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Zero Degree Ent. présente
Ludwig Van Botox

Ambiance feutrée.  

L’orchestre à cordes égrène des notes qui peignent les murs de la grande salle d’une atmosphère suave et distinguée, de sons pastels qui s’élèvent pour redescendre en pluie fine le long du large lustre en cristal étincelant.  

Les smokings noirs se disputent aux élégantes robes de soirée. On chuchote, on parabole, quelques rires convenus fleurissent ici ou là. Silhouettes uniformes, issus d’un même monde, évoluant dans le même espace.  

Avec en filigrane un seul fil conducteur alliant ces âmes bien nées. L’argent.  

Le personnel de service s’affaire avec discrétion et efficacité entre les tables. Une coupe de champagne est versée avec dextérité, une verrine aux saveurs subtiles est proposée entre deux échanges.  

Le professeur Wassily Eristenoff ( Mathieu Wauthier ) vient se placer d’un pas décidé derrière le pupitre. Il tapote discrètement sur le micro, tout fonctionne.  

La musique s’éteint. Les musiciens prennent leurs instruments et quittent la salle.  

 

 

Un petit geste de la main, le silence se fait.  

« Mes amis, on peut considérer que je connais chacun d’entre vous mieux que je ne me connais moi-même… »  

Il fait une pause et esquisse un petit sourire. Quelques rires convenus fusent.  

« J’ai exercé mon art sur vous tous ici présents, en essayant de vous apporter ce que tout être humain recherche, parfois sans se l’avouer, un petit supplément de jeunesse. »  

« Je vous ai tous, en ce jour, en face de moi, et je ne peux cacher ma fierté en parcourant vos visages, vos formes sublimées de ma main. Je me sens ce soir un peu comme un peintre qui admire sa toile ultime, son chef d’œuvre. Sauf que dans mon cas, ce chef d’œuvre s’est construit par petites touches.  

Je vois là-bas Estelle de Châteauval et ses lèvres touchant à la perfection, Madame Saint-Gent, dont les yeux et les joues sont identiques à ses vingt ans.  

J’imagine que Mr le préfet que j’aperçois au fond ne me contredira pas lorsque je fais l’éloge de sa peau dépourvue de rides. Et je vous épargnerai le détail de la manière dont j’ai exercé mon art sur les formes parfaites de Eva Giannoli, et qui ont contribué à son récent Oscar. »  

Applaudissement.  

« Chacun d’entre vous me doit un petit peu de son bonheur actuel, même si mes honoraires sont à la hauteur de votre jeunesse retrouvée. »  

Rires dans la salle. Eristenoff sors un PC portable qu’il place sur le pupitre.  

« Mais je vais vous faire une confession, ou plutôt deux confessions. La première, l’argent ne m’intéresse pas. Ou peu…»  

Nouveaux rires.  

« Et deuxièmement, mon chef d’œuvre n’est pas terminé, ou plutôt il s’achève ce soir. »  

« Car une élément que vous ne connaissez pas, est qu’en plus de mes talents de chirurgien, je travaille, à mes heures perdues, sur des formules génétiquement modifiées, des structures répondant à certaines de mes exigences.  

Et c’est ainsi que, même si je n’ai pas jugé bon de vous en informer, et je suis certain que vous ne m'en tiendrez pas rigueur, la matière que j’ai utilisée pour vos différentes interventions, a été créée par mes bons soins. »  

Nouveaux applaudissements.  

« Non, non merci, n’applaudissez pas encore, vous allez avoir l’occasion de le faire dans quelques instants. Après que j’aie… », et il appuie sur une touche de son ordinateur, « …réellement envoyé le top départ de mon œuvre ! »  

Quelques secondes s’écoulent dans le silence le plus total, les invités s’interrogeant du regard. Wassily Eristenoff, un sourire mêlant satisfaction et excitation grandissante, illuminant son visage.  

 

 

Et soudain, un air de d’étonnement se lit dans les yeux de Estelle de Châteauval, ses deux mains s’agrippent à la table, elle rejette la tête en arrière, mais ses voisins peuvent apercevoir ses lèvres grossir de manière étrange, jusqu’à devenir deux bulbes monstrueux, pour ensuite fondre comme de la cire de bougie, et entraîner avec elle tout le visage de l’élégante femme. Elle s’écroule lourdement sur la table.  

Un peu partout, les convives commencent à être pris de soubresauts, la panique grandit entre les tables. Certains commençant à se lever pour quitter la pièce, d’autres restant immobiles, les yeux dans le vide, tel des lapins devant les phares d’une voiture.  

C’est avec horreur que Mr Saint-Gent voit le visage de sa femme se liquéfier, ses yeux quitter ses orbites, simplement retenus par le nerf optique.  

Un homme observe sa main qui, telle celle d’un pantin informe semble avoir perdu toute rigidité et tombe mollement sur le côté.  

Certains tentent de s’échapper, mais les portes de la salle restent désespérément closes.  

On pourrait croire que nombreux parmi les invités ont perdu toute structure osseuse, car leur corps semble s’être transformé en une masse gélatineuse et glisser lentement vers le sol.  

Au milieu de ce spectacle, Wassily Eristenoff, le visage empourpré par l’excitation, balaye du regard la transformation de chacun de ces "cobayes", puis tel un chef d’orchestre macabre, agite les bras pour donner le tempo d’une mélodie imaginaire.  

Et les transformations se poursuivent. Les cheveux tombent, les corps se délitent, se liquéfient.  

Après de longues minutes, l’assemblée s’est transformée en une flaque épaisse couleur chair, sorte de marmelade humaine jonchant le sol. L’ensemble des convives a disparu dans ce conglomérat visqueux, qui s’agite ici ou là de quelques soubresauts, quelques sons étranges.  

Wassily Eristenoff, après ce moment intense de sa carrière reprend son souffle.  

Il reste de longues minutes, satisfait, à admirer son chef d’œuvre.  

Puis telle une éloge finale : « Vous n’applaudissez pas maintenant ? »  

 

 

Hélène (Aileen DeAngelis), prend une longue respiration et sonne à la porte cet immeuble cossu. Depuis le temps que cette idée lui trotte dans la tête, elle a décidé de faire retirer les quelques rides qui entourent ses yeux.  

Sur la plaque en métal trônant à côté de la sonnette, on peut lire « Docteur Paul Eristand - Diplômé du D.E.S.C. de Chirurgie Plastique, Reconstructrice et esthétique - Médaille d'Or de Chirurgie des Hôpitaux de Paris ».  

Récemment installé, mais le meilleur de la région, d’après toute les amies de Hélène.  

Scénario : (2 commentaires)
une série Z d'horreur de Ryan Moreau

Mathieu Wauthier

Aileen DeAngelis
Sorti le 09 avril 2044 (Semaine 2049)
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