Voilà maintenant plus d'une heure que Vivienne (Toni Bergman) se prépare dans la salle de bain. Avoir un look négligé et à contre emplois, ca se travaille. Elle soigne sa coiffure effet décoiffée, froisse son pantalon et sa chemise de manière à ce que les autres pensent qu'elle ne porte pas d'importance à son apparence. De son côté, Malcolm (Hamid Dehouli) attend sur le pallier que sa fiancé lui ouvre. Bottes montantes, jeans délavé et déchiré au niveau des genoux, chemise à carreaux froissée qui semble tout droit sortie du fond du placard. Comme coiffure, il porte fièrement une crête d'iroquois. Sentant ses nerfs lâcher face à l'attente, il frappe trois grands coups sur la porte et gueule de manière plus que vulgaire priant sa fiancé de se dépêcher. Il est pressé et pourtant ils n'ont rien à faire. Ils vont passer leur journée dehors, au soleil, errants dans les rues de Paris.  

Malcolm et Vivienne sont comme chaque jour assis à leur table dans leur pub favoris. En sirotant leurs bières, ils ne peuvent s'empêcher de refaire le monde. Les deux amis ne passent pas inaperçus dans le quartier, leur allure punk interpelle le regard des passants qui les admirent ou pour la pluparts les jugent les prenant pour de vulgaires délinquants. Malcolm et Vivienne n'en n'ont que faire du regard des autres, ils vivent leur vie comme bon leur semble sans se soucier du jugement d'autrui.  

Depuis maintenant plusieurs années, le sexe, la provoc et la débrouille rythme leur quotidien. Tout deux innovent sans cesse en récupérant des vieux vêtements, des costumes des années 50 ou 60 pour les modifier, y apposer des slogans neufs généralement inspirés par des manifestes venus des situationnistes français et les graffitis de Mai 68.  

Sans le savoir, ils marquent le début de la mode punk, ce look encore étranger pour le monde d'aujourd'hui.  

Sex, un mot banal de nos jours, mais tellement incisif à une certaine époque. C'est celui que Vivienne Westwood et Malcolm McLaren adoptent en octobre 1975 pour baptiser leur magasin. Le mot formé par des lettres de plastique rose surmonte la boutique. Elle se trouve à Londres, au 430 King's Road et toute l'histoire punk, stylistique et musicale y est née.  

McLaren et Westwood, qui vivent ensemble, occupent le lieu depuis maintenant trois ans. Avant d'adopter le nom Sex, ils ont flirté avec d'autresappellations : Let It rock, Too Fast To Live Too Young To Die... Il s'étaient installés là en octobre 1971, occupant d'abord l'arrière salle d'une boutique nommée Paradise Garage, spécialisée dans les vêtements rétro et pop. McLaren s'y retrouve à la fin de ses études après qu'un des gérants de la boutique l'a accosté un jour ou il flâñait aux puces de Londres. A cause de son pantalon en Lurex, matière inhabituelle pour ce début des années 1970. Le vêtements avait été confectionné par Westwood.  

Malcolm et Vivienne prennent vite possession de l'ensemble de la boutique qui leur a d'emblée fait forte impression.  

Une fois maîtres des lieux, ils y vendent vêtements récupérés, disques rares, magazines... Ils passent tout deux leur temps à écouter morceaux de rock garage sur le vieuxjuke-box. On y entend pas mal de groupes américains au son plutôt abrasif etélectrique : The Creation, The Troggs ou encore Count Five. Au milieu de ce lot de groupe sixties, un chanteur français nommé Johny Hallyday dont le morceau Jouspas de rock'n roll pour moi est l'un des hymne de la boutique.  

Culturellement, McLaren et Westwood se sentent proches des Teddy Boys, ces garçons des année 50, qui écoutaient du rock et s'habillaient avec style et discipline, loin dela non-chalance des hippies qui leur ont succédé par la suite.  

La pluspart des jeunes gens qui forment des groupes punk passent dans la boutique. On y trouve des vêtements de marques spécialisées dans les habits fétichistes ou dans le bondage. McLarent et Westwood mettent en vente leur propre création, qui ont toutes une saveur sulfureuse. Vivienne se met à proposer des vêtements originaux inspirés par cette culture punk, avec toujours un degré franc de provocation, surtout sexuelle. Souvent, ceux qui portent ses vêtements se font arrêter par la police en pleine rue, jugeant leur attitude provocatrice envers les forces de l'ordre.  

L'époque est aussi au système D et à un mot d'ordre qui a essaimé depuis mais qui surgit alors : Fais le toi-même.  

Le sexe et la provoc', c'est ce qui réside dans l'esprit de Malcolm et Vivienne, à leur manière, ils veulent changer le monde, apporter leur patte, le bouleversé et changer les moeurs.  

Les deux amis doivent faire face à de nombreux détraqueurs. Beaucoup les perçoivent comme des délinquants, de simples clodos ou des drogués. Mais Malcolm et Vivienne n'en n'ont que faire des critiques, ils le savent, le monde est à l'aube d'une nouvelle ère ou va surgir le punk et ses assemblages. Le style punk arrive à grande vitesse et va frapper Londres de plein fouet.