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Les Films du Corbeau présente
Duluc, père et fille

« M. Duluc ?  

- Oui ?  

- Jean-Joël Duluc, né le 2 février 1998 à Villeparisis ?  

- Euh… Oui ? »  

Il sentit instantanément qu’il n’aurait pas dû ouvrir la porte.  

« Et le 26 septembre 2016, vous étiez bien à la Fête des Sardines de La Turballe ?  

- Euh… J’en sais trop rien ! J’ai dû faire une saison dans le coin à cette époque, je crois oui. Mais pourq…  

- Alors vous êtes mon père. »  

La jeune femme (Nour Pendragon) entra dans le bureau du détective privé (Bob Peck), le laissant comme deux ronds de flan, les yeux en bille de flipper, sur le perron de l’agence, et posa sa valise au milieu de la pièce.  

« Hein ??? Eh oh ! Oulah… C’est quoi cette histoire ? », dit-il en rejoignant la demoiselle qui inspectait le bureau paternel. « Héhé, hoho… Dites, mademoiselle, vous êtes très forte en blagues. Mais faut pas s’amuser à ça avec des inconnus ! Ca pourrait être dangereux.  

- J’vois pas le mal », répondit-elle sans le regarder, inspectant les piles de dossiers posés de guingois sur le bureau où l’on avait pas fait les poussières depuis un moment.  

« Donc vous convenez que c’est une blague ?  

- Pas du tout. Vous préférez que je vous appelle Papa ou Jean-Joël ?  

- Bon dites, c’est quoi ces salades ? J’ai pas d’enfant. Je le saurais. »  

La jeune femme s’assit sur le fauteuil que le détective réservait à ses clients et posa enfin les yeux sur lui.  

« Vous vous souvenez sans doute de Philomène Kermarec ?  

- …  

- Tout le monde l’appelait Cocotte.  

- …  

- Elle était joueuse de twirling bâton et servait les sardines-frites sur le port.  

- Ah ! »  

L’image d’une blondinette aux cheveux peroxydés. L’uniforme de twirling un peu trop moulant pour ses pare-chocs. La plage de la Turballe au soleil couchant. Ca avait été une sacrée coch…  

« Oh… »  

Le tain de Jean-Joël vira au blanc-jaune et il s’assit sur son bureau, faisant voler un tas de paperasse sur le parquet.  

« Ooooh misère… »  

Sans se préoccuper du remue-méninges (oui, remue-méninges) qu’elle venait de créer, la jeune femme continua son tour du bureau. Par la fenêtre, elle pouvait observer les voitures parisiennes jouer à un manège continuel autour du rond-point du Châtelet. L’enseigne sur rue, « Duluc, détective », était en mauvais état. Plusieurs lettres ne s’éclairaient plus.  

« Ca marche encore, les affaires d’un détective de nos jours ?  

- ... Comme ça, oui.  

- On vous paie à quoi faire ? »  

Jean-Joël répondait machinalement, pas du tout concentré sur la conversation.  

« Filatures d’épouses, ados disparus, passe-temps d’un nouveau collaborateur…  

- On sait tout ça en pianotant sur Facebook, pourtant.  

- Oui… Oui… »  

Jean-Joël se ressaisit.  

« Non mais oh, bon !… Ok, j’ai connu Cocotte. Mais comment elle peut savoir que c’est moi, votre père ?  

- Oui je sais. Elle a une sacrée réputation de cochonne.  

- Eh ! C’est une façon de parler de sa mère ?  

- J’vois pas le mal.  

- Oui ben… En tout cas, ça prouve bien qu’il y a peu de chances que… hein !  

- Elle m’a toujours dit que vous aviez été son premier. C’est après qu’elle s’est mise à… fréquenter, si vous préférez.  

- Ben tiens !  

- Je m’appelle Joëlla.  

- …  

- Oui, vous voyez, elle était plutôt sûre du père. »  

Une mouche avait bien l’intention de commencer à voler dans toute la pièce, mais à ce moment, la sonnette retentit. Tous deux tournèrent la tête, surpris, vers la porte de l’agence où une silhouette longiligne se dessinait à travers la vitre trouble. Mais Jean-Joël restait immobile, complètement désarçonné par la situation. Joëlla se décida à ouvrir. Une belle femme, à la peau noire et au tailleur distingué (Megan Andrews), se tenait en face d’elle et regarda la jeune femme avec inquiétude.  

« … Je suis bien chez M. Duluc ?  

- Oui, mais il est indisposé pour le moment. Entrez, je vais vous recevoir. »  

Jean-Joël réagit en sursaut.  

« Eh oh ! Ca va bien, non ? »  

Il se précipita au devant de l’inconnue.  

« Excusez ma… euh…  

- Assistante », l’aida Joëlla.  

« Ma assistante, oui. Asseyez-vous, je vais vous recevoir. »  

Pendant que la femme distinguée pénétrait dans le bureau, Jean-Joël laissa la porte ouverte et chuchota à sa fille avec colère.  

« Allez, ouste !  

- Hein ? Je ne vais pas partir maintenant !  

- J’ai une cliente ! Et puis d’abord, qu’est-ce que tu veux à la fin ?  

- Qu’on se tutoie, oui, pour commencer, c’est très bien… papa.  

- C’est pas possible !  

- J’vois pas le mal.  

- Ah ça suffit avec ça ! »  

La cliente avait penché la tête par la porte du bureau.  

« M. Duluc, tout va bien ?  

- Ouioui ! Je suis à vous tout de suite. »  

Il hésita avec sa porte ouverte en main, fusillant sa fille du regard. Celle-ci continuait de le regarder avec ses grands yeux innocents. Il finit malgré lui par refermer la porte.  

« Pas un mot, hein ! Tu es mon assistante.  

- Oui papa.  

- Môssieur Duluc !  

- Oui môssieur Duluc. »  

Renfrogné, il rejoignit le fauteuil de son bureau, face à l’inconnue. Joëlla s’appuya contre le mur. La cliente la regardait.  

« Elle va rester là ?  

- Je ne vous ai pas présentée mon assistante, Joëlla… euh…  

- Kermar…  

- Cocotte ! Joëlla Cocotte. »  

Atterrée, Joëlla fixa son père de ses grands yeux. Celui-ci lui répondit par une mimique narquoise, esquissant de ses lèvres des mots inaudibles mais reconnaissables : « J’vois pas le mal ». Puis tournant à nouveau son regard vers sa cliente :  

« Ne craignez rien. La discrétion est notre mot d’ordre. »  

L’inconnue était finalement plus gênée par la raison de sa visite que par la situation présente. Aussi, elle passa outre et se présenta. Valentine Souris était l’assistante personnelle de Maxence Pirmil-Goujat, le célèbre galeriste et marchand d’art. Demain était un grand jour pour la maison Pirmil-Goujat, puisqu’ils devaient inaugurer leur grande exposition consacrée aux peintres Nabis, dont son patron avait fait l’acquisition de dizaines de toiles à coup de millions au cours des dernières années. Le diamant de cette exposition était la toile « La chambre bleue » de Paul-Elie Ranson, une merveille de 1900 qui coûtait à elle seule plusieurs dizaines de milliers.  

Valentine n’était cependant pas confiante en pensant à ce grand jour. Et la raison principale en était son patron. Depuis plus d’un mois, il était taciturne, irascible au lieu de se réjouir de cette consécration attendue depuis si longtemps. Quelque chose le turlupinait, mais Valentine était bien incapable de tirer de lui une quelconque explication. Et à son grand étonnement, il avait incroyablement bâclé la sécurité de l’exposition, en particulier de la toile trophée de l’exposition. Valentine avait dépensé beaucoup d’énergie, ces dernières semaines, à le convaincre d’investir dans un système de protection infaillible pour sécuriser les toiles, comme toute exposition digne de ce nom dans le monde. Ne serait-ce que contracter une assurance ! Mais Maxence avait continuellement repoussé, retardé et remis en cause ses propositions. Au point que Valentine était maintenant convaincue qu’il ne le faisait pas par hasard. Mais elle ne s’expliquait pas pourquoi.  

Elle en avait perdu le sommeil. Le vol de « La chambre bleue » serait une catastrophe pour le monde de l’art, mais avant tout pour la maison Pirmil-Goujat. Et donc pour son propre job, et son avenir professionnel dans le monde de l’art. Aussi s’était-elle décidée à prendre les devants, dans le dos de son patron, et venait faire appel à la seule et dernière agence de détectives qu’elle avait repérée sur Paris. Le seul moyen d’assurer un minimum de sécurité sans que Maxence ne l’apprenne. Qui viendrait encore faire appel à un détective de nos jours ?  

« Combien de détectives pouvez-vous m’assurer sur cette affaire, M. Duluc ? », demanda Valentine.  

« Ben… C’est là qu’est l’os, Mme Souris ! Je suis tout seul. Surveillance de nuit comme de jour ? Pas possible…  

- Ah…  

- Et moi, je pue du bec ? », intervint Joëlla sous les yeux effarés de son père. « A deux, on peut déjà faire une première nuit ! Ecoutez ce que je vous propose, Mme Souris…  

- Eh oh ! », s’interposa Jean-Joël.  

« Nous passons une première nuit à la galerie, voire si tout va bien. Demain matin on fait le point, et on avise ! C’est pas pendant la journée que vous avez quelque chose à redouter, c’est la nuit.  

- OH EH !  

- Ce n’est pas tellement ce que j’avais en tête », répondit Valentine à la jeune femme, « mais je serais déjà tellement soulagée…  

- Alors y a pas à tortiller ! », continua Joëlla. « C’est pas avec nos honoraires que vous courrez des risques ! Rien à perdre à tenter le coup.  

- Eeeeeeh !  

- Oui, oui… C’est déjà ça », convint Valentine, désespérée à ce point.  

Joëlla lui prit les mains et les serra.  

« On les aura Valentine ! Gardez confiance !  

- Oui ! Merci Melle Cocotte ! Merci, M. Duluc ! », dit-elle en serrant les mains de Jean-Joël avec frénésie, les larmes aux yeux.  

Lorsqu’elle eut quitté l’agence, Jean-Joël retourna sa colère silencieuse vers sa fille, toute fraiche du jour.  

« Laisse-moi deviner : j’vois pas le mal, c’est ça ? »  

 

 

 

Jean-Joël maugréait dans sa barbe, assis à même le sol contre un mur de la galerie Pirmil-Goujat. Il était plongé dans le noir et seule l’éclairage de veille lui permettait de voir la pointe de ses chaussures. Plusieurs mètres plus loin, Joëlla était assise sur un banc aux sièges de velours qu’on avait posé devant le clou de l’exposition. Elle s’était plongée dans l’observation de « La chambre bleue » depuis plus de 20 minutes, une contemplation rendue plus ardue par la faible lueur de la salle.  

« Non seulement je me tapes une nuit pour des nèfles à cause de toi, et en plus t’es aussi causante qu’un cabillaud. On m’y reprendra !  

- Chuuut.  

- Quoi chut ? T’y vois quelque chose, à ta croute ?  

- Non mais j’écoute. J’attends les malfrats.  

- Ah elle est belle, la détective. J’vais m’en griller une plutôt que de voir ça, tiens... »  

Il rejoignit l’issue de secours, dont il empêcha la fermeture en calant un extincteur contre la porte. Il n’y avait aucune alarme. C’était effectivement invraisemblable quand on considérait les richesses que la galerie renfermait.  

Jean-Joël fit quelques pas sur le quai de la Seine. Il devait être 3 ou 4 heures du matin, la rue paisible de Neuilly-sur-Seine était vide et le détective se pelait les miches en tirant sur son mégot. Il fit tranquillement le tour du bâtiment et s’immobilisa lorsqu’il distingua des mouvements dans la cour intérieure au dos de la galerie. Il s’approcha sans bruit et se colla contre un container-poubelle. Trois silhouettes étaient penchées sur quelque chose d’indistinct en-dessous d’une lucarne de la galerie. Il ne distinguait pas à quoi ils étaient affairés, et ne pouvait s’avancer davantage car l’éclairage d’un lampadaire de ville inondait l’espace qui le séparait d’eux.  

Il chercha son téléphone dans sa poche, et jura entre ses dents lorsqu’il se souvint que Joëlla lui avait emprunté pour jouer à Candy Crush quelques heures plus tôt. Il fut obligé de faire demi-tour, et jura encore un peu plus lorsqu’il découvrit que l’extincteur avait roulé et qu’il était enfermé à l’extérieur. Il revint devant la façade d’entrée de la galerie et frappa sur la vitrine pour alerter sa fille. Mais si elle se trouvait toujours dans la même pièce, au fond du bâtiment, elle ne pouvait pas l’entendre.  

Il revint sur ses pas et retrouva sa planque derrière les poubelles. Les silhouettes noires étaient toujours occupées à leur énigmatique besogne. Mais… Un… Deux… Où était passé le troisième ?  

Boing ! Le bitume puait le kérosène. Jean-Joël s’était affalé, le nez dedans, quand on l’avait délogé de sa tanière et poussé dans le halo du lampadaire. Les deux hommes alertés s’approchaient maintenant de lui, et il se retourna pour découvrir le visage de celui qui l’avait poussé. Il était grand, baraqué, la coupe de cheveux à demi rasée, entièrement vêtu de noir comme les cambrioleurs dans les films hollywoodiens, et surtout… son sourire carnassier laissait entrevoir des dents en or, comme les rappeurs américains (Dylan Romarov). Un chouilla intimidant, quoi.  

« Attention hein ! Ca pourrait partir ! Vous auriez l’air malin ! »  

Jean-Joël avait extirpé le revolver de sa poche et savait qu’il n’avait pas l’air d’un gangster, tant l’arme tremblait au rythme des miquettes qui lui secouaient les muscles des doigts.  

Bim ! Le revolver vola plus loin dans l’ombre, et Jean-Joël vola dans la direction opposée. Le bougre, pas très impressionné, lui avait collé son poing dans le museau.  

« Affenffion hein ! Ve vais me faffer ! »  

Le colosse saisit le détective par le col et le hissa d’un seul bras au-dessus de sa tête. Bon, Jean-Joël, c’était une soixantaine de kilos tout mouillé, mais quand même ! Et un Jean-Joël qui n’arrivait plus à respirer.  

« Tu préfères rejoindre les rats dans ta poubelle ou les petits poissons dans la Seine ? », lui demanda l’armoire à glace avec un gros accent style Europe de l’Est.  

« Oh… la… pauv… réplique… », tenta Jean-Joël en mirant son nez ensanglanté dans le reflets des dents en or.  

« Lâche-ça, enfoiré de ta mère, ou je te fumes ! »  

Joëlla avait avancé sans bruit et ramassé le revolver de son père. Elle visait la tête du molosse, qui ne se dépara pas de son beau sourire. Il lâcha quand même son fardeau qui s’étala au sol, mais s’avança vers elle avec une démarche menaçante.  

« Fais pas le mariolle, dent-de-requin ! Je vais vraiment te… euh… trouer un autre trou de balle…  

- Tu vas trop au cinéma ma mignonne. Le cran de sûreté, tu connais ?  

- Nan… »  

Elle tira. Et un jet d’encre noire atteignit les yeux du malabar.  

« Aaaah paleistuve ! » (Note de l’auteur : « Aaaah la pute ! » en lituanien)  

Aveuglé, il posa un genou au sol et Joëlla en profita pour lui décocher un coup de talon dans la mâchoire. A cet instant, on entendit une sirène de police qui fit décamper le gaillard à l’aveugle. Mais la sirène passa, c’était pas pour eux… Joëlla vint ramasser son père qui se massait le nez boursoufflé.  

« Côté répliques, t’as aussi des progrès à faire ma fille.  

- Papa, sans déconner, t’as que ça pour te protéger ? », dit-elle en faisant pirouetter le pistolet à encre devant son nez.  

« Chuis détective privé, moi ! Femmes adultères, ados en fugue, tout ça… Pas besoin d’une Kalachnikov ! N’empêche que toi, t’étais partie pour lui tirer une balle dans la tête.  

- Ben quoi ? C’était un méchant. J’vois pas…  

- … le mal, ouais j’ai saisi. »  

 

 

 

Au petit matin, ils retrouvèrent Valentine dans un troquet pour lui faire le topo de la nuit. A part lui confirmer ses craintes, ils n’avaient pas grand-chose à lui apprendre, les loustics n’ayant pas laissé de traces de ce qu’ils pouvaient manigancer derrière la galerie. Ils l’encouragèrent à se confier à la police. Mais elle refusa. Elle avait trop peur que Maxence Pirmil-Goujat ait quelque chose de grave à se reprocher.  

Jean-Joël voulu en rester là. Ils convinrent que Valentine les appellerait dans la journée si quelque chose tournait au vinaigre. Et si le vernissage se déroulait sans problème, ils aviseraient. En attendant, le détective n’avait qu’une envie : rentrer se coucher.  

« N’empêche, c’est évident que le Pirmil-Goujat n’est pas clair. M’étonnerait pas que la Valentine en pince pour son patron », dit Joëlla dans le métro du retour.  

« Tout doux, Sherlock. C’est pas notre pointure, tout ça. Ca m’étonnerait qu’elle nous rappelle, la Valentine, et c’est tant mieux. Et au fait, tu crèches où ?  

- Ben chez toi !  

- Ah ben oui, évidemment… »  

 

Joëlla se réveilla vers midi. Courte nuit, mais quand elle réalisa qu’il était encore temps de rejoindre le vernissage à 14h, elle sortit de l’appartement de la rue Picpus sans réveiller son vieux papa.  

 

 

 

Elle avait mis sa belle robe rouge, un peu flashy. Mais sa tenue aussi bien que sa frange un peu de guingois passaient inaperçus au milieu des crinières vertes ou bleues, des lunettes jaunes fluo ou des nœuds pap à paillettes de cette ribambelles de gens du monde de l’art. Elle discerna Valentine qui buvait un verre de champagne avec un petit groupe d’invités en s’extasiant devant « La chambre bleue ». A sa manière de se tenir près de lui et de lui jeter des regards nerveux, elle devina que l’homme qui se tenait à ses côtés devait être son patron, Maxence Pirmil-Goujat (Graham Cannon).  

« Okaaaaaay ! »  

Elle s’était attendue à un vieux beau friqué avec un petit foulard Hermes autour du coup. Mais à la place, elle reluquait un beau gosse baraqué comme il faut et au regard de braise. Elle saisit une coupette sur un plateau qui lui passait devant le nez et s’avança.  

« Valentine, ma chériiiie ! »  

Elle claqua la bise à une Mme Souris complètement décontenancée, mais réussi au moins à attirer l’attention de son bellâtre de patron.  

« Présente-moi, mon chou ! », dit-elle en tendant la main à Maxence.  

Valentine hésita.  

« M. Pirmil-Goujat, voici… euh…  

- Celesta de Vichy. Je représente un cabinet d’expertise en art, dans l’Ouest de la France. Pour rien au monde je ne voulais manquer ce rendez-vous ! »  

En entendant sa fonction, elle discerna une étrange lueur dans le regard de Maxence. Etait-ce de la crainte ? De la méfiance ? Ou au contraire une certaine forme de soulagement ? Elle le prit par le bras et le contraignit à faire le tour de la galerie à ses côtés, lui faisant parler des œuvres, des peintres, de l’endroit où il les avait dégottées. Etonnamment, il se montra charmant avec elle, et d’une grande patience. Elle espérait le pousser à la faute, trouver dans ses propos des petites failles qui pourraient lui donner un indice du côté vers lequel aller fouiller. Mais il restait de marbre à ses attaques, qui restaient assez limitées vue qu’elle était une quiche en histoire de l’art ou en muséologie.  

Elle réussit à le garder pour elle pendant presque un quart d’heure et elle aurait pu rester des heures encore à boire les paroles qui sortait de sa bouche si sensuelle, de ses dents si blanches, de ses yeux si pénétrant… Oui, parce que ses yeux parlaient aussi. Bon. L’important, c’est qu’elle ne remarquait même pas qu’une femme, à quelques mètres de là, les foudroyait du regard.  

Joëlla dût finalement laisser Maxence rejoindre les nombreux invités qui n’attendaient que lui. Et…  

« Vous dites que vous représentez quel cabinet ?  

- Hein ? »  

Elle sursauta lorsque cette voix s’éleva dans son dos. Une splendide jeune femme aux cheveux remontés en chignon sévère et aux yeux de glace (Brume) la regardait avec une certaine froideur.  

« Constance Majestik. Je suis la commissaire de cette exposition. Vous disiez travailler pour qui ?  

- Euh… Pour le cabinet… Duluc & Kermadec, de… la Baule. Vous connaissez sûrement ?  

- Non, et cela m’étonne. »  

Noyer le poisson… Noyer le poisson…  

« Moi non plus d’ailleurs, je ne connaissais pas votre nom… avant de le lire quelque part. Comme quoi ! Et tiens, dites-moi cette toile… elle est pas mal, qu’est-ce que c’est ?  

- Vous ne connaissez pas Sérusier, le fondateur des Nabis ? », répondit Constance sur un ton qui ne laissait pas de soupçon sur ses soupçons…  

« Je vous taquinais, je l’ai en poster à la maison. Bon, il faut que je me sauve ! Je vous contacte très vite pour parler boutique, hein… J’ai vu deux-trois petites choses pas très catholiques sur une toile ou deux.  

- Pardon ?, dit Constance, glaciale.  

« Nan mais vous en faites pas. Chuis un peu pompette, tout ce champagne… On revoit ça à tête reposée ! »  

Elle s’éloigna rapidos sous le regard de plomb de la commissaire et s’esquiva de la galerie.  

Mais en rejoignant la rue, coup de bol : sur la rive de la Seine, elle reconnut Maxence qui s’était esquivé et se tenait assis sur un banc à l’écart, les yeux perdus dans le vide. Il se dégageait de lui une extrême solitude. Joëlla s’approcha sans bruit et s’assit à ses côtés.  

« Quelque chose ne va pas ? »  

En une fraction de secondes, son visage se recomposa et retrouva son sourire de façade, qui ranima illico un feu bouillant dans les entrailles de la jeune femme.  

« Tout va à merveille ! Un petit besoin d’air frais, c’est tout. Vous savez ce que c’est, les vernissages…  

- Ouais, m’en parlez pas. On peut aller prendre un verre un peu plus loin, si vous voulez vous évader un moment.  

- J’habite à deux pas.  

- Oh, M. Pirmil-Goujat…  

- Appelez-moi Max. »  

 

 

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Un film de Sheinaz El Ramani  

Sur un scénario original du Corbeau  

 

Avec  

Bob PECK - Jean-Joël Duluc  

Nour PENDRAGON - Joëlla Kermarec  

Graham CANNON - Maxence Pirmil-Goujat  

BRUME - Constance Majestik  

Megan ANDREWS - Valentine Souris  

Dylan ROMAROV - L’homme aux dents d’or  

 

Sur une musique d’Ezra NOYES  

Scénario : (3 commentaires)
une série A comique (policière) de Sheinaz El Ramani

Bob Peck

Nour Pendragon

Graham Cannon

Brume
Avec la participation exceptionnelle de Megan Andrews, Dylan Romarov
Musique par Ezra Noyes
Sorti le 30 décembre 2039 (Semaine 1826)
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