Film de 1956 édité dans la collection "Jeunes tronches pour vieilles bobines"  

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Les pieds sur son bureau, Brad Higgins ( Jeff Sharko ) se rallume une énième cigarette et apres mure reflexion, reprend une gorgée de whisky. De toute façon, à part boire et fumer, il n’a pas grand-chose à faire. Voilà plus de 3 mois qu’il n’a pas eu de client, et le dernier ne l’a toujours pas payé…  

Emma, sa secrétaire est partie avec ses cliques et son rouge à lèvre, et depuis, cela n’a sans doute aucune relation vu qu’elle passait plus de temps à se repeindre les ongles qu’à répondre au téléphone, pas un coup de fil. Pas un mari trompé voulant prendre sa femme en flag, pas un petit patron cherchant à prouver qu’un de ses employés pique dans la caisse, pas un couple de parents voulant découvrir si leur fils se drogue ou pire, est homosexuel. Rien, que dalle, nada…  

La seule chose qui ne s’arrête pas, ce sont les factures. Et lorsqu’elles commencent à être plus nombreuses sur le bureau que le nombre de dossiers à traiter, on peut considérer que ça craint.  

Brad attrape le journal, le tueur en série « le fantôme de l’opéra » comme l’appellent les médias, a encore fait des siennes. 2 danseuses du cabaret du coin, une strip-teaseuse et une actrice ont déjà été retrouvées mortes. A présent c’est la femme d’un homme politique en vue qui vient d’être retrouvée les tripes à l’air. A moins que l’on apprenne qu’elle prenait des cours de théâtre, nos amis journalistes vont devoir trouver un nouveau surnom à ce tueur.  

Soudain on frappe à la porte.  

Ni une ni deux, Brad enlève ses pieds du bureau, attrape une cravate qui trainait par terre depuis une semaine et l’ajuste en un dixième de seconde, ouvre un tiroir et d’un geste ample fait glisser à l’intérieur la pile de facture, remet sa fiole de whisky dans sa poche et d’un ton mi-accueillant, mi-en-pleine-occupation : « Oui, entrez ! ».  

La porte s’ouvre lentement, et une superbe créature ( Jessica LaSalle ), ou plutôt une femme élégante si on ne veut pas être taxé de sexisme, fait son apparition. Robe cintrée, décolleté plongeant juste comme il faut, une chevelure rousse n’ayant rien à envier à Rita Hayworth, sûrement quelqu’un qui a du se tromper d’adresse…  

Hhgrrmm, Brad se racle la gorge, et d’une voix suave ; « Oui, je peux vous être utile ? »  

« Mr Higgins ? »  

« Oui, c’est lui-même, je vous en prie asseyez-vous ! » et d’un bond aussi gracieux qu’efficace, dont il ne se serait pas cru capable quinze secondes plus tôt, Brad approche une chaise à l’inconnue.  

« Bonjour, je m’appelle Camilla Goldstein, et j’aurai besoin de vos services ! »  

« Et bien si vous avez besoin de moi, vous êtes à la bonne adresse ! »  

« Voilà, je soupçonne mon mari d’avoir une maîtresse, je souhaiterai que vous enquêtiez sur lui afin d’infirmer ou confirmer mes soupçons. Votre tarif sera le mien.»  

« Voilà qui part sur de bonnes bases. Je tiens tout d’abord à vous dire que vous avez choisi le meilleur. Avec l’agence Higgins vous… »  

« Oui, épargnez-moi vos sornettes, au boulot ! »  

Et voilà, elle avait raison. Cela fait plusieurs heures que Brad file la voiture du mari de Camilla ( soyons fou, appelons-la par son prénom pense-t-il ), il est près de deux heures du matin, et le goujat s’arrête sur le parking d’un petit motel.  

C’est un homme élégant en costume cravate, mais le plus impressionnant est sa carrure. Une vraie armoire à glace !  

L’homme prend le petit escalier pour monter au premier et unique étage du motel et frappe à une porte. Brad attrape son appareil photo et mitraille tant qu’il le peut.  

La porte s’ouvre, et une belle jeune femme se jette dans les bras du mari. Elle n’a pas le temps de l’étreindre d’un long baiser que l’homme la repousse dans la chambre. Il est prudent le bougre, Brad n’a pas eu le temps de faire les quelques photos suffisantes pour servir de preuve.  

Discrètement, il monte le petit escalier, vient se glisser sous la fenêtre de la chambre, mais les rideaux sont fermés, pas moyen de voir ce qu’il se passe à l’intérieur. Pas de chance, Brad va devoir attendre. Tant pis, ce sera des frais en plus. Budget illimité elle a dit.  

Une demi-heure se passe ainsi lorsque la porte de la chambre s’ouvre à nouveau. Et bien, c’est un rapide le gars, Brad soupçonne un éjaculateur précoce…  

Mais sa surprise est grande lorsqu’il voit l’homme jeter un œil à droite, un œil à gauche pour bien vérifier que personne ne l’observe, puis sort, mais avec sur son épaule, un gros sac plastique qui ne laisse aucun doute. C’est la femme qu’il a empaqueté ainsi. Ce gars est un tueur, peut-être même, cela saute à l’esprit de Brad comme un kangourou épileptique, le « Fantôme de l’opéra ».  

L’homme rejoint sa voiture, ouvre le coffre et jette le corps à l’intérieur. Il remonte au volant et démarre.  

Discrètement Brad démarre également sa Dodge Wayfarer et tous phares éteints, commence à suivre le mari de Camilla Goldstein.  

Après une bonne heure de route, la voiture s’arrête devant une grande demeure. Brad n’en revient pas, au lieu d’aller cacher le corps quelque part, le gars rentre tranquillement chez lui.  

Brad attend quelques minutes, sort de la voiture et entreprend de faire le tour de la propriété pour voir s’il peut entrer à l’intérieur.  

C’est sans problème à un endroit où le mur n’est pas très élevé. Vu sa condition physique, heureusement que ce muret ne fait pas 10cm de plus, sans quoi Brad aurait été obligé d’appeler un ami pour lui faire la courte échelle. Ou plus probablement il serait resté à l’extérieur de l’enceinte.  

Il s’approche d’une des fenêtres. Il peut apercevoir Mr Goldstein éteindre la lumière et remonter silencieusement à l’étage pour aller dormir.  

Brad décide de faire le tour de la maison afin d’essayer de trouver un endroit par lequel pénétrer. Il n’a pas à chercher bien longtemps, il trouve rapidement un petit vasistas entrouvert par lequel il parvient à se glisser. Il pose à peine le pied dans ce qui doit être une cave qu’il reçoit un énorme coup sur la tête et sombre dans le coma.  

Brad se réveille ligoté à une chaise, un mal de crâne aussi fort que la dernière fois où il a avalé une bouteille et demi de whisky dans la soirée, c’est-à-dire pas plus tard que deux jours auparavant.  

Il est visiblement dans la cave de Goldstein. Il commence à hurler « A l’aide, sortez-moi de là ! »  

« Pas la peine de vous énerver, personne ne vous entendra d’ici » C’est une voix féminine qui vient de derrière lui. Il tourne la tête et aperçoit une jeune femme ( Maria Jaculenko ) attachée la tête en bas par les chevilles les mains liées dans le dos. Il ne lui faut qu’un instant pour faire le rapprochement : « c’est vous qui attendiez Goldstein dans le motel, je me trompe ? ».  

La jeune femme, malgré que Brad voie son visage à l’envers devine de l’étonnement.  

« Ah bon, vous m’avez vue ? Vous êtes qui ? » demande-t-elle.  

« Brad Higgins, de l’agence Higgins & co, détective privé, adultères, fraudes à l’assurance, chiens égarés, notre équipe de professionnels résout vos affaires en 48h chrono ! et vous, vous êtes qui ? Une trentenaire en mal de sensations fortes qui trompe son mari dans des chambres d’hôtel pouilleuses ? »  

« Pfff, Wilma Lornay, je suis journaliste, et j’enquête sur le « Fantôme de l’opéra » ! Le motel, c’était un piège pour tenter de le coincer. Un piège qui s’est retourné contre moi…»  

« Je m’en doutais, vous voulez dire que ce Goldstein est le fameux tueur en série ? Et sa pauvre femme qui croit qu’il la trompe, comment je vais pouvoir lui annoncer ça ? »  

« Pour l’instant vous n’êtes en mesure de ne rien annoncer à personne…. »  

C’est alors que la porte s’ouvre.  

Goldstein ( Ron Chattaway ) apparaît. Il est encore plus grand et baraqué que vu de loin pense Brad. Un vrai gorille.  

« Ah, très bien, je vois que nos deux amis ont fait connaissance ! » dit-il d’une voix caverneuse.  

« Alors mon petit Brad, tu ne me reconnais pas ? »  

Brad est subjugué. Ils se connaitraient avec ce gros monstre ? Il a beau chercher dans sa mémoire, pas la moindre trace d’une montagne de muscles comme celle-ci.  

« Rappelle-toi continue Goldstein, au lycée, tu étais capitaine de l’équipe de football. J’étais venu te voir pour intégrer l’équipe, et tu m’avais rejeté ! »  

Mais soudain, une lueur surgit dans l’esprit de Brad, il avait bien envoyé paître un gars, mais c’était un maigrichon. Comment s’appelait-il déjà ?  

Dick le lombric ! Ce vieux Dick Cradway, aussi crado que gringalet ! Et qui espérait entrer dans l’équipe du lycée !. Brad et ses potes en plus de lui refuser l’entrée dans l’équipe, l’avait humilié en faisant circuler dans le lycée un montage représentant sa tête sur un corps d’asticot pour la pêche. Mais avec ses boutons sur la tronche, il est sûr qu’il n’aurait attiré aucun poisson ! Brad en rit encore  

Une lueur de haine traverse le regard de Dick : « En fait, je devrais te remercier. Ton refus m’a donné la motivation, et je me suis jeté dans la musculation pour devenir l’athlète qui est en face de toi. »  

Une pause, puis Dick reprend « Mais en fait, je n’ai pas envie de te pardonner, je vais te faire subir une punition à la hauteur de la jeunesse que tu m’as gâchée ! »  

« Bon les gamins, je vais vous laisser régler vos comptes entre vous. Si vous voulez-bien me détacher, je vais y aller ! » C’est la voix de Wilma qui retentit derrière Brad.  

« Ne t’inquiète-pas, nous allons nous occuper de toi aussi » Et Camilla Goldstein apparaît comme sortie de l’ombre.  

« Jeanette Lemortier ! » Wilma a tout de suite reconnu l’élégante jeune femme « Toi aussi, tu as sacrément changé, tu approchais les 90 kilos ! »  

« Bien vu ma chère Wilma, et j’imagine que tu te souviens comment tu m’avais reçue lorsque je t’avais demandé d’entrer dans ton groupe de pom-pom girls ? Tu m'avais même conseillé de m'engager plutôt chez les quoi? ah oui, les Cheer-Laideur!»  

« Euh, oui, mais c’est du passé… D’ailleurs je connais une troupe de danse dans laquelle je peux te pistonner si tu veux y entrer ! »  

« Tu veux dire les Wonder Girls, celle dont faisaient partie Alana Winters et Miranda Longday... et dont nous nous sommes occupés Dick et moi ».  

« Alana Winters, Miranda, Jenny Fallone la strip-teaseuse et Claire Backsteen la femme du Sénateur, toutes faisaient partie des pomp-pom girls ! » Wilma sent un vent de panique la submerger. Ces deux psychopathes ont tué toutes les ex-cheer leaders, elle est la prochaine.  

Dick Cradway reprend : « Et oui, en plus de la musculation, c’est Jeanette qui m’a donné la force de surmonter ma jeunesse difficile. C’est elle qui m’a donné la motivation, et ensemble, nous allons opérer une double vengeance. Et croyez-moi, vous allez être aux premières loges !».  

Et le couple quitte la cave, laissant Brad et Wilma seuls.  

Brad commence à gigoter en tous sens. Avec un peu de chance, s’il parvient déplacer la chaise jusqu’à Wilma, peut-être parviendra-t-elle à attraper le briquet qui est dans sa poche et ainsi bruler les liens qui le retiennent.