La nuit était tombée depuis une éternité. Dans la douillette chaleur du vieux fauteuil, Sally (Julianne Frayor) profitait d'un repos bien mérité. La jeune femme, avocate de renom à New York, avait obtenu l'adresse de ce gite situé au fin fond du Maine grâce à un ancien client. Les tracas de la vie citadine lui avaient ordonné une mise au vert et la proposition de venir profiter de ce petit coin de paradis tombait à pic. Sally était seule. Elle avait bien proposé à Greg de la rejoindre mais elle ignorait s'il ressentait la même chose pour elle et il avait encore réussi à se défiler. Peut-être lui réservait-il une bonne surprise et était-il sur la route. Sally soupira. À bien y réfléchir, elle était bien toute seule, sous sa couverture en laine, alors qu'une pluie torrentielle s'abattait sur le verre des fenêtres. Parfois, un grondement terrible rugissait et les ampoules baissaient d'intensité pendant une seconde. Le vent s'engouffrait par la cheminée et, pourtant, Sally ressentait une impression de silence et de tranquillité.  

La maison tenait debout par on ne sait quel miracle et le vent la faisait grincer de tous côtés. Située au bout d'un chemin isolé, on y accédait par une forêt de chênes centenaires dont les ombres se portaient sur les murs de la bâtisse.  

Sally s'assoupit et son gros livre lui glissa brusquement des doigts. Elle sursauta, comme si elle tombait dans le vide et le réveil fut brutal. À ce moment précis, le téléphone sonna. Le bruit était strident et violent. La jeune femme ignorait même qu'il y avait un téléphone dans la vieille maison et il lui fallut presque une minute pour dégotter le vieil appareil qui trônait sur une commode cachée dans un coin. Et il sonnait toujours. Sally grommela et hésita. Peut-être était-ce le propriétaire qui venaient aux nouvelles ? Ou Greg ? Elle décrocha, la couverture toujours posée sur ses frêles épaules.  

- Allo ?  

La voix (Lukas Hart) qui lui répondit était celle d'un homme. Une voix profonde.  

- Je vais te tuer.  

- Qui est-ce ?  

Pas de réponse.  

- Qui êtes-vous ?  

Il y eut un *clic*. Sa main commença à trembler.  

Sally tenta de garder ses esprits. Probablement une mauvaise blague ou encore une tentative d'humour ratée de Greg. Sans perdre de temps, elle composa le numéro de la police et expliqua la situation à l'officier qui prit l'appel. Celui-ci indiqua qu'il allait immédiatement tracer l'appel. Après quelques instants, l'officier reprit la parole.  

- L'appel provient de... l'intérieur de votre maison.  

- Mais... c'est impossible. Comment quelqu'un pourrait-il être dans la maison ?  

- Il est sans doute entré par effraction.  

La main sur la bouche, Sally fut frappé d'effroi. Ses jambes faillirent lâcher et elle dut s'asseoir sur une chaise, tirant sur le fil entortillé du combiné.  

- Oui, je suppose que... Mais...  

- Oh, attendez, ce n'est pas tout. Je ne suis pas vraiment officier de police.  

- Ah non ?  

- Non. Je suis le type qui veut te tuer. Je n'ai pas raccroché.  

- Mais... J'ai entendu un clic !  

L'homme fit un petit claquement de la langue.  

- *clic* ... Comme ça ?  

- Woh. Vous le faites super bien.  

- Oh, merci.  

- Alors vous êtes vraiment dans la maison ?  

- Tout à fait.  

- Où ça ?  

La respiration de l'homme devint plus forte et sa voix plus grave encore.  

- J'adore tes cheveux.  

- Attendez... Vous pouvez me voir ?  

- Oui.  

- Ah ouais et comment je suis habillée ?  

- Mmh. Ton petit tailleur te donne un air de... Suri Pendragon. Et je peux aussi... WOH PUTAIN DE MERDE, C'EST QUOI ÇA ? Y'A UN TRUC DERRIÈRE TOI !  

- Hein ? Après le coup du clic, je ne sais pas si je peux vous faire confiance...  

Sally se retourna et posa le combiné. Elle appuya sur la touche haut-parleur. Un courant d'air frais lui caressa la nuque et son regard fut attiré par une ombre qui passa derrière le divan. Sur la pointe des pieds, la jeune femme le contourna. Au téléphone, l'homme gémissait. Une silhouette était recroquevillée dans l'ombre. Sally se rendit compte avec terreur qu'il s'agissait d'une petite fille (Lou Muller) qui laissait de grandes flaques d'eau derrière elle. La gamine se leva dans des gestes lents et terrifiants. Elle serrait un cerf-volant contre elle. De sa gorge ridée s'échappa une voix terrible.  

- Jouuuuuuuue avec mooooiiii....  

L'homme au téléphone était en panique.  

- Oh mon dieu, elle peut parler !!!  

- Jouuuuuuuue avec mooooiiii....  

- Heu, non merci. Va jouer ailleurs s'teu-plaît.  

- Pourquooooiiiiii ? C'est amusant de joouuuueeeer...  

- NAN !!! C'EST PAS AMUSANT !  

L'homme pleurait presque. La petite fille se tourna alors vers Sally.  

- Qui êêêêêtes-vous ? Que faaaiiiites-vous cheeez moi ?  

La jeune avocate respira un grand coup.  

- Je suis Sally. Je passe le week-end dans cette maison. Et la voix que tu entends dans le téléphone c'est... Je connais même pas votre nom.  

- C'est, heu, Bob.  

- Bob s'est planqué quelque part dans la maison pour me tuer. C'est bien ça ?  

- C'est ce qui était prévu, oui.  

La petite fille écarquilla les yeux.  

- Et dooooonc, vous deux, vous fliiiippez devant une gamine avec un cerf-volant ? Boooordel.  

- UNE GAMINE MORTE !!!  

Bob s'emporta encore une fois. Il y eut un silence pesant. Une sonnerie retentit et tous les regards se tournèrent vers la porte d'entrée. Bob s'inquiéta.  

- Heu... Vous attendez quelqu'un ?  

La sonnette se fit entendre à nouveau.  

- Je ne sais pas. Je vais voir.  

Elle entrouvrit la porte, s'attendant à retrouver Greg. Elle aperçut plutôt une sorte de vagabond (Neelam Cousin) aux vêtements rapiécés et qui cachait maladroitement une machette ensanglantée dans son dos.  

- S'cusez moi, mam'zelle. Ma voiture est tombée en panne dans le coin et je me demandais si je pouvais venir recharger mon portable chez vous.  

- Sûrement pas. Au revoir.  

Et elle commença à refermer la porte. Mais le vagabond glissa son pied à l'intérieur.  

- Sûrement que si.  

Sally trébucha et chuta en arrière. L'inconnu entra. Le haut-parleur renvoya la voix terrifiée de Bob.  

- MAIS C'EST QUI, NOM DE DIEU ?  

- Je suis un rôdeur meurtrier et... Mais elle vient d'où cette voix ?  

La new-yorkaise se releva péniblement.  

- C'est un tueur caché dans la maison. Bob.  

- Caché ? Où ça ?  

- Il est dans le placard.  

Le vagabond se retourna vers la petite fille qui avait répondu et se mit à hurler.  

- MAIS C'EST QUOI CETTE MERDE ?  

- Je suis un fantôme. Je vivais ici il y a une centaine d'années. Oh, et je parie que vous ne voulez pas jouer avec moi.  

- Bon sang non que je veux pas jouer avec toi ! Mais c'est quoi votre problème ici ?  

- Mais c'est quoi votre problème à vous de ne pas vouloir jouer avec moi ?  

Bob, toujours au téléphone, répondit un peu sèchement.  

- Pour l'amour de Dieu, personne ne va s'amuser à faire voler une saloperie de cerf-volant en pleine nuit !  

La gamine se mit à pleurer. Sally s'approcha pour la consoler, tout en réprimandant Bob.  

- Bravo, finement joué.  

- Désolé mais je suis un peu sur les nerfs parce que vous avez laissé entrer un tueur dans la maison.  

La jeune femme resta bouche bée. Le vagabond haussa les épaules. Dehors, un éclair zébra le ciel alors que la pluie redoublait.  

La sonnette retentit à nouveau. Sally se redressa pour se diriger vers la porte. Unanimement, les trois autres se mirent à crier.  

- N'Y VA PAS !  

Elle ouvrit et jeta un coup d’œil à l'extérieur. Personne. Mais en baissant les yeux, elle découvrit qu'on avait laissé quelque chose.  

- Il y a une grande boîte en bois, ici ! Pas d'étiquettes, rien.  

Le vagabond à la machette se mit à se grignoter les ongles.  

- Holala, j'ai un très mauvais pressentiment...  

À travers le haut-parleur, Bob ne cachait pas ses réserves non plus.  

- Referme la porte ! C'est un piège !  

Mais Sally les ignora en revint avec la boîte. Elle se tourna vers le vagabond en tendant la main. Celui-ci hésita une seconde. Il finit par essuyer la lame rouge de sa machette sur son pantalon et la lui donna. D'un coup sec, la jeune femme ouvrit le sommet de la boîte. Elle plongea la main dans l'obscurité de la caisse et en extirpa un pantin. Celui-ci était un clown. Sous sa chevelure hirsute, la poupée affichait un sourire sinistre, presque comme une cicatrice.  

Bob hurla au téléphone.  

- C'EST QUOI ? C'EST QUOI ?  

- Une sorte de jouet. Un clown.  

- Je ne veux pas jooouuueeer avec un cloooowwn...  

La petite fille pleurait à chaudes larmes. Le vagabond s'avança avec un calme peu naturel.  

- Ok. Et pourquoi on remettrait pas cette chose dans sa boîte, hein ? Avant qu'elle ne nous fasse faire des cauchemars à tous...  

Sally retourna l'objet.  

- Oh ! Regardez, il y a une ficelle !  

Et elle tira dessus, sans attendre la réation des autres.  

Le clown se mit alors à vibrer, comme s'il respirait, et ses yeux ronds se déplacèrent de gauche à droite. De sa bouche ouverte émana une petite chanson joyeuse.  

- Bienvenue dans mon cirque  

Il est vraiment comique  

Il n'y a rien à cacher  

On ne peut pas s'échapper  

Vous êtes tous mes invités  

Et je vais vous égorger  

Le pantin lâcha un grognement terrible. Au téléphone, Bob pleurait comme une fillette.  

- Mais pourquoi tu as tiré la ficelle... ?  

La gamine au cerf-volant restait bouche bée.  

- Ça signifie quoi ?  

Le vagabond se tordait nerveusement les doigts. Sa voix tremblotait.  

- Je pense que c'était clair. Il va tous nous égorger !  

Sally leva les mains.  

- Attendez une seconde. Comment une poupée pourrait-elle nous tuer ? Ça n'a...  

Soudain, les lumières s'éteignirent et ils furent tous plongés dans l'obscurité la plus totale.  

- Qu'est ce qu'il se passe ? Qui joue avec l'interrupteur ?  

Le fantôme de la petite fille était en transe. L'homme à la machette n'en menait pas large non plus.  

- J'VOIS RIEN ! IL FAIT TROP SOMBRE, J'VOIS RIEN !  

Sally poussa un cri.  

- OH NON !  

Bob s'en inquiéta.  

- Sally ? IL SE PASSE QUOI, LÀ ?  

Le vagabond répondit d'une voix tremblotante.  

- C'est le clown ! Il l'a tuée ! Et nous sommes les prochains !  

Et pendant quelques secondes, on n'entendit que des gémissements.  

Finalement, les ampoules clignotèrent et la lumière revint. Sally était vivante mais ses mains étaient posées sur son visage. La petite fille s'approcha lentement, horrifiée. Finalement, la jeune femme baissa ses mains, l'air désolé.  

- Bon sang, ma lentille de contact a glissé. C'est désagréable.  

Et elle écarta ses paupières pour tapoter sa pupille. Le vagabond se mit à se tortiller, visiblement très mal à l'aise.  

- Oh non, s'il-vous-plaît, ne faites pas ça...  

- QU'EST-CE QU'ELLE FAIT ? QU'EST-CE QU'ELLE FAIT ?  

Bob ne cachait pas sa panique. La petite fille lui répondit dans un grognement.  

- Elle touche son globe oculaire avec son index.  

Sally semblait de mauvaise humeur et elle manœuvra plus profondément dans son œil.  

- Raaah... Ça glisse. J'arrive pas à l'attraper !  

Le fantôme détourna le regard alors que l'homme à la machette, la main devant sa bouche, semblait avoir des haut-le-cœur. La jeune femme insistait.  

- Et voila, maintenant j'ai l'impression que la lentille s'est pliée sous ma paupière. Quelqu'un peut-il regarder ?  

Et elle tira davantage sur la petite peau qui recouvrait son œil. Au téléphone, on entendit un *clic*. Le fantôme recula jusqu'à un mur en passant à travers.  

- Heu... Je vais aller essayer mon cerf-volant. Sous la pluie.  

Sally se tourna vers le vagabond qui avait du mal à tenir debout. Celui-ci pleurait.  

- Je déteste cet endroit...  

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Les Flims Plalstique présentent  

"Scary Night 2"  

D'après un texte original de Colin Nissan  

Un film d'Alessandra Gira (Un Corbillard pour le Bavard)  

Sur une musique d'Abella Leitch (The Heart Robber)  

Avec  

Julianne Frayor (Le Ventre de Paris) dans le rôle de Sally  

Lukas Hart (Solomon's Knights) dans le rôle de Bob  

Neelam Cousin (Zero : After The Fall) dans le rôle du vagabond  

et  

Lou Muller (Azadi - Les enfants de la Révolution) dans le rôle de la petite fille au cerf-volant