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Zero Degree Ent. présente
Smartphones - Un monde idéal

 

Troisième épisode de la série "Smartphones".  

Cet épisode aborde cette fois le genre Science-fiction.  

Durée: 56 minutes  

 

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Qu’il y a-t-il de plus inutile que le dos de la main ? Et qu’il y a-t-il de plus inutile que le dos de la main gauche ?  

 

Il se souvient de ces larmes qui coulaient le long de ses joues.  

Le jour de ses 5 ans, tu parles d’un anniversaire ! Alors que tous les autres gamins riaient, sautaient partout, étaient heureux, lui ne voulait pas y aller. Il s’en foutait de devenir un citoyen. Comme si, même à son jeune âge, il avait eu l’intuition que quelque-chose ne collait pas.  

La plupart des gamins dans la salle d’attente présents étaient en admiration devant les vitrines qui avaient été disposées un peu partout. Sur les présentoirs, les smartphones trônaient comme des œuvres d’art. Du plus basique, évidemment réservé aux "Riens", au plus sophistiqué.  

Lorsque son nom était apparu sur le panneau d’affichage, il avait été pris de tremblements.  

« Allez, ne fais pas l’idiot, Lou, Tu nous fais honte. Et de toute façon, c’est un passage obligé, tu veux que les "Sécuriguards" viennent et t’emmènent ? » Malgré ses 5 ans, Lou avait bien décelé dans le regard de son père que cette "Cérémonie" était pénible pour lui aussi. Mais ils n’avaient pas le choix, à 5 ans, il fallait devenir citoyen.  

A reculons, trainé d’une main ferme par son père, il entra dans la pièce d’un blanc immaculé.  

Dans cette petite pièce, une chaise et une table étaient les seuls vrais mobiliers. Les murs vides et pâles, sans la moindre décoration pour égayer l’endroit.  

Un homme en combinaison de chirurgien le visage couvert par un masque en tissu l’attendait. S’affairant à l’arrière, une assistante préparait les instruments sur une desserte à roulette.  

« Viens-là mon grand, assis-toi sur la chaise et pose la main bien à plat sur la table, bien sur le dessin !» dit l’assistante d’une voix qui se voulait réconfortante.  

Il s’exécuta et posa la main sur l’empreinte qui était dessinée sur la table. A peine la main posée, des sangles métalliques sortirent de la table et s’enroulèrent autour de son poignet et de ses doigts, immobilisant complètement sa main. Il fut pris de panique. Son père lui pris la main qui était libre et la serra pour le réconforter.  

L’assistante tendit une seringue au chirurgien, qui tapota sur l’aiguille pour évacuer l’air, et l’enfonça dans l’avant-bras de Lou. Un anesthésiant local.  

Il attendit quelques secondes que l’anesthésiant fasse effet, puis pris un scalpel.  

L'assistante regarda le père de Lou : « C’est bien un Magnuss Bio-Evolia NR-28D ? »  

Le père de Lou fit un petit signe de la tête en guise d’approbation.  

Le chirurgien posa la lame sur le dessus de la main de Lou, et commença à entailler la chair.  

20 minutes plus tard, le chirurgien tendait le scalpel à son assistante afin qu’elle aille le nettoyer.  

Lou regarda autant avec effroi qu’avec étonnement le smartphone qu’on lui avait greffé sur le dos de la main.  

« Voilà mon grand, tu es citoyen de la "Société du Bonheur et de la Modernité" !» dit l'assistante. Puis se tournant vers le père : « Vous passez à présent dans le bureau d’enregistrement pour les papiers ! »  

 

 

20 ans plus tard.  

« Alors, pas trop nerveuse ? Il faut qu’on fasse tout comme d’habitude, pour éviter qu’ils n’aient le moindre doute ! »  

Quelle question bête, bien sûr que Marta ( Jade feather ) est nerveuse. Lou ( Kevin Loray )était bien nerveux le jour de son amputation. Grâce aux "Frères", qui lui avaient permis de se débarrasser de cette main, symbole et outil de son asservissement.  

Tout citoyen de la "Société du Bonheur et de la Modernité" a un smartphone greffé sur le dos de sa main gauche. Comme le disent si bien les autorités, ce smartphone est l’outil qui assure à tout être humain un lien permanent avec la Modernité et le Bonheur.  

Le smartphone permet de communiquer, être informé en temps réel, toucher son salaire, faire ses achats etc… En résumé, être un bon citoyen.  

Lou dirait sûrement qu’il permet surtout au gouvernement de savoir à tout moment où vous êtes, ce que vous dites, ce que vous faites. Mais Lou est un rebelle.  

C’est pour cela qu’il a demandé aux "Frères" de le débarrasser de son smartphone. Au prix de la perte de sa main. Les interconnexions entre l’appareil et le membre sont telles que l’on ne peut pas ôter le téléphone sans détruire la main qui le porte. Donc on coupe.  

C’est aujourd’hui au tour de Marta d’être amputée. Amputation rime avec Libération.  

Mais avant ça, elle et Lou doivent faire semblant que ce jour est comme tous les jours pour ne pas éveiller les soupçons. Pour commencer, ils doivent prendre possession de leur logement. Ils font partie de la classe moyenne, les "Laborieux", ou les "Nomades" comme on les appelle. Cette classe est la plus nombreuse.  

Depuis bientôt 100 ans, la notion de propriété a disparu pour les "Laborieux". Plus personne n’a d’appartement ou de maison fixe. D’ailleurs, plus personne n’a de travail fixe.  

Seuls les "Suprêmes", la classe supérieure, ont encore droit à la propriété.  

Les gens se présentent le matin aux différents bureaux de répartition, et on leur affecte un travail pour la journée, leur salaire quotidien directement versé sur leur smartphone, plus besoin de s’embêter avec de l’argent liquide. Et le soir, ils rejoignent les blocs, ces logements dont ils changent tous les jours. C’est pour cela que certains les appellent les Nomades. Leur principale ( seule ? ) occupation dans la soirée étant de regarder la vie des "Suprêmes" sur l’application "Lifeshare".  

Ils répondent parfaitement à la devise du Sérénissime Président Cameron Zeus: « Posséder est un pêché, Consommer est la vérité ».  

 

Pas très gai me direz-vous, mais les "Laborieux" ne sont pas à plaindre par rapport aux "Riens" la classe inférieure de la "Société du Bonheur et la Modernité".  

Ces gens qui vivent dans les zones sombres, enchevêtrement de baraques en tôle, où règnent l’insécurité et les rixes entre communautés. Pendant la journée certains font la queue durant des heures pour obtenir leur "Mendi-pass", un pass qui leur permet de mendier pendant une heure, avant d’être refoulés dans leur zone.  

 

 

Après avoir pris possession de leur logement, Lou et Marta sortent du bloc, s'arrêtent prendre un petit "Monsanto Burger" et se dirigent vers la zone des "Riens", là où se cachent les "Frères".  

La pluie et le vent balaient le bitume usé de la ville. Dans une rue marchande, ils croisent un individu en train de se faire interpeller par les "Sécuriguards" : « Vous n’avez pas fait votre recherche Google quotidienne obligatoire, et votre compte dépasse de quelques Euros le maximum autorisé ». L’homme panique, il explique qu’il.. qu’il s’apprêtait à faire sa recherche à l’instant, et… et… qu’il allait juste acheter quelque-chose, …qu’il est un bon consommateur !  

Mais les gardes ne veulent rien savoir. L’heure est dépassée, sur ordre du sérénissime Président Cameron Zeus, c’est passage en prison obligatoire.  

Marta et Lou baissent la tête, mieux vaut rester discrets. Tout en marchant, Lou gratte son avant-bras.  

Après plusieurs heures, ils parviennent enfin face au repère des "Frères", ou plutôt face à un immense panneau publicitaire "Coca Cola" représentant une pin-up tenant une bouteille de soda et l’approchant, de manière suggestive, de sa bouche.  

Lou s’adosse au panneau, de longues minutes passent ainsi, lorsqu’au niveau du dessin de la bouteille, une porte jusque-là invisible s’ouvre. Lou attrape Marta par le bras et l’entraîne à l’intérieur d’une pièce sombre.  

Un grand homme costaud les accueille : « C’est elle ? »  

« Oui, salut Amaz, c’est ma fiancée, je suis garant de sa fiabilité » répond Lou en se grattant à nouveau le bras.  

Les trois personnes traversent un dédale de couloirs, pour arriver après un moment dans une impasse. Amaz appuie sur un des murs qui laisse soudain apparaître une ouverture secrète.  

Le trio pénètre alors dans un lieu où grouille une faune bigarrée. Chacun vaquant à des occupations indéfinissables pour le commun des mortels. Lou se tourne vers Marta : « Bienvenue chez les Frères !»  

Marta n’en croit pas ses yeux, contrairement à ce qu’elle a toujours connu, on peut lire la vie et la joie sur le visage des gens, même si éléments troublant, ils ont tous un point en commun. Il leur manque la main gauche.  

Le groupe continue son chemin, et passe devant un étrange étalage. Des sortes de présentoirs où sont alignées toutes les mains coupées. « On est obligés de les garder ici, et de refaire régulièrement les programmations, sinon les autorités s’apercevraient de quelque-chose » explique Amaz.  

Enfin, ils arrivent dans le petit local où va avoir lieu l’opération. Marta est de plus en plus tendue, ne fait-elle pas une bêtise ?  

Lou serre la main de Doc, le chirurgien qui va effectuer l’opération. Doc tend une petite fiole à Marta : « Tiens, prend-ça ma belle, c’est juste de l’alcool. Malheureusement on a pas les moyens de se procurer de l’anesthésiant ici. »  

Voilà qui est rassurant. Marta prend la fiole et la vide d’un trait sous les regards ébahis de Lou et Doc.  

Doc fait asseoir Marta sur une chaise, lui passe un garrot autour du poignet. Lou tend un morceau de bois à sa fiancée : « …serre-bien les dents sur ça ! ». Derrière lui, Marta peut entendre la scie circulaire de Doc qui se met en marche.  

 

Lou n’en revient pas. Marta a fait preuve d’un tel courage ! Elle a enduré la douleur sans s’évanouir. Qui pourrait penser que ce petit bout de femme blonde était si solide ? A présent, Lou est assis sur un lit de fortune à côté d’elle. Elle dort, un bandeau de gaze à l’endroit où la main a été sectionnée, mais aussi un léger sourire au coin de ses lèvres, comme apaisée. Il reste un moment comme cela en silence, à l’admirer.  

Il se gratte à nouveau le bras, il faudra qu’il montre à Doc ce satané bouton qui le démange depuis des jours. Il relève sa manche, et l’inquiétude grandit en lui. Le bouton sur le dos de son avant-bras à sacrément grossi. Il fait maintenant environ un centimètre sur trois et a une forme bizarrement rectangulaire. Et plus étrange encore, Lou aperçoit à sa surface des embryons d’excroissances. Comme les touches d’un smartphone…  

Des coups de feu éclatent soudain un peu plus loin. Les "Securiguards" ont découvert la planque des "Frères" ! Lou réveille Marta, vite, il est temps de s’éclipser.

Scénario : (2 commentaires)
une série Z de science-fiction de Lewis Sagittarius

Kevin Loray

Jade Feather
Sorti le 21 mai 2044 (Semaine 2055)
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