Les reflets du soleil coloraient la végétation et lui donnait cet aspect de relief intense. La légère brise fit virevolter quelques feuilles d'arbres, frémir quelques buissons, en un bruit léger ressemblant étrangement à celui d'une vague s'échouant sur le bord de la plage. Seuls les sifflements d'oiseaux se faisaient entendre au loin, puis un peu plus proche vers le centre de Brigham.  

Petit village du Yorkshire en Angleterre, Brigham abritait autrefois quelques familles venues de la ville, la plupart pour échapper à l'effervescence du quotidien. Aujourd'hui, une ville fantôme se dresse ici. Chaque route qui reliait Brigham à l’extérieur de la ville était bloquée par de grandes barrières métalliques où des panneaux métalliques "zone de quarantaine" y étaient accroché. Le village paraissait pourtant encore en activité, des voitures étaient abandonnées au beau milieu des routes, ainsi que des vélos, des sacs, des vêtements... Comme ci la population avait fuit la ville sans même se poser de questions. Sans même prendre le temps de faire leurs bagages.  

Au loin, bien au dessus de la colline, la silhouette du moulin se dessinait entre la brume et les rayons lumineux du soleil. Lorsque d'autres faisceaux lumineux intenses apparurent au travers de l’épais manteau de fumée matinale. La lumière bougeait. Elle se déplaçait autour des ailes , illuminant sur son passage la structure de la bâtisse laissant traîner derrière elle des filaments éblouissants.  

Quelques secondes plus tard, la lumière s'estompa jusqu'à disparaître.  

Il l'avait vu... Cette intense lumière. Ses yeux étaient encore accrochés sur la silhouette du moulin qui disparut complètement dans la brume. Était-ce une hallucination ? Ou une simple impression de voir bouger les rayons du soleil ?  

"Tu dois être fatigué..." se dit-il. Il claqua la portière de sa voiture puis s'avança vers la barrière qui bloquait l'accès au village. "Zone de quarantaine" lisait-il. Il ne réfléchit pas plus que ça sur l'instant et songeait avant tout à trouver de quoi se ravitailler en essence. Il sauta au dessus de la barrière puis continua sur la route principale qui menait au centre du village . Au centre de Brigham.  

A Black Smoke présente  

EVERYONE HAS GONE  

Il arrivait à hauteur des premières habitations. Le calme plat. Les rues étaient désertes, les habitations aussi. Tout semblait s'être arrêté. Même le temps. Il passa le portillon du premier cottage sur sa gauche, puis toqua à la porte. Une affiche était placardée en son centre "Quarantaine - Interdiction d'ouvrir cette porte".  

Il ne comprenait pas. Il commençait à se poser des questions concernant ces affiches placardées un peu partout en ville. Ce calme. Cet absence d'être humains. Il venait de comprendre qu'il se passait quelque chose d'étrange ici. Une ville abandonnée ? Pourquoi pas, se disait-il. Mais ces affiches gouvernementales signifiaient que sa présence ici n'était pas conseillée. Malgré tout, il lui fallait de l'essence. Il continua sa route vers le Nord, puis arriva près de l'église. Il poussa la porte principale sur le porche puis pénétra dans la nef. Des reflets multicolores fuyaient du vitrail central et illuminait le chœur de l'église. Il balaya du regard l'ensemble de la pièce lorsque son attention fut attirée par une silhouette assise sur la première rangée de banc. Après l'avoir interpellée plusieurs fois, la jeune femme encapuchonnée ne répondit pas. Elle était assise, parfaitement immobile. Les yeux fermés, elle marmonnait quelques paroles incompréhensibles, puis tourna enfin la tête vers l'homme.  

"Que se passe t'il ici ? J'ai besoin de trouver une station service, est-ce vous pouvez m'aider ?"  

La jeune femme le regardait d'un air vide.  

"Elle nous surveille. Elle nous observe." lui dit-elle.  

L'homme ne comprenait pas. De qui parlait-elle ? Était-elle complètement folle ? Et que faisait-elle ici, seule ?  

Au dehors, un bruit étrange commençait à se faire entendre. Un son strident, semblable au bruit du métal en torsion. Le son était abominable et de plus en plus audible, de plus en plus proche. Au fur et à mesure que le bruit s'intensifiait, une lueur vive et jaunâtre se faisait de plus en plus visible au travers du contour de la porte.  

"Fuyez" , dit la jeune femme à l'homme.  

Il enfonça la porte latérale de l'église puis suivit le chemin de terre au pas de course vers la première maison sur sa droite, de l'autre côté de la route. Il s’engouffra à l'intérieur puis jeta un coup d'oeil par l'oculus. Le filament de lumière était là. Il tournoya autour de l'église , toujours en un mouvement irrégulier et parfaitement fluide.  

Il n'en croyait pas ses yeux. Il n'avait jamais rien vu de tel. Comment cette chose pouvait exister ? La peur commençait à lui faire perdre la raison. Il s'éloigna de la porte, puis observa l'intérieur de l'habitation. Celà semblait être un cabinet médical, un bureau ornait le centre de la pièce et quelques banc étaient posés le long des murs. Au fond du couloir principal, une porte entre-ouverte portait une plaque métallique ou l'ont pouvait lire "DR ROBERT". A l'intérieur, plusieurs dossiers étaient stockés sur le bureau , ainsi que plusieurs notes et autres feuilles médicales. En feuilletant le tout, il s’aperçut de plusieurs remarques étranges. Des feuilles médicales de patients, présentant les mêmes symptômes. Saignements de nez, intolérance à le lumière, nausées... Il continuait d'observer la paperasse puis son attention fut attirée par la corbeille posée au pied du bureau. Plusieurs mouchoirs tachés de sang y avait été jeté.  

La nuit tombait lentement et l'obscurité s'installait à l'intérieur de la maison. Il ne savait plus quoi faire. Il n'osait pas sortir dehors, le bruit métallique se faisait encore entendre à proximité. Que pouvait-il faire? Il lui fallait trouver une solution. Retourner à la voiture et prendre la fuite. Mais impossible de rebrousser chemin sans avoir trouvé d'essence. Il était bloqué ici et ne savait pas à quoi il avait à faire. Cette lueur mouvante. Elle lui terrassait l'esprit. Des hallucinations , voila tout. Cela ne pouvait pas être autre chose que des hallucinations. Et cette femme... Pourquoi restait-elle seule dans l'église ? Pourquoi cette ville était déserte ? Tellement de question le hantait. Il devait prendre une décision. Reprendre conscience de toute cette folie.  

Il entrouvrit la porte de la maison puis jeta un coup d’œil vers l'église. La lueur vive se faisait mieux voir dans l'obscurité et semblait avoir pénétré à l'intérieur du bâtiment. Cette femme était peut-être à l'intérieur et elle seule pouvait l'aider. Ou du moins, lui donner les réponses à ses interrogations. Il retourna sur le perron , puis poussa la double porte en bois qui donnait sur la nef. Il vit cette lumière éblouissante tournoyer autour de la jeune femme, allongée sur le sol. Elle ne bougeait plus. Il resta immobile quelques secondes, puis observa du mieux possible la scène. Cela semblait tellement irréel, tellement fou. Il n'éprouva aucune peur , aucune crainte sur l'instant. Le filament de lumière tournoya dans les airs puis s'approcha de l'homme. Il se sentait très calme. Très serein. La lumière l'entoura. Il ferma les yeux. Le noir total.