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Les Oiseaux de Passage présente
La búsqueda de Aldie

Santiago du Chili - Décembre 1967  

 

Le bureau de Rodrigo (Steven Delerue) restait désespérément vide. La chaleur étouffante de ce début d'été austral, ajouté à l'ambiance hippie du summer of love américain qui déboulait enfin en Amérique du Sud, faisait que le détective privé ne croulait pas sous les missions. Même pas une femme cocue qui voulait faire tomber son salopard de mari ou un homme d'affaires qui voulait espionner son principal concurrent. Nada. Il décida de s'allumer une cigarette. En écartant le volet métallique qui empêchait vainement le soleil d'entrer, Rodrigo observa la circulation dense du centre-ville.  

 

Un toussotement l'interrompit. Il se retourna avec désinvolture. La plupart des clients qui franchissaient sa porte s'attendait à tomber sur un Bogart bis. Il ne devait pas les décevoir. Le client était une cliente (Gwen Howell). Et elle ne semblait nullement impressionnée par Rodrigo. Celui-ci se laissa tomber sur son fauteuil et invita la jeune femme à faire de même.  

- Que puis-je pour vous, señorita...  

- De La Vega. Mais appelez-moi Conception. Mon père est mort récemment.  

- Je suis désolé.  

- Moi pas. Je ne l'ai presque pas connu et il m'a légué un petit pécule qui va me permettre de vivoter pendant quelques semaines. Mais il m'a laissé autre chose.  

La jeune femme tendit une enveloppe kraft déjà ouverte. Rodrigo la saisit et fit glisser son contenu sur son bureau déjà bien en désordre. Il n'y avait qu'une seule photo et de mauvaise qualité de surcroît. On pouvait y deviner un vieil homme qui arrosait des plantes dans un petit jardin. Détail étonnant : l'homme avait le visage abimé et il lui manquait une oreille. Au dos était griffonnée une adresse et un petit mot "il vaut un paquet de fric". Conception compléta ces informations.  

- Mon père bossait comme majordome pour de riches dignitaires ou diplomates. Parfois des mecs un peu louches mais le secret professionnel lui interdisait de les dénoncer.  

- Il faut croire qu'il ne voulait pas emporter certains secrets dans la tombe.  

- Ce que je retiens, c'est le "paquet de fric". À vous de voir, si vous marchez. Je ne pourrais quasiment rien vous avancer.  

Rodrigo hésita. La promesse d'une grosse cagnotte ne pouvait pas le laisser indifférent. Mais il ne pouvait pas pour autant se permettre de perdre du temps dans une enquête qui n'en valait pas la peine.  

- Donnez-moi vingt-quatre heures.  

 

Une fois la jeune femme partie, Rodrigo reprit la cigarette qui s'était consumée presque intégralement dans le cendrier. Il souffla lentement, comme s'il cherchait à faire le tri dans ses idées. Soudain, il se leva précipitamment et quitta le bureau.  

 

Le vieux Dimitri ne leva même pas les yeux quand la cloche sonna dans sa petite boutique. Le soir commençait à tomber sur la ville.  

- C'est fermé !  

Pourtant les pas continuaient à s'approcher. Il comprit très vite.  

- C'est toi, Rodrigo. Content de te voir.  

Le détective privé s'était très vite lié d'amitié pour cet immigré russe qui avait quitté le régime communiste qui le persécutait. Il était une bibliothèque vivante et restait un informateur de tout premier choix quand Rodrigo bloquait. Il exposa la situation à son ami. Il ajouta qu'il s'était rendu à l'adresse mentionnée au dos de la photo mais quand la maison était vide. Il avait escaladé le mur d'enceinte et avait reconnu le jardin présent sur la photographie. Mais tout avait été abandonné depuis plusieurs années vraisemblablement. Dimitri haussa les épaules.  

- Ça ne m'étonne pas. Santiago est l'une des planques favorites de types comme moi qui ont quelque chose à se reprocher en Europe ou aux USA.  

- J'ai trouvé ça.  

Il tendit un vieux bouquin totalement bouffé par l'humidité.  

- Der Zauberberg. La Montagne Magique de Thomas Mann. En édition originale. S'il avait été en meilleur état, je te l'aurais pris à un bon prix. Quoiqu'il en soit, tu peux en déduire que l'homme que tu recherches était germanophone. Très probablement allemand, donc.  

- Ce qui veut dire que...  

- Moui. Depuis qu'Israël a lancé ses hommes sur le continent, les anciens nazis sont traqués de tous les côtés. Mais la plupart sont suffisamment friqués pour parvenir à rester cachés. Bientôt, ils seront tous morts de vieillesse. Le tien était vieux aussi, c'est ça ?  

- C'était flou. Mais il semblait bien que oui. Et il lui manquait son oreille droite.  

 

Dimitri leva les yeux et Rodrigo y vit une expression qu'il n'avait encore jamais remarqué chez son ami. Sans un mot, le russe partit dans sa réserve et revint avec un dossier tamponné de rouge de tous les côtés.  

- Voila ce qui me vaut, entre autres, le plaisir d'avoir fui mes semblables.  

Rodrigo jeta un œil sur les feuilles, mais il ne déchiffrait nullement l'alphabet cyrillique. Dimitri éclaira sa lanterne.  

- C'est un document datant de mai 45 qui n'existe pas officiellement. Ou plutôt, il n'existe plus et a été remplacé par un autre, cachant la terrible vérité. Malgré quelques rumeurs relayées notamment par le FBI, l'affaire est classée désormais.  

- Et ça dit quoi ?  

- Beaucoup de choses. Mais ce qui nous intéresse aujourd'hui, c'est le fait qu'un haut responsable nazi a survécu à la destruction du bunker d'Hitler, malgré une partie du visage arraché, notamment son oreille droite. Certains faux témoignages, appuyés par le SMERSH, le contre-espionnage russe, ont dissimulé ces faits pourtant formellement établis ici-même.  

Il tapota le dossier. Rodrigo s'approcha davantage et le questionna presqu'en murmurant.  

- Mais de qui s'agit-il ?  

- Et bien... Ni plus ni moins qu'Hitler lui-même...

Scénario : (2 commentaires)
une série Z policier de Daneel's Radar

Steven Delerue

Gwendolyn Howell
Musique par Erwin Bregman
Sorti le 20 mars 2038 (Semaine 1733)
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