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Dark Feather Production présente
Déconstruction

 

Linda était arrivée à son cabinet tôt ce matin, comme à l’accoutumée. Son gobelet de café chaud à la main, elle regarda rapidement ses mails, balayant le fil d’actualités locales, buvant quelques gorgées de cette boisson chaude qui lui faisait tant de bien. Les prémices de l’hiver étaient déjà rudes sur New York.  

 

Linda était psychanalyste depuis maintenant plusieurs années. Elle avait elle-même dû consulter dans sa jeunesse suite à un traumatisme amoureux et ce, combiné à sa passion pour l’esprit humain l’avait conduit à embrasser cette carrière.  

 

Elle prit son agenda et se leva pour se diriger vers la baie vitrée qui lui offrait une vue plutôt agréable sur la ville. Une enfilade de bâtiments récemment rénovés, une rue encore calme prête à s’éveiller, Linda appréciait ce moment de la journée. Elle se perdit dans ses pensées quelques instants lorsqu'un corbeau noir vint frôler la vitre dans un croassement strident. Linda sursauta puis sourit devant cette apparition soudaine. Es-tu signe de l’arrivée d’un évènement positif tel Hugin ou Munnin ou n’es-tu qu’oiseau de mauvaise augure pensa-t-elle intérieurement. Elle termina son café lorsqu’elle entendit quelqu’un entrer dans la salle d’attente.  

 

Elle s’y dirigea à son tour, posant son gobelet vide sur son bureau puis entra dans la salle d’attente avoisinant son cabinet. Lorsque l’homme assis à l’intérieur leva les yeux vers elle ; elle se figea quelques instants, incrédule. Elle le reconnaissait. Comment aurait-elle pu l’oublier de toute façon. Leurs regards se croisèrent, Linda espéra y trouver une quelconque « reconnaissance » mais rien ne vint, le regard du patient resta neutre.  

Comment était-ce possible ?  

 

« Bonjour Docteur, j’ai rendez-vous ce matin » dit-il d’une voix sans émotion particulière.  

 

Linda se ressaisit rapidement bien que cette apparition avait réveillé en elle une douleur si longtemps enfouie, douleur qu’elle pensait enterrée à jamais. Elle fit entrer son patient dans son cabinet, refermant la porte derrière eux. Elle s’assit à son bureau et invita son nouveau patient à en faire de même, face à elle. Il n’avait pas trop changé. Le même visage qui lui donnait quelques années de moins, le même charme. Son regard, cependant, semblait changé. Elle prit son petit carnet relié de cuir noir, son stylo fétiche et inscrit sur une page vierge le nom de son patient avant que celui-ci ne se présente : Tom May. Puis elle invita à se présenter.  

 

Tom May, assis dans un fauteuil simple, se présenta rapidement et exposa brièvement les motifs de sa consultation, un mal être naissant, des épreuves difficiles à affronter. Tom May présentait tous les symptômes d’une dépression déjà bien avancée même si Tom répétait régulièrement que son mal être n’était que récent. Linda écoutait attentivement, notant les mots clés puis l’invita à s’allonger dans le divan. La séance dura une petite heure, heure durant laquelle elle griffonna son petit carnet. Une fois l’heure écoulée, elle proposa une nouvelle date à Tom, la semaine suivante, puis elle le ramena jusqu’à sa porte.  

 

Lorsque Linda retourna dans son cabinet, elle était perturbée. Elle se saisit de son gobelet encore posé dans un coin de son bureau et s’approcha de la baie vitrée. Le ciel s’était assombri, de fines gouttes de pluies venaient s’écraser sur la paroi vitrée. Linda ferma les yeux, troublée par sa rencontre de la matinée, et des souvenirs qu’elle pensait enfouis à jamais remontèrent à la surface. Elle se revit à 17 ans, jeune, insouciante, folle amoureuse de Tom, les regards complices échangés, les promesses murmurées au creux de l’oreille, les projets élaborés ensemble puis la tromperie, la trahison, la détresse. Toutes les larmes qu’elle avait pleurées sur son oreiller remontèrent presque aussitôt à ses yeux, elle revit son visage d’adolescente marqué par le chagrin et sa perte poids ; le souvenir de sa longue descente aux enfers resurgit des tréfonds de son âme jusqu’à l’apogée de son désespoir qui l’avait conduit à une tentative de suicide. Elle avait cependant réussi à remonter la pente grâce à une psychanalyse qui lui avait permis de se reconstruire.  

 

Lorsque Linda rouvrit les yeux, le gobelet en plastique était broyé dans sa main alors que ses yeux embués crurent distinguer posé sur une branche d’un des arbres de l’avenue, un corbeau noir semblant regarder dans sa direction. Linda secoua la tête, pour chasser toutes ces mauvaises pensées et se remit à travailler.  

 

La journée passa, puis la semaine. Les cauchemars étaient revenus, rendant Linda plus vulnérable mais elle faisait face, se concentrant sur son travail, reconstruisant ses patients comme elle avait été reconstruite plusieurs années auparavant si bien que le deuxième rendez-vous de Tom May vint rapidement.  

 

Tom arriva à l’heure et s’installa immédiatement sur le divan. Linda pris place dans son fauteuil, derrière lui. Une douleur sourde se raviva en elle, douleur qu’elle dissimula tant bien que mal. Elle laissa Tom prendre la parole, n’intervenant que ponctuellement, tentant de trouver par les mots une solution aux maux de Tom. Elle se surprit cependant à glisser à quelques reprises des formules à double sens qui pourraient procurer l’effet inverse, c’est-à-dire plonger plus profondément Tom dans son désarroi. Si cela était éthiquement indéfendable, cela eut pour effet presque immédiat de soulager quelque peu cette douleur en elle, ce qui la perturba.Lorsque la séance fût terminée et que Tom eût quitté son cabinet, Linda se sentit mieux, comme soulagée, voire même partiellement guérie par cette séance ; comme si le remède à son traumatisme était d’infliger les mêmes blessures à Tom.  

 

Elle se posa dans son fauteuil, fermant les yeux, tripotant le capuchon de son stylo du bout des doigts, plongée dans une intense réflexion. Elle avait reconstruit avec succès tant de personnes, elle pouvait bien se permettre un échec, même si celui-ci était volontaire. Lorsqu’elle rouvrit les yeux, sa décision était prise. Son opération déconstruction avait déjà commencée…  

 

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Dark Feather Production vous présente son nouveau film, un drame psychologique réalisé par Nicholas Buffet (Faux Semblant, Gold My Blood). Victoria Froese (Chasseur, Maison Rouge) y incarne une psychanalyste torturée et tortueuse dont le patient incarné par Carsten Barry (Les Aventures de Picsou, Gold my Blood) va subir un traitement très particulier.  

La bande originale a été confiée à Amaury Kostal (Talk me Down, Thunder in Paradise).  

 

Titre principal de la B.O. : https://www.youtube.com/watch?v=nZq_jeYsbTs  

 

Scénario : (2 commentaires)
une série Z dramatique de Nicholas Buffett

Carsten Barry

Victoria Froese
Musique par Amaury Kostal
Sorti le 23 septembre 2039 (Semaine 1812)
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