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Les Films du Corbeau présente
Le Comptable et l'anneau

*** Ce film participe au Concours Histoire Parallèle 2040 de Gérardmerveille***  

 

 

Londres, 1948  

 

Elle descend de la limousine. Sur le trottoir, un photographe aux aguets fait crépiter l’ampoule de son appareil photo, mais elle n’y accorde pas d’importance. Le portier du Belvedere étend son bras pour protéger la jeune femme de cette agression.  

« Bonsoir, Miss Carrey-Manshian. »  

Kim (Savannah Dallas) le remercie d’un hochement de tête et entre dans l’hôtel. Elle traverse le hall. Des visages se tournent et elle prend conscience des regards d’admiration qui se posent sur elle, mais elle baisse le regard. Elle est épuisée. La journée de tournage dans les studios de Leavesden a été harassante et elle ne souhaite qu’une chose : se retrouver seule.  

« Quel étage, Miss Carrey-Manshian ?  

- Le huitième. »  

Le jeune groom actionne le levier de l’ascenseur. Dès qu’elle sera seule, elle enlèvera sa fourrure, qui lui pèse tant ce soir. Elle ôtera ses talons aiguilles, et surtout… elle contemplera son pendentif camouflé entre ses deux seins. Elle y a pensé toute la journée. Son achat était une folie… Quelques millions de dollars pour une bague ! Elle ne comprend pas comment elle a pu se laisser convaincre. Pourtant, quand elle a vu le bijou, elle n’a pas pu s’en empêcher. Une chaleur soudaine s’est emparée d’elle, elle l’a convoité immédiatement. Même s’il n’avait rien d’extraordinaire en apparence, même pas de diamant…  

Elle l’a senti contre elle toute la journée, réchauffant sa peau, l’irritant aussi. Elle n’a pas osé s’en séparer, ni le porter au doigt. Même pas osé le regarder. Elle n’a jamais été seule du matin jusqu’au soir. Mais dans un moment…  

 

Quelque chose, un souffle, l’a réveillé. Elle a ouvert les paupières et l’a vu, à quelques centimètres de son visage, penché sur son lit. Elle n’a pas discerné son visage dans l’obscurité, mais les lueurs de la ville à travers la baie vitrée de sa suite ne lui laisse aucun doute : il s’agit d’un enfant ! Elle s’apprête à crier, sous le coup de la surprise, mais il lui plaque sa petite main sur la bouche avec une force étonnante.  

Au même moment, la porte résonne sous la violence de trois coups secs. Kim et l’enfant s’immobilisent. L’enfant recule dans la chambre, indécis. Kim porte la main à son cou, le pendentif ne s’y trouve plus !  

« Mon anneau ! », crie-t-elle.  

On frappe à nouveau, trois coups violents. Kim se redresse et tend la main vers l’enfant. Il faut qu’il lui rende l’anneau ! Mais l’enfant se met à courir en direction de la baie vitrée et la traverse. Elle explose en une nuée d’éclats de verre et l’enfant mystérieux tombe dans le vide. Ca n’a duré qu’un instant. Kim est saisie d’effroi mais n’a pas le temps de hurler : la porte de la suite vient de céder sous les coups…  

 

 

*** LONDON HERALD TRIBUNE – le 9 mars 1948 ***  

Une star d’Hollywood agressée dans sa chambre d’hôtel  

Les services de police de Scotland Yard sont intervenus au milieu de la nuit dernière au Belvedere, alertés par le directeur du luxueux hôtel où réside la célèbre étoile d’Hollywood, Kim Carrey-Manshian, de séjour à Londres pour tourner dans le nouveau film du maître du suspense anglais, Albert Hillcox. Il s’avère que des intrus ont pénétré la suite de l’actrice et l’ont molestée. Une femme de chambre a été alertée par ses cris et, selon nos sources, la police a retrouvé la belle dans un triste état. Si des blessures sérieuses mais non mortelles ont été relevées sur son corps, c’est bien la santé mentale de Miss Carrey-Manshian qui semble avoir subi le plus de dommages. Un membre du personnel de l’hôtel nous a confié qu’elle aurait été trouvée désorientée au plus haut point, elle ne cessait de crier et de se débattre, comme en proie à la plus vive terreur. Face aux membres du personnel comme aux membres des forces de l’ordre, elle n’aurait su revenir de ses émotions et aurait continuellement scandé les mêmes paroles hystériques :  

« Son œil ! Son œil ! Il me regarde ! Il me brûle ! »  

L’inspecteur Conrad de Scotland Yard, interrogé, ne nous a pas confirmé de constat de vol. L’agression reste donc sur un motif mystérieux et nulle trace ne subsisterait de ses agresseurs.  

Miss Carrey-Manshian a été transportée à l’hôpital psychiatrique de Bedlam.  

 

 

 

Londres, 1954  

 

Sullivan Stone (Ian Morcar) traverse Hyde Park. Il est sorti très tard de l’agence (il est comptable dans une manufacture de tissus) mais au lieu de se dépêcher de rentrer dans son studio de Regent Street, il flâne, profite de la douceur de cette nuit d’été, si rare à Londres. Le parc est vide et cela lui va très bien comme ça. Les réverbères ne servent presque à rien tant la lune est claire.  

Un bruit attire son attention dans les fourrés. Quelque chose comme un gémissement. L’idée lui vient qu’il pourrait perturber l’intimité d’un couple d’amoureux et il accélère le pas. Mais soudain, un homme débouche de l’obscurité d’un buisson et fond sur lui. Sullivan n’a pas le temps de réagir que l’homme lui tombe dans les bras en laissant échapper un râle. L’inconnu s’effondre et le jeune homme le soutient. La lueur d’un réverbère montre à Sullivan que l’homme n’est pas d’une première jeunesse, il doit avoir une soixantaine d’année. Mais ce qui tétanise le jeune homme est la pâleur de sa peau, et l’expression de terreur qui déforme son visage. L’inconnu plonge ses yeux exorbités de peur dans les siens. Il tremble et semble vouloir dire quelque chose, mais rien ne sort de sa gorge. Ses vieilles mains cherchent celles de Sullivan, qu’il agrippe avec force. Puis sa voix éraillée laisse échapper des mots discontinus qui ressemblent à des propos de somnambule :  

« Gardez vous-en ! Gardez-vous en bien ! Son œil, son œil terrible… Il ne faut pas… Il ne faut p… »  

Un dernier râle, et l’homme s’affaisse dans les bras de Sullivan. Il est mort. Sa main crispée dans celle du jeune homme se détend et retombe sur l’herbe.  

Profondément choqué, Sullivan allonge le corps du vieil homme sur la pelouse et recule de quelques pas. C’est alors qu’il prend conscience de l’objet que le vieil homme a déposé dans sa main : un anneau. Un anneau de métal doré, lisse et épais. C’est peut-être de l’or, Sullivan n’en sait rien. Mais il est chaud et, chose plus étonnante, il semble à Sullivan qu’il palpite dans la paume de sa main. Cela pourrait être les pulsations du sang qui s’écoule dans ses veines, mais le jeune homme ne le croit pas. C’est l’anneau qui « bat », qui réagit au contact de sa peau. Comme si l’anneau le reconnaissait. Sullivan ne peut pas en détacher son regard, malgré la gravité de la situation dans laquelle il se trouve.  

Pourtant, un événement parvient à détourner son attention. Des pas, des bruis de talons hauts qui marchent tranquillement sur le bitume de l’allée du parc. Sullivan se retourne vers la silhouette de la jeune femme qui s’approche, redoutant son interprétation de la situation. Ne va-t-elle pas croire qu’il vient de détrousser cet homme ? Mais la jeune femme ne semble absolument pas perturbée. Au contraire, elle avance en regardant Sullivan sans montrer le moindre trouble.  

Elle est magnifique (Julianne Frayor) : grande, élancée, les cheveux noirs et lisses coupés au carré, d’une allure presque effrontée. Elle porte un pantalon noir qui lui donne une allure sportive et moderne. Elle sourit. Et c’est à cet instant que Sullivan ressent un froid intense saisir son dos, son ventre et ses intestins. Cette femme dégage soudain une aura dangereuse, implacable. Il semble à Sullivan qu’autour d’elle, la lumière faiblie comme elle le ferait si la mort s’avançait à sa place. Alors le jeune homme recule. Puis, sans bien comprendre ce qu’il fait, s’éloigne en courant, fuyant en direction des grilles du parc. Mais les bruits des talons de la jeune femme résonnent dans sa tête, de plus en plus fort. Elle n’a pas accéléré son pas, mais Sullivan ressent sa présence de plus en plus forte, et de plus en plus glaciale dans son dos. Il parvient aux grilles, voit la rue et la circulation nocturne à sa portée, mais il tombe sur les genoux. Il n’arrive plus à respirer. Une poigne invisible enserre sa poitrine, le retient. La jeune femme approche. Et l’anneau palpite de plus en plus fort dans le creux de la main de Sullivan, il le brûle presque.  

Un crissement de pneus, strident, libère soudain Sullivan de cette emprise invisible. Une voiture décapotable bleue vient de piler juste devant lui, de l’autre côté du trottoir. La portière s’ouvre et une autre jeune femme, irradiante de beauté (Carrie Stewart), apparaît. Son visage est tendu et elle crie à Sullivan :  

« Montez ! Montez vite ! »  

Le bruit des talons s’accélère. La jeune femme brune sent s’échapper sa proie. Instinctivement, poussé par la terreur qui s’est emparée de lui, Sullivan se redresse et plonge sur le siège de la voiture. La portière n’est pas encore fermée que la jeune femme écrase la pédale d’accélérateur et la décapotable démarre en trombe pour s’enfoncer dans la circulation londonienne.  

 

L’air revigore Sullivan qui l’avale à grandes bouffées pour retrouver son souffle. Les cheveux de sa voisine volent et fouettent son visage pendant qu’elle slalome à toute allure entre les véhicules. Elle ne lui laisse pas le temps de se reprendre.  

« Vous l’avez ? Vous l’avez ?  

- … Quoi ?  

- Vous savez de quoi je parle. Dites-moi que vous l’avez ! »  

Oui, il sait de quoi elle parle. Il resserre sa main plus fort sur l’anneau. Elle s’en aperçoit.  

« Je… j’ignore…  

- Ne me mentez pas ! Vous n’avez aucune idée de… Oh non ! »  

Elle la voit dans le rétroviseur. Sullivan, au même moment, perçoit le bruit du moteur et ressent instantanément sa présence. Mais il se retourne tout de même. Une moto Norton noire zigzague dangereusement entre les voitures et s’approche d’eux à une vitesse folle. La silhouette longiligne qui la conduit ne saurait le tromper. La mystérieuse femme brune est bientôt à leur portée. Sullivan la voit tendre son bras : elle tient un revolver à la main.  

« Attention ! »  

La jeune femme aux yeux bleus braque brusquement le volant et les pneus de la décapotable crissent terriblement pendant que le véhicule monte sur le trottoir pour réussir le virage serré qui l’entraîne dans une rue adjacente. La vitrine de la boutique d’angle vole sous l’éclat des balles. L’automobile, poursuivie par la moto noire, fonce à brides abattues dans Londres, s’éloignant des rues du centre-ville pour s’enfoncer dans des rues résidentielles plus étroites.  

Une pluie de balles font exploser le pare-brise et poussent Sullivan et la conductrice à baisser la tête. Lorsque la jeune femme se redresse, il est trop tard pour éviter la collision. L’aile gauche percute un taxi. Le véhicule se retourne. Sullivan est projeté hors de l’automobile, il sent son épaule s’écraser sur le bitume, sa tête frapper le pavé à plusieurs reprises et son corps glisser, crisser sur la pierre, jusqu’au choc qui interrompt le mouvement infernal.  

Ses oreilles sifflent, son corps n’est qu’une meurtrissure, mais il est vivant. Incapable de bouger, mais vivant. La douleur ne se fait pas encore sentir. Son corps entier semble anesthésié par le choc. Chacune de ses veines palpite à une cadence folle, comme si elles allaient toutes exploser en même temps. Mais avant tout, il se concentre sur sa main, toujours serrée. Il n’a pas lâché l’anneau. L’anneau est tout ce qui compte…  

C’est le silence, choquant après tout ce vacarme, qui le pousse à ouvrir les yeux. Il est étendu sur le trottoir, contre le mur d’un immeuble. Devant lui, il perçoit la présence de la carlingue. La décapotable retournée, complètement cabossée, gît au centre de l’avenue. Où est passée la conductrice ? Sa tête tourne, il sent qu’il va perdre conscience. Mais ses sens sont brutalement maintenus en éveil lorsqu’il perçoit le son des talons qui frappent le pavé. Il la voit, cette silhouette noire, toujours calme, qui s’avance vers lui, menaçante. Un frisson glacé l’étreint à nouveau. La menace l’alarme, et il a subitement conscience qu’on en veut à son anneau. Il donnerait sa vie pour garder cet anneau avec lui. Alors il le passe à son doigt, pour le protéger…  

Un souffle intense, chaud et réconfortant, s’empare de lui. Il ouvre les yeux, mais plus rien n’est comme il devrait être. Toute réalité a disparu, le décor de Londres a laissé place à des silhouettes d’immeubles et de rues troubles et inconsistantes. Il se sent puissant, invulnérable. Il sent qu’il pourrait se lever et marcher, courir, voler. Mais soudain, la silhouette noire réapparaît. Elle est toujours aussi menaçante, mais difforme. Ce n’est plus une femme séduisante, c’est un monstre ignoble, énorme. Sullivan est tétanisé par la peur. Et derrière elle se dessine un globe de feu gigantesque qui emplit le ciel. C’est un œil qui grandit, qui accompagne le monstre et le pousse vers Sullivan. Cet œil le transperce, le brûle, va dévorer son âme et il ne peut rien faire contre cela, même pas crier. La silhouette monstrueuse est tout près et tend vers lui une main osseuse et crochue. Elle va s’emparer de l’anneau !  

Soudain, une vive lueur apparaît et fond sur la silhouette noire, elle la repousse, la frappe avec une violence effrayante. C’est une forme humaine, éclatante, presque aveuglante. Les deux entités s’écharpent, entament un combat mortel. Et l’Oeil est toujours là, implacable. Il ne peut rien contre Sullivan, si ce n’est le fixer et le consumer de frayeur. Le jeune homme retire l’anneau qui lui brûle le doigt. Alors tout s’éteint. Son corps se glace. Et il perd conscience.  

 

 

*** LONDON HERALD TRIBUNE – le 12 juillet 1954 ***  

Un auteur de renom retrouvé mort dans Hyde Park  

C’est un balayeur qui est tombé sur le corps de l’homme à l’aube. Scotland Yard vient de le confirmer, le défunt se nomme John Ronald Reuel Tolkien. Philologue, enseignant à l’Université d’Oxford, le Professeur Tolkien a acquit une certaine notoriété en écrivant le roman pour enfants à succès, « Bilbo le Hobbit ». Son dernier roman, « Le Seigneur des anneaux », est sorti en librairie il y a seulement deux mois.  

Il semble que la mort du professeur soit naturelle, Scotland Yard indiquant qu’aucune enquête n’était ouverte.  

 

 

 

« L’Oeil ! L’Oeil est sur moi ! Mon anneau ! Où est mon anneau ! »  

La jeune femme pose fermement ses mains sur les épaules de Sullivan pour le rallonger sur l’oreiller. Son réveil brutal le fait grimacer de douleur. Chaque membre de son corps le fait souffrir. Il pose son regard sur la jeune femme. C’est bien elle, la conductrice de la décapotable. Elle le regarde avec inquiétude, et une bienveillance qui le réchauffe. Elle est d’une beauté incroyable, presque irréelle. Alors un éclair se fait en lui : cette lueur apparue au beau milieu de sa vision cauchemardesque, c’était elle. Son cœur s’emballe.  

« Mon anneau, rendez-moi mon anneau !  

- Il ne risque pas de vous échapper. »  

Elle désigne le poing fermé du jeune homme, toujours résolument cramponné sur son précieux anneau. Il se détend légèrement. Mais la peur ne cesse de crisper son ventre. Il la regarde. Elle n’a aucune égratignure. Il est perclus de blessures, et elle s’est visiblement sortie de l’accident sans le moindre bobo. Elle est aussi belle que terrifiante.  

« Mais qui diable êtes-vous ?  

- Vous pouvez m’appeler Beatrice. »  

Tellement de questions se bousculent dans sa tête. Depuis combien de temps est-il allongé là ? Que s’est-il passé cette nuit atroce ? Toutes ces images sont incrustées dans son esprit, mais elles n’ont aucun sens. Soudain, l’image de la silhouette monstrueuse, accompagnée de l’Oeil terrifiant, lui revient en mémoire.  

« Où est la femme en noire ? L’avez-vous tuée ?  

- J’en doute. Mais nous sommes hors de sa portée. Pour l’instant. Il y a beaucoup de périls qui nous entourent, Mr. Stone.  

- Mais que me voulez-vous, bon sang de bois ?  

- Moi, rien. Si ce n’est vous aider, et vous protéger. Vous avez une responsabilité dont vous n’avez pas idée. Depuis le moment où cet anneau vous a choisi. »  

Il ouvre la paume de sa main et tous les deux contemplent ce ridicule objet qui a fait dérailler le cours de la vie de Sullivan d’une manière tout à fait inconcevable.  

« C’est cet anneau qu’ils veulent, n’est-ce pas ? Je ne l’ai pas choisi, il m’est tombé dessus par hasard. Pre… prenez-le ! Je n’en veux plus ! »  

Il tend l’anneau à Beatrice, ce qui lui vaut un nouvel élancement de douleur dans le ventre. En prenant cette décision, il va à l’encontre de ce qu’il ressent au plus profond de lui-même. Son corps refuse, mais la peur est plus forte. Beatrice regarde l’anneau avec intensité. Sullivan lit dans son regard autant de frayeur que de convoitise. Puis elle repousse sa main.  

« Non, je ne peux pas. C’est à vous qu’il est échu. Je le regrette mais c’est vous qui devez en assumer les conséquences…  

- Je ne comprends pas !  

- La vérité vous dépasse, Mr. Stone. »  

Sullivan sursaute en entendant cette voix inconnue. Il pose son regard sur un homme qui se tient dans l’embrasure de la porte. Depuis quand est-il là ? Il porte une chemise à col Mao et son visage confirme son origine exotique (Baya Santiago). C’est alors seulement que Sullivan prend conscience d’être allongé dans une chambre inconnue, où le décor et les objets rappellent l’Orient.  

Devant l’interrogation muette de Sullivan, Beatrice lui présente l’inconnu.  

« N’ayez crainte. Santi Pradnyana est notre allié.  

- L’anneau que vous possédez, Mr. Stone, a un pouvoir immense. Mais peut-être avez-vous une idée de quoi il retourne ? Si vous avez lu le récit de ce voleur de Tolkien… »  

Beatrice se retourne vers lui avec un regard de reproche.  

« Santi, le Professeur a payé son erreur assez cher !  

- Qu’importe. Ce qu’il a fait risque d’avoir des conséquences insoupçonnées. Notre monde parallèle ne doit pas être connu de celui-ci, et lui raconte tout cela dans un bouquin... Enfin, je suppose qu’il faille encore faire une exception avec Mr. Stone ! Puisque ce satané bijou semble s’être à nouveau cramponné à un humain… »  

Alors Santi Pradnyana entame pour Sullivan un récit qui, effectivement, le dépasse. Le récit de l’anneau…  

 

 

Sullivan s’est traîné avec difficultés – et avec des béquilles – sur la terrasse de l’appartement de Santi. De là, il surplombe le quartier asiatique de Londres. Les bruits de l’activité intense du marché javanais monte jusqu’à lui. Le soleil lui réchauffe la peau. Il lui semble qu’il n’a pas vu la lumière du jour depuis des lustres, et sa chaleur lui permet d’évacuer un peu le trop plein qui se bouscule dans sa tête. Ce que Santi et Beatrice lui ont raconté est tout simplement inconcevable. Digne de contes pour enfants. Et pourtant, ce dont il a été témoin le pousse à revoir sa vision des contes et des fables de son enfance de manière radicale. Il a dorénavant la désagréable impression d’être un humain parmi les humains qui, tous, ne sont que les jouets de forces et de puissances magiques dominantes. Même si cet anneau a ouvert une espèce de pont entre deux réalités qui n’étaient pas vouées à se rencontrer, il sent l’inégalité de la balance, entre un monde finalement assez pépère et qui n’a pas conscience de l’autre monde, et cet autre monde qui a tout pouvoir de bouleverser le premier.  

Oui, il faut qu’il évacue un peu. Il va se créer un ulcère à avoir tellement la frousse, sans arrêt…  

Une ombre passe et cache le soleil sur le visage de Sullivan. Il ouvre les yeux et découvre qu’on le regarde. Stupéfait, il constate qu’un enfant (Nino Muller) se tient debout devant lui, sur la balustrade de la terrasse, le soleil dans le dos.  

« Mais… que fais-tu là toi ? C’est dange… »  

L’enfant l’interrompt… en lui sautant dessus ! Sullivan n’a pas le temps de réaliser ce qui lui arrive qu’il se retrouve projeté au sol, et le garçon lui saisit le cou des deux mains. Sa poigne est d’une force incroyable pour un si jeune âge ! C’est alors que Sullivan distingue enfin le visage du garçon, et n’en croit pas ses yeux : ses traits ne sont pas celui d’un enfant, mais d’un adulte ! Un adulte comme les autres, mais d’une taille minuscule. Et ce visage est déformé par la colère.  

« Où est l’anneau ? »  

Sullivan ne peut pas répondre, la poigne de « l’énergumène » lui coupe le souffle et il ne peut pas s’en défaire. Mais il espère que la chaîne où il a enfilé l’anneau ne dépasse pas de sa chemise. Une fois encore, il sent qu’il préférera mourir plutôt que de se séparer de l’anneau.  

La porte-fenêtre de la terrasse s’ouvre avec fracas et Santi apparaît, suivi de Beatrice. Le Javanais tient à la main un bâton de bois rouge sur lequel trône une pierre épaisse et verte, comme une énorme jade. De la pierre jaillit un vif éclat lumineux et d’un geste circulaire, Santi frappe l’air. Le petit homme est brutalement propulsé à l’autre bout du balcon par une force invisible.  

Beatrice s’écrit :  

« Braglon, ne fait pas ça ! »  

Le petit être se relève, le visage fulminant de colère.  

« Cet anneau me revient ! Il appartient aux miens !  

- Il appartient à l’Obscurité, et tu le sais », lui répond Santi avec la même colère. « Il n’aurait jamais dû tomber entre vos mains. Ne crois-tu pas qu’il vous a fait assez de mal comme ça ?  

- Je ne vous laisserai pas le détruire…  

- Braglon, je t’en supplie ! », implore Beatrice.  

Le petit homme s’apprête à nouveau à s’abattre sur Sullivan. Mais une nouvelle lumière jaillit du bâton et le fait hésiter. Alors il crache sur le sol et se jette dans le vide. Beatrice court jusqu’à la balustrade et le suit du regard. Mais il a déjà disparu.  

« … Et ça, c’était quoi ? », demande Sullivan, redoutant déjà la réponse.  

« Braglon est un Hobbit », répond Beatrice. « Notre monde est peuplé d’êtres dont vous n’avez pas idée.  

- Et vous, de quelle espèce êtes-vous Beatrice ?  

- Cela a-t-il de l’importance ? »  

 

 

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Un film de Gabor CZINKA  

Sur un scénario du Corbeau, inspiré d’une idée d’Emilien  

 

Avec  

Ian MORCAR - Sullivan Stone  

Carrie STEWART - Beatrice  

Nino MULLER - Braglon  

Julianne FRAYOR - La femme en noir  

Baya SANTIAGO - Santi Pradnyana  

Savannah DALLAS - Kim Carrey-Manshian  

 

Sur une musique de Morena RASMUSON

Scénario : (4 commentaires)
une série A fantastique (Thriller) de Gabor Czinka

Ian Morcar

Carrie Stewart

Nino Muller

Julianne Frayor
Avec la participation exceptionnelle de Baya Santiago, Savannah Dallas
Musique par Morena Rasmuson
Sorti le 07 juillet 2040 (Semaine 1853)
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