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Zero Degree Ent. présente
Monastère

Monastère Incarnate  

Le 10 Juin 1823  

 

Jordan, mon ami, mon grand ami,  

Je sais que je n’ai, ni à vous, ni à la congrégation, donné de nouvelles depuis plusieurs mois, mais je tiens tout d’abord à vous rassurer, je vais bien, je vais très bien.  

Il serait bien trop long de vous expliquer en détail les raisons de l’allongement de mon séjour au monastère Incarnate, mais sachez que si ce séjour, qui ne devait durer initialement que quelques jours n’est toujours pas achevé, la cause en est d’évènements de la plus haute importance, pour le monastère, pour l’église dans son entièreté, mais plus généralement pour le monde entier.  

La seule chose que je peux vous indiquer par ce courrier est qu’Elle est revenue. Dieu et ses saints soient loués, c’est une ère nouvelle qui s’ouvre enfin devant nos yeux de pauvres pêcheurs. Tel Moïse face à l’océan s’écartant face à lui, je suis témoin, en ces lieux, d’évènements qui dépassent mes espérances les plus folles. Ma main tremble, rien qu’en pensant à ce que nous vivons ici.  

C’est pour cette raison que, par ces quelques mots, je vous invite à bien vouloir venir me rejoindre dans les plus brefs délais. Au nom de notre amitié, j’aimerai vous faire partager l’expérience qui est mienne en ces jours bénis.  

Je vous demande simplement de bien vouloir ne pas ébruiter le contenu de cette lettre à nos autorités, notamment à Monseigneur Felpucci, son esprit cartésien risquant de faire obstacle à votre voyage.  

Dans l’attente de vous voir,  

Amitiés  

Votre dévoué confrère  

Emiliano Aranjuez  

 

 

Jordan Parker (Alex Laxman) relut, pour probablement la centième fois, la lettre de son ami. Un bien curieux message, dans lequel il pouvait déceler comme une étrange folie qui s’était emparée du questeur Aranjuez (Duckas Jezek), lui qui était si terre-à-terre et bon vivant. Voilà des années qu’ils faisaient le même métier. Ils parcouraient l’un et l’autre le monde pour contrôler le bon fonctionnement des nombreux monastères et cloitres. Vérifier qu’ils étaient bien administrés, qu’aucune dérive de quelque sorte n’y avait cours, mais surtout, récupérer la dîme due par ces églises au Clergé.  

Il avait demandé à leur supérieur, Monseigneur Felpucci, l’autorisation de se rendre au Monastère Incarnate, situé dans une région reculée de Moldavie, sans donner le détail de la lettre, mais dans l’espoir de comprendre pourquoi Emiliano tardait tant à rentrer à Rome.  

Felpucci avait accepté, c’était la première fois qu’un des questeurs restait si longtemps au même endroit. Certains séjours dépassaient la durée prévue, bien souvent lorsque le monastère en question rechignait à payer ce qu’il devait, mais cela ne durait au maximum qu’une ou deux semaines.  

 

 

Le carrosse s’arrêta devant la porte du monastère. Le cochet descendit les bagages de Jordan. Et sans un mot repartit. Jordan n’avait pas atteint la lourde porte d’entrée que celle-çi s’ouvrait dans un grincement ténébreux.  

Deux sœurs sortirent accueillir le questeur. Mais Jordan eût un petit sursaut, les deux jeunes femmes paraissaient avoir la tête étrangement éloignée des épaules, avec un cou largement disproportionné, telles les femmes girafes Africaines.  

Il remarqua également que les deux nones avaient des stigmates sur les mains, des trous qui paraissaient les transpercer de part en part.  

« Frère Jordan, nous sommes très heureuses de vous accueillir au sein du monastère Incarnate. Je suis Sœur Dévotion, la mère supérieure, et voici Sœur Rédemption, qui me seconde !» commença une des nones (Emmannuelle Keith)  

Jordan fronça les sourcils, voilà qui était bizarre, il était communément admis que la jeune femme qui rentrait dans les ordres voyait son prénom associé au mot "Sœur". C’était la première fois qu’il rencontrait une none répondant au nom d’un adjectif. Il se dit qu’il ne fallait pas qu’il oublie de noter ce point qui sortait des usages autorisés par l’église. Sœur Rédemption (Lucy Hooper) baissa la tête en guise de salut.  

« Avez-vous fait bon voyage ? » demanda la mère supérieure.  

« Oui, très bon, quand pourrais-je voir Frère Emiliano, j’avais espéré qu’il serait présent pour m’accueillir ! »  

« Frère Renoncement est actuellement très occupé. Nous allons vous montrer vos appartements, vous le rencontrerez un peu plus tard. Je vous apporterai pour ma part votre souper à 18h30»  

Et avant que Jordan n’ait pu faire un geste, Sœur Rédemption s’empara de ses valises, et la jeune none entraîna le questeur à l’intérieur.  

La première pièce était une sorte de vestibule, un sas, avec plusieurs portes. La porte principale, plus grande que les autres, devait donner sur la cour du monastère, mais elle était fermée. La sœur ouvrit une des petites portes sur le côté.  

« Nous allons longer le bâtiment, nos sœurs ne sont pas autorisées à voir lorsqu’un homme est présent dans nos locaux ! »  

« Sage précaution » confirma Jordan. Mais il sentait bien que sa présence troublait la jeune none qui n’était, elle non plus, probablement pas habituée à côtoyer les hommes.  

Ils suivirent ainsi un dédale de couloirs, jusqu’à la petite pièce qui allait servir de chambre à Jordan. Une simple paillasse, un bureau brinqueballant et une vieille chaise tout aussi peu stable étaient les seuls meubles.  

« Je vous laisse vous installer, je viendrai vous chercher lorsque Frère Renoncement pourra vous recevoir. » et Sœur Rédemption quitta la chambrée.  

Pas un bruit à l’extérieur, pas même le chant d’un oiseau. Tout le monastère semblait comme suspendu dans le temps.  

Jordan attendit comme cela plus d’une heure, écrivant quelques notes, mais ayant pour l’instant beaucoup plus de questions que de réponses à apporter.  

Enfin, Sœur Rédemption revint.  

« Frère Renoncement va vous recevoir ! »  

Enfin, le moment tant attendu. Ils longèrent une nouvelle fois plusieurs couloirs, montèrent plusieurs escaliers, décidément, ce monastère était un vrai labyrinthe.  

La jeune none frappa à la porte. « Entrez, voulez-vous… » la voix d’Emiliano.  

La sœur s’éclipsa, et Jordan pénétra dans le bureau de son confrère.  

Et là quelle ne fut pas sa surprise. Son vieil ami était bien là, mais, outre qu’il était dans un costume carmin d’une grande élégance, il portait un masque de bois sur le visage. Ce type de masques de bois que portaient les docteurs pendant les périodes de peste du quinzième siècle. Et apparemment, les yeux de se masques avaient été bouchés, ce qui rendait Emiliano aveugle.  

« Ah mon ami, approche. Ne te formalise pas pour ma tenue, la situation actuelle au monastère oblige à quelques sacrifices. »  

Jordan, malgré la voix qui était restée la même, avait du mal à reconnaitre son ami, quelque-chose avait changé en lui.  

« Tout d’abord, je te remercie d’avoir répondu à mon courrier et avoir bien voulu venir ici me rejoindre. Comme je te l’ai écrit nous sommes à l’aube d’un évènement primordial, comme nous n’en avons pas connu depuis des siècles. Elle est revenue !» Et malgré qu’il ne pouvait voir ses yeux, Jordan sentit une lueur traverser le regard d’Emiliano.  

« Elle ? mais de qui parle-tu ? »  

« Elle, la mère de Jésus, la Vierge Marie. Elle est revenue et elle est ici, dans ce Monastère ! »  

Jordan n’en croyait pas ses oreilles, son ami était devenu fou, qu’avait-il bien pu se passer pour qu’il raconte de telles inventions ?  

« Tu ne me crois pas ? ne t’inquiète-pas, tu ne tarderas pas à la voir, et là, tu comprendras, comme nous avons tous compris ici. »  

« Pardonne-moi, mais avec tout mon respect, qu’est-ce qui te fais dire que c’est bien la vierge Marie qui réside ici ? »  

« Rien ne me le fait dire, c’est la vérité qui s’impose à nous, et qui s’imposera bientôt à toi ! Mais laisse-moi t’expliquer. Ce couvent était jusqu’à présent dirigé par une Mère Supérieure, Mère Hélèna. Tout le monde louait sa fermeté et sa justesse. Pourtant, peu à peu, elle a commencé à avoir des visions, à entendre des voix. Dieux lui parlait. Les autres nones pensaient au début qu’elle commençait à sombrer dans la folie. Mais rapidement les premiers miracles ont eu lieu. Mère Héléna est parvenue à soigner la blessure d’une none qui s’était coupée en coupant du bois. En apposant sa main sur le front d’une autre sœur, elle est parvenue à chasser instantanément une migraine qui durait depuis plusieurs jours.»  

« Elle a peut-être un don, cela ne veut pas dire qu’elle soit la vierge Marie. »  

« Attend, mon ami ! Mère Héléna a ensuite demandé à ce qu’on la nomme Sœur Sacrifice, et que toutes les sœurs oublient leur nom, qui les liait bassement à ce monde, pour accoler un adjectif à sœur. Ainsi, nous avons à présent Sœurs Dévotion et Rédemption que tu connais, mais également Sœur Pitié, Sœur Absolution, Sœur Incarnation etc… c’est pour cela que j’ai pris le nom de frère Renoncement.»  

« Je ne sais pas si nos autorités accepteront de telles pratiques !»  

« Nos autorités ne savent rien ! Elles ne comprennent rien ! Elles seront bien obligées d’accepter lorsque la vérité apparaîtra au grand jour ! » Un grand agacement se fit soudain sentir dans la voix d’Emiliano.  

« Et les deux sœurs qui m’ont accueillies, leurs cous sont étrangement allongés ? Il y a une raison ? »  

« Ah… cela fait partie des efforts que nous demande Soeur Sacrifice. Pour s’approcher de Dieu, toutes nos sœurs doivent se mettre un système autour du cou qui petit à petit les allonge. Ainsi leur esprit est le plus près possible de la grandeur Divine !»  

Jordan commençait à se dire que tout cela paraissait complètement fou.  

« Et je suppose que ton masque est ta part de sacrifice ? » demanda-t-il  

« Exactement, je vois que tu comprends la démarche ! Je ne peux voir toutes ces femmes, mieux vaut être aveugle.»  

« Je comprends la démarche, mais je la trouve ridicule, je ne comprends pas que tu puisses t’être fait entrainer dans un tel délire ! Et enlève ce masque, je veux revoir mon vieil ami ! »  

Et Jordan se précipita sur Emiliano pour lui ôter d’un coup sec le masque, mais le prêtre hurla de douleur, le masque avait été cousu sur sa peau, et en l’enlevant, des morceaux de chair avait été arrachés par Jordan. Emiliano tomba à genou, les mains cachant son visage ensanglanté.  

Sœur Rédemption surgit soudain, et attrapa Jordan par le bras.  

« Vous ne pouvez pas rester ici ! Je vous raccompagne dans votre chambre ! »  

Jordan voulu protester, mais fût surpris par la poigne de la jeune none, qui tranchait avec sa frêle silhouette.  

Elle le jeta littéralement dans sa chambre et referma brusquement la porte à clé.  

Tout cela tenait du délire, comment son ami avait-il pu se laisser embarquer dans une telle galère ?  

Et qu’allait-il lui arriver à présent ? Les évènements s’entrechoquaient dans sa tête. Une chose était sûre, il avait le pressentiment que s’il restait sans agir, il le regretterait assez rapidement.  

 

 

Une heure passa ainsi jusqu’à ce qu’à travers la petite ouverture dans le mur qui servait de fenêtre, la nuit commença à tomber. C’était le moment. Il attrapa un pied de la chaise et sans trop de mal, réussit à l’arracher, laissant apparaître un clou. Il parvint à récupérer ce clou, le tordit entre deux pierres du mur, et entreprit de forcer la serrure avec. Etonnamment, il y parvint assez rapidement.  

Un regard à droite, un regard à gauche, et il sortir discrètement de sa chambre. A dire vrai, il ne savait pas vraiment vers où aller. Il longea quelques couloirs, monta un escalier pour arriver face à une petite porte qu’il ouvrit. Visiblement, c’était le dortoir. Il se faufila sans un bruit.  

S’arrêtant devant la première chambre, vide, il remarqua qu’il n’y avait pas de lit, mais une grande croix sur laquelle, à chaque extrémité, étaient plantés des clous. Il avança encore. Deux chambres plus loin, une d'elles était occupée. Il jeta un œil discrètement. Une des sœurs était en train de prier, mais son visage était recouvert d’un masque de bouc.  

Jordan eut un petit sursaut en arrière, mais ne fut pas remarqué par la none.  

Encore un peu plus loin, le questeur entendit du bruit dans une chambre. Il se faufila, et le spectacle qui s’afficha devant lui parut invraisemblable. Deux sœurs portaient une troisième pour l’accrocher sur la croix, enfonçant les clous des extrémités dans les stigmates des mains de la none.  

C’était ainsi qu’elles dormaient toutes. Pas allongées sur un lit, aussi inconfortable soit-il, mais accrochées à une croix tel le Christ…  

Un lourd objet s’abattit sur la tête de Jordan qui s’évanouit instantanément.  

 

Il se réveilla avec un mal de crâne carabiné.  

Il n’y a pas que du crâne dont il souffrait, ses poignets et ses chevilles entravées le faisait souffrir également. Il ne lui fallut que peu de temps pour réaliser où il était.  

Il était transporté sur une croix, entièrement nu, porté par quatre sœurs dans une sorte de grande chapelle. Autour de lui des dizaines (peut-être des centaines) de sœurs, habillées de longues robes rouges lui faisaient comme une haie d’honneur.  

Cette vision étrange était accompagnée de chants, mi-murmurés, mi-psalmodiés entonnés par l’assistance. Il leva la tête autant qu’il le pouvait pour voir vers où on l’emmenait. Il aperçut en début de cortège Frère Emiliano qui visiblement avait réussi à refixer son masque à son visage.  

Et enfin le cortège s’arrêta. Il releva la tête pour assister à un spectacle qui le subjugua.  

Une jeune femme (Sabrina Calcé), vêtue en haillons, flottait dans les airs. Le visage d’une extrême pâleur et d’une grande beauté. Il ne lui fallut pas longtemps pour deviner que c’était Sœur Sacrifice, l’ancienne Mère Supérieure. Mais ce qui était le plus choquant, étaient les tiges de fer qui avaient été plantées tout autour de son crâne, telle une couronne mortifère.  

Emiliano se tourna vers lui :  

« Mon ami, tu voulais savoir pourquoi je suis resté si longtemps ici, et pourquoi je t’ai demandé de me rejoindre ? et bien en voici la raison. Prosterne-toi devant la nouvelle Vierge Marie.  

Tu n’imagines pas la chance qui est la tienne, Frère Résurrection, par ta semence tu vas être l’instrument du retour du Christ ! »  

Jordan ferma les yeux, il nageait en plein cauchemar.  

Scénario : (1 commentaire)
une série A thriller de Polly Broughton

Alex Laxman

Sabrina Calcé

Duckas Jezek

Emmannuelle Keith
Avec la participation exceptionnelle de Lucy Hooper
Musique par Erwin Bregman
Sorti le 15 octobre 2044 (Semaine 2076)
Entrées : 17 523 292
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