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Les Films du Corbeau présente
Popper Creeper

C’est la débâcle. Il courre à perdre haleine entre les arbres, manquant de s’en plafonner un en pleine tronche à tout moment. La lumière de la lune filtre à peine à travers les cimes. Ca a été une mauvaise idée de chercher de l’aide au milieu de la foule. Malgré les baffles pulsant leur son sans relâche plusieurs dizaines de mètres derrière lui, il entend avant tout les hurlements de terreur. La fiesta a tourné au carnage…  

Il a conscience que d’autres courent autour de lui. Une grosse gonzesse aux cheveux rouges et qui porte un collier fluorescent. Et un jeune mec en sweat vert. Ils le suivent sans doute. Mais il ne sait pas où il va. Tout tangue autour de lui. Il est terrorisé, et complètement stone. Il a l’impression de courir à trente centimètres au-dessus du sol. Ca doit être un reste d’hallu.  

Il entend soudain le craquement de la chose derrière lui, comme des lames de scies qu’on frotte férocement l’une contre l’autre. Il s’immobilise brutalement et se retourne. Quitte à clamser, il préfère autant voir ce qui lui vient dessus. Mais il n’y a rien. Peut-être que c’est son imagination, son corps n’est plus très fiable cette nuit... Les lumières de la scène filtrent légèrement entre les troncs. Les hurlements se poursuivent, terribles. Mais il entend avant tout les pulsations de son cœur battre contre ses tempes. La fille et le type se sont arrêtés aussi, ils le regardent bêtement comme s’il était une sorte de chef de troupe. La gueule du chef de troupe…  

Où est la chose ? Il est certain qu’elle est là, pas loin. Elle joue avec lui depuis plus d’une heure.  

Soudain, le jeune mec émet un gargarisme dégueulasse quand son thorax explose, transpercé dans le dos par une forme indistincte, épaisse et pointue. Son corps est happé et entraîné en un éclair le long d’un tronc d’arbre. Harponné par la chose comme un vieux morceau de bidoche. La grosse hurle. Comme si ça allait calmer le jeu…  

 

 

***** POPPER CREEPER *****  

 

 

https://www.youtube.com/watch?v=GjjVLCpXnoM  

(z’êtes pas obligés d’écouter jusqu’au bout…)  

 

Tony (Milo Vega) reste au fond du champs, près de l’orée du bois. Il se fait chier. Les rave, c’est pas tellement son truc. Il pèle, la musique est à chier, mais il a suivi son pote Max (Kevin Loray) parce qu’il a la dalle. Il n’a pas faim, son kebab pèse encore sur l’estomac. Il a une dalle d’autre chose… Mais même à ce niveau, la nuit est décevante. Que des thons, des gothiques en sweat, ou des mignonnes déjà en mains.  

Max trépigne à côté de lui, sa bière à la main. Il n’a que du shit dans la poche et espère bien trouver plus intéressant. Mais les loustics qui peuplent le champ ressemblent à des zombies, on n’a pas trop envie de les approcher. Bref ils se sentent cons et vieux.  

Un bruit pousse Tony à se retourner. Deux jeunes femmes sortent du bois, comme par magie. L’une d’elle, asiate (Yoko Mihashi), est belle comme une fleur malgré une dégaine de manga : des mèches de couleurs dans les cheveux, un kilt sur un jean troué. Mais celle qui l’accompagne est d’une autre trempe : longue et fine, ses cheveux blonds flottent autour de ses épaules (Luna Delange).  

« Téma-téma-téma ! », répète-t-il en labourant du coude l’épaule de Max.  

« Oyoyoy… »  

Elles sont en débardeur. Tous ceux qui ne sont pas en transe ou complètement torchés au bord de la scène se pèlent les miches, mais ces demoiselles sortent de nulle part en débardeur… C’est pas pour déplaire à Tony, ceci dit.  

« On fonce ! »  

Les jeunes femmes se sont approchées du troupeau de teufeurs, le sourire aux lèvres. Mais Tony et Max n’ont pas le temps de les rejoindre que déjà, deux autres types les ont accostées en leur proposant une bière. Un grand type aux dreads blondes, et un autre plus petit mais plus baraque et plus tatoué, avec des Adidas jaunes fluo.  

« Naaan ! », gémit Max.  

« On s’en fout, on s’incruste. Regarde la blonde, elle en a rien à foutre. »  

Effectivement, la jeune Asiatique rit aux blagues des deux compères, mais sa voisine tourne le visage d’un autre côté. Lorsque son regard croise celui de Tony, une petite braise s’allume dans le creux du ventre du jeune homme… D’un coup, il se sent bien moins sûr de lui. Malgré tout, il l’approche.  

« Besoin d’un coup de main ? »  

Tony lui prend la bouteille de bière qu’elle tient à la main et la décapsule avec son briquet.  

« Merci.  

- Vous sortez d’où les filles ? Je croyais le bois bouclé.  

- Va savoir, on a peut-être une cabane dans les bois… », répond-elle en souriant, malicieuse.  

« Tony.  

- Max.  

- Maya.  

- Comme Maya l’abeille ? Qui s’y frotte, s’y pique… », répond Max en enchaînant sur un gros rire bien gras.  

Tony le foudroie du regard. Ce type est une plaie quand il veut. Mais Maya sourit. Ok, ils ne l’ont pas perdue.  

La jeune femme reporte son regard sur la scène.  

« C’est vraiment une musique de bourrins. Je sais pas comment vous supportez ça.  

- Oh c’est pas vraiment pour le son qu’on est venu.  

- On voulait se faire un feu de camp dans les bois avec Aiko. Mais on n’a pas de briquet. Ca vous dit ? »  

Tony et Max se jettent un coup d’œil. Comme elle y va !  

« Carrément !  

- Ouais, trop ! »  

Maya donne un coup de coude à son amie.  

« On les embarque ?  

- Yes ! Venez les gars, on a à boire nous aussi », dit-t-elle à ses acolytes.  

Tony et Max, déconfits, regardent les deux types suivre leurs nouvelles amies. Va y avoir un duel en règle…  

 

 

 

Il rit fort, plus fort que les autres. Du moins, il en a l’impression. Il ne sait plus pourquoi il rit, mais c’est exactement ce qu’il veut faire à cet instant précis. Alors il le fait à gorge déployée. Il termine sa cannette d’une goulée et la jette derrière lui, avant de se relever pour en chercher une autre. Il titube et fouille dans l’obscurité. Où sont ces foutues bières ?  

Tony contourne la flambée, trouve le pack éventré et déjà bien entamé. Il décapsule sa cannette et regarde autour du feu. Max et les deux autres types ont des têtes de déterrés. Mais de joyeux déterrés. Le mec aux Adidas, passablement beurré, baisse le nez sur le joint qu’il termine de rouler. A ses côtés, Aiko le regarde faire en riant et ramasse les miettes de beuh à mesure qu’il les perd. Derrière eux, la forêt forme un cercle sombre et inquiétant, mais le feu s’élève en envoyant des lueurs rassurantes qui dansent contre les arbres.  

Maya raconte des obscénités qui font hurler de rire Max et le mec aux dreads. Y a pas à dire, ces deux filles sont de chouettes camarades de beuverie. Tony vient se rasseoir auprès de la jolie Maya. Elle lui tend une petite fiole en verre, le sourire aux lèvres. Il s’apprête à lever le coude pour en avaler le contenu, mais elle lui arrête le bras.  

« T’es con ! Ca se boit pas ! », lui dit-elle en se pliant de rire. « C’est du Poppers. Renifle, c’est tout. »  

Tony plaque la fiole contre sa narine, se bouche l’autre et inspire un grand coup. Puis il relève la tête, attentif à son corps. Ses yeux le picotent légèrement, il sent l’alcool alanguir son corps, mais c’est tout.  

« Il me fait rien, ton truc.  

- Attends un peu », lui répond-elle avec un sourire qui cache une certaine malice.  

« Tiens ducon, si t’es tellement pressé », lui dit le mec tatoué en lui tendant le joint.  

« J’m’en fous, de ta merde. Ca me fait rien. J’veux quelque chose de plus fort ! »  

Il se tourne vers Max.  

« T’as pas dit que t’avais des buvards, toi ? »  

Les yeux pétillants et le sourire idiot, le jeune homme lui répond en riant.  

« J’en avais qu’un mec. Désolé ! »  

Le bâtard, il s’est enfilé son LSD en lousdé… Il est déjà partiellement enfermé dans sa propre tête d’ailleurs, fixant les flammes en riant comme un imbécile.  

Plus de whisky, plus de buvard, rien qu’un peu d’herbe et de la bière aussi claire que de la pisse… Tony se renfrogne. C’est sûr, il va redescendre avant que le jour se lève.  

Maya pose la main sur son épaule et s’appuie sur lui pour se relever.  

« Attends deux secondes, je sais ce que tu veux. »  

Ce qu’il veut, c’est qu’elle se dessape et que son pote tourne la tête, c’est aussi simple que ça. Les deux autres relous, ils peuvent bien regarder, pour ce qu’il en a à foutre. Et quand la jeune femme disparaît dans l’obscurité des arbres, il se demande s’il doit la suivre. Mais le rasta le rattrape par la manche. Il tient moins bien l’alcool que les autres.  

« Oh mec, elle est trop bonne ! Tu verrais comment elle me regarde… »  

Ouais d’accord. Tony croyait qu’il était flagrant que le courant passait entre elle et lui, mais visiblement, c’est pas clair pour tout le monde.  

Quelques minutes plus tard, Maya réapparaît en tenant ses deux mains fermées devant elle. Elle s’agenouille devant Tony et les ouvre. Elle y tient de petits champignons jaunes, à la longue queue fine et terreuse.  

« Qu’est-ce que c’est ?  

- La clef pour une longue et trèèèès belle nuit. »  

Il la regarde dans les yeux. Il est certain d’y lire le même désir que lui.  

« Goûte. Y en a pour tout le monde. Rien de tel pour voir quelle part d’animal on a en nous… »  

Si ça, ce n’est pas une invitation… Tony prend un champignon et ouvre la bouche.  

 

 

Max est recroquevillé sur lui-même, fixant toujours le feu. Mais il ne rit plus et semble inquiet. De temps en temps, il balaye le vide devant lui, comme pour se débarrasser d’invisibles moucherons. Aiko et le mec aux tatouages ont terminé de discuter et se dévorent la bouche avec passion, allongés dans l’herbe, sans se soucier des regards. Son pote aux dreads joue avec les mèches des longs cheveux de Maya, les respire, semble vivre une expérience extra-sensorielle intense alors que la jeune femme lui tourne le dos. Elle regarde Tony. Elle sourit, sirote sa bière et attend en souriant. Tony attend, lui aussi. Il ne ressent toujours rien, si ce n’est cette sensation très agréable dans son corps, cette décontraction totale. Et ce désir intense…  

« Je vais bien, j’t’assure ! Je sens que daaaaalle… »  

Maya rit. Oui, il s’est entendu parler lui aussi. Ca peut pas être sa voix, elle est trop perchée, trop lente. Pourtant, non vraiment, il se sent tout à fait normal !  

Soudain, il se recroqueville brutalement en criant. Une chauve-souris gigantesque, aussi large qu’une mouette, vient de sortir des flammes pour lui frôler le crâne. Il l’a même entendu siffler son nom. « Toniiiiiiii… »  

« T’as vu ça ?  

- Toi, t’es complètement perché ! », pouffe-t-elle.  

« N’importe quoi. J’vais pisser… »  

Il se relève avec difficulté et s’enfonce dans la forêt, perturbé. C’est normal que la chauve-souris ait la même voix que sa mère ?... Bon d’accord, peut-être qu’il commence à se produire des trucs un peu chelou… Il se soulage contre un arbre. Il se retourne quand il surprend un petit rire strident. C’est un autre arbre qui lui sourit en lui faisant coucou avec la main…  

« Ok, je confirme. Ca devient vraiment space… »  

Il a l’impression d’être léger comme l’air alors qu’il rejoint ses amis. Il n’y a que ses parties génitales qu’il sent lourdes, chargées, gonflées. Il faut qu’il passe à la vitesse supérieure avec Maya, maintenant. Il se sent bien, sûr de lui. Elle n’attend que ça, c’est évident. Mais quand il revient près du feu, il s’immobilise. Max n’est plus là, Aiko et son mec en Adidas non plus. Ne reste que le rasta, qui embrasse Maya à pleines lèvres. Elle tourne le dos à Tony et les mains du type s’enfoncent dans ses longs cheveux. Naaaaan ! C’est dégueulasse ! Au lieu de gueuler, il tourne le dos et s’enfonce dans les bois, à la recherche de Max. La saloooope ! Il n’y comprend rien. Elle devait vraiment avoir le feu au…  

Il appelle Max, mais il n’obtient pas de réponse. Qu’est-ce qu’il est parti foutre dans la forêt ce con ? Un plan à trois avec les autres rigolos ? On n’y voit que dalle, à part ce que les arbres laissent filtrer du clair de lune. Soudain, il se prend les pieds dans une branche et chute. En se retournant, il voit que c’était dans une paire de jambes qu’il avait cogné. C’est Max. Il tremble de tous ses membres et fixe l’obscurité.  

« Ca va, mec ? »  

Mais il ne lui répond pas, il ne semble même pas s’apercevoir de sa présence. Il semble complètement paniqué.  

« Merde, il est en bad trip. »  

Mais Tony ne peut pas lui être d’une grande aide, il se sent de plus en plus planer. Il s’éloigne en courant, espérant que les autres pourront être plus utiles.  

« Les mecs, vous êtes où ? Y a Max qu’est pas bien ! »  

Cette fois-ci, c’est dans des toiles d’araignées qu’il s’empêtre. Des toiles épaisses.  

« Merde, c’est dégueu ! »  

Il se cogne la tête dans quelque chose de solide. Enervé, il recule brutalement pour s’extirper des fils de soie. Il n’y voit rien. Il prend son briquet, l’allume et lève la flamme. Un mollet humain, poilu et sanguinolent pend devant lui, accroché aux toiles. La chaussure Adidas jaune fluo qui le termine est engluée de bave. Tony hurle et chute en arrière, terrifié. Son briquet tombe quelque part, il se retrouve à nouveau dans l’obscurité. Mais il voit toujours la silhouette du membre d’où perlent des gouttes de sang.  

« C’est pas possible ! C’est pas possible ! Je trippe, c’est une hallu ! »  

Il perçoit un mouvement au-dessus de sa tête, dans les fourrages des arbres. Il se tait et entend un bruit indistinct. Il a peur. Il fouille la terre et les herbes, et retombe sur son briquet. La main tremblante, il le rallume et le dirige vers les hauteurs. La lueur de la flamme se reflète sur les énormes yeux noirs et globuleux d’une araignée gigantesque, dont les mandibules grignotent tranquillement le reste du visage du mec aux tatouages…  

Tony hurle de plus belle et s’enfuit en courant. Non, là ça ne peut pas être une hallu ! C’est hyper vrai ! Hyper précis ! Il courre au hasard, à perdre haleine. Où est Max déjà ? Il s’en fout, il veut juste se barrer de là. La musique de la rave party tambourine toujours, mais elle parait loin. Il perçoit les flammes du feu de camp à travers les arbres et se précipite dans cette direction, en criant. Il ne savait pas qu’il pouvait atteindre une note aussi haut perchée…  

Lorsqu’il débouche sur la petite clairière, il retrouve Maya, toujours affairée sur la bouche du mec aux dreads, ses longs cheveux recouvrant leurs visages. Elle relève le sien en entendant Tony, et un hoquet d’horreur vient bloquer le cri du jeune homme dans sa gorge. Le joli visage de la jeune femme est remplacé par le faciès hideux et énorme d’une mante religieuse. Ses crocs tachés de sang gigotent dans le vide, alors que le visage du rasta n’est plus qu’une dentelle sanguinolente. Les mains de la chose penchée sur lui des griffes verdâtres, plantées dans son torse. La douce voix de Maya s’échappe néanmoins du visage de l’insecte géant.  

« Ah Tony ! Je suis contente que tu sois revenu. Ce garçon ne me plait pas tant que ça, finalement… »  

 

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Un film de Paddy MALONE  

Sur un scénario du Corbeau  

 

Avec, pour la première fois à l’écran,  

Milo VEGA - Tony  

et  

Luna DELANGE - Maya  

Kevin LORAY - Max  

Yoko MIHASHI - Aiko  

 

Sur une musique trance d’Erwin BREGMAN

Scénario : (4 commentaires)
une série B d'horreur de Paddy Malone

Milo Vega

Luna Delange

Kevin Loray

Yoko Mihashi
Musique par Erwin Bregman
Sorti le 03 novembre 2040 (Semaine 1870)
Entrées : 18 531 657
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