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Les Films du Corbeau présente
Crystal-clear

Quelques temps après notre ère  

 

La nuit est tombée sur le chantier. Mais la nuit noire n’existe plus à Paris depuis longtemps. Cerclant le chantier comme une forêt infranchissable, les tours de verre et de métal illuminent le ciel de leurs lueurs scintillantes. A l’intérieur, des femmes et des hommes travaillent encore, ou profitent de leur soirée au calme. Mais au centre de ce vaste chantier, trou béant au milieu de cette mégalopole où tout pointe vers le ciel, tout dort. Les engins, les outils, les tuyaux, les morceaux de métal jonchent le sol boueux en attendant le lever du jour pour être repris en main. Et au milieu de ce chantier, une grande cuve creusée à même la terre attend de recevoir sa coulée de ciment. C’est dans ce rare coin d’obscurité qu’est posée la malle. Une malle épaisse, imposante, en fonte noire. Cette malle incongrue repose enfoncée dans la terre rendue glaise par la pluie, elle semble attendre patiemment qu’on la recouvre.  

Soudain, le couvercle est secoué d’un léger tremblement. Une barre métallique enfoncée dans ses arceaux en empêche l’ouverture. Mais il se remet à bouger une seconde fois. Plus sèchement. Quelque chose remue à l’intérieur de cette malle. On martèle maintenant le couvercle et les parois. Mais l’ouverture est impossible, de plus le couvercle est trop lourd.  

Si quelqu’un avait été là pour observer cette malle, il aurait alors aperçut une étrange lueur apparaître dans les interstices du couvercle de fonte. Une lueur qui s’intensifie, devient luminescente. Une énergie de lumière prodigieuse semble cachée à l’intérieur cette malle, qui est maintenant malmenée par des secousses incessantes, bien plus puissantes qu’auparavant. La fonte semble devenir gomme, elle se ramollit, se contorsionne. La source d’énergie dégage une chaleur prodigieuse et parvient à faire fondre l’épaisseur étonnante de l’objet. Le couvercle va céder. Il cède. Un faisceau de lumière blanche irradie un instant le ciel, projeté depuis l’intérieur de cette malle, aussi furtif qu’un éclair. Alors une silhouette humaine et incandescente de lumière se redresse maladroitement, s’appuie sur les rebords de la malle et se laisse choir sur la terre. Une femme aux traits indéfinissables, masqués par la lumière aveuglante qui irradie de son corps, tente de se redresser. On la devine grande et fine, séduisante. Elle semble avoir du mal à récupérer de l’effort intense qu’elle vient de fournir. D’ailleurs sa luminosité décroit petit à petit. Lentement, ses traits se dessinent, son corps reprend forme, laissant entrevoir des vêtements déchirés. Toute trace de lumière a maintenant quitté ce corps qui n’est plus que celui d’une femme dont le visage diablement séduisant ne cache pas l’épuisement et la détresse (Carrie Stewart).  

 

 

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CRYSTAL-CLEAR  

 

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Ali Messaoudene (Younes Guerram) marche sur le trottoir, slalomant entre les détritus jetés par les automobilistes, plusieurs dizaines de mètres au-dessus de sa tête. Les services de propreté ne passent plus dans les rues depuis longtemps. D’ailleurs, Ali est seul sur le pavé, plus personne ne marche si bas quand, à quelques centaines de mètres au-dessus de nos têtes, l’air est si pur et le soleil perce. Mais il est des jours où Ali préfère respirer les effluves de carbone des bas-fonds pour être seul plutôt que de se presser contre des inconnus dans les aérobus.  

Il a mal au crâne. La nuit dernière n’a pas été bonne, il a fait le pied-de-grue des heures pour rien. Le client était juste parano et son épouse n’a rien fait d’autre que de rester cloitrée chez elle. Son job est devenu une perte de temps. Etre détective à l’heure où tout le monde peut avoir l’œil sur tout le monde en quelques clics est de l’ordre de la bêtise. D’ailleurs le métier ne paie plus. Il cligne des yeux, les écrans publicitaires fluorescents qui recouvrent les parois des buildings l’agressent. Cette pollution visuelle et sonore constante est une des raisons qui lui font éviter les sommets de la ville. Pourtant dans ses tréfonds aussi, l’image est reine.  

Il parvient aux pieds du bâtiment où il a rendez-vous. Il ne sait pas exactement qui l’y attend, mais il n’a pas vraiment les moyens de refuser une affaire. Il sort de l’ascenseur au 71ème étage et découvre le patio high standing de ce qui s’apparente à une agence de comm, ou quelque chose du genre. Personne n’est là pour l’accueillir, mais une musique électro filtre du fond d’un couloir. Les portes sont ouvertes, il avance. Dans le studio où il pénètre, la musique est assourdissante. Mais il l’oublie rapidement, car le spectacle est saisissant. Plusieurs personnes sont assemblées autour d’un plateau où une cam-vision scanne une beauté sculpturale. Sa peau est d’un blanc porcelaine, ses cheveux bleus sont électriques et ses yeux semblent envoyer des éclairs dorés. Lovée dans un écrin géant composé d’éclats de verre ou de cristal, elle prend la pose, lascive et sensuelle. Mais ce qui vampirise le regard d’Ali est sa peau, d’un blanc éclatant, qui scintille aussi clairement qu’un diamant. Et ce corps dégage une lueur qui s’intensifie petit à petit, qui devient aveuglante au point qu’Ali ne puisse plus le regarder en face. Et puis tout s’obscurcit. La musique s’arrête, les projecteurs s’éteignent et Ali est plongé dans le noir. Le temps que ses yeux s’acclimatent à cette absence soudaine de lumière, il se rend compte que la luminosité est revenue à son degré normal, mais que le contraste l’a presque étourdi. L’équipe félicite la jeune femme et retire ses lunettes noires. Ali, seul à ne pas s’être protégé les yeux, recouvre ses esprits et tente de calmer les battements de son cœur.  

Un homme (Matthew Sorensen) tourne la tête et l’aperçoit. Il est grand, longiligne, et arbore une tenue abracadabrante composée d’une multitude de petits carreaux noirs et blancs. Il s’approche de lui d’une démarche légèrement féminine.  

« Vous devez être M. Messaoudene ? »  

Ali serre sa main molle mais ne peut détacher son regard de la jeune femme qui sort de son cocon de verre. La peinture blanche qui recouvre sa peau parait artificielle sous la lumière tamisée. Alors qu’il y a un instant, tout lui avait paru si…  

« C’est une allagie ? », dit-il en désignant la jeune femme.  

Son interlocuteur émet un rire léger.  

« Ne dites pas de bêtises. L’allagisme est interdit en Europe depuis près de quarante ans. Crystal n’est pas si âgée. Vous vous êtes fait tromper par notre petit jeu de lumières.  

- Je connais son visage…  

- Tout le monde connaît le visage de Crystal. Il est diffusé sur tous les panneaux publicitaires des capitales du monde entier. »  

Effectivement. Encore tout à l’heure, il a croisé son regard doré et ses cheveux bleus sur une façade de la Madeleine, vantant une quelconque eau de toilette. Et ce ne serait pas une allagie ? Sa question était bête en effet, les retouches biologiques sur humains étaient effectivement interdites depuis belle lurette. Ils avaient été un espoir de révolution pour la médecine, mais les effets secondaires étaient trop aléatoires pour ne pas effrayer l’opinion internationale. Et pourtant, le scintillement de son corps lui a paru tellement surnaturel, il en a même senti la chaleur caresser son visage…  

« Qu’est-ce que je fais ici, Monsieur… ?  

- Ivan Pratt. Je suis l’agent de Crystal, et j’ai besoin de votre aide pour veiller sur elle. Quelqu’un veut la tuer. »  

Ali le regarde avec intérêt.  

« Il semble qu’elle se soit faite enlever il y a deux jours, et séquestrée dans une armoire, ou une cantine. Elle n’a pas été très claire. Venez, elle va vous raconter. Mais ne l’appelez pas Crystal, elle a horreur de ça. »  

Pratt mène le détective aux loges où Crystal (Carrie Stewart) s’est réfugiée et fait maintenant face à un miroir. Elle se démaquille le visage, et Ali peut découvrir une carnation de peau sous le maquillage bien plus naturelle et tout aussi séduisante.  

« Vera, je te présente M. Messaoudene. Je l’ai embauché pour qu’il te protège. S’il te plait, raconte-lui ce qu…  

- Je n’ai pas besoin de ça ! »  

Crystal, ou plutôt Vera, s’est retournée vers lui avec vigueur et ses yeux de biches lancent des éclairs.  

« Tu es ridicule, Ivan ! Je ne suis pas en danger.  

- Arrête ta comédie, chérie ! Tu t’es faite enlever et séquestrer ! Enfermée dans une boîte en fonte ! Quelqu’un te veux du mal…  

- Ne t’inquiètes pas de ça ! Je te l’ai dit, ce n’est rien. Cela ne te regarde pas. »  

Pratt lève les bras en l’air, excédé, dans un mouvement digne d’une tragédie grecque.  

« Je ne peux pas passer mon temps à te protéger malgré toi ! Tu me rends complètement fou… »  

Il s’éloigne subitement, comme aux bords de la crise de nerfs. Vera s’énerve sur le coton qu’elle frotte frénétiquement sur son visage. Ali hésite, puis s’assied contre le rebord de la table.  

« Vous avez réussie à vous soustraire d’une boîte en fonte ? Ca n’a pas dû être facile…  

- Ce n’était pas une boîte, plutôt une malle. Mais… elle n’était pas si bien fermée que ça », répond-t-elle vaguement, le regard fuyant.  

« Cela me semble être tout de même bien périlleux ! Et malgré tout, vous ne vous croyez pas en danger ?  

- Ce n’est pas aussi grave que ça en à l’air. Je sais très bien qui m’a mise là, et… c’était probablement une plaisanterie maladroite. Ne vous préoccupez pas de cette histoire je vous prie, elle n’en vaut pas la peine. »  

La jeune femme n’est pas convaincante. Pour quelle raison ment-elle si sa vie est en jeu ? Ali hésite à battre en retraite, mais quelque chose le titille davantage.  

« J’ai été très impressionné par votre numéro, tout à l’heure. Votre peau, cette lueur… Ivan m’a parlé de jeux de lumière. Mais… »  

Ali saisit un soupçon de nervosité dans le regard de la jeune femme.  

« Quand j’étais un enfant, en Algérie, j’ai rencontré un garçon de mon âge qui avait les cheveux fluorescents dans le noir. C’était un allégie.  

- Où voulez-vous en venir ?  

- Votre accent. Vous êtes Russe, n’est-ce pas ? En Russie, comme en Algérie, l’allégisme n’a été interdit qu’il y a une petite vingtaine d’année. »  

Vera se retourne vers lui avec fureur.  

« Vos allusions ne me plaisent pas ! Vous êtes grotesque. Laissez-moi maintenant. »  

Ali s’exécute, mais il s’est fait sa propre conviction.  

 

 

Une foule d’hommes et de femmes, tous aussi jeunes les uns que les autres, se presse dans une file compacte devant les portes du Centaure. Avant de se quitter devant le studio, Pratt a glissé dans la main d’Ali le carton VIP qui lui permet de se glisser à l’intérieur de la boîte de nuit.  

« On m’a dit que Vera couchait avec un rital, qui tient cette boîte dans le Quartier Latin », lui a confié l’agent. « Ne me demandez pas comment je le sais ! Tout ce que je connais de Vera, je suis obligé de me le procurer comme je le peux. Cette fille est une huitre. Mais vous devriez le rencontrer, vous comprendrez peut-être d’où vient le danger. »  

A l’intérieur, la musique binaire est tonitruante et malmène le cerveau fatigué du détective. Il n’a pas assez dormi. Et il déteste les boites de nuit. Il y fait trop chaud, il est obligé de se frayer un chemin contre toutes ces peaux moites, et tout ce qu’il voit l’agresse. Dans des cages, des femmes à la plastique avantageuse se contorsionnent presque nues, la peau recouverte de peintures phosphorescentes. Il ne comprend pas cette mode de se peinturlurer intégralement le corps, comme on le voit dans tous les webzines et sur tous les écrans de modes. La peau naturelle lui paraît tellement plus sensuelle…  

Hissé sur une balustrade, Ali aperçoit enfin le visage qu’il cherche. Rizz Paleotti (Jim Suter) est accoudé au bar du salon VIP, entouré de deux jeunes femmes pulpeuses. Mais aucune d’elle n’est Vera.  

Ali s’approche du comptoir mais préfère se commander un verre, le temps de trouver une technique d’approche. La barmaid (Luna Delange) est charmante. Sa peau est recouverte d’une teinte ivoire, qui pour le coup caresse les hormones du détective dans le sens du poil.  

« Comment tu t’appelles princesse ?  

- Patti.  

- On t’a déjà dit qu’à te déguiser en caramel, tu risquais de te faire croquer ?  

- Wah, la vieille réplique… Bois ton verre cowboy, ça vaudra mieux. »  

Ok, un peu lourdaud. Mais elle lui sourit et lui jette des regards pendant qu’elle sert d’autres clients. Peut-être y a-t-il un chemin de traverse plus sympathique que de se confronter directement au big boss…  

Ali se penche vers la jeune fille lorsqu’il en a à nouveau l’occasion.  

« Dis-moi ma belle, je cherche une amie. Une belle plante aux cheveux bleus, les yeux dorés.  

- Si c’est la nana du patron que tu cherches, tu ferais mieux d’aller jouer sur un autre terrain. Il n’est pas très partageur.  

- Ce n’est qu’une amie, tu sais.  

- C’est ça…  

- Donc tu la connais ? »  

Patti a un petit rire mesquin.  

« Tout le monde la connait. On la voit en peinture sur chaque building de la ville. Mais elle est cool. Elle sait s’amuser. Elle m’a même emmené faire la bringue une fois. J’aime bien rigoler, crois-moi », lui promet-elle avec un sourire espiègle, « mais quand j’ai vu qu’elle m’entrainait au Chaton Noir, j’ai filé en douce. Elle est splendide, mais je ne mange pas de ce pain-là.  

- Le Châton Noir ?  

- Tu me fais trop parler, beau brun. Je vais avoir des ennuis si je continue.  

- Je ne veux pas te…  

- Je finis à 4h... »  

 

 

Plutôt que d’attendre toute la nuit dans cette boîte synonyme d’enfer acoustique, Ali se fait déposer par un aérocab devant la terrasse du Chaton Noir. Discrètement posée sur le sommet d’une des plus basses tours de Montmartre, seule une lanterne rouge à l’ancienne indique sur sa façade la nature de la maison. Devant la porte, Ali s’interroge. Et si la barmaid s’était fichue de sa fiole ? La Vera qu’il a rencontrée ne ressemble pas au portrait que Patti lui en a dressé. Fragile, nerveuse, secrète. Au point d’avoir ses entrées dans la maison-close de Zelda Muir et d’y emmener des petites minettes levées dans les boîtes de nuit ? On ne sait jamais ce qui se cache derrière les jolis visages. Mais le métier a permis à Ali d’aiguiser son regard et il se targue de percevoir les petits vices des autres mieux que personne. Mais là, en l’occurrence, le tableau ne colle pas.  

Lanterne à l’ancienne à l’extérieur, coutumes à l’ancienne à l’intérieur. C’est la maîtresse de maison qui accueille le client. Zelda Muir (Lisbeth Crawley-Bursington) se tient derrière son comptoir, nimbée dans sa robe d’argent et le visage toujours à demi-claquemuré derrière son masque de métal. Ali connaît bien la dame, pour avoir coursé les maris infidèles à plusieurs reprises du côté du Chaton Noir. Il connaît l’histoire de la maquerelle, brûlée à l’acide sur la moitié du visage par un client versatile. Couver les vicissitudes du ghotta parisien est un métier à risque…  

« M. Messaoudene, cela faisait un moment…  

- Trop longtemps, nous sommes d’accord.  

- Je ne peux croire que vous persistiez sur cette voix. Vous savez bien que je ne laisse personne fureter auprès de mes invités. Et qu’il suffit que vous apparaissiez pour que j’ouvre toutes les coursives de secours pour que ces messieurs puissent partir sans être vus. Alors soyez gentils, ne nous faites pas perdre notre temps à tous les deux. »  

Il est toujours difficile de regarder Zelda dans le blancs des yeux, son œil numérique scrutant la moindre crevasse de votre visage bien plus énergiquement que son œil naturel.  

« Eh bien figurez-vous que j’ai retenu la leçon. Une fois n’est pas coutume, je ne viens pas lorgner du côté de ces messieurs, je viens au contraire profiter des mêmes plaisirs qu’eux.  

- Vous n’espérez pas que je vous croie…  

- Et pourtant, je viens dépenser mon argent.  

- Vous n’avez pas les moyens de vous offrir une de mes petites chéries.  

- Je sors d’une affaire juteuse. »  

L’œil numérique s’excite de tous les côtés. Zelda doute, et elle est loin d’être convaincue. Ali se détourne vers le décor, à l’ancienne lui-aussi. Rideaux rouges qui masquent l’entrée du premier salon, tentures fleuris très début XXème… Seuls les néons colorés et le mur d’écrans contrastent avec ce parti-pris rétro. Sur chacun de ces écrans, un œil féminin vous regarde lascivement. Des yeux verts, bleus, noirs, bridés, ronds, en amande… Pour tous les goûts.  

« Ce sont elles, vos petites chéries ?  

- Certaines, oui. Et des amies de passage.  

- Et celle-ci, est-elle libre ? C’est elle que je veux. »  

Ali désigne l’un des écrans. Sur celui-ci, un œil délicat, doré, cerné par une peau d’un blanc porcelaine. Un œil qui l’a déjà réchauffé quelques heures plus tôt. Le visage de Zelda se ferme instantanément.  

« Je vous le répète, M. Messaoudene. Mes filles sont hors de votre portée. Vous devriez partir.  

- Vous n’êtes pas très commerçante… C’est peut-être une de vos amies ? »  

Le jeu est terminé et Zelda Muir ne rigole plus du tout.  

« Vous jouez à un jeu trop dangereux. C’est un avertissement amical, et je vous le répète une dernière fois. Vous jouez bien au-delà de votre portée. »  

 

 

Qui en veut à Vera Sakaline ? Modèle mondialement connu, maîtresse d’un rital probablement truand sur les bords, prostituée à ses heures perdues… Beaucoup trop de portraits-robots pour une seule femme. Est-ce Vera que l’on cherche à tuer, ou Crystal ? Y aurait-il un sosie qui se promène dans les bas-fonds de Paris ? C’est peu probable. Si deux femmes du même calibre existaient en ce monde, ça se saurait… Qu’elle soit une allagie n’est forcément pas un hasard. Parce qu’Ali en mettrait sa main à couper, cette luminescence, cette chaleur qui ont porté son désir à son paroxysme ne sont pas naturelles. Les allagies sont aussi honnis et redoutés que convoités dans ce monde. Ils attirent autant d’intérêt que de haine. Aussi dangereux que la proie de nombreux dangers. C’est la raison pour laquelle ils sont sensés être tous recensés et pris en charge, cachés « en lieu sûr » par les différents gouvernements. Et les allagies, Ali…  

Patti interrompt le cours de ses pensées lorsqu’elle sort de la salle de bains. Elle n’a pas pris la peine de se rhabiller, mais la douche lui a enfin rendu sa carnation naturelle. Et elle est tout de même bien plus charmante comme ça. Ali devrait aller se doucher aussi, cette peinture a laissé des traces sur toutes les parties de son corps.  

Il se lève et regarde par la fenêtre le ballet des véhicules qui volent en ligne droite au dessus du vide. Il baisse le regard vers l’infinité des étages qui séparent l’appartement de la barmaid des bords de Seine. Patti lui a confirmé ses doutes : Crystal est une habituée du Chaton Noir, où elle aime se donner à des hommes comme à des femmes. Elle ignore si Rizz Paleotti le sait.  

« Le jour ne va pas tarder. Viens te coucher Al’, j’ai envie que tu me tiennes chaud… »  

Il se retourne vers elle. Elle est quand même bien mignonne… Mais au même moment, son attention est attirée par un mouvement brusque derrière lui : une voiture noire vient de s’arrêter à hauteur de leur fenêtre. Les vitres se baissent, le canon de deux armes pointe.  

« Atten… »  

Mais il n’a pas le temps de terminer sa phrase que les déflagrations pulvérisent la baie vitrée, transpercent les murs, le matelas, et le corps de la jeune fille qui n’a pas pu se protéger. Des déflagrations qui traversent Ali sans le blesser. Son système immunitaire a répondu à l’attaque. Il est incapable de bouger, tend les mains pour se protéger des balles, mais c’est inutile. Ses mains ont disparu, ses bras, son torse et son corps entier aussi. Il est devenu invisible, transparent. Les tirs cessent, la vitre arrière s’ouvre et le visage de Rizz Paleotti apparaît. Il fixe le carnage sans comprendre : où est passé le deuxième corps ?  

Ali reste pourtant immobile face à lui, le cœur battant la chamade. Qu’ils partent vite. Sitôt que sa tension se calmera, il réapparaîtra à leur vue…  

 

 

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Un film d’Estelle DUVAL  

Sur un scénario original du Corbeau  

 

Avec  

Younes GUERRAM - Ali Messaoudene  

Carrie STEWART - Vera Sakaline/Crystal  

Jim SUTER - Rizz Paleotti  

Lisbeth CRAWLEY-BURSINGTON - Zelda Muir  

Matthew SORENSEN - Ivan Pratt  

Luna DELANGE - Patti  

 

Sur une musique de Keith FITZPATRICK  

Scénario : (2 commentaires)
une série A policier (Science-fiction) de Estelle Duval

Younes Guerram

Carrie Stewart

Jim Suter

Lisbeth Crawley-Bursington
Avec la participation exceptionnelle de Matthew Sorensen, Luna Delange
Musique par Keith Fitzpatrick
Sorti le 08 janvier 2039 (Semaine 1775)
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