Dans une sombre forêt, Gabriel (Patrick Loro) courait seul, uniquement éclairé par sa frontale. Il courait car c'était sa passion. Celle-ci lui permettrait de se détendre, se défouler et se vider l'esprit de tous problèmes. Il n'en avait pas tant que ça, des problèmes, du moins pas plus que la grande majorité des personnes, mais il était assez sensible. Alors pour cacher sa faiblesse, il courait trois soirs par semaine depuis maintenant trois ans. Il courait, toujours et encore, sans jamais s'arrêter.  

Soudain, Gabriel aperçut un obstacle en plein sur son chemin. Il crut d'abord à un tronc d'arbre, mais cela ressemblait plus à un animal couché. Il ralentit et éclaira en passant la bête de sa lampe, avant de pousser un cri de surprise. C'était une femme (Maria Lima). Il s'arrêta, s'approcha d'elle et s'aperçut alors qu'elle était couverte de sang… Son cœur ne battait plus.  

Gabriel tenta quelques massages cardiaques pour la sauver, mais il était déjà trop tard, elle avait définitivement quitté ce monde. Alors en essayant de garder son calme, il appela les secours. Tandis que ceux-ci lui posaient de nombreuses questions, il remarqua un portefeuille dépassant de la poche du cadavre ; il le prit, l'ouvrit et se mit à chercher la carte d'identité de l'ex-femme pour pouvoir en informer le standardiste des pompiers. Mais il tomba à la place sur un bout de papier enveloppe… Dessus, un numéro de portable était griffonné.  

Gabriel n'avait pourtant jamais vu cette femme, c'était totalement improbable ! Il ne la connaissait ni de vue, ni de nom… Il se trompait forcément ! Il attendit avec impatience que le standardiste lui annonça qu'il pouvait raccroché et alla immédiatement vérifié son propre numéro dans ses contacts. Alors il pâlit et glissa le papier dans sa poche tout en tremblant.  

***  

Un sourire se forme sur le visage de la jeune femme. Un sourire malicieux, presque énigmatique. Un sourire qui en dit beaucoup, et à la fois si peu.  

- Il me faudrait ton numéro, pour simplifier tout ça.  

Gabriel hésite un instant puis hoche la tête. Il prend une enveloppe sur la table et en déchire un petit bout. Il y griffonne rapidement son numéro puis tend le papier à la femme, souriant à son tour.  

- Tiens, voilà pour toi, Clara.  

Le sourire de la femme s'élargit tandis qu'elle prend le papier et le range dans son portefeuille. Elle remercie l'homme d'un geste de la tête et lui adresse un discret clin d’œil.  

Le brouillard envahi la pièce et tout devient trouble. Tout disparaît en l'espace d'un instant, comme tombant dans un gouffre...  

***  

Gabriel se réveilla en sursaut ! Quel horrible cauchemar il avait fait… C'était normal seulement quelques heures après ce qu'il venait de vivre. Il se leva et alla se chauffer une tisane dans la cuisine. C'était ça l'avantage de vivre seul : il pouvait faire ce qu'il voulait quand il le voulait (même à trois heures du matin !) sans risquer de déranger personne. Bien sûr il y avait aussi beaucoup d'inconvénients, mais il préférait ne pas y penser.  

Tout en buvant son eau chaude, il repensa à cette histoire. Cette femme sur son chemin habituel, son numéro dans son portefeuille, et ce rêve… Pourtant, il était persuadé de n'avoir jamais vu cette « Clara » de toute sa vie. Il n'était tout de même pas fou ! Ou alors il s'agissait de simples coïncidences, mais cela aurait été un peu gros tout de même. Gabriel était perdu, il ne savait quoi penser…  

Après avoir tenté sans succès de se rendormir, il se rendit à son boulot. Il travaillait comme cadre dans une petite entreprise du secteur. Avec la crise, les activités de la boite avaient fortement diminués et par conséquent le nombre d'employés aussi… Laissant ainsi beaucoup plus de travail aux salariés restants, comme Gabriel.  

La matinée se passa à peu près normalement. Le midi aussi. Le début d'après-midi de même. Mais arrivé vers 15 heures, une forte vague de fatigue envahie soudainement Gabriel. C'était sans doute les heures de sommeil manquante de cette nuit qui se faisaient sentir. Il commençait à avoir mal au crâne et les chiffres des comptes s'entremêlaient dans sa tête… Huit, douze, sept-cent, trois, trente-deux, …  

***  

Neuf. C'est le chiffre qui semble écrit sur la façade de la maison, à côté de la porte devant laquelle Gabriel attend. On lui ouvre enfin. A peine met-il un pied à l'intérieur que Clara lui saute dans les bras et l'embrasse fort. Lorsqu'elle se décide enfin à le relâcher, elle le regarde d'un air faussement énervé.  

- Ben alors, c'est pas trop tôt ! J'ai bien cru que tu viendrais pas.  

- Tu sais bien que j'aurais pas pu me passer de toi…  

A son tour, Gabriel dépose un baiser sur les lèvres de Clara. Il lui sourit affectivement, entre réellement dans la maison et referme la porte derrière eux.  

Un épais brouillard se forme et entoure la maison, et tout disparaît de nouveau dans le gouffre.  

***  

Tout tremblant, Gabriel ouvrit les yeux ; il avait dû s'assoupir. Néanmoins, il ne lui semblait pas avoir dormi. Non, cela ressemblait plus à une sorte de flash-back. Mais était-il seulement possible d'avoir un flash-back sur quelque chose ne s'étant jamais produit ? Gabriel était toujours persuadé de n'avoir jamais vu cette femme, et encore moins de l'avoir embrassé un jour. Mais cela lui avait semblé si réaliste, si proche… C'était invraisemblable.  

Le cadre but une bonne tasse de café, de manière à tenir le coup jusqu'à ce soir et à ne pas roupiller ou rêvasser une deuxième fois dans son bureau. Ce qui lui manquait avant tout, c'était de nombreuses heures de sommeil, et quelques vacances au soleil. De longs congés, il faudrait qu'il en parle à son patron. Après tout le travail qu'il avait accompli, il méritait bien cela ! Surtout qu'il était au bord du surmenage…  

Mais sa fatigue n'expliquait pas tout. Connaissait-il cette femme ? Apparemment oui… Mais si réellement il avait eu une histoire avec, s'il l'avait ne serait-ce qu'embrassé, ne s'en serait-il pas souvenu ? Et puis si ce rêve s'avérait être réel, comment aurait-il connu cette femme ? Et pourquoi l'aurait-il embrassé ? Et pourquoi avait-elle été assassiné en pleine forêt ? Et…  

Les questions sans réponses s'enchaînaient dans sa tête, et il ne savait plus quoi penser. Peut-être était-il en train de devenir fou, à moins qu'il l'ait toujours été… Gabriel était totalement perdu. Il avait peur d'en savoir plus sur cette Clara, leur rencontre, leur histoire, et sa mort ; mais il savait que d'autres souvenirs allaient lui revenir. Et il en avait très peur…  

Un combat était en train de naître dans son esprit.  

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Mimi Production GM présente : LA FOLIE EST INCONNUE  

Un film de Gary Strömer.  

Sur un scénario original d'Emilien.  

Avec :  

Patrick Loro – Gabriel  

Maria Lima – Clara  

Musiques composées par Demetra Lathan.  

Générique de fin : Madness, Muse  

https://www.youtube.com/watch?v=Ek0SgwWmF9w