêtre, attentive au moindre mouvement dehors, dans les fougères, mais ne remarque rien de particulier. Je m'apprête à me rallongée sur mon lit lorsque j'entends un léger clapotis le long du mur. Je glisse sans bruit ma tête par la fenêtre et remarque deux hommes accroupis près de l'enceinte du bâtiment. Je jette un œil à l'horizon et aperçois une ombre un peu plus loin. Non... Des ombres. Elles se rapprochent des hommes cachés à l'angle de l'Académie Tsyveny, formant les plus jeunes et brillantes recrues militaires du pays. Une fois regroupés, je peux dénombrer au moins huit individus avec certitudes avant qu'ils ne disparaissent de mon champ de vision en se dirigeant vers les bureaux des Officiers. Intriguée, je me glisse silencieusement hors de ma chambre sans même prendre le temps d'enfiler une veste. Une fois dehors, je le regrette amèrement, il fait un froid de canard. Tant pis. Ragaillardie par la température avoisinant les moins dix degrés, je cours à l'angle de l'Académie où j'avais aperçue le groupe de personnes, puis je suis les traces dans la neige pour les retrouver. J'approche de l'armurerie, extrêmement bien gardée par tout un régiment d'hommes très lourdement armé. Quelle idée ces personnes ont-elles eu de venir ici ? A moins que je n'ai mal vu et qu'elles n'étaient en fait que des gardes du Tsar... Soudain, j'entends des voix. Étouffées par le bruit d'un 4x4 passant non loin, j'ai presque failli ne rien entendre, mais sure de moi je m'approche, rampant dans la neige. Je suis trempée et gelée, mais une flamme semble me brûler de l'intérieur. Cachée par une petite bute, je discerne très distinctement le groupe de personnes de tout à l'heure et à à peine une centaine de mètres je distingue quatre militaires du Tsar et trois gros chiens d'attaque jappant dans la nuit. Le groupe de personnes reste immobile et silencieux, mais ils sont tournés vers les gardes. Tout à coup, ils se séparent, cinq d'entre eux se dispersent vers la clôture d'enceinte électrisée alors que les trois autres restent sur place. J'hésite alors sur la position à adopter. Visiblement, ces personnes ne font pas parties des hommes du Tsar. Serait-ce des rebelles ? Dois-je les dénoncer en alertant les militaires postés à quelques mètres seulement ? Dois-je suivre le groupe venant de s'enfuir ? Ou surveiller les trois restant ? Finalement, je patiente encore quelques minutes, sur mes gardes, quand soudain je reconnais le blason sur le manteau d'un des hommes : un serpent prit dans les serres d'un aigle à deux têtes, pour signifier les rebelles prisonniers du Tsar et de la Russie. Je comprends alors trop tard que ces hommes sont en train de s'échapper du Fort Kneverine situé au cœur de la base. La question du comment ne me traverse même pas l'esprit. Tout à coup, je me redresse et pique un sprint jusqu'à eux, ce qui attire irrémédiablement l'attention des militaires sur moi et donc sur les trois hommes planqués dans le noir. Leur réaction ne se fait pas attendre et les rafales de balles commencent à pleuvoir autour de moi. Je sens mon mollet me brûler, mais je continue ma course, alors que les prisonniers prennent la fuite en direction de la clôture. L'un d'eux est touchés dans le dos et tombe à la renverse. Je dépasse son corps en quelques foulées. Un autre se jette sur la clôture et est soudainement pris de violentes convulsions. J'entends les militaires vociférer derrière moi. Je tiens à arrêter moi-même le dernier rebelle encore debout. Cela m'assurera les plus grands honneurs et toute la considération de mon père, mais surtout, le plus important, sa confiance. Je ne peux pas rater cet acte héroïque. L'homme longe les barbelés sur la gauche comme à la recherche d'une faille. Puisant dans mes dernières forces et ignorant ma blessure à la jambe, je sprint jusqu'à être assez proche pour lui sauter dessus et nous roulons dans la neige. L'homme se débat et m'assène un brusque coup au visage. Sonnée, je le lâche et me retrouve remise de force sur mes jambes par un des militaires à nos trousses. Il m'empoigne avec fermeté et je lui cris de me lâcher, mais il ne m'écoute pas et me transporte au quartier général, alors que je me débats avec férocité.  

 

Le garde m'assoit sur une chaise ensanglantée, dans une pièce vide, avant de re-sortir. Je reste plantée là pendant une dizaine de minutes, frigorifiée, blessée et sonnée. Je grelotte fortement alors qu'un homme, de grande taille à l'air bourru en uniforme de gradé entre et se poste face à moi. Un autre lui tient la porte pour le laisser passer puis referme derrière lui. Nous voilà tout les deux seuls, face à face. Je devine alors ce qu'il va se passer, et je décide d'anticiper en lui expliquant la situation. Que je suis Vjalika Cyrvony, fille de Uraz Cyrvony, officier supérieur de la RBI, Russkiy Blok Informatsii et que j'ai pris, un peu plus tôt dans la nuit, l'initiative, certes imprudente, mais efficace, de suivre un groupe de personnes suspectes au sein de la base, personnes se révélant être des prisonniers échappés du Fort Kneverine. Je le dis avec certitude, mais j'espère que la dernière information est bien vraie. Pour toute réponse, le costaud m'assène un énorme coup de poing en pleine figure, ce qui me tire un cris tant de douleur que de surprise. Ma mâchoire est soudainement toute engourdie et reçoit un deuxième coup tout aussi rapide. La peur me prend alors aux tripes, mais j'encaisse le troisième coup sans plaintes. Un officier entre ensuite dans la pièce, ce qui fait cesser les coups. Il me dévisage un instant, puis s'écarte. Mon bourreau me frappe à nouveau. Cette fois, je tombe de ma chaise. J'en ai le souffle coupé. Ses mains de brutes se referment alors sur moi pour me rassoir et m'attacher les mains dans le dos. J'étouffe un cris tant la position est inconfortable et mon corps meurtri est à bout. On me questionne sur mon identité. Je la décline et l'on me frappe à nouveau. A bout, je décide de ne plus rien dire lorsque l'on me repose la question et les coups pleuvent de plus belle. Je sens le sang, mon sang, couler le long de mon visage. J'anticipe un nouveau coup, puis, dans un état lamentable, je perds bientôt connaissance.  

 

Je me réveille dans une pièce sombre et chaude. Mes membres engourdis semblent réchauffés, mais mon corps est dans un piteux état. Je suis à plat ventre et essaie de relevée la tête. Je découvre alors que je suis allongée sur des corps immobiles. Ils semblent morts. Je ne peux les dénombrer, mais je panique et roule de côté, les mains toujours attachées dans le dos. Je me retrouve face au visage tuméfié d'un type méconnaissable. Effrayée, j'ai un mouvement de recul, et me cogne à un nouveau cadavre. J'essaie tant bien que mal de me relever et parvient péniblement à m'assoir. Un four brûle un peu plus haut, les flammes prêtes à lécher les chairs en décomposition. J'essaie de me mettre debout, mais mes jambes refusent de m'obéir. Il faut croire que l'adrénaline ne suffit pas toujours pour faire des miracles. Soudain, épuisée, je sombre à nouveau dans l'inconscience.  

 

Je suis réveillée par des voix, puis par des bras puissants qui me tirent vers le haut pour me hisser sur une épaule musclée. Je panique en me souvenant du four et tente de me débattre, mais je suis faible et je ne suis pas sur que le type qui me tient s'en soit rendu compte. Soudain je vois le four devant moi et pousse un petit couinement, mais nous nous éloignons et nous retrouvons dans un couloir lugubre. Je peux entendre des cris et des pleurs. Les minutes passent, rythmées par le pas de l'homme qui me porte. Puis il s'arrête. J'entends le cliquetis d'une serrure et je me retrouve jetée sans ménagement à terre. La porte se referme, le verrous aussi et je suis dans le noir. Mes yeux peinent à s'habituer à l'obscurité. Je peux sentir des mouvements autour de moi et je fais alors la morte, j'arrête de respirer et je reste immobile. Une fois accommodée, ma vue me permet de distinguer des visages sans traits particuliers, peut-être une quinzaine. Les personnes sont silencieuses, recroquevillées dans des coins différents, visiblement terrifiées. Je me traine contre un mur et m'y adosse difficilement. Mes mains sont toujours attachées dans mon dos et me lancent atrocement. Je ne sais pas si je m'endors ou perds encore connaissance, mais je ne rêve pas et me réveille toujours dans cet enfer.  

 

Quelqu'un s'est approché de moi et tente de défaire mes liens. J'ai un mouvement de recul mais je ne peux lutter contre ses ongles s'enfonçant dans la chaire tendre de mes poignets. Soudain, je suis libre. Mes bras endoloris ont dû mal à se détendre, mais silencieusement, d'un simple regard, je remercie, tout de même méfiante, mon libérateur. Nous nous regardons sans rien dire pendant de longues secondes ou minutes, puis il se présente sous le nom de Pietrus. J'ignore si déclarer ma véritable identité est bien prudent, alors je me contente d'utiliser un surnom inventé : Ana. Ses yeux gris bleus semblent me pénétrer. De la terre macule sont visage terne et ses cheveux en bataille sont rongés par la saleté. Son odeur est nauséabonde. Ou est-ce celle de la pièce ? Pietrus s'éloigne par petits bons, tel une sauterelle. Je remarque alors que le plafond est incroyablement bas. On ne peu même pas tenir debout. Je me rappelle des cellules de Fort Kneverine. Mon estomac se noue. Que m'est-il arrivé ? Comment est-ce que je peux me retrouver là ?  

 

Les jours passent avec une très grande crainte et morosité. Les gens réunis ici viennent tous d'endroits et de milieux très différents. Certains ne parlent quasiment pas, trop choqués. L'un d'eux à même eu la langue coupée par les hommes du Tsar. Mais d'autres confient leur histoire. Tous semblent avoir en commun une certaine opposition plus ou moins virulente au pouvoir. J'ai eu raison de taire mon identité. Je ne peux pas me permettre de me faire plus d'ennemis. Pietrus est le plus bavard de tous. Il m'a raconté son histoire. Il vient d'une province plus au nord d'ici, là où il n'y a que la glace et qu'une seule saison. Un village minier, anciennement très prospère. Il y a grandit avec ses parents et quatre frères et deux sœurs. Dans sa jeunesse, la route jusqu'à son village était encore ouverte et les camions de ravitaillement du Tsar passaient encore. Puis ils ont cessés de venir. Le froid a alors tout détruit. Sa mère et une de ses sœurs sont mortes et le reste de sa famille et du village ont fui vers le sud. Mais ils sont tombés sur un barrage, après des jours de marche. Les militaires leur ont ordonnés de faire demi-tour pour rentrer chez eux. Mais ils n'avaient plus de chez eux. Devant l'insistance des réfugiés à vouloir passer, les hommes du Tsar ont ouvert le feu. Apeurés, les villageois ont donc fait demi-tour. Ils n'avaient nul part où aller mais ont trouvés refuge dans les montagnes. Les rebelles s'étaient installés là et ils avaient besoin d'homme pour fournir leurs rangs. C'est comme cela que pour survivre, Pietrus et sa famille se sont enrôlés dans le camp de la Rébellion.  

Malgré la situation catastrophique dans laquelle nous nous trouvons, Pietrus est quelqu'un de joyeux. Il aime raconter des blagues qui ne font rire que lui et s'enquière toujours des nouvelles des autres prisonniers. Plus le temps passe, plus je perds l'espoir de sortir de cette cellule vivante. Je désespère que mon père vienne me chercher. Et je n'ai surtout plus envie de vivre dans ce monde de peur et de morts. Alors cet homme qui a tout perdu mais qui demeure plein de vie, devient mon espoir. Pietrus est mon espoir.  

La balle de mon mollet a été extraite quelques heures après mon arrivée et soignée avec la plus grande simplicité. Mon visage tuméfié a fini par dégonflé et même si les repas fournis ne sont pas très nourrissants, je sens que je reprends peu à peu des forces. Je sais désormais ce que je dois faire. Si Pietrus a réussi à s'échapper une fois, nous devrions réussir à nous en-aller une deuxième fois.  

 

 

Non loin de là, Quartier des Officiers de la RBI  

 

Uraz Cyrvony est assis derrière son bureau, un dossier signé du Sceaux du Règne étalé devant lui. Il contemple des photographies. D'abord celles d'un jeune homme en uniforme de prisonnier, blason du serpent et de l'aigle à deux têtes sur la poitrine, blond, cheveux courts, yeux foncés, regard vide. L'officier attrape entre ses longs doigts fins semblant à des serres, une autre photographie, celle du même jeune homme, mais ses traits fins sont cette fois-ci défigurés par des ecchymoses et des traces de coups. Satisfait, il remet les photos dans un étuis, puis en attrape un autre pour en sortir un autre tas de photos, mais cette fois d'une jeune fille brune aux yeux pâles, en uniforme de l'Armée du Tsar. La même posée sur son bureau. Il en regarde une autre, même visage tuméfié que pour le jeune homme, et il sourit, un sourire carnassier qui semble refroidir la pièce. Il a toujours sentit qu'elle ne lui était pas totalement dévoué, alors il lui faut la briser. Il ne viendrait la secourir que dans quelques semaines, en attendant, sa fille apprendrait la leçon de ce qui arrive aux personnes qui ne sont pas dévouées corps et âme au Tsar et à la Nation...  

 

Cast:  

Vjalika Cyrvony: Cassie Dickinson  

Pietrus: Neelam Cousin  

Uraz Cyrvony: Shawn Green  

Okyean Cyrvony: Gaia Williams  

Lios Halka: Miles Owem  

Tog Pazarny: Paul Shermann  

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Film uchronique se déroulant dans une Russie Tsariste, voici "Cyrvony", écrit par Badin et réalisé par Jenny Hoffman! Au générique, on trouve Cassie Dickinson, Neelam Cousin, Shawn Green, Gaia Williams, Miles Owem et Paul Shermann entre autre! La musique est l'œuvre de Benjamin Colloff! "Cyrvony" le nouveau film d'action uchronique de Gérard Cousin Prod!

Scénario : (2 commentaires)
une série A d'action (Uchronie) de Jenny Hoffman

Neelam Cousin

Cassie Dickinson

Shawn Green

Gaia Williams
Avec la participation exceptionnelle de Miles Owem, Paul Shermann
Musique par Benjamin Colloff
Sorti le 10 janvier 2037 (Semaine 1671)
Entrées : 25 878 774
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