Musique assourdissante. Les lumières blanches éclairent crûment le ring de fortune. Rien de professionnel, quatre piquets en fer plantés dans le sol, reliés par de grosses cordes. Pas des cordes souples recouvertes de PVC sur lesquelles on peut s’appuyer, non, des cordes brutes qui marquent et brûlent la peau lorsqu’on est acculé contre elles.  

L’aspect rudimentaire du ring tranche avec la foule qui s’est amassée autour. Avec l’impressionnante fumée qui envahit les lieux, on ne peut qu’à peine distinguer les visages. Mais le bruit, mélange de voix rauques, de cris presque inhumains, de mains qui frappent en applaudissements maladroits, allié à l’odeur de transpiration et de fumée de cigarette, donnent à l’endroit une atmosphère pesante, presque "solide".  

Bianca ( Emmannuelle Keith ) se demande comment elle a pu s’engager dans une telle galère. Puis elle repense à sa fille, alitée. C’est pour elle qu’elle fait cela, uniquement pour elle, elle a un besoin vital de ces 100 000 $, peut-être pas pour la guérir complètement, mais au moins pour la soigner et allonger un peu son espérance de vie.  

Brett ( Avi Land ) la prend par l’épaule et lui glisse à l’oreille : « Ca va bien se passer, tu es une battante ! »  

C’est grâce à lui qu’elle a parcouru tout ce chemin, il est le seul qui ait cru en elle, et qui l’a entraînée nuit et jours, weekends compris. Et voilà l’heure de vérité, le moment où elle va affronter de véritables rivales. Bien sûr dans des conditions un peu spéciales, ces combats de boxe féminins sont en dehors du circuit officiel, et pour être honnête pas vraiment autorisés. Ponctuellement pour certains rounds, on autorise l’usage des pieds, pour d’autres, les combattantes se battent sans gants, c’est l’arbitre en début de combat qui décide si une règle particulière est utilisée. Et c’est ce qui plait aux spectateurs.  

La musique soudain s’arrête, le grand homme sur le ring, tout habillé de noir, qui fait office d’arbitre et de maître de cérémonie commence speech au micro.  

« Mesdames, Messieurs, BONSOIIIIR !! »  

Acclamation de la foule.  

« Je suis très heureux de vous accueillir pour cette nouvelle édition des "Wild Dolls", dans laquelle vous verrez s’affronter de véritables tigresses, plus hargneuses, vicieuses et méchantes les unes que les autres ! »  

On peut clairement sentir grimper l’excitation à travers les gradins.  

« Et ce soir, nous avons un plateau de choix. Huit guerrières prêtes à en découdre pour toucher le Graal, pour empocher la coquette somme de 100 000€ !!! »  

C’est le moment, Brett secoue affectueusement la chevelure de Bianca et la pousse à suivre les autres combattantes qui s’engagent sur le ring.  

Sept jeunes femmes, hyper musclées, le corps luisant sous leurs peignoirs bariolés, viennent s’aligner en sautillant au milieu du ring. Bianca se fait intérieurement la remarque, elles sont sept, alors que le présentateur a parlé de huit...  

« Ne vous fiez pas à son surnom indien, la première de nos combattantes nous vient directement du Nigéria, où elle a terrassé une cinquantaine d’adversaires. Il se dit qu’elle n’aurait pas le droit de retourner dans son pays car deux de ses victimes ont perdu la vie. Elle est le parfait mélange entre la puissance Africaine et la ruse indienne. Je vous demande d’applaudir... Cherokee !! »  

Et l’imposante boxeuse noire lève les bras en l’air et pousse un cri effrayant destiné à impressionner ses adversaires. Et c’est réussi !  

« La combattante suivante nous vient du froid. Elle a passé son enfance dans un petit village russe où parait-il, elle a été initiée aux sports de combats par un ancien imminent espion du KGB. Elle ne connait ni remords, ni pitié, j’ai nommé Sibéria !! »  

Et la brune athlétique vient se positionner au centre du ring. Un regard de glace, une silhouette sculptée au couteau, elle est impressionnante.  

« Elle ne vient pas du Tibet mais de Chine Orientale. Admirez sa musculature, vous admirerez sa force de frappe. Elle est aussi solide et aussi indestructible qu’une montagne. Et les montagnes, elle les déplasse. Elle se nomme Himalaya !!! »  

Bianca n’en revient pas, cette Chinoise est une montagne de muscle. Si elle tape aussi fort qu’elle en à l’air, le combat va être très dur.  

« De tous temps, les Etats-Unis nous ont donné de grands champions, mais il en est une qui va bientôt tous les surclasser, tant elle allie force, technique, intelligence… et beauté. Avec une Bonnie Parker comme elle, pas besoin de Clyde Barrow. Elle porte son surnom à merveille : Lady Killer !! »  

C’est la seule que Bianca connait un peu. Une nana vraiment bizarre, ancienne strip-teaseuse, qui peut être adorable durant des heures et soudains devenir complètement enragée et mettre KO un gros malabar de fois plus grand qu’elle.  

« Attention les amis, en voilà une qui fait vraiment mal. Qui fait mal et qui le fait vite. Elle a envoyé au tapis en un seul uppercut plus d’une dizaine d’adversaires. Sa droite et redoutable, et sa gauche est mortelle, accueillez comme il se doit One Punch !! »  

C’est une force de la nature qui s’avance alors. Une montagne de muscle tranchant bizarrement avec un visage doux et presque enfantin, surmonté d’une longue crinière ornée de quelques dread-locks. Elle lance son poing en avant comme pour toucher un ennemi imaginaire, et dans ce mouvement, on peut déjà imaginer la puissance dont elle fait preuve.  

« Et voila le moment sentimental de la soirée. Ce petit bout de femme ne se bat pas pour elle, mais pour sauver sa fille d’une terrible maladie. Alors ne vous y trompez pas, derrière cet aspect fragile se cache un cœur de guerrière, de mère prête à tout pour sauver sa progéniture. Applaudissez chaleureusement The Mother !! »  

Et Bianca s’avance, un peu anxieuse il est vrai. Elle sautille sur place, lève un bras en l’air en signe de victoire, et va rejoindre sa place à côté des autres.  

« Alors mes amis attention, celle-là c’est du solide ! C’est la qualité Allemande, une vraie force de la nature, alliée à une rigueur à toute épreuve lors des combats. Avec elle comme au foot, ce sont toujours les Allemands qui gagnent à fin. Je vous présente German Panzer !!!! »  

S’il est un surnom qui est bien donné, c’est celui-çi. L’allemande, sculpturale, les muscles saillants, parait entièrement sûre d’elle. Et d’une force hors du commun. Bonne chance à celle qui l’affrontera.  

« Et voilà, n’hésitez pas à parier sur celle de ces charmantes demoiselles qui vous parait la plus apte à gagner ce tournoi. N’oubliez pas cependant que la gagnante de tous les combats aura l’infime honneur d’affronter une huitième candidate. J’ai nommé MISS GOLIAAAATH!!!!! »  

Et sortant de l’ombre, Bianca peut voir s’avancer lentement une silhouette de plus de 2 mètres de haut, des épaules à faire pâlir n’importe quel body-builder, et surtout, véritable concentré de muscles et de rage. Les spectateurs s’écartent avec une certaine appréhension à son passage.  

Et lorsqu’elle pénètre sur le ring, Bianca se dit qu’elle a fait l’erreur de sa vie en s’inscrivant à ce tournoi.