Assis dans le train à destination de Kyoto, Gunpei (Fabrice Dobson) regarde dans le vide à travers la fenêtre, inquiet pour son emploi et la société pour laquelle il travaille depuis plus de dix ans. Suite au choc pétrolier de 1973, les commandes de leur nouveau jeu, le Laser Clay System, un simulateur de tir au pigeon en intérieur destiné aux bowlings, ont toutes été annulées alors que la production était déjà en cours, ce qui a mis la société dans une difficulté financière comme elle n'avait encore jamais connue. Il n'a donc pas d'autre choix que de trouver une autre idée qui fera de nouveau connaître le succès à Nintendo. Mais bien que débordant d'imagination, et ayant déjà conçu de nombreux jeux ayant rencontré d'assez bons succès, Gunpei semble être cette fois-ci à court d'idée.  

Aurait-il imaginé, plus de dix ans auparavant, lorsqu'il avait intégré cette entreprise dans l'unique but de rester à Kyoto et de s'assurer une tranquilité d'emploi jusqu'à la retraite, que des années plus tard il se sentirait aussi impliqué dans la vie de sa société ? Elève plutôt médiocre à l'université où il étudie l'électronique, le jeune homme passait à l'époque plus de temps à s'amuser qu'à étudier, et une fois diplômé, aucune des grandes sociétés du domaine de l'électronique n'avait voulu de lui, à cause de son dossier scolaire trop faible. Regardant par la fenêtre du train, il se souvient encore de son premier jour dans la firme où il avait été embauché, en 1965.  

Alors qu'il s'apprête à partir pour son premier jour de boulot, son épouse (Lexi Wang) interpelle Gunpei avant qu'il ne passe la porte. Lorsqu'il se retourne vers elle, celle-ci attrappe sa cravate pour mieux refaire le noeud. Même si l'entreprise dans laquelle son mari à trouvé un emploi n'est qu'une modeste société dont l'activité principale est la fabrication de cartes à jouer, aussi bien occidentales que japonaises, et de jeux de mah-jong, elle tient à ce qu'il soit présentable.  

A son arrivée chez Nintendo, Gunpei est accueilli par Hiroshi Yamauchi (Hsin Pan) en personne, le patron de la société qui l'a engagé pour entretenir la machine qui colle ensemble les différentes couches des cartes à jouer fabriquées par l'entreprise. La tâche est simple et largement en-dessous des qualifications de Gunpei, mais le jeune homme s'en contente très bien. Il soupçonne même l'entreprise de l'avoir recruté uniquement à cause de la loi récemment adoptée, obligeant toute société ayant des installations de plus de 30 kilovoltampère à engager un électricien, et non par réelle nécessité. Mais pour lui, cette oportunité tombe à pic car elle lui permet de rester à Kyoto comme il le souhaitait.  

Tous les jours, Gunpei se rend alors à son travail, mais la maintenance des machines lui demande peu d'effort et rapidement il s'ennuie durant la journée. Alors pour passer le temps, il commence à bricoler pendant ses heures de travail un petit gadget qu'il avait imaginé durant ses années de collège, en utilisant le matériel qu'il a sur place : une sorte de main mécanique que l'on peut rétrécir ou allonger, et qui permet de saisir des objets à distance.  

Un jour, alors qu'il s'amuse avec son nouveau gadget, il n'aperçoit pas son patron qui entre dans la pièce et le surprend en train de s'amuser avec son bras mécanique. Lorsqu'il se retourne et découvre son patron qui l'observe en silence, le sang de Gunpei ne fait qu'un tour et il tente de se justifier en bafouillant.  

- Je suis désolé, patron. Toutes mes machines tournent parfaitement alors...  

- Ne dites rien, coupe Hiroshi.  

Le jeune électronicien craint alors d'être licensié immédiatement. Il tente dans sa tête de trouver une excuse, de se justifier et convaincre son patron de le garder. Mais la réaction de son patron le surprend alors. Car plutôt que de se mettre en colère comme il le craignait, Yamauchi lui demande quelque chose d'inattendu.  

- C'est vous qui avez fabriqué ça ?  

- Oui, mais je vous promet que...  

- Vous pensez pouvoir en faire un objet commercialisable ?  

- Je... euh... Oui, c'est possible.  

- Très bien. Je pense que l'on peut en faire quelque chose. Mais il faut développer d'avantage l'idée, rendre cela ludique. Nintendo est une société qui fabrique des jeux, il faut donc que l'on en fasse un jeu !  

- Mais nous fabriquons des cartes à jouer !  

- En effet, mais le marché est restreint et nos bénéfices diminuent sans cesse. Il faut que nous diversifions notre activité. C'est mon objectif depuis que j'ai pris la tête de Nintendo. Mes différentes tentatives n'ont pour le moment pas remporté un grand succès, mais je pense que l'on peut faire quelque chose à partir de votre idée.  

Sur ordre de son patron, Gunpei réfléchit alors durant les jours qui suivent à un moyen d'améliorer le concept de sa création. Il y pense à longueur de temps, au boulot comme à la maison, ce qui surprend sa femme. Il prend même sa tâche très au sérieux, concevoir le premier jouet inventé en interne par Nintendo. Car jusqu'à présent, les différentes tentatives de son patron consistaient à adapter des produits occidentaux au marché japonais. Or Gunpei sait que sa société est en difficulté financière, et que son patron repose beaucoup d'espoirs sur ce nouveau jeu qu'il demande au jeune homme d'inventer.  

Comme l'intérêt de son prototype est de pouvoir attraper ou relâcher des objets à distance, Gunpei imagine un jeu d'adresse basé sur le fait de saisir des balles de ping-pong et de les déposer à un endroit prévu. Il améliore également son idée initiale pour la rendre plus amusante à manier. Très rapidement, il fournit un nouveau prototype à son patron qu'il baptise UltraHand. Immédiatement conquis, Hiroshi Yamauchi lance sans tarder la production du jeu et le commercialise peu de temps après au prix très abordable de 600 yens.  

Et le succès est immédiat auprès des enfants ! Rentrant chez lui un soir, Gunpei affiche un sourire radieux en approchant de sa femme.  

- Qu'est ce qu'il y a, chéri ?  

- Sais-tu qui tu as devant toi ?  

- Je...  

- Le responsable de la nouvelle division de recherche et développement de la compagnie Nintendo !  

Comprenant ce que cela signifie pour eux, son épouse hurle de joie en apprenant la nouvelle. Son mari qui n'avait pas d'autre ambition peu avant que de tranquillement gagner sa vie jusqu'à la retraite, se retrouve à présent avec un poste à responsabilité, dans un service n'ayant pour autre ambition que de préparer l'avenir de Nintendo ! La mission de Yokoi est donc de continuer sur la lancée de l'UltraHand et de concevoir d'autres jouets au succès similaire.  

Le soir même, le couple se rend chez Hiroshi Yamauchi et son épouse (Courteney Campbell-Seasong) où ils est invité à dîner, pour fêter la réussite de Nintendo. Et tandis que les deux hommes discutent de tout cela et imaginent déjà l'avenir de la société, les deux femmes sympatisent également.  

- Avez-vous déjà des idées de ce que vous allez créer d'autre ?  

- Je n'ai pas encore d'idée précise, mais je sais déjà ce que je veux utiliser. Il faut utiliser les technologies que l'on considère dépassées, car leur coût est minimal et cela nous permet de produire à bas prix.  

- Mais si elles sont dépassées, elles n'intéressent plus personne.  

- Détrompez-vous, Monsieur Yamauchi. Prenez l'exemple de la fibre de carbone. Elle a longtemps servi aux applications de pointe en aérospatiale, et aujourd'hui on l'utilise dans des équipements de golf.  

De retour au travail, à la tête d'une petite équipe, Gunpei imagine très vite de nouveaux produits, basés sur ce qu'il appelle "La pensée latérale des technologies désuètes", c'est à dire l'utilisation de technologies dépassées.  

Les nouvelles créations Nintendo s'enchaînent, et beaucoup se vendent de manière très satisfaisantes, toujours dans l'objectif de produire des jeux nouveaux et peu chers. Se suivent les commercialisations de l'Ultra Machine, du Love Tester, de l'Ele-Conga, de l'Ultra Scope ou encore du Lefty RX. Tous ne remportent pas le même succès, mais malgré tout, les ventes permettent à la société de relever la tête. Jusqu'en 1973 et le choc pétrolier qui remet tout en cause.  

Sortant de ses pensées, Gunpei Yokoi cherche toujours une nouvelle idée de jeu à créer, lorsque son regard est attiré par un autre passager du train, qui joue avec sa calculatrice pour passer le temps durant le voyage. Immédiatement, ceci donne une idée à l'inventeur : et s'ils créaient un jeu électronique portable, en utilisant des écrans LCD de calculatrice ?  

A peine arrivé à Kyoto, Gunpei fonce voir Hiroshi pour lui proposer son idée, sans trop y croire cependant. Son idée est de s'associer avec le fabriquant de calculatrice Sharp, leader mondial des calculatrices, pour brabriquer ces petits jeux électroniques.  

L'idée plait immédiatement au patron de Nintendo qui lui donne carte blanche pour lancer un prototype, le début d'une nouvelle aventure pour Gunpei Yokoi et Nintendo...