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Zero Degree Ent. présente
William, my friend

Février 1915.  

Ils sont tous morts.  

Ils n’étaient plus que quelques-uns dans la tranchée, mais maintenant, c’est sûr, Georges (Ron Chattaway) se retrouve bien tout seul. Il enlève son masque à gaz. Voilà bien longtemps que les soubresauts qui agitaient William se sont arrêtés.  

Son ami est à ses pieds, étendu. Georges repense à ce vieux poème d’Arthur Rimbaud "Le dormeur du val". Sauf qu’ici, l’herbe n’est pas verte, il n’y a pas de rivière qui chante, tout n’est que boue et barbelés. Et le soldat à terre ne sourit pas, son visage est tordu dans un rictus douloureux.  

Il n’y avait qu’un masque à gaz pour deux.  

Peut-être que s’ils s’étaient rencontrés dans d’autres conditions, leur amitié aurait pu perdurer de nombreuses années. L’amitié entre un soldat Anglais de l’armée de sa Majesté et un Poilu, de l’armée Française.  

Leurs unités respectives occupaient des zones différentes de la même tranchée, mais rapidement, les effectifs réduisant comme neige au soleil (même le jeune Philibert les avait quitté lorsqu'il avait perdu sa jambe en marchant sur une mine), les deux unités s’étaient rapprochées. Et William, qui baragouinait quelques mots en Français, avait engagé un semblant de conversation avec Georges. L’anglais avait partagé une de ses rations avec le Français, en échange d’un peu de tabac à rouler. Et l’ennui aidant entre deux assauts, ils s’étaient racontés leurs vies respectives, avaient joué aux dés, aux cartes. Si bien qu’au final Georges passait plus de temps avec son homologue Britannique qu’avec ses propres compagnons d’unité et une amitié profonde s’était forgée entre les deux hommes. Ils prévoyaient de se revoir régulièrement, dans le Yorkshire ou en Auvergne, lorsque la guerre serait terminée. "My war brother" comme disait William.  

 

Georges se baisse et d’un geste de la main, efface le rictus qui déformait le visage de son ami. Cela s’arrêtera là, il n’a pas le courage, maintenant qu’il est seul, d’envisager l’enterrer, surtout dans un endroit si morbide.  

Les obus continuent à éclater autour lui, les balles fusent. Ces idiots d’Allemands ne savent pas que Georges est seul à présent.  

 

Les heures passent...  

 

Combien de temps est-il resté là, sans bouger, l'esprit dans le vide? Deux, trois jours?  

L'univers semble s'être arrêté pour le soldat. Il regarde sa botte droite, là où deux de ses doigts de pieds ont été sectionnés quelques jours auparavant. Georges ôte sa botte, ce n’est pas beau à voir. Comme c’était à craindre, la gangrène a commencé à attaquer. Une partie de son pied est tout noir. La peau se craquèle sous le sang séché et du pus commence à suinter par endroits. A cette vue, l’esprit de Georges commence à tourner. Tout se mélange autour de lui. Le bruit des explosions qui résonnent depuis des semaines dans sa tête. Cette odeur, mélange de poudre et de mort. L’atmosphère grisâtre, la fumée qui ne semble jamais vouloir disparaître, et le froid qui vient donner la dernière petite touche à cet enfer.  

 

 

Soudain, à un bout de la tranchée, une ombre apparait. Une silhouette s’avance, d’un blanc immaculé, tranchant avec la noirceur ambiante. Seule une croix rouge orne son bras. C’est une infirmière ( Christina Clinton ). Jeune, elle doit à peine dépasser les vingt ans, avec un sourire qui semble faire partie intégrante de son être.  

Elle s’approche, pose la main sur l’épaule de Georges.  

« Ne bougez pas, je vais regarder ça! » dit-elle d’une voix douce.  

Elle s’agenouille, ne semblant pas prêter attention à William qui git aux pieds de Georges, et tâte la jambe. « Ce n’est pas beau, nous allons devoir amputer… » dit-elle sans oser regarder le soldat.  

Georges est comme dans un état second, il ne peut ni bouger, ni dire un mot. Mais il sait qu’elle dit vrai, s’il veut survivre, elle va devoir intervenir.  

Elle ouvre sa petite sacoche, sort une lanière de cuir qu’elle entoure autour de la jambe de Georges pour faire un garrot. Elle prend ensuite un petit bout de bois : « Serrez-ça bien fort entre vos dents ». Georges s’exécute.  

L’infirmière sort ensuite une petite scie, qui ressemble plus à un jouet qu’à un instrument chirurgical.  

Elle attrape d’un geste sûr la cheville de Georges, positionne la scie au-dessus de la cheville et commence à trancher. Le bout de bois empêche Georges d’hurler de douleur. Par chance, l’infirmière s’exécute avec dextérité et l’opération ne dure qu’une minute ou deux. Une fois le pied sectionné, l’infirmière entoure le moignon de bandages propres, le pose doucement sur la botte, se lève et s’en va. En partant, elle se tourne une dernière fois vers Georges : « Je reviendrai » dit-elle avec un sourire, et elle disparaît. Les yeux de Georges se ferment et il s’endort.  

 

 

Les deux amis jouent aux cartes. Pas grand-chose d’autre à faire. Les Allemands eux, ne semblent ne jamais vouloir arrêter de pilonner les tranchées. A croire qu’ils ne dorment jamais.  

Le Français va abattre un brelan d’as, lorsqu’un cri se fait entendre : « Attaque chimique !».  

Voilà ce qu’ils craignaient. Seuls les Anglais disposent de masques à gaz. Georges regarde celui attaché à la ceinture de William. Les deux hommes se dévisagent pendant de longues secondes, puis Georges se jette sur son ami pour tenter de lui arracher le masque. Une bagarre s’engage, il faut aller vite, sinon ce sont les deux qui mourront. Georges sort son couteau de son fourreau et tente de le planter dans son ami. Mais l’Anglais parvient à détourner le coup. Le couteau tombe des mains de Georges. William s’en saisit et le plante dans le pied de Georges. Il doit avoir au moins deux doigts de pied sectionnés!  

Le poilu hurle de douleur. William réalisant soudain son geste s’avance vers son ami pour s’excuser : « Oh… I’m sorry, my friend… ». Mais, malgré la douleur, George profite de ce moment pour lancer un grand coup de poing au visage de William qui tombe au sol. Le poilu en profite pour arracher le masque à la ceinture de l’Anglais et l’enfile. Et il commence à s’éloigner. Mais William le rattrape, s’accroche à son costume, lorsqu’une étrange expression envahit son visage. Il commence à suffoquer, à baver et tombe au sol. Son corps est pris de spasmes tel un épileptique.  

Le masque Anglais sur le visage, Georges regarde son ami mourir à ses pieds.  

 

 

C’est une grande douleur qui le réveille. Il s’attrape la jambe, et ne peut retenir un cri déchirant. Son pied a bien été sectionné, mais pas adroitement et avec métier par une infirmière. Le moignon n’est pas entouré de bande propre, mais à l’air libre. Et le sectionnement a été réalisé n’importe comment. Des bouts de chair pendent de tous côtés, l’os à comme été cassé plutôt que sectionné, et le garrot a été fait avec la sangle du fusil de Georges. Le poilu panique, qu’à t-il pu se passer? Et soudain, il aperçoit son couteau. Il ne lui faut que peu de temps pour comprendre qu'il s’est lui-même amputé.  

 

 

 

 

 

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Nota:  

Georges découvrira qu'il n'est en fait pas seul, un autre soldat Anglais, Henry a également survécu. L'Anglais l'aidera à se soigner et fabriquer une attelle.  

Le Poilu continuera cependant à sombrer dans la folie, avec de nouvelles visites de l'infirmière et William qui viendra le hanter.  

Après avoir tué à son tour Henry, il attaquera seul les lignes ennemies dans une mission-suicide.  

 

 

Scénario : (2 commentaires)
une série Z historique (Drame) de Francesca De La Boulaye

Ron Chattaway

Cristina Clinton
Musique par Demetra Beck
Sorti le 29 octobre 2044 (Semaine 2078)
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