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Les Films du Corbeau présente
Souris des champs

La camionnette file tranquillement sur la route de campagne, les phares longeant le bas-côté où le brigadier Dumont surveille les éventuels petits lapins qui sont de sortie. Sur le siège passager, Elise (Brume) a passé le bras par la vitre ouverte et yeute du côté des champs, écoutant d’une oreille distraite le grésillement de la radio qui les relie à la gendarmerie. C’est la pleine lune ce soir, et sa lumière met en valeur la nuit d’août et les gentils vallons de ce paysage bocager. Elle peut même distinguer la silhouette des vaches qui se tiennent immobiles dans leurs champs.  

« Qu’est-ce que c’est mignon par ici », pense-t-elle. « Mais qu’est-ce qu’on se fait chier… »  

C’est certain, sa mutation à Champagny-sur-Vaige la change pas mal du train-train de Sarcelles, où elle a fait ses premières armes. Mais où elle n’a pas particulièrement brillé au cours d’une descente dans un camp de roms… D’où la mut’. Ici, point de dealers armés, point de meurtres crapuleux ou de cage d’escaliers en flammes. Au mieux, on sort la camionnette pour une bonne femme tabassée, pour un poivrot à poil au méchoui du club de foot, ou pour un ado rebelle qui fume sous joint devant le potager de la vieille voisine mal embouchée… D’ailleurs, deux de ses collègues sont en route pour la piscine municipale. On aurait vu une bande de jeunes escalader le mur pour un petit bain de minuit. Y aurait peut-être eu matière à rigoler un brin. Mais non, elle n’a pas tiré le gros lot. Pour son coéquipier et elle, c’est l’alarme d’une maison bourgeoise isolée au fin fond de la cambrousse qu’il faut aller vérifier. Paraîtrait qu’elle s’est mise en route. Mais juste un court instant.  

« Alors c’est la peine d’y aller ? », a-t-elle demandé.  

« T’as rien d’autre à faire de toute façon », lui a-t-on répondu.  

Elle se retourne vers son coéquipier. Il se tient penché en avant sur son volant. On ne croirait pas comme ça qu’il roule à 66 km/h… « Veux pas écraser une bestiole », qu’il dit. En tout cas, ce n’est pas de son côté qu’elle peut espérer une poilade. Il ne peut pas la blairer. C’est le genre d’abruti qui n’aime pas travailler avec une gonzesse. Si elle est mignonne, c’est d’autant plus un critère d’incompétence. Elle l’a entendu le dire, texto.  

La vie au vert, quoi…  

 

La camionnette quitte enfin la départementale pour s’enfoncer dans un chemin privé. Pas goudronné, rempli de caillasses, la carlingue frotte contre les ronces des deux côtés. Ca fait râler le brigadier Dumont. Au bout de plusieurs centaines mètres, ils débouchent enfin sur la cour d’une maison cossue. Tout est fermé, tout est éteint. Il ne semble pas y avoir de mouvement. Les proprios doivent être partis en vacances.  

« Si c’est le chat qui nous a fait faire le chemin, je l’empaille », pense-t-elle.  

Dumont arrête le véhicule à deux cent mètres de l’entrée. Par mesure de sécurité, qu’il dit.  

« C’est ça, des fois que le chat nous crève un pneu… »  

Ils descendent et longent l’allée de gravier. Nulle âme qui vive. Ils ne sont qu’à trois mètres de la porte d’entrée quand soudain, le talkie-walkie d’Elise, qui les relie à la base de la radio, crépite.  

« Brigade 1, fausse alerte à la piscine municplmnmm… »  

Le talkie s’est éteint dans un meuglement de fatigue. Dumont soupire.  

« Me dis pas que tu as oublié de le charger…  

- Oui, ben je ne te le dis pas. Tu le déduiras tout seul…  

- Et s’il nous arrive un pépin ? »  

Elise ouvre des grands yeux.  

« Tu vas vraiment me faire chier pour ça ?  

- On ne sait jamais. On rigole pas avec la sécurité. Va prendre celui de la boîte à gant, je t’attends là.  

- Non mais je rêve… »  

Elise s’exécute en râlant. Ok, c’est peut-être exactement ce genre de détails qui lui ont fait cafouiller la descente de Sarcelles (ça, Dumont n’a pas besoin de le savoir). Mais là , on est quand même légèrement dans l’excès inverse…  

Elle ouvre la portière de la camionnette et s’apprête à ouvrir la boîte à gant quand la détonation résonne dans la nuit. Un bruit sec, un seul coup, qui vient de quelque part dans la jardin. Et qui glace le sang de la jeune femme.  

« Dumont ? »  

Pas de réponse.  

Elise sort son arme de son étui. L’air a changé, il est soudain trop frais. Elle avance dans le gravier, pas à pas, tenant l’arme des deux mains le long de son corps. La silhouette des arbres sous le clair de lune, charmante il y a une minute, est devenue menaçante. Elise sort sa lampe torche et pointe sa lumière vers la maison. Dumont est allongé sur les escaliers du perron. La jeune femme s’immobilise lorsqu’elle aperçoit le sang qui a giclé sur le mur blanc. Son coéquipier vient de se prendre une balle dans l’arrière du crâne. Il n’a pas sorti son arme, il n’a rien vu venir. Et vue la position de son corps, le tir est provenu du bosquet qui longe la maison. Il y a un tueur dehors.  

Elise se jette sur la porte d’entrée, l’épaule en avant. La porte ne résiste pas, elle était entrouverte. Elle s’affale sur le carrelage et se blesse le bras sur des éclats de verre. C’est alors seulement qu’elle se rend compte que la porte semi-vitrée avait déjà été enfoncée.  

« Y a quelqu’un ? »  

Mais sillonnant avec rapidité le séjour à la lumière de sa torche, elle trouve la réponse toute seule. Et découvre que l’extérieur de la maison ne laissait en rien deviner le carnage qui avait eu lieu à l’intérieur. Un homme git contre le mur, dans un bain de sang. Le mur est ravagé par ce qui ressemble à des tirs de mitraillette. Le reste du salon est apocalyptique, encore fumant, la façade côté jardin défoncée par une déflagration. Une explosion. Deux corps méconnaissables ont été carbonisés sur le canapé. Comme s’ils n’avaient pas eu le temps de se lever.  

Dans quel enfer s’est-elle jetée ?  

Elise ne peut pas rester là, peut-être encerclée par une escouade de terroristes surarmés. Sans réfléchir, elle ressort en courant et courre vers la camionnette. Elle doit fuir, la situation est bien au-delà de ses compétences. A ce moment, une autre détonation, plus forte, provient du fond du jardin, accompagné par un sillon lumineux qui troue l’air en direction du véhicule. Elise a à peine le temps de reconnaître une roquette que l’explosion la propulse en arrière. Elle s’écroule le dos sur la pelouse. Le choc lui a coupé le souffle et un puissant acouphène lui vrille les tympans. Mais elle prend conscience qu’elle est à nue et peut se faire tirer comme un lapin par ces meurtriers invisibles. Elle parvient maladroitement à se redresser et à se jeter dans les fourrés. Elle s’enfonce à l’aveugle dans les ronces, fuyant la provenance du tir, et débouche dans un bois. Elle courre un moment, elle ne sait pas combien de temps. Mais elle titube et se prend les pieds dans des racines. Elle s’adosse à un arbre. Elle a besoin de reprendre ses esprits et sa respiration. Et voir à quel point elle a mal…  

Elle écoute, mais n’entend rien. Nul bruit de course derrière elle. Elle est seule dans la nuit du bois et n’a rien pour appeler des renforts.  

« Réfléchis, Elise. »  

 

 

Stefan Cilic (Shawn Green) s’est reposé sur ses lauriers et ne peut s’en prendre qu’à lui-même. Le boulot avait été fait si rapidement et tellement facilement qu’il a cru avoir le temps de trainer sur les lieux. Il avait rejoint la maison sans bruit, avait défoncé la porte d’un coup de pied bien pesé, défoncé le boitier de l’alarme qui s’était mise en route d’une première mitraille, mitraillé aussi sec le type qui avait débouché de la cuisine, jeté sa grenade à l’aveugle dans le salon et cramé les deux autres inconnus. Trois silhouettes préalablement repérées aux lunettes thermiques, trois morts. Boulot terminé, en 3 minutes et 47 secondes.  

Ca l’a presque fait chier d’avoir fait tout ce chemin pour si peu. En son temps, il a fait le Kosovo, l’Afghanistan, l’Irak et le Mali. Là-bas, quand on se lançait dans l’attaque, on ne savait pas quand ça allait se terminer. Ca, c’était du sport. Mais qui ne payait pas. D’où son envie de raccrocher et de continuer en solo avec ce types de contrats. Il ne protège plus le pays, il règle les comptes des autres. Et ça paye beaucoup mieux.  

Du coup, il a pris le temps de trainer dans la maison. Histoire de savoir un peu, pour une fois, qui il a déglingué et pourquoi. Même si il s’en fout pas mal. Il a fouillé un moment mais n’a pas trouvé la réponse. En apparence, il ne voit pas en quoi la petite famille qui vient d’y passer a mérité un tel sort. Mais eux devaient bien le savoir, sinon ils ne se seraient pas équipés d’une alarme anti-intrusion aussi perfectionnée. Enfin… un peu perfectionnée…  

C’est en tout cas la raison pour laquelle il s’est fait surprendre par la camionnette de la gendarmerie. Il n’aime pas ces contretemps. Ca l’énerve. Et c’est d’ailleurs pour cette raison qu’il a manqué la fliquette. Il a tiré trop tôt, elle n’était pas arrivée au fourgon. Elle a décampé dans le bois qui mène à la rivière. Tant pis, il va aller la chercher ! Il lui souhaite de bien connaître le coin, car lui est en territoire connu. Il ne se déplace jamais sans savoir exactement où il met les pieds.  

Avant de s’enfoncer dans le bosquet, il hésite un instant : lunettes thermiques ou infrarouges ? Va pour les yeux de chats. Avec les autres, c’est quand même trop rapide.  

 

 

Elise s’est redressée mais elle flageole sur ses jambes. Elle a la peur au ventre. Elle a été formée à réagir sous les balles, mais là c’est quand même une autre ampleur. Un tir de roquette ! Elle respire plus fort. Il faut qu’elle se calme. Où est-elle ? Elle est paumée, elle ne sait même plus où est la maison. Tant pis, il faut qu’elle avance avant que les meurtriers ne la retrouvent.  

Stefan se retient d’éclater de rire quand il aperçoit la silhouette qui s’avance au loin, dans sa direction. La gourdasse revient sur ses pas ! On n’a jamais vu la souris chercher le chat… Les arbres empêchent la clarté de la lune de traverser, et même sans sa tenue de camouflage, elle ne le verrait pas. Il ne lui reste qu’à l’attendre gentiment ! Il remet la bandoulière de son fusil à l’épaule et sort son poignard. Elle a l’air bien gaulée, elle mérite une mort rapide et sans bruit.  

Elise avance lentement, en serrant son arme d’une main, l’autre tendue devant elle. La lune est bloquée par la cime des arbres, elle distingue à peine ses pieds. Soudain, elle perçoit un mouvement furtif derrière elle et c’est presque accidentellement qu’elle contre le coup qu’on lui portait. Un homme est là et a tenté de la poignarder à la gorge, mais elle parvient à lui agripper le poignet. De son autre main, l’homme dont elle ne distingue pas les traits saisit sa gorge brutalement. Elle a le souffle coupé. Il est beaucoup trop fort pour qu’elle réussisse à le faire lâcher prise, aussi se laisse-t-elle tomber. Mais il tombe avec elle, sur elle, et ne détache pas son étreinte. Il est incroyablement lourd ! Elise manque d’air, frappe le dos de l’homme comme elle peut et ses coups échouent sur l’épaisseur de tout un attirail militaire. Elle panique. Il va lui briser la carotide. Et dans un de ses trop rares moments de sagesse, elle parvient à se concentrer.  

« Souviens-toi ma fille, tes cours d’autodéfense… »  

Oui ! Le B-A ba. Elle redresse violemment son genou et frappe l’homme à l’entrejambe. Il gémit de douleur, mais ça ne suffit pas à le faire lâcher. De ses deux mains, elle le frappe aux tempes. Elle se cogne à un casque, mais semble avoir réussi son coup : l’étreinte se desserre légèrement. Elle aspire un grand coup d’oxygène et envoie son coude frapper le menton de l’agresseur. Elle parvient à le faire reculer suffisamment pour recroqueviller ses jambes et frapper l’homme au thorax. Le poids de son attirail le fait valser en arrière et il s’effondre sur le dos. Elise est dégagée. Elle se redresse et parvient à s’enfuir.  

 

 

La salope l’a surpris… Il commet trop d’erreurs. Il faut qu’il arrête de la prendre pour une bleue, visiblement elle a bien révisé ses cours. Stefan se redresse. Ses testicules lui font encore mal. Et ses lunettes infrarouges l’ont à moitié éborgné quand elle l’a frappé au menton. Elle a pris de l’avance, mais ce n’est pas grave, elle tourne en rond. Il prend le temps de faire rapidement le point : il a sa mitrailleuse légère, son M16, encore quelques grenades. Il n’a plus de roquettes et il a paumé son poignard dans la chute, mais ça devrait quand même être suffisant pour faire la peau à une gendarmette. Il se redresse. Elle n’aurait jamais dû le frapper dans les couilles, maintenant il a envie d’être méchant. La chasse est ouverte…  

 

 

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Un film de Benjamin McFIVE  

Sur un scénario original du Corbeau  

 

Avec  

BRUME - Elise  

Shawn GREEN - Stefan Cilic  

 

Sur une musique de Jessica BERRY  

Scénario : (4 commentaires)
une série Z d'action de Benjamin McFive

Shawn Green

Brume
Musique par Jessica Berry
Sorti le 27 novembre 2038 (Semaine 1769)
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