1er épisode de "Smartphones", une série autour du smartphone, où plusieurs styles seront abordés, fantastique, animation, historique, qui débute par une petite comédie romantique "Love Wave"  

Les deux copains frappèrent à la porte. Le son de la musique qui jusque-là était assourdi par les murs de la maison, éclata en décibels lorsque Dylan ouvrit à ses amis.  

« Et voilà, notre quota de puceaux est rempli, la soirée peut commencer ! » cria-t-il à la cantonade, et il plaça une bière dans les mains des deux arrivants.  

Franck ( Ronald Knight ) fit la moue : « Ca c’est de l’accueil... » Et il prit une gorgée pour digérer la remarque de leur hôte.  

A l’intérieur, la musique était déjà assourdissante, la grosse caisse faisait vibrer les quelques bibelots qui n’avaient pas été mis à l’abri par les parents de Dylan.  

« Tu vois, je t’avais dit qu’on arrivait trop tôt, il n’y a pas un chat! » fit remarquer Franck à Jeb, le troisième larron. « C’est sûr que Dyl n’a invité que les nanas qu’il a une chance de se faire, autant te dire qu’on va passer la soirée tous les trois comme des nazes » rétorqua Jeb.  

La piste de danse était effectivement éparses, seuls le frère et la sœur de Dylan sautillaient au son de la musique, profitant de ces instants avant que leurs parents ne décident de quitter les lieux et de les emmener avec eux.  

Dylan mis le bras sur l’épaule de Franck et l’entraîna vers la cuisine. « Les gars, on va attendre que mes parents aient filés, mais regardez ce que j’ai préparé » et il sortit de sous un meuble de cuisine un plat où trônaient une dizaine de pétards, entourés d’une vingtaine de space cakes. « Et pour arroser ça, l’élixir du professeur Dylan » et il sortit une bouteille contenant un mélange d’alcools dont lui seul avait la formule, si formule il y avait. On sonna à la porte.  

« Rangez-moi ça pour l’instant, je vais accueillir les invités » et il sortit de la cuisine.  

Les deux amis remirent le plat en place et cachèrent la bouteille. Le regard de Jeb s’illumina : « Au fait je ne t’ai pas montré ma dernière appli ? Tu vas voir, c’est absolument génial, au lieu de perdre notre temps et de se prendre râteaux sur râteaux, j’ai la solution pour aller droit au but ! ». Il sortit son portable de sa poche et commença à pianoter.  

« Regarde-moi ça, c’est une toute nouvelle application absolument géniale "Love Wave" tu as juste à l’allumer, l’appli analyse les données de ton portable et à partir de là fait une synthèse de tes goûts et de ta personnalité. Tu vois l’écran bleu avec la flèche ? et bien tu diriges ton portable vers qui tu veux, il analyse à distance les données du portable de la personne que tu vises et la flêche t’indique un "Indice de Compatibilité Amoureuse". Comme ça, tu sais dès le départ si tu as tes chances avec telle ou telle nana. Et si tu passes la barre des 90%, tu es en face de la femme de ta vie !! Donne ton portable, je vais te rentrer l’appli. »  

« Trouver l’âme sœur à partir des données de téléphone, c’est bizarre, mais j’ai comme l’impression que c’est une grosse daube ton truc ! Tu l’as essayé, et ça marche ? » demanda Franck.  

« Pour l’instant, je n’ai pas dépassé les 40%, mais dans une soirée comme ça, je vais bien me les couper en rondelles si je ne trouve pas Converse à mon pied ! Voilà c’est téléchargé, tu ouvres l’appli et on va passer dans la pièce à côté voir où se trouve ta future épouse ».  

La pièce de danse s’était bien remplie et déjà, plusieurs jeunes filles se déhanchaient sur la piste.  

Franck tendit son portable. 20%, 25% rien de bien enthousiasmant. Il se déplaça sans grand succès, le "compteur de compatibilité" semblant toujours peiner à décoller. Arrivé près de l’escalier, l’aiguille parut se mettre en mouvement. Suivant son instinct, Franck monta les marches et arriva devant une porte, la flèche indiquait 70%. Il ouvrit la porte et se trouva nez- à nez avec la mère de Dylan qui, en sous-vêtements, finissait de s’habiller. L’un et l’autre sursautèrent. Franck sentit une main ferme se poser sur son épaule.  

« Qu’est-ce que vous faites-là jeune homme ? » demanda le père de Dylan.  

« Euh, euh, je cherche les toilettes ! » bredouilla le jeune homme, sans savoir pourquoi il avait répondu cela.  

« Et bien les toilettes, c'est en bas à droite. L'étage est une zone privée.» Répondit le père en fronçant les sourcils. Il commença à se demander s’il avait bien fait de laisser la maison à son fils pour la soirée.  

Franck redescendit quatre à quatre les marches de l’escalier, et dans la cuisine, enfila deux space cakes arrosés d’une bière.  

La soirée battait à présent son plein, les joints, space cakes et mixture de Dylan commençaient à faire leur effet.  

Jeb, les yeux légèrement embués, secoua son copain : « Bon, le premier essai a été un échec, mais là, je suis sûr que mon appli va fonctionner, allez viens, on fait une nouvelle tentative ! »  

Franck, l’esprit se laissa entraîner hors de la cuisine d’où ils n’avaient pas bougé depuis deux bonnes heures, ouvrit "Love Wave" et commença à pointer son portable vers les jeunes filles qui s’éclataient sur la piste de danse.  

Il eut beau balayer l’assemblée, la flèche ne décollait pas, oscillant entre 10% et 40%.  

« Vraiment de la merde cette appli ! Ca ne décolle pas du ventre mou !» pensa t-il, découragé « je vais le faire à l’ancienne et attaquer n’importe qui en comptant sur la chance » Lorsque soudain, la flèche sembla s’affoler brusquement et monter jusqu’à 95%. Franck en sursauta et balaya tant bien que mal la zone, lorsque l’aiguille retomba dans sa zone de médiocrité. Il tendit son bras en essayant de retrouver la silhouette vers laquelle la flèche s’était affolée, contourna d’un pas pressé le groupe des danseurs. Sans succès.  

La future femme de sa vie n’était qu’à deux pas de lui, et il ne savait pas qui c’était.  

Jennifer regarda Mina ( Nour Pendragon ) d’un air sombre : « Tu vas rester toute la soirée comme ça sans danser à te morfondre sur ton sort ? Avec le nombre de beaux gars qu’il y a un peu partout ici, ne me dis pas qu’il n’y en a aucun qui te plait ! »  

Bien sûr que quelques-uns auraient pu éventuellement lui plaire, mais Mina, en plus de sa timidité naturelle, ne voulait absolument pas d’une aventure d’un soir. Elle rêvait du grand amour, d’une histoire comme on en rencontre que dans les romans, et dans une soirée où la plupart des garçons avait un taux d’alcool dans le sang ( dans le meilleur des cas ) supérieur à ce qui était acceptable, peu de chance qu’elle ne trouva son bonheur.  

Jennifer renchérit « C’est le moment de sortir l’appli que je t’ai téléchargée "Love Wave" tu vas voir, avec ça, pas de risque de te tromper ! » Et elle prit dans la poche de Mina son téléphone qui était éteint, l’alluma, malgré les tentatives de Mina de l’en empêcher, et ouvrit l’application. A peine l’application en route, la flèche alla se positionner vers les plus hautes valeurs 95, 97%. Les deux jeunes filles en restèrent les yeux écarquillés. Mina reprit le téléphone des mains de son amie, l’éteignit et le replaça dans sa poche, bien décidée cette fois à ne pas la laisser le récupérer.  

Sous la lumière des spots clignotants, elle ne vit pas le jeune homme qui tendait son téléphone vers sa direction, cherchant apparemment quelque-chose.