Cinejeu.net : devenez producteur de cinéma ! (jeu en ligne gratuit de simulation économique)

Les Films du Corbeau présente
Des hommes et des démons

La neige s’était arrêtée de tomber. Son poids sur la terre, les feuilles et les arbres donnait cette impression de calfeutrer les moindres sons. Comme si la nature s’était endormie, anesthésiée par l’hiver. Gaan le sourcier (Dylan Romarov) sortit de sa cahute en bois et fixa le ciel. Il était gris, presque blanc. Il sentait une légère brise. La preuve que les nuages laisseraient peut-être percer la lune cette nuit.  

De la forêt qui longeait les terres de sa ferme provenaient ces étranges murmures, gutturaux, comme des râles graveleux. Les démons étaient de plus en plus nombreux ces derniers jours. Il était temps qu’il retourne causer avec le Vieux-Grison. Alors il remonta la capuche de sa pelisse, parce qu’il faisait un froid à sécher les pruneaux sur place, et s’enfonça entre les arbres.  

Sur son chemin, il croisa pas mal de monde : un grand démon immonde, à la face rabougrie et noircie de suie et à l’odeur pestilentielle, s’était approché de lui pour le croquer. Mais Gaan n’avait eu qu’à taper trois fois de son pied sur le sol pour qu’il se rabougrisse et se transforme en un petit tas de bouse sèche. Un autre avait pris l’apparence d’un long arbre tout fin. De ses longues branches, il avait tenté de tordre le cou du sourcier. Mais celui-ci, chatouillant aux bons endroits, l’avait poussé à se transformer définitivement en bouleau silencieux. Un autre encore, dans une espèce de forme de boudin qui longeait le sol, avait commencé à l’encercler pour lui faire les pires horreurs, mais le sourcier s’était contenté de saisir sa machette et l’avait simplement taillé en deux. Les deux parties du démon, tête et cul, étaient parties pleurer sur leurs blessures dans un quelconque trou souterrain. Les plus sournoises étaient les voix de ces jeunes vierges qui hélaient son nom ou l’appelaient au secours. C’étaient les voix des maladies qui erraient dans les bois, la rubéole, la peste ou autres méchancetés. Pour celles-là, c’était à la fois plus simple et pourtant difficile : il suffisait d’ignorer leurs appels. Gaan avait fort à faire au village pour inculquer ce stratagème à ses congénères. Les hommes, surtout, avaient beaucoup de difficultés à ne pas répondre à l’appel d’une belle et douce voix féminine. Bon, la méthode avait ses défauts aussi, puisqu’au printemps passé, la vieille Ida qi tenait le moulin était morte noyée dans une congère. Tout le monde avait entendu ses appels au secours, mais personne n’avait été assez bête pour accourir…  

C’est que Gaan n’était pas le sourcier pour rien. Il connaissait une multitude de stratagèmes pour éviter les pièges des démons, des maladies et des autres monstruosités qui peuplaient ces bois. Il gagnait son pain en les inculquant à tous ceux qui n’étaient pas trop stupides pour les retenir.  

Cette fois-ci, la tâche était différente. Le ruisseau du village s’était tari une fois de plus. C’est ce qui se passait lorsque les démons étaient trop nombreux dans la forêt. Il lui fallait relancer la source. Et pour ça, il allait encore devoir pactiser avec le Vieux-Grison.  

Lorsqu’il parvint à l’endroit où la source s’était asséchée, il chercha du regard autour de lui et fit les cent pas quelques instants. Puis il s’impatienta.  

« Allez, montre-toi. J’ai d’autres chats à fouetter. »  

Alors le Vieux-Grison apparut. Apparemment, il s’amusait jusque-là à regarder le sourcier depuis sa cachette en haut d’un arbre. C’est que le Vieux-Grison aimait s’amuser au dépend des autres. Il était très grand et très large, et se cachait sous une grande cape rouge, sombre et sale, qui traînait derrière lui sur la neige. Son visage, camouflé sous sa capuche, était affreusement ridé et flétri, et ses longues griffes noircies dépassaient des pans de sa cape. Il s’approcha en riant, dans un filet de souffle grippé qui faisait mal au cœur (Konrad Hamilton).  

« Comme on se retrouve, mon vieil ami.  

- Je ne suis pas ton ami », répondit Gaan, lassé de son sempiternel manège. « Hâte-toi donc de sortir ton manuel.  

- C’est qu’on est pressé de m’appartenir ! »  

Et il rit encore, du rire d’un malade mourant. Il sortit de sous sa cape un grand livre dont les feuilles étaient en parchemin. Il le compulsa beaucoup plus lentement qu’il n’aurait pu. Et cela agaçait encore davantage le sourcier.  

« Alors, alors… Voyons voir… Où cela se trouve-t-il… Ah, voilà. »  

Nouveau rire énervant.  

« C’est que cette page est remplie de ton nom ! Tu vas me faire un bien joli démon. Je te choisirai une forme tout à fait spéciale. Fais-moi confiance…  

- Oui, oui. Je connais ton baratin. Achevons. »  

Le Vieux-Grison lui tendit une plume de cygne noir, et Gaan l’utilisa pour inscrire son nom en bas de la longue liste de ses précédentes rencontres avec le Maudit. C’est que pour faire rejaillir la source, Gaan, en tant que sourcier, était le seul qui pouvait pactiser avec le Vieux-Grison. En échange de ce petit service, l’humain inscrivait son nom dans le registre. Ainsi, il promettait, à sa mort, de devenir un démon au service du Vieux-Grison.  

« Parfait, parfait », s’amusait ce dernier. « Et maintenant, pour sceller ta promesse…  

- Oui je sais. »  

Gaan devait parachever ce pacte de trois gouttes de son sang versées sur le parchemin. D’une main, il saisit sa machette. Mais de son autre main, discrètement, il récolta trois groseilles gelées qu’il avait récoltées l’été passé et caché au fond de sa poche. Ce sont trois gouttes de groseilles que le sourcier versa sur le parchemin. Comme les fois précédentes. Et le Vieux-Grison était tellement excité par la grandeur de son machiavélisme qu’il n’y voyait que du feu. Comme les fois précédentes. Gaan se dit que, décidément, le Vieux-Grison était bien bête…  

Quoi qu’il en soit, la source rejaillit et le Maudit retourna dans ses bois en ricanant.  

 

 

********* DES HOMMES ET DES DEMONS ********  

 

 

Holm (Matthew Sorensen), le bûcheron, travaillait dans les bois. Il voulait terminer de débiter ce tronc en bûches avant de rentrer, mais il lui fallait se hâter. La lune était déjà sortie de son lit et la nuit n’allait pas tarder à s’installer. Malgré l’amulette en bois qu’il portait autour du cou, et que le sourcier avait enchanté pour lui afin qu’il entende arriver les démons, il ne pourrait lutter contre tous les charmes nocturnes de la forêt qui le pousseraient à se perdre. Aussi mettait-il du cœur à l’ouvrage.  

Cependant, il distingua une silhouette qui se mouvait dans la neige, entre les arbres. Il arrêta le mouvement de sa hache et observa. C’était une jeune femme, enveloppée dans une longue cape verte finement brodée. Sa chevelure rousse débordait en longues nattes soyeuses. Holm ne vit pas son visage, mais il trouva la tournure de sa silhouette très gracieuse et se demanda ce qu’elle pouvait faire ainsi seule dans les bois. Plutôt que de l’appeler, d’ailleurs comment l’appeler sans connaître son nom, il la suivit. La jeune femme marcha devant lui quelques instants et sortit bientôt des bois. Elle gravit un monticule enneigé au centre d’une clairière et là, elle laissa tomber sa cape. Elle était totalement nue.  

Holm rougit mais ne dit rien. De là où il était, il pouvait voir son visage. Et celui-ci était incroyablement harmonieux (Melany Morgan). La jeune femme se tenait debout, dénudée, et offrit son corps à la lune, comme si elle voulait en capter les rayons sur sa peau. Son corps était jeune et ferme. Holm ne pouvait s’empêcher de promener ses yeux sur chacune de ses courbes. Il était totalement électrisé.  

Le moment ne dura pas plus d’une minute. Après quoi, la jeune femme reposa sa cape sur ses épaules et poursuivit son chemin. Mais avant de disparaître, elle se retourna et plongea subitement son regard doré dans celui de Holm. Celui-ci sentit son cœur battre à tout rompre, sur le point d’exploser dans sa poitrine. Elle disparut et le jeune bûcheron dut attendre quelques instants avant de retrouver son souffle et de retourner d’où il était venu.  

 

 

La vision de cet être fabuleux ne quittait plus Holm. Il ne mangeait plus et ne faisait plus son travail. Il se contentait de marcher de long en large dans la forêt, guettant une nouvelle apparition de la femme dont il était dorénavant totalement épris.  

Bientôt, les gens du village remarquèrent que quelque chose ne tournait pas rond chez lui. On ne le voyait plus à la taverne, il était pâle, ne pipait plus un mot quand on le rencontrait – ce qui arrivait de moins en moins souvent -, et surtout, il ne livrait plus le bois. D’ici peu, les villageois allaient être transis de froid dans leurs chaumières !  

Ce fut Holm qui, cependant, entreprit le premier quelque chose pour que cesse cette situation. Il était malheureux comme tout et se languissait de ne pas revoir son amour, dont il ne savait rien. Il alla rendre visite à Gaan. Car le sourcier avait réponse à tout. Mais Gaan le reçut vertement. Il était penché sur son alambic et suait au-dessus de ses fourneaux à tirer de l’eau de vie.  

« Repasse plus tard ! Tu ne vois pas que j’ai du pain sur la planche ? Cet imbécile de Türma a entendu son nom dans la forêt et a répondu. Devine qui lui est tombé dessus ? La malaria ! Il faut que je le fasse boire. La malaria déteste les haleines d’ivrognes. Mais ce gredin de Türma n’a jamais bu une goutte d’alcool… »  

Holm fut donc contraint de s’en retourner chez lui, ses pas traînant dans la neige.  

 

 

A quelques chaumières de là, la belle Rosil (Jewel Desplat) était hors d’elle. Son père, avec qui elle vivait seule depuis la mort de sa mère, s’était mis en tête de la marier. Et qui cet ivrogne avait-il choisi ? Caol, le fils du tanneur ! Un imbécile vulgaire, aussi épais qu’un jet de pisse de vache et qui traînait sur lui une continuelle odeur de peau de bouc… Rosil préférait s’éventrer plutôt que d’aller épouser un tel tas de fumier. Mais son père ne voulait rien entendre. Alors, après lui avoir fracassé une cruche de lait sur le crâne, Rosil s’enferma dans l’étable. Elle avait besoin d’aller prendre l’air, et vite. Heureusement pour elle, cette nuit le ciel était clair et la lune bien ronde. Un instant plus tard, une grande louve au pelage blanc sortit de l’étable et s’en allât courir dans les contrées enneigées.  

Rosil la louve s’en donna à cœur-joie cette nuit-là. Elle arpenta la vallée, croqua tout ce qu’elle trouva de musaraignes, de lapins et d’écureuils. Elle dévora même un démon qui passait là. Les démons étaient meilleurs croqués que déambulant dans les bois, car ils avaient bon goût.  

Au bout de plusieurs heures de cavalcade, la louve se reposa au bord d’une clairière, se dorant la pilule sous la clarté de la lune. Puis, au bout d’un moment, elle releva les oreilles en entendant le pas étouffé d’un humain. Aux aguets, elle vit sortir du bois Holm, le bûcheron. Il s’avança sur le monticule de neige aux pieds duquel Rosil se reposait, cachée derrière un buisson. Arrivé au sommet, il s’assit dans la neige et fixa la lune. Rosil était loin de lui, mais sa vue et son ouïe de louve percevaient les soupirs du jeune homme. Ils étaient d’une telle profondeur que Rosil en fut touchée. Et aussi longtemps que Holm resta là, Rosil resta aussi.  

 

 

Une nuit, alors qu’Holm revenait à sa chaumière après son errance nocturne habituelle, le cœur en berne, il vit que quelqu’un l’attendait dans la cour. C’était le Vieux-Grison.  

« Qu’est-ce que tu fais là ? », lui demanda le bûcheron.  

« J’entends tes soupirs jusqu’au fond de ma tanière ! Ils troublent le repos de la forêt. Alors j’ai décidé de venir voir de plus près », répondit-il, faussement compatissant. « Tu m’as l’air bien en peine, pauvre bûcheron !  

- Que connais-tu aux malheurs d’amour, vieux grigou ?...  

- Ah ça, moins que le sourcier, je te l’accorde. Mais d’ailleurs, qu’en dit-il, le sourcier ?  

- Le sourcier s’en fiche. Il n’a pas que ça à faire.  

- Ooooh, quel malheur », répondit le Maudit, se frottant les mains sournoisement. « Alors peut-être que moi, je peux te trouver une oreille attentive ?  

- Laquelle ? »  

Le Vieux-Grison balaya la cour du regard et s’arrêta sur un bonhomme de neige que le bûcheron s’était amusé à faire au début de l’hiver.  

« Sais-tu que les bonhommes de neige sont faits d’eau ?  

- Evidemment, puisqu’ils sont en neige…  

- L’eau, ça courre et ça voyage ! Ca sort de sa source, ça se promène dans les fleuves. Ca s’évapore, et puis ça renaît en nuage ! Ca voit tellement de choses que je serais bien curieux de savoir ce que l’eau aurait à raconter… Pas toi ?  

- … Si, c’est sûr ! Dis comme ça…  

- Alors que dirais-tu de confier tes malheurs au bonhomme de neige ? Il aurait sans doute des réponses à tes questions. Te suffit juste d’apposer ta signature et trois gouttes de ton sang… »  

Holm connaissait les pouvoirs du Vieux-Grison, et la nature de ses pactes en tous genres. Son idée était tentante, et il en avait vraiment marre de se morfondre. Alors il accepta. Il inscrivit son nom sur une page de son grimoire, où avait signé avant lui un tas de personnes du village qu’il connaissait. Il se demanda bien ce que le Vieux-Grison avait pu faire pour eux. Mais au moment de saisir des groseilles au fond de sa poche, et d’entourlouper le Maudit comme tout-un-chacun, il se rendit compte qu’il n’en avait plus, et qu’il n’avait pas pensé à en demander au sourcier au cours de sa dernière visite. Il chercha à détourner l’attention du Vieux-Grison, de le faire patienter le temps de trouver une idée, mais celui-ci s’impatienta.  

« Ah, ça va bien maintenant ! »  

D’un geste rapide, il griffa la joue du bûcheron et déposa trois gouttes du sang qu’il venait de récolter. Puis il ricanât, et disparut dans les bois.  

Holm tint un instant sa joue griffée en se disant qu’il risquait de regretter son geste plus tard… et bientôt une voix attira son attention (voix de Milo Vega).  

« Bien le bonsoir, messire le bûcheron. »  

C’était le bonhomme de neige qui, immobile sur ses pieds inexistants, se pencha tout de même en avant en soulevant le couvre-chef usagé dont Holm lui avait affublé le crâne.  

« Bon… bonsoir.  

- Je suis enchanté de faire votre connaissance.  

- Tu parles bien, dis donc !  

- C’est que j’ai vu tant de choses, depuis si longtemps, que j’ai appris à parler comme il faut.  

- Alors tu sais beaucoup de choses ? Peut-être pourras-tu trouver une solution à mes problèmes ?  

- J’en serais en-chan-té, messire ! »  

Et Holm lui raconta sa rencontre avec la mystérieuse inconnue.  

« J’étais là ce soir-là ! », répondit le bonhomme. « J’étais une motte de neige perchée sur une branche de sapin. Je l’ai vue, cette charmante jeune femme.  

- Mais alors… sais-tu qui elle est ?  

- Oh oui je le sais. Il s’agit d’une princesse, d’un royaume très lointain, qui réside dans le manoir du village voisin. »  

A ces mots, Holm sentit son cœur bondir… puis se glacer. Le sourire s’évapora pour laisser place à une immense tristesse.  

« Mais alors autant mourir tout de suite…  

- Et pourquoi cela, messire ?  

- Parce qu’on n’a jamais vu une princesse aimer un bûcheron.  

- Je vois ce que vous voulez dire, beau messire. Mais détrompez-vous ! Le monde regorge de belles histoires où des princesses tombèrent amoureuses de valeureux bûcherons.  

- Vraiment ?  

- Oui ! Bon, par contre, elles finissent toutes mal… »  

Et de sa voix charmeuse, le bonhomme de neige raconta des histoires au jeune bûcheron, qui l’écouta avec attention, tant il parlait bien, et d’histoires qui l’intéressaient au plus haut point. Ces histoires parlaient toutes d’amours courtoises et impossibles, aussi belles que tragiques.  

A quelques pas de là, ni l’un ni l’autre ne remarqua l’arbre sous lequel une grande louve blanche se tenait couchée, écoutant elle aussi ces histoires.  

 

 

Rosil était désespérée. Son père la harcelait avec ses histoires de mariage, et elle se languissait d’amour. Pas pour l’abruti fils de tanneur bien sûr ! Mais pour le beau Holm, dont la mélancolie et la profondeur de l’amour avait fait fondre le cœur. Elle était bien malheureuse, parce qu’elle voyait de son côté que l’amour de Holm pour la princesse était si pur qu’il ne pourrait jamais tomber amoureux d’une autre.  

Alors, comme chacun au village lorsqu’il était confronté à un dilemme, elle allât rendre visite au sourcier. Elle eut plus de chance que Holm, car Gaan ce jour-là n’avait pas grand-chose à faire et fumait sur le perron de sa porte.  

Il écouta les malheurs de la belle jeune fille, et fut particulièrement intéressé par ce bonhomme de neige et les histoires qu’il pouvait raconter.  

« Une princesse ? Dans son manoir ? Qu’est-ce que c’est que ces fariboles… Il n’y a aucun manoir dans le village voisin. M’est avis qu’il y a du Vieux-Grison derrière tout ça. Et tu dis que la mystérieuse princesse est rousse ? Ca, ça ressemble aussi à quelqu’un que je connais. Laisse-moi faire, ma fille. Je m’en vais te débroussailler tout ça. »  

Gaan se mit en marche et longea la forêt plusieurs heures durant. Le Vieux-Grison, ses démons et ses maladies n’étaient pas les seules vacheries qui peuplaient cette contrée. Il en était une autre que Gaan connaissait bien, et dont il n’avait plus entendu parler depuis longtemps. Au bout d’un bon moment, il s’enfonça dans les bois et parvint devant l’entrée d’une caverne d’où filtrait un mince filet de fumée. Il appela.  

« Mastriita, montre-toi ! »  

Il attendit un moment avant de la voir apparaître. La sorcière des bois sortit de sa caverne. Elle était grande et fine. Son teint était verdâtre, ses grands yeux jaunes étaient perçants et ses cheveux roux étaient aussi drus et épais que des brindilles de bois. La longue robe verte en toile de jute qu’elle portait flottait autour de son corps filandreux (Melany Morgan).  

« Ah te voilà, fi de garce », balança le sourcier. « Tu es encore venue te promener près du village ?  

- Tes mots doux sont toujours aussi tendres, sourcier. Que me chantes-tu là ?  

- Ne fais pas l’innocente. Holm, le jeune bûcheron. Tu l’as attisé avec une de tes supercheries, ne le nies pas. »  

Le visage malingre de la sorcière s’illumina d’un sourire sournois.  

« Alors il y a prise au bout de mon hameçon ? Tu m’en vois ravie.  

- Ne te fais pas plus perfide que tu ne l’es déjà. Montre-lui ton vrai visage et libère-le de ton maléfice. »  

Cette fois-ci, elle rit plus franchement.  

« Et puis quoi encore ? Tu sais qu’on se sent seule dans ces cavernes. Et je ne me fais plus si jeune. Toi non plus, d’ailleurs. Tu n’as jamais pensé, toi, à te munir d’un animal de compagnie ?  

- Ce garçon n’est pas une bête.  

- Les hommes sont tous des bêtes. Celui-là fera bien mon affaire. »  

Il n’y avait rien à tirer de cette sorcière, et Gaan en prit son parti. Sur le moment. Pendant qu’il fulminait sur le retour, ses méninges turbinaient. Il allait lui falloir trouver une entourloupe pour celle-là aussi. La jeunesse n’était pas denrée suffisamment courante dans la vallée qu’il ne laisse un Vieux-Grison ou une sorcière des bois éteindre le feu de leur amour…  

 

 

************************  

 

Un film réalisé par Chazelle DeBLOIS  

Sur un scénario du Corbeau, librement inspiré du roman Les Groseilles de novembre d’Andrus Kivirähk  

 

Avec  

Dylan ROMAROV - Gaan le sourcier  

Jewel DESPLAT - Rosil la louve  

Matthew SORENSEN - Holm le bûcheron  

Melany MORGAN - Mastriita la sorcière des bois  

Konrad HAMILTON - le Vieux-Grison  

Milo VEGA - le bonhomme de neige  

 

Sur une musique de Morena RASMUSON  

Scénario : (2 commentaires)
une série A fantastique (Conte) de Chazelle DeBlois

Dylan Romarov

Jewel Desplat

Matthew Sorensen

Melany Morgan
Avec la participation exceptionnelle de Konrad Hamilton, Milo Vega
Musique par Morena Rasmuson
Sorti le 16 mars 2041 (Semaine 1889)
Entrées : 25 764 980
url : http://www.cinejeu.net/index.php?page=p&id=54&unite=fenetre&section=vueFilm&idFilm=24837