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Zero Degree Ent. présente
Noir et Blanc

Paul ( Younes Guerran ) s’était réveillé ce matin là avec un léger mal de crane, avec impression que quelque-chose ne collait pas. Il avait déjeuné le regard dans le vide, s’extirpant avec peine des brumes du sommeil. Mais lorsqu’il se présenta face au miroir, il fut pris d’un étrange sentiment, mélange de surprise et d’incompréhension, comme si son reflet ne lui correspondait pas tout à fait et avait décidé de le quitter pour représenter quelqu’un d’autre.  

Ses traits, la forme de son visage étaient bien là, par contre sa peau avait perdue toute pigmentation, et était d’une pâleur fantomatique, voire cadavérique. Cela aurait pu être inquiétant, mais plus étrange encore étaient ses cheveux qui eux, étaient devenus d’un noir d’ébène.  

Pour être plus précis, toutes les parties de son corps foncées à l’origine avaient pris une teinte d’un noir profond, à l'inverse, les parties claires avaient perdu toute pigmentation et étaient à présent d’un blanc laiteux du plus mauvais goût.  

Il ferma les yeux et les rouvrait pour vérifier qu’il n’était pas encore dans un mauvais rêve, mais non, le résultat était bien là, Il avait perdu toute teinte. Il était devenu un personnage en noir et blanc.  

Pas une trace de gris, pas la moindre nuance dans son apparence. Tout cela aurait pu éventuellement passer, mais le pire, le détail qui donnait à son apparence une étrangeté et un aspect presque inhumain, étaient ses yeux, qui d’un bleu profond la veille, étaient ce matin devenus complètement blancs.  

Il fut pris de panique, s’habillait à la hâte, descendait quatre à quatre les marches de son immeuble, et partit en courant vers le cabinet de son docteur habituel.  

Dans sa course, il ne s’aperçut pas qu’il croisait au détour de plusieurs rues, des personnes dont on pouvait lire la panique dans leurs yeux couleur craie.  

 

Le choc fut grand. Dans tous les pays, sur tous les continents, environ 10% de la population subit le même mal et perdit mystérieusement toute couleur, sans qu’aucun médecin, qu’aucun spécialiste ne puisse trouver une cause tangible et scientifique à ce phénomène.  

Cependant, les 95% qui étaient restés normaux devinrent dans la plupart des cas méfiant à l’égard des transformés, ne sachant pas si cet état pouvait être contagieux. Rapidement ceux qui avaient subi cette transformation, que l’on surnommait les "Buster" ( en référence à Buster Keaton, héro de film en noir et blanc ), furent peu à peu exclus de la société, ils perdirent pour la plupart leur travail et furent relégués au ban de la société, ils devinrent, telle la caste la plus basse en Inde, des intouchables 2.0.  

 

Paul n'échappa pas à cette mise à l'écart, il perdit rapidement tous ses amis ( à vrai dire ils n'étaient que deux ) et sentit que les membres de sa famille l'évitaient tant qu'ils le pouvaient.  

C’est en sirotant une bière sous les regards suspicieux des autres clients du bar, qu'il avait croisé pour la première fois Mary ( Lucy Hooper ). Il avait immédiatement remarqué qu’elle souffrait de la même "malédiction" que lui. Mais contrairement à l’attitude résignée qu’il arborait en permanence, Mary dégageait une sorte d’énergie, une aura qui était décuplée par des yeux d’un noir profond ( ils avaient dû être marrons avant la transformation ) qui contrastaient avec sa chevelure parfaitement blanche, et, par-dessus tout, une bouche d’un rouge écarlate ( elle avait probablement choisi ce rouge à lèvre pour sa couleur criarde ). Cela donnait à sa personne un aspect irréel. Paul pensa "Merde, un ange".  

Leur regards s’étaient croisés, et presque comme un réflexe, elle s’était approchée de lui et lui avait chuchoté à l’oreille en souriant : "vous devenez toujours aussi pâle lorsque vous croisez une jeune femme ?"  

Quelques heures plus tard ils s’enlaçaient au fond d’un lit.  

 

"Putain qu’est-ce que t’as fait ?" Paul, le regard vide, regardait les quatre corps ensanglantés gisants au sol. Mary indifférente, se remettait paisiblement du vernis à ongle. "Hein ? ça ? ah oui, je sais pas.. " et elle rangeait son vernis pour sortir de son sac plusieurs rouge à lèvre parmi lesquels elle allait choisir celui du jour.  

Etrangement, ce n’était pas ce couple et leurs deux enfants de 6 et 12 ans étendus sur le sol dans une mare de sang qui troublait Paul, leur vue ne lui faisait ni chaud ni froid, ce sont les doutes qu’il commençait à avoir sur sa réaction et celle de sa compagne ( cela faisait déjà un mois qu’ils s’étaient rencontrés ) face à ce tableau morbide. La théorie qui avait lentement prit forme dans son esprit ces derniers jours s’avérait être de plus en plus proche de la réalité.  

Paul avait remarqué que la passion qu’ils vouaient l’un pour l’autre était de plus en plus intense, leurs ébats de plus en violents.  

Il en avait au fur et à mesure déduit que peut-être n'il y avait pas que leur aspect physique qui était devenu noir et blanc, peut-être que leur psyché, leurs sentiments, les traits de leur personnalité devenaient soit totalement extrêmes, soit totalement inexistants.  

Si bien que Mary s’était déchainée comme un être revenu à l’état sauvage sur les quatre malheureux, avec une rage exacerbée. Et à présent l’acte effectué, toute empathie, tout remord était inexistant dans son attitude, comme effacés de sa personnalité. Et ce qui inquiétait encore plus Paul, c’est que lui non plus n’éprouvait pas le moindre sentiment face à l’horrible spectacle qui s’affichait devant lui.  

Mary tendit la paume de sa main ensaglantée quelle venait d'entailler avec des ciseaux; "Tu as vu, notre sang n'est pas rouge comme le leur, il est noir lui aussi!" et elle éclata d'un large rire à la limite de l'hystérie. Paul ne pu se retenir de l'accompagner et de s'esclaffer bruyamment.  

 

Une fois calmé, Paul colla le front à la fenêtre, le contact frais de la vitre lui fit du bien.  

De l'autre côté de la rue, une jeune femme au teint blanchâtre longeait le trottoir en sautillant comme si elle jouait à la marelle.  

Dans sa main pendait une touffe de cheveux de laquelle perlait quelques gouttes de sang.

Scénario : (2 commentaires)
une série Z dramatique (Fantastique) de Sebastian Howell

Younes Guerram

Lucy Hooper
Sorti le 25 décembre 2043 (Semaine 2034)
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