L'obscurité et le silence régnaient dans l'appartement, malgré l'heure affichée sur le cadran digital, indiquant qu'il était déjà plus de treize heures. Sur la table basse, les cadavres de bouteilles gisaient les uns à côté des autres, vestiges d'une soirée arrosée qui avait du durer jusque tard dans la nuit.  

Sur le sofa, Huang (Fabrice Dobson) émergea enfin, la tête encore embrumée par les vapeurs d'alcool. Après quelques instants, il se redressa et se leva pour se diriger vers les toilettes. En allumant la lumière, il reçut immédiatement les invectives de ses collocataires, qui ne semblaient pas dans un meilleur état que le sien. Dans le grand lit situé au fond de la pièce, Rico (Eduardo Ramirez) et Leticia (Penelope Vélez) étaient toujours couchés, entièrement nus, visiblement pas dérangés de s'afficher ainsi devant Huang qui continua son chemin comme si de rien n'était jusqu'à la salle de bain.  

Là gisait Angie (Melany Morgan), endormie sur le carrelage près des toilettes à côté desquels elle avait passé la nuit par précaution. Secouant la jeune femme pour qu'elle libère les lieux, Huang referma la porte après elle lorsqu'elle sortit enfin, après s'être plainte de ce réveil brutal.  

Lorsqu'il ressortit de la salle de bain, il retrouva Rico assis dans le sofa, vêtu d'un simple caleçon qu'il avait enfilé à la hâte, les yeux rivés sur la télévision. La chaîne d'information continue parlait du braquage spectaculaire qui avait eut lieu la veille, et dont les coupables avaient échappé à la police.  

- A priori ils ont l'air totalement perdus, affirma Rico avant d'avaler une gorgée de bière dans la bouteille qu'il avait prise dans le frigo en guise de petit déjeuner.  

Huang s'approcha pour voir de plus près les images de la télévision, et découvrir quelles informations les journalistes avaient en leur possession. Une quinzaine de jours plus tôt, les quatres actuels collocataires ne se connaissaient même pas encore, et avaient été chacun contactés par un mystérieux commanditaire qui leur avait proposé de participer au plus gros coup de leur carrière.  

Tous les quatre étaient des cambrioleurs et braqueurs dotés de compétences diverses, et l'homme en question leur avait affirmé avoir besoin d'eux quatre pour monter un plan qui leur rapporterait très gros. Jamais ils n'avaient vu son visage, leurs ordres leur ayant été communiqués par l'intermédiaire d'un homme de main à son service. Chacun d'entre eux avait hésité un moment avant d'accepter, s'interrogeant sur ce personnage et ses méthodes. N'était-ce pas un piège pour les coincer tout simplement ?  

Finalement, ils avaient tous les quatre accepté, l'appât du gain l'emportant sur le reste, et avaient découvert alors leur objectif. Tout avait été prévu dans les moindres détails, jusqu'à cette planque où ils s'étaient réfugiés non loin de lieu de leur méfait, et où ils allaient passer plusieurs jours le temps que la police les croient bien assez loin pour ne plus les chercher là.  

"... des braqueurs s'étant mystérieusement volatilisé, affirmait la journaliste à la télévision, disparus immédiatement après avoir quitté les lieux de leur crime. La police cherche toujours la moindre trace ou le moindre indice leur permettant de remonter leur piste.  

Comment pouvait-elle se douter qu'ils se trouvaient là non loin d'eux, dans ce sous-sol où avait été aménagé cette planque sans fenêtre ? Attirés par la télévision, tous les quatre se tenaient à présent face à l'écran, silencieux, découvrant le résultat de leur oeuvre.  

Tout s'était déroulé comme l'avait prévu leur commanditaire. Ne restait plus à présent qu'à attendre que la police abandonne les lieux, qu'elle classe le dossier faute d'éléments. Evidemment cela pouvait durer un certain temps, mais ça en valait le coup étant donné la somme que cela allait leur apporter. S'approchant de Rico, Leticia s'assis sur ses genoux et l'embrassa à nouveau. Eux deux avaient décidé de profiter de ces moments enfermés ensemble pour passer du bon temps, ce qui avait déjà tendance à agacer Huang qui avait du supporter leurs gémissements une partie de la nuit durant déjà, ainsi que les râles de l'autre colocataire qui avait passé une partie de la nuit à dégueuler ses tripes.  

Lui n'attendait plus qu'une chose, que celui qui les avait engagés vienne enfin à leur rencontre comme il le leur avait promis, afin qu'ils se partagent les gains et qu'ils puissent enfin retourner chacun à leur vie.  

Quelques heures plus tard, il crut que son voeu avait enfin été exaucé, lorsque l'homme de main de leur patron vint à leur rencontre. Mais ce que celui-ci leur annonça leur fit à tous l'effet d'une douche froide.  

"Mon patron a toutes les raisons de croire que parmi vous se cache un traître, qui a infiltré cette équipe dans le but de l'approcher et de le coincer. Il ignore duquel d'entre vous quatre il s'agit, mais a décidé de ne laisser partir aucun d'entre vous tant qu'il n'aura pas fait la lumière sur tout ça.  

Je préfère prévenir tout de suite la personne concernée, si jamais l'idée lui venait à l'esprit, qu'il est inutile de tenter quoi que ce soit en m'arrêtant moi, car elle ne pourra rien tirer de moi. Le mieux pour vous est donc d'attendre pour le moment ici, le temps que mon patron découvre lequel d'entre vous quatre n'est pas totalement honnète.  

Inutile de tenter de communiquer avec l'extérieur, le nécessaire a été fait pour que vous soyez bien coupés du monde. Vous allez donc rester enfermés ici jusqu'à ce que tout ça soit réglé."  

Sur ces mots, il quitta les lieux et verrouilla la planque derrière lui, abandonnant là les quatre complices qui n'avaient pas encore eut le temps de se remettre de ce coup de théatre. Etait-ce vrai que l'un d'eux était un traitre, une taupe infiltrée parmi eux pour coincer leur commanditaire, ou bien était-ce uniquement un test ?  

D'ailleurs qui était cet homme qui ne leur avait encore rien révélé de son identité ? Qui pouvait être cette personne ayant mis en place ce plan parfait, et que la police chercherait à arrêter de cette manière ? A ce moment là, tous les quatres se rendirent compte à quel point ils ne se connaissaient pas ni l'un ni l'autre. Car aucun ne pouvait dire qui des trois autres méritaient totalement sa confiance. Après tout, ils s'étaient vus pour la première fois voilà une dizaine de jours seulement.  

Ils allaient pourtant devoir vivre encore ensemble tous les quatre dans cette planque, enfermés les uns avec les autres sans savoir quel destin les attendait.  

Etait-ce possible qu'un traître soit parmi eux ? A moins tout simplement que le mystérieux commanditaire de ce braquage était l'un d'entre eux, qui se faisait passer pour quelqu'un qu'il n'était pas pour les tromper tous ?  

A l'abri du monde extérieur, ils comprirent soudain que leur pire ennemi n'était peut-être pas dehors, parmi ces flics qui cherchaient à retrouver leur piste, mais là avec eux, dans cette planque, où ils allaient devoir vivre tous les quatre jusqu'à ce que cette affaire soit réglée.