Gérard Cousin Prod ![]() Apocalyptis: Vol. 2 -1666- Constantia (Alexandra Green) regarde les canaux par les interstices des planches barrant la fenètre de cette échoppe abandonnée. Elle qui, il n'y a pas si longtemps encore, vivait au Palais Ducal, étant la Procurator de l'Ordre Venatores, la mère de Éphraïm le futur Ducis de la République d'Exelium. -"Tenez, mangez un peu." déclare Lunalesca (Gaia Williams) en lui tendant un morceau de pain noireâtre. La jeune noble secoue la tête, n'ayant pas envie de manger "ça" mais n'ayant pas non-plus envie de manger tout court. -"Je n'ai pas faim." répond-elle laconiquement en reportant son attention sur l'extérieur et les canaux. La communication est quelque peu difficile entre Lunalesca et elle. La vampire ne semble pas s'en offusquer, ni y porter réellement de l'intéret. Depuis le début de leur "cavale", ou plutôt, cette quête insensée pour empecher un Seigneur Vampire de déclencher l'Apocalyptis, Constantia n'a pas vraiment pensé ou réfléchi: Elle s'est lancée là dedans car cela lui semblait "juste", sans trop savoir pourquoi, ni réfléchir aux conséquences. Et même si elle a risqué sa vie depuis, et affronté des vampires plus puissants que tous ceux qu'elle a pu affronter par le passé, elle n'est pas plus avancée sur ce qu'est l'Apocalyptis. Dans les écrits de San Scipione, cette apocalypse vampirique n'est pas directement évoqué, juste suggéré dans le chapitre parlant de l'Umbra Opusculum. -"Vous vous intérrogez sur l'Apocalyptis?" demande Lunalesca en souriant, dévoilant ainsi ses canines. Constantia tourne la tête dans sa direction. En voyant les dents de sa compagne d'infortune, elle ne peut s'empecher de trouver tout cela "étrange" d'être assise à côté d'une vampire, de parler avec elle et ne pas craindre pour sa vie: Elle a passé sa vie entière à les traquer et à les éliminer. C'est un sentiment sortant de l'ordinaire: Les vampires sont les ennemis de l'Humanité, des animaux assoiffés de sang Humain. Mais Lunalesca semble très différente de cette définition, tout comme elle semble être très différente des "Humains" que Constantia a croisés au cours de sa vie. -"Lire dans les pensées, ça fait partie des pouvoirs des vampires?" demande Constantia. Son interlocutrice secoue la tête nonchalamment: -"Bien sur! On a plein de pouvoirs que vous, les Humains, ne pouvaient imaginer!" La jeune noble de l'Ordre Venatores sourit devant le ton hautement ironique de Lunalesca. -"Oui, j'aimerais en savoir plus sur l'Apocalyptis..." La belle vampire commence à raconter l'origine de tout cela: Depuis plusieurs millénaires, il y a une croyance populaire au sein du monde vampirique, celle du jour où ils auront achevés leur mortalité, où les non-morts qu'ils sont auront réellement affrontés et vaincus une bonne fois pour toute la mort sous toutes ses formes. -"Les vampires ne sont-ils pas déjà immortels?" s'interroge Constantia. Ce que confirme Lunalesca: -"Immortels, certes mais pas invincibles! Mais vous le savez, votre rapière, votre "cruxis" et vos autres armes en ont tué beaucoup." La jeune noble commence à comprendre où elle veut en venir. Cette croyance de l'immortalité voir de l'invincibilité chez les vampires est devenue plus qu'un simple mythe mais une véritable "croyance", un espoir qui a traversé les ages, l'espoir qu'à un moment donné, ils ne soient plus la "proie" des Humains. -"Cela n'a pas de sens! Ce sont les vampires qui traquent les Humains, les tuent, les violent, se nourrissent de leur sang! Ce ne sont pas les Humains qui ont déclenché cette guerre!" Luna la regarde avec ses yeux rouges flamboyants avant d'ajouter: -"Les choses sont plus complexes que ça..." Les Humains haïssent les Vampires depuis des temps immémoriaux, même à l'époque où les vampires ne se nourrissaient que de sang animal. -"La haine venait du fait que les vampires ne mourraient pas de vieillesse ou de maladie car "déjà mort" d'une certaine manière. C'est là que la chasse commença..." Différents royaumes firent de la chasse aux vampires un lucratif business tout en achetant, pour quelques cadavres, un semblant de paix sociale. -"Nombre de vampires furent massacrés, certains ont décidé de se "venger", de tuer les Humains et de se nourrir d'eux plutôt que d'animaux. Une véritable escalade guerrière. Car au sein de notre peuple aussi, certains ont "utilisé" les Humains pour asseoir leur pouvoir, prendre le contrôle..." De puissants Seigneurs Vampires montèrent des armées de "morts" pour affronter celles des Humains, le résultat fut des guerres sans vainqueur. Vampires et Humains continuèrent dans l'ombre leur lutte, manipulés qu'ils furent par leurs seigneurs, roi ou quelconque autres dirigeants. -"La République d'Exelium et son joyau, la cité libre, prospéra grace au Clericatus et donc, grace à "Dieu"!" Règnant sur le commerce maritime, le commerce d'épices et d'esclaves, la cité-libre d'Exelium mit sur pieds l'Ordre Venatores, avec l'appui des Cardinaux, pour doter la République d'une force armée spécialisée dans la lutte contre les vampires. Une force que le Ducis Prior n'hésita pas à "louer" à d'autres royaumes, contre d'énormes quantités d'or, pour les éradiqués. -"Une oeuvre "sainte" selon le Clericatus." ajoute Lunalesca. Constantia reste silencieuse, ne voyant pas le rapport avec l'Apocalyptis. Mais son étrange compagne continue ses explications. Les vampires, terrifiés par les hommes et femmes du l'Ordre Venatores, durent se cacher pour éviter d'être décapités, empalés, massacrés. Les vampires se terrèrent dans des lieux lointains, dans les profondeurs des villes, dans des catacombes des cités de jadis, ne sortant que pour se nourrir voir prendre plaisir à massacrer des Humains, que beaucoup considèrent comme les "vrais" monstres. Au sein des vampires, une rumeur commença à se propager, assurant qu'un jour, ils vaincront la mort totalement et qui signerait la mise à mort de tous les Humains. -"L'Apocalyptis." murmure Lunalesca. Au fil des siècles, des "prophètes" ou "sorciers" affirmèrent que ce jour viendrait lorsque les étoiles du ciel tomberont et qu'un vampire né Humain sera sacrifié. Un obscur rituel de magie noire permettant aux vampires de vaincre définitivement la mort, sous toutes ses formes. -"De la mort d'un seul naitra l'immortalité pour tous." Constantia secoue la tête: De telles histoires, les Humains aussi en ont, d'obscures prophéties basées sur l'ignorance et le peu de Foi. -"Le Clericatus, à l'époque de San Scipione, prenait cela très au sérieux, tout comme l'existence de l'"Umbra Opusculum", la bible noire de mon peuple, un recueil ésotérique datant de temps immémoriaux et dont le contenu serait à l'origine de la croyance en l'Apocalyptis." Luna vient s'asseoir à côté de Constantia. Cette dernière réagit: -"A chaque fois qu'un vampire transforme un Humain, c'est un vampire "né Humain", non? Dès lors, cette prophétie n'a pas de sens." Lunalesca reste silencieuse, comme si elle voulait ajouter quelque chose mais y renonce au dernier moment. -"Nous devrions nous reposer: Les sbires de mon père ne vont pas cesser la chasse." Constantia la regarde avant de demander: -"Votre père croit à ce mythe?" Lunalesca baisse les yeux et conclut: -"Ce n'est pas un mythe."
Le Ducis Prior Mercutio Von Zhyleïm (Léopold Andromaque) siège au conseil auprès des magistrats de la cité-libre, écoutant leurs doléances. En regardant certains d'entres eux, il n'a que dégout: Nombreux ici sont des "nécros", ayant recours aux services de prostitués vampires, hommes comme femmes, ou ayant maitresse ou amant dotés de crocs acérés. Cela le répugne. Bien sur, il sait l'importance qu'ont les vampires au sein de la politique, le fait qu'ils servent d'épouvantail auprès de populations trop bêtes pour voir qu'en vérité, la menace n'est qu'illusoire: L'ordre régne, nul ne remet en cause les têtes couronnées et autres dirigeants tant qu'on les "protège" des vampires, de leurs actes barbares s'imposant dans le quotidien des gens. Si les différents royaumes l'avaient voulu, il ne resterait plus un vampire depuis longtemps. Mais ils ont tant à apporter, tant politiquement que religieusement. Nul doute que les quelques Seigneurs Vampires ont utilisé les Humains de même de leur côté. Combien de seigneurs vampires ont été tués par des Humains? Aucun! Combien de Rois, de Reines, de Ducis Prior ou d'éminents membres de la noblesse et du Clericatus sont tombés sous les crocs de ces monstres? Aucun! La vérité est là: Deux peuples qui ne s'affrontent pas réellement mais dont leurs dirigeants respectifs profitent de ce semblant de conflit, l'attisent, l'utilisent à leur avantage. Mais Mercutio pense que le temps est venu pour mettre un terme à la mascarade, dans le sang noir de ces êtres immondes. Encore une fois, au vu des derniers événements, il semble que ce Brühm pense pareil vu qu'il veut déclencher l'Apocalyptis et donc, massacrer tous les Humains. -"Majesté. Pourrais-je vous demander quelque chose?" Mercutio lève les yeux vers celui qui ose ainsi l'interpeler: Ce n'est autre qu'Anton (Alex McBrain), son fils, magistrat de la cité-libre. Mais aussi l'époux de Constantia. Il se lève et ajoute: -"Majesté." Mais son père lui intime l'ordre de se taire. Anton lui lance un regard plein de défi mais se rassied. Une fois seuls, la séance terminée, Anton s'emporte: -"Où est Constantia? Il se murmure que tu as lancé des soldats à ses trousses? Est-ce vrai? J'exige une explication!" Son père frappe violement la table. -"Tu "exiges"? Pour qui te prends-tu d'exiger quoi que ce soit de moi? Je suis ton père et je suis le Ducis!" Son fils ne se laisse pas impressionner: -"Où est elle?" Mercutio entre dans une colère noire: -"Ton "épouse" a désobéi à mes ordres et à ceux de son père! Elle a trahi l'Ordre et s'est accoquinée avec une vampire!" Anton secoue la tête: C'est impossible! C'est un mensonge, forcément! -"Tu l'accuses donc de trahison." Mercutio se verse un verre de vin et ajoute: -"Lorsqu'elle sera retrouvée, elle sera exécutée discrétement par son père, pour éviter de jeter l'opprobe sur toi et sur Éphraïm. Nous cacherons cela à tous." Anton refuse d'y croire: Il connait son père et surtout ses mensonges constants et son art dans la manipulation. -"Si je découvre que tu lui as fait du mal..." Le Ducis Prior réplique: -"...tu n'en feras rien car tu es un lâche! Ne promets pas ce que tu ne peux tenir!" Son fils quitte la salle, furieux.
Brühm (Alec Lederman) est assis dans son cabinet de travail, regardant négligement les ombres qui dansent sur les murs à la lueur des bougies. Et aucune n'est la sienne. L'Apocalyptis, son "rêve", le jour glorieux où sa race triomphera lui est refusée par l'absence de Luna. Pourtant, malgré tout cela, il n'arrive pas à lui en vouloir: Elle est sa fille, son amante, son Ame soeur. Pourtant il n'hésitera pas à l'offrir aux dieux impies, à la donner pour le salut de leurs sembables, "De la mort d'un seul naitra l'immortalité pour tous." comme les mots anciens l'affirment. On dit qu'elle collabore avec la fille du "Carnifex", "Le Boucher" comme l'appellent les vampires. Il secoue la tête: L'amour qu'il éprouve depuis toujours pour sa fille, un amour qui n'a rien de filiale, ne peut l'empêcher de penser qu'elle n'a eu de cesse de se "souiller" par des amitiés et collaborations infames visant à le blesser ou à le décevoir. Elle a toujours été trop "Humaine", trop "stupide" aussi. Elle va devoir mourir, non pour ses actes de traitrise vis-à-vis de sa race mais car cela est son destin.
Constancia et Lunalesca marchent dans les ruelles sombres d'Exelium, toutes deux faisant profil bas, essayant de trouver un moyen de quitter la cité pour rejoindre les contreforts brumeux où le vaste palais de Brühm se trouve. Le but des deux jeunes femmes, c'est de récupérer l'Umbra Opusculum et le détruire. -"Il n'y a pas d'autre moyen?" La belle vampire assura que ce n'était que la première étape. -"Qu'elle est la deuxième?" A cela, Luna n'avait pas répondu. -"Par ici!" indique la vampire à sa compagne. Une modeste embarcation est attachée dans un coin, sous un des nombreux ponts enjambant les canaux. Le bois semble vermoulu par endroits, rongé par le sel à d'autres mais ce frêle esquif semble toujours en état de naviguer. Constantia monte à bord, aidée par Lunalesca. La Procurator se pose de nombreuses questions sur tout ça. Mais étrangement, la plupart portent directement sur la vampire: La jeune femme est fascinée par elle, tellement différente de toutes celles et ceux qu'elle a croisés dans sa vie. -"Pourquoi entrer en conflit avec votre père?" demande-t-elle. La vampire ne s'attendait pas à cette question... Et à dire vrai, si Lunalesca aurait milles raisons de prendre position contre son père, elle n'en voit aucune qui motive vraiment cette lutte depuis des siècles si ce n'est "Faire ce qui est juste". -"Aimez-vous votre vie?" réplique Luna. Son interlocutrice ne comprend pas le sens de la question. -"Ne vous dites-vous pas que vous aimeriez que tout soit différent? Que vous puissiez comme tant d'autres juste "vivre" sans vous souciez du reste?" Constantia hoche affirmativement la tête: Oui, souvent. Elle ne déteste pas sa vie, non, mais parfois, elle se dit qu'elle aurait aimé vivre d'une autre manière, loin des exigences de la cour, loin de l'étiquette, des convenances, des devoirs envers son rang et sa famille. -"Tuer, même des vampires, alors qu'on est qu'une enfant, ce n'est pas agréable." murmure la jeune femme. Lunalesca esquisse un petit sourire: -"Nous avons été les victimes collatérales de l'immense pièce de théatre qu'est la vie, manipulées comme des figurants, des pions ou..." Elle s'interrompt avant de conclure: -"...des jouets. Et un jour j'ai décidé de fuir cette mascarade, ne la supportant plus." Constantia n'aura jamais ce courage, elle le craint, ce qui amuse Luna. -"Vraiment? Pourtant, vous dévissez avec une vampire dans les bas-fonds pouilleux de cette maudite cité, les autorités vous recherchent et veulent vous voir morte. Vous avez plus de courage que je n'en aurais jamais: Je fuis mon père, vous avez fui votre rang, vos grades, vos honneurs et enfin votre famille!" A l'évocation de sa famille, Constantia ne peut s'empêcher d'être triste en pensant à Éphraïm, son cher petit ange. Ne plus le voir, ne plus le tenir dans ses bras est un supplice mais quel choix a-t-elle? A cette évocation, Luna ne peut s'empecher de demander: -"Et votre époux? Vous manque-t-il?" La jeune femme n'est pas à l'aise pour parler de ça: Anton est un mari merveilleux, attentionné et oui, elle l'aime. Mais aussi étrange que ça puisse paraitre, il n'occupe guère ses pensées depuis le début de tout ça. -"C'est le seul homme que vous avez "connu"?" demande Luna en s'occupant des voiles. Constantia est outrée de la question: Bien sur! C'est son mari et... La vampire est amusée: -"Vous savez, je connais un peu les us et coutumes, des Humains comme des vampires, dans les hautes sphères. Et l'affection ou l'amour ne nait pas forcément dans les mariages arrangés! Dès lors, nombres sont celles et ceux qui trouvent cela ailleurs, en dehors du mariage." Constantia se tait et préfère ne pas répondre. Le silence est pesant lorsqu'enfin elle avoue: -"J'ai fais ce que je devais, j'aime être avec Anton, nous avons un bébé, c'est vraiment un homme merveilleux mais..." Lunalesca reprend: -"Mais?" La jeune noble conclut avec difficulté: -"Mais je ne sais pas si c'est ça, être "amoureuse". L'est-ce?" Sa compagne vampirique perd son léger sourire et secoue la tête: -"Je n'en sais rien, je... Je n'ai jamais connu cela..." Constantia est étonnée et s'apprête à lui demander des précisions mais un cri, venant des quais, l'en empêche: -"Dame Lunalesca!" Plusieurs vampires se tiennent là, armés de pistolets, les pointant vers l'embarcation. -"Veuillez nous suivre, nous allons vous conduire à votre père." Loin de s'en laisser compter, Luna ajoute: -"Justement, j'allais le voir." Le vampire sourit en dévoilant ses canines: -"Alors, nous allons vous y accompagner. Vous n'y voyez pas d'inconvénient, j'espère?" Il porte son regard sur Constantia et ajoute: -"Nous aurons de quoi manger et nous amuser lors de la traversée!" Ils s'apprêtent à monter mais le premier qui pose le pied à bord a la gorge tranchée par Lunalesca, faisant tournoyé ses dagues meurtrières et désormais, pleines de sang. -"Considérez-là encore comme un amusement ou un repas et vous serez tous morts avant de monter sur le bateau!" Les vampires attaquent mais Constantia, son "cruxis" dans une main et le pistolet du vampire égorgé dans l'autre, montre qu'elle n'a besoin de personne pour se défendre! Les quais se transforment en champs de bataille, Luna et Constantia luttant aprement et violement contre les sbires... Alors qu'elles semblent remporter la bataille, le vampire que Constantia s'apprête à éliminer est décapité... Tenant son épée face à la jeune femme, son père, le Senescalcus de l'Ordre, Gabriele Von Klainsberg (Aymeric Santer). Il s'apprête à parler mais plusieurs vampires, n'ayant pas reconnu les emblèmes sur son uniformes, se jettent dans sa direction: Gabriele fait tournoyer sa lame, évite les coups, frappe fort et se débarasse des derniers encore motivés à combattre. Les autres fuient, traqués par les soldats. Constantia s'approche de lui pour le remercier, s'expliquer sur ses actions des ces dernières semaines mais son père la menace de son arme. -"Mon enfant, tu m'as profondément déçu. T'allier avec cette "engeance" est une insulte faites à mon encontre et à celle de l'Ordre!" Son regard plein de mépris désigne Luna. -"L'Apocalyptis, les vampi..." déclare Constantia mais son père lui intime le silence: Il n'a nulle envie d'entendre ses jérémiades! Lunalesca voit les larmes couler sur les joues de la jeune noble. -"Tout ceci est ma faute, "Carnifex"! Elle n'a pas à subir les conséquences de mes actes." Il hoche la tête, aimant lorsque les vampires l'appelle par son surnom. -"Tu n'as pas la parole, abomination impie. Tu mourras sur l'échafaut et ma fille..." Il respire un grand coup avant de dire: -"...mourra de ma main, à l'abri des regards. Puisse Dieu avoir pitié de son Ame." Les soldats de l'Ordre agrippent Constantia et tentent de faire de même avec Luna mais cette dernière, avec ses capacités, n'est pas une proie "facile": Elle en désarme un, tire dans le genou d'un autre, continue sa sarabande meurtrière jusqu'à arriver vers lui, appuyant la lame du "cruxis" d'un des soldats contre sa gorge! -"Laissez-nous partir! Ne me forcez pas alors à le tuer!" hurle-t-elle. Le Senescalcus, de sa voix de stentor, déclare à ses soldats: -"Gardez vos armes et tuez-là! C'est un ordre! Mourir n'est rien comparé à la destruction d'une abomination!" Les membres de l'Ordre Venatores pointent leurs pistolets vers Lunalesca, cette dernière s'apprête à ouvrir la gorge du "Carnifex", l'un des seuls Humains à terrifier les vampires. Sa haine des vampires est légendaire, le tuer serait un acte de justice vis-à-vis des hommes, femmes et enfants vampires qu'il a passés par le fil de l'épée. Mais, alors qu'elle va lui trancher la gorge, le regard de Luna croise celui de Constantia: Dans les sublimes yeux verts de la jeune noble, outre des larmes, la vampire y voit une supplique, celle d'épargner son père. Ce père qui a annoncé froidement qu'il l'exécuterait de sa main. Pourtant, malgré cela, elle semble la supplier de renoncer à le tuer... Lunalesca enlève la lame de la gorge de Gabriele et la lâche, se reculant. Les soldats de l'Ordre se jette sur elle, la frappent, la battent sous le regard de Constantia mais surtout de son père. -"Suffit! Attachez-là et partons." déclare-t-il. Alors qu'elles sont l'une à côté de l'autre dans le chariot, attachées, Constantia tend les doigts vers le dessus de la main de la vampire et l'effleure, comme pour la remercier d'avoir épargné son père, même si cela va les conduire à une mort certaine. Pour seule réponse, Luna lui sourit.
C'est dans les cachots de Fort Saggio, accollés à l'arsenal d'Exelium, que l'Humaine et la vampire sont conduites, enfermées dans des cellulles crasseuses sentant les excréments et l'urine. Constantia et Lunalesca sont dans des cellules séparées, situées de chaque côté du couloir. La jeune noble n'arrive pas à arrêter de pleurer, ses nerfs lâchent, elle pense à Éphraïm, son cher enfant qu'elle ne reverra plus d'ici son exécution. Malgré cette macabre perspective, elle ne pouvait se résoudre à ce que Luna tue son père... Elle ne pouvait pas l'accepter. Elle tourne la tête vers sa compagne d'infortune et lui murmure "Merci", encore une fois. Elle lui sourit pour seule réponse. Que faire de plus? Car la vampire est consciente que sa mort mettra un terme à toute cette folie, sans son sang, son père ne pourra déclencher l'Apocalyptis et plonger le monde dans une guerre sanglante et abominable qui verra les vampires triompher à la fin, asservissant les Humains tel du "bétail", au mieux. Elle n'a jamais accepté cette idée. Pourtant, Brühm n'eut de cesse de lui expliquer, dans leur lit "conjugal" et après des étreintes forcées, sa vision d'un monde atteint par la bénédiction que ce serait un monde où, enfin, les vampires prendraient une revanche sur la Mort et les Humains. Luna connait son rôle dans tout cela et c'est la raison de sa fuite éperdue, de fuir encore et toujours pour éviter que son père la retrouve. Car elle ne veut pas déclencher ce cataclysme, ce désastre et qu'elle soit l'instrument de la mort de millions de personnes. Elle ne l'accepte pas: Elle préférera mourir sans être l'instrument de tout ça. Les Humains ne cessent de dire que les vampires sont des animaux assoiffés de sang, les vampires disent que les Humains sont des animaux avides de meurtres, la vérité est que ce sont tous des monstres s'étant trouvés pour cette lutte sans merci. Et Lunalesca ne souhaite pas y prendre part. Elle s'est toujours imposée deux règles durant sa fuite éperdue: Ne pas se nourrir de sang Humain et de ne pas tuer, sauf pour se défendre. Enfin, ces derniers jours, elle a aussi dû tuer pour défendre Constantia, la plus belle rencontre de sa vie. La jeune femme est intriguante! Luna pensait qu'une Procurator de l'Ordre Venatores serait une guerrière sanguinaire qui n'aurait pas hésitée à la tuer. Au début, c'était ça. Mais sous les apparences, sous le "vernis", la vampire a découvert quelqu'un "comme elle", devant se conformer au rôle que le destin lui a donné, porter tous les espoirs de pères despotiques et sanguinaires. Bien sur, Luna espère qu'elle n'a pas eu à subir tout ce qu'elle a subi au cour de sa très longue vie. Elle aurait pu tuer le "Carnifex" et probablement être assez rapide pour éliminer ses soldats et sauver Constantia. Mais malgré ça, la jeune noble a accepté son destin et préfère mourir et sauver ce père plutôt que de vivre en l'ayant envoyé à la mort. C'est ce genre de chose qui l'impressionne. Et qui la fascine, rendant Constantia "à part" du reste des Humains ou vampires. Des soldats s'arrêtent devant la cellule de la vampire. Ils la sortent sans ménagement malgré les suppliques de Constantia. -"Où l'amenez-vous? Répondez!" hurle la jeune femme. L'une des soldates s'approche de sa cellule et regarde pleine de mépris son ancienne supérieure. Finalement, elle lui crache dessus. -"Madame, vous étiez un exemple pour nous, vous meniez la lutte contre les abominations, ce que vous faisiez était "juste". Vous voir désormais vous soucier d'une vampire comme le ferait une vulgaire "nécro", cela me peine et me donne la nausée." Elle tourne les talons lorsque Constantia réplique: -"J'ai vu plus de grandeur d'Ame, de courage et de bienveillance chez cette vampire que dans tout l'Ordre réuni!" Son interlocutrice revient et la frappe, l'envoyant au sol. -"Puisse Dieu avoir pitié de votre Ame, Madame." murmure la soldate. Constantia et Luna échangent un dernier regard avant que la vampire ne disparaisse dans les ténèbres du couloir.
Conduite dans une salle de torture, attachée sur un chevalet, elle reste de marbre. Les soldats s'en vont et trois personnes rejoignent le bourreau: Le Ducis, la Cardinale Aemilia Von Rhaïm et le "Carnifex", bien qu'il reste un peu en retrait des deux autres. -"Alors voici la vampire qui a fait tourner la tête de ma belle-fille, lui parlant de prophétie délirante..." Mercutio la regarde comme s'il regardait l'un de ces étranges animaux d'au-delà des mers rapportés parfois par les marchands. Aemilia, elle scrute avec minutie le visage de Lunalesca, son corps en parti dénudé et semble "apprécier" ce qu'elle voit. -"Ma chère enfant, savez-vous quoi que ce soit concernant l'Apocalyptis?" demande la Cardinale d'une voix douce et des plus suaves. Luna comprend que cette femme d'église apprécierait sa "compagnie" à n'en pas douter. -"J'ai... J'ai menti!" déclare la vampire, tête basse. Elle explique qu'elle ne sait rien de l'Apocalyptis. -"J'ai menti à votre fille, je l'ai manipulée, je l'ai... "séduite"." ajoute-t-elle en tournant la tête vers Gabriele. Ce dernier serre les dents et ne répond pas. Mercutio est déçu de cette révélation: Il avait bon espoir que cette fois, ce serait la bonne, celle où enfin, les vampires seraient détruits par des armées puissantes, une extermination totale et définitive de cette engeance maléfique. Mais il n'en est rien: Juste une vampire qui voulait se faire "mousser" auprès d'une Humaine pour des raisons "physiques" ou "bestiales". -"Bourreau, fais-là parler. Mais épargne son visage." Le Ducis se tourne vers Luna et lui dit qu'elle sera guillotinée sur la place centrale d'Exelium, en public. -"Pour que tous comprennent, une fois encore, que vous êtes les Ténèbres et que nous sommes la Lumière!" conclut le dirigeant. Le Ducis et la Cardinale marchent en direction de la porte, suivis de Gabriele, Aemilia essayant de convaincre le Ducis de l'opportunité de soumettre à Dieu cette vampire, pour cela elle aurait besoin de rester seule avec elle et... -"Suffit, Eminence! Je passe sur nombre de vos perversions, je ne passerais pas sur celle-là. Restez seule quelques minutes avec cette "abomination" et vous partagerez son sort, est-ce clair?" Le ton n'appelle pas à la discussion. Lunalesca, bien qu'ayant entendu ce qu'ils se sont dit grâce à ses sens de vampire, s'en moque. -"Majesté." Le ton est ironique et moqueur. Le Ducis se retourne. -"Aucun de nous n'est la Lumière. Nous pataugeons tous dans les Ténèbres." Il secoue la tête et sort, tout en ayant fait signe au bourreau de commencer à torturer la vampire... Loin de dramatiser Luna, tout cela la fait presque sourire: Elle aimerait voir le visage de son père lorsque sa tête tombera sous le couperet de la guillotine, tuant avec elle toute possibilité pour l'Apocalyptis...
Constantia a la tête basse bien qu'entendant des pas se rapprocher. A l'heure actuelle, elle s'inquiete non pour elle mais pour Lunalesca, se demandant qu'elle horreur ils lui font subir. -"Constantia!" s'écrit Anton en se précipitant vers les barreaux de la cellule. La jeune femme se lève et l'espoir renait dans son coeur. -"Anton, je suis contente de te voir." murmure-t-elle. Son mari la rejoint, ils s'embrassent à travers les barreaux mais le coeur n'y est pas vraiment. -"Comment se porte Éphraïm?" Ses premiers mots, ses premières pensées vont logiquement vers leur bébé. -"Peux-tu libérer Lunalesca?" Un voile d'inquiétude passe sur le visage d'Anton. -"Qui est-ce?" La jeune noble baisse les yeux, craignant de révéler à son mari qui elle est. Le silence est pesant mais Constantia décide de dire la vérité: -"C'est une vampire. Nous sommes au bord d'événements cataclysmiques et si nous ne faisons rien, nous mourons tous." Anton regarde son épouse, l'écoute parler de cette Lunalesca. Chaque mot qu'elle prononce lorsqu'elle parle de cette vampire est un coup de poignard pour lui: Il voit l'éclat dans les yeux de sa bien-aimée lorsqu'elle parle de cette Luna, un éclat teinté d'admiration, d'affection et... Cela lui brise le coeur. -"Constancia, je suis venu te dire adieu." La jeune femme se tait, n'arrivant pas à y croire. Anton continue, expliquant qu'il a essayé, dès qu'il a su qu'elle avait été arrêtée, de trouver des moyens pour la sauver. Mais son père n'a rien voulu entendre! Il a donc tenté de convaincre des cardinaux pour sauver son épouse bien-aimée. Mais ils se rangèrent tous derrière l'avis du Ducis. -"Je suis venu te voir pour m'excuser de ne pouvoir te sauver. Mais lorsque je t'entends parler de cette vampire, j'ai presque envie de m'excuser de n'être que "moi"." Il peine à contenir ses larmes. Constantia attrape sa main au travers des barreaux, des larmes coulant sur ses joues. -"Anton, je..." Mais il lui fait un petit sourire triste comme pour lui dire que ce n'est pas grave. -"Je t'aime. Et je t'aimerais jusqu'à la fin de mes jours. La seule chose qui me rend triste, c'est que ton coeur semble appartenir à quelqu'un d'autre désormais." Son épouse secoue la tête, ne comprenant pas ce qu'il veut dire. -"Je m'occuperais bien de notre fils et je lui dirait qu'elle personne formidable tu étais." Il commence à s'éloigner de la cellule. -"Anton..." Il essuie à la hâte ses larmes. -"Pardonne-moi de ne pas être ton sauveur: Je ne suis qu'un nobliaux peu doué au combat et qui n'a pas le courage de risquer sa vie pour te sauver." Il s'éloigne dans le couloir, laissant une Constantia en pleurs dans sa cellule.
Brühm est dans une colère noire en apprenant, par des espions postés dans la cité-libre d'Exelium, que sa chère Lunalesca est dans les cachots, attendant d'être guillotinée. Il renverse les meubles de sa bibliothèque, renverse les rayons remplis de livres, rien ne peut calmer sa fureur, rien ne peut endiguer la haine qu'il ressent! -"Ils savent! Ces animaux savent son rôle dans l'Apocalyptis! Et ils veulent priver notre peuple de la libération, nous priver de notre droit à vivre, enfin, sans leur tyrannie!" Il fait quelques pas devant ses lieutenants, silencieux et terrifiés. -"Faites passer le mot: Cette nuit, les vampires vont s'abattre sur la cité-libre! Que tous les frères et soeurs de la nuit se lèvent, que tous déferlent sur cette ville et tuent tous ces Humains, jusqu'à ce que nous ayons récupéré Luna!" L'un de ses lieutenants émet un doute: Une telle attaque serait synonyme de déclaration de guerre envers les Humains! Les royaumes et nations vont lever des armées pour défendre Exelium. Ce qui amuse Brühm: -"Pas un peuple, pas une nation ne viendra au secours de la République d'Exelium! Le commerce a rendu Exelium riche. Cette richesse a permis de créer l'Ordre Venatores, de l'établir comme la force armée la plus puissante contre les vampires mais aussi contre quiconque manquerait à sa parole ou refuserait de payer ses dettes. La République tient tout le monde connu par la crainte et par les intérets que leurs banques imposent. Les rois et dirigeants ne leveront pas le petit doigt pour sauver Exelium. Ils leveront des armées mais pour protéger leurs territoires." L'un des vampires présent demande: -"Et si certains veulent s'accaparer les restes de la République?" Brühm semble enfin avoir retrouver un semblant de calme: -"Nous aurons déjà déclencher l'Apocalyptis. Ils pourront toujours tenter de nous combattre lorsque nous aurons totalement vaincu la Mort..."
Ramenée en cellule, Lunalesca semble très affaiblie, ce qui dramatise au plus haut point Constantia. -"Que vous ont-ils fait?" s'inquiète la jeune noble. Luna secoue la tête: Rien de pire que ce que son père lui fit jadis. -"Constantia... Vous vous souvenez de votre intérrogation concernant le "vampire né Humain sera sacrifié". Vous ne compreniez pas ce que cela signifiait. Je vais vous l'expliquer." Les vampires peuvent se reproduire de deux manières: La première en convertissant un Humain en lui faisant boire son sang ou en "l'infectant" de son sang, qu'importe la manière. La deuxième, c'est par la voie "naturelle", comme les Humains. Si deux vampires procréent ensemble, cela donne un "Sang-Pur", si un vampire et un Humain procréent, cela donne un "Mi-Sang". Un vampire qui se reproduit avec un Humain, l'enfant est obligatoirement un vampire. -"Malgré tous ses efforts pendant des siècles, mon père n'eut aucune descendance. Ni avec des Humaines, ni avec des vampires. Et un jour, pourtant..." Une jeune fille de 14 ou 15 ans, une paysane, alla à la rivière chercher de l'eau. Mais sa route croisa celle de Brühm: Il la viola, il bu son sang. Mais contre toute attente, elle survécue. Et tomba enceinte. -"Mon père la fit venir au Palais, tout le monde était au petit soin pour elle. Il la transforma en vampire et elle devint sa "reine"." Lorsque Lunalesca vint au monde, elle était Humaine. Son sang était celui de Brühm, les vampires sentent cela, mais elle était née Humaine comme dans la prophétie. Même dans les plus anciens codex, nulle mention d'un seigneur vampire, ou d'un vampire tout court, qui aurait procréer un enfant Humain. A partir de ce moment-là, Brühm su que sa fille était celle par qui l'Apocalyptis devait venir, c'était "l'élue". -"J'étais la seule Humaine du palais, tout le monde m'appréciait, j'étais l'une des leurs alors que ce n'était pas le cas." En grandissant, pourtant, sa mère commença à se défier d'elle: Elle voyait comment Brühm regardait Luna, comme il la désirait plus qu'elle désormais. Elle tenta d'assassiner sa fille mais les sbires du seigneur l'en empechèrent et Brühm lui imposa de terribles supplices avant de la tuer. Quand à Lunalesca, il avait d'autres projets pour elle: Dans d'obscurs recueils anciens, il était expliqué à quel age et surtout comment l'enfant né Humain devait devenir un vampire. -"J'étais une jeune fille rêveuse, heureuse, tout le monde était gentil avec moi, me protégeait. Une nuit, mon père et ses gardes vinrent dans ma chambre, ils demandèrent à ma servante de m'habiller, de m'appreter comme pour une réception. Je fut conduite dans les catacombes, un lieu du Palais où jamais je n'étais allée auparavent. A mesure que j'avançais, j'entendais des cris inhumains résonnaient dans les couloirs, j'étais terrifiée." Ils s'arrêterent devant une porte soldidement fermée. Les gardes l'ouvrirent et Brühm la fit entrer. -"Mon enfant, saches que tu fais cela pour nous, pour ta famille, pour ta race." Il récita d'obscurs lithanies, imité par ses gardes, la jeune fille hurla en découvrant qu'elle était enfermées avec quatre "mortis" visiblement aussi affamés de sang qu'ils l'étaient de sexe... En se remémorant cela, elle a la voix tremblante, des larmes de tristesse et de rage mêlée coulent sur ses joues. -"C'est comme ça que je suis devenue une vampire, de la pire et de la plus douloureuse des manières. Et mon calvaire était loin d'être fini..." Brühm fit d'elle sa "reine", lui imposa une relation maccabre et violente, s'épenchant sur le grandiose de son destin, un jour. -"Cela a duré des siècles. Mais un jour, j'ai fui et jamais il ne me retrouva. Jamais." La jeune noble a de la peine d'entendre la triste histoire de Luna. -"Voila pourquoi je m'oppose à lui: Je refuse que cet être monstrueux devienne immortel et invincible. Lui et tous les autres. Je ne me sens pas vampire, je ne me sens pas Humaine. Mais si je dois mourir pour empecher l'Apocalyptis, qu'il en soit ainsi! Pour que toutes mes souffrances ne soient pas vaines..." Elle se tait, presque soulagée d'avoir enfin parlé à quelqu'un de tout ça, chose qu'elle n'a jamais fait, vivant seule depuis des siècles. -"Lunalesca, je suis désolée." Constantia est vraiment peinée, plus que de raison, aux souffrances de son amie. -"Vous voyez, pas un bourreau sur Terre pourrait me faire pire." conclut la vampire. -"Anton est venu me faire ses adieux." ajoute la jeune noble. Luna est surprise et écoute Constantia avec intérêt.
Brühm regarde la cité-libre d'Exelium endormie. Nul ne se doute de l'enfer que les vampires vont déclencher, le carnage que cela va être. A cette perspective, il sourit: Il haït les Humains. Il est temps qu'ils subissent leur juste chatiment pour leurs actes contre les vampires! Alors que l'attaque est imminente, le ciel nocturne se couvre de rais lumineux, comme des boules de feu qui illuminent les ténèbres avant de se fracasser sur les batiments d'Exelium. -"Que se passe-t-il, seigneur?" demande l'un de ses sbires. Pour toute réponse, Brühm ne fait que citer ce qui est mentionné dans la "Bible Noire" des vampires concernant l'Apocalyptis: -"Ce jour viendra lorsque les étoiles du ciel tomberont et qu'un vampire né Humain sera sacrifié."
Les cris de terreur emplissent la cité des mille canaux alors que la pluie de météorites s'abat sur les batiments, provoquant des incendies, nombreux sont ceux à implorer Dieu de leur venir en aide mais ils ne semblent guère avoir de réponse, c'est le chaos total. Et c'est là que les vampires déferlent dans les rues, sortent des égouts, rentrent dans les maisons. Qu'ils soient vampire ou "mortis", c'est une sauvagerie inimaginable qui s'abat sur Exelium et ses habitants: Le sang coule dans les rues, les cadavres s'entassent, les viols et mises en scène macabres se multiplient, les combats aussi, les membres de l'Ordre Venatores ont été déployés sous le commandement de Gabriele. A la tête de ses troupes, il se bat comme un lion, passe par l'épée tous les vampires qui ont le malheur d'être à portée. Dans les cachots de Fort Saggio, si Constantia et Luna entendent le fracas et les cris lointains, elles ne savent pas ce qui se passe vraiment. Néamoins, la vampire, dont les sens "spéciaux" dépassent largement les capacités Humaines, sent le sang, en grande quantité et elle sait qu'un massacre est en train de se produire. Elle jette un regard à sa compagne d'infortune et décide, par soucis d'honnéteté, de lui en faire part. Elle semble sous le choc: Sa ville, sa famille... -"Éphraïm! Nous devons faire quelque chose!" La vampire hoche la tête: Oui,elles doivent faire quelque chose Elle n'ose imaginer ce que ses semblables pourraient faire subir au nourrisson. Mais malgré cela, elle ne voit pas que faire. Le mur de sa cellulle explose sous l'impact d'une météorite. Les deux femmes sont surprises mais la vampire file dehors, promettant de revenir chercher son amie. Au dehors, Lunalesca voit Exelium ravagé par les flammes, les cris, l'odeur du sang et de la mort, la chair brûlée... Elle voit l'arsenal accolé au fort, s'y précipite, croise des vampires en train de mettre en pièces les gardes. Elle hésite, elle pourrait continuer son chemin mais... Elle ne le peut! Luna prend les vampires par derrière, désarme le premier, récupère sa lame, ouvre la gorge du deuxième et dans le même mouvement plante sa lame dans le ventre du troisième, ouvrant d'un coup sec sa bedaine, déversant au sol ses organes atrophiés et secs. Les gardes s'apprêtent à la remercier lorsqu'ils voient la bouche entrouverte de Luna et ses canines. L'un d'eux lève son arme mais son compagnon la lui fait baisser. Elle file sans se retourner. A l'intérieur, elle trouve des pistolets, chargés, en récupère plusieurs ainsi qu'une rapière pour Constantia. Pour elle, deux "cruxis" feront l'affaire.
Gabriele fait honneur à sa réputation auprès des buveurs de sang: Si les soldats de l'Ordre Venatores se battent avec courage, le "Carnifex" met en pièce ces monstres, leurs cadavres démembrés l'entourent. -"Senescalcus!" hurle un messager. Gabriele n'a pas le temps de discuter, ni l'envie: Il a une cité et des gens à protéger! -"Le Ducis et les Cardinaux vous donnent ordre de vous replier autour du Palais!" Il est hors de lui. Tout en se battant, il vocifère: -"C'est folie! Qui va mener les soldats pour protéger les habitants de la cité?" Nul besoin de réponse, il comprend: Le Ducis, le Conseil et le Clericatus abandonnent la population à son sort. Le coeur serré, il ordonne le repli de ses soldats vers le Palais. -"Nous ne pouvons faire cela!" déclare la soldate qui, il y a quelques heures, avait crachée sur Constantia. Son supérieur n'en a pas envie mais ce sont les ordres. Il tourne la tête et voit la cité en flammes, le carnage et se dit que de toute façon, Exelium est détruite sans que Dieu ne lui vienne en aide. -"C'est peut-être là notre chatiment pour nos crimes..." murmure Gabriele alors que ses soldats se replient.
Anton serre le manche de sa rapière, regardant la nuée de vampires noircir la place centrale, faisant basculer les guillotines de l'échafaud, hurlants, vociférants, tentant de pénètrer dans le Palais. Il sait qu'il n'est pas un guerrier, qu'il n'est pas un combattant. Il tourne la tête vers le berceau où se trouve son fils, son cher petit ange. Il ne l'abandonnera pas, il ne faiblira pas et il le défendra jusqu'au bout. -"Je l'ai promis à Constantia." Les couloirs de tout le Palais s'emplissent de cris et de hurlements macabres lorsque les vampires ont fait céder les portes et s'engouffrent à l'intérieur, balayant les quelques gardes qui se trouvent là. Anton regarde la porte de la chambre, barricadée à la va-vite avec les meubles. Il place le berceau d'Éphraïm dans un coin, dépose un baiser sur le front de son fils puis entoure le berceau de quelques meubles, espérant que les vampires ne le trouveront pas. Il tient sa rapière fermement alors que les cris sont plus proches et que la porte commence à vibrer des violents coups que les assaillants donnent dedans. -"Constantia, pardonne-moi de ne pas t'avoir crue." Le bois craque et la porte cède...
La pluie de météorite a cessé, Luna et Constantia se frayent un chemin vers le Palais, se battant pour leur vie, tentant de sauver le plus de gens des vampires. Les vampires en ont empalé certains, pendu d'autres, les rues d'Exelium sont devenues une annexe de l'Enfer, ses canaux chariant le sang et les corps. Les corps Humains démembrés, mutilés, des images d'horreur sans nom faites sur des enfants, Luna ne peut les supporter, sa rage est sanglante, violente et impitoyable. Chaque homme, femmes ou enfants violés, massacrés, à la gorge perforés, c'est elle, celle qu'elle était dans ce cachot, là où son père l'a enfermée... Constantia aussi est horrifiée mais elle tient, se focalise sur le fait de sauver son enfant, rien d'autre n'a d'importance.
Anton se bat avec la rage du désespoir, affrontant comme il le peut les vampires qui ne cessent de s'engouffrer dans la brèche: Il est bléssé, il perd énormément de sang et sait qu'il va mourir. Mais pour son fils, il tiendra le plus possible, si Dieu le lui permet. La nuée semble se calmer et Brühm pénètre dans la pièce, faisant face à Anton. Il regarde les vampires agonisants et bléssés aux pieds du jeune homme. -"Vous êtes valeureux." Éphraïm se met à pleurer, attirant l'attention du vampire. Mais le père de l'enfant s'interpose entre le berceau et les monstres sanguinaires: -"Partez! Sinon, je vous tuerez tous!" Brühm s'approche de lui, il hume l'air et sourit: -"Vous portez l'odeur de ma fille..." Anton ne comprend pas vraiment ce qui se passe. -"Où est-elle?" Le jeune homme hésite, ne peut se résoudre à parler: Car cette Lunalesca est avec Constantia. Et son épouse l'aime... -"Je ne sais pas de quoi vous parlez." Brühm sourit, assurant qu'il ment. -"Rendez-moi ma fille et je vous jure sur l'honneur que pas un vampire ne touchera votre enfant. La vie de mon enfant contre celle de votre enfant." Anton hésite avant de finalement dire: -"Vous mentez. Je me battrais jusqu'à mon dernier souffle." Il hoche la tête: -"Qu'il en soit ainsi."
Gabriele et ses soldats de l'Ordre investissent le Palais, luttant contre les vampires. Mais loin de se préoccuper du combat, il décide de rejoindre les appartements, pour son petit-fils. Les salles, les chambres, subissent de plein fouet l'horreur de l'invasion vampirique, il élimine toutes celles et ceux qui tentent de lui barrer le chemin. Il croise le corps sans vie et dénudé d'Aemilia Von Rhaïm aux côtés de celui de son plus jeune fils, ayant visiblement subit la même chose qu'elle de la part de vampires... Il accélère sa course, pensant à Éphraïm, il se dit qu'il doit le sauver! Tout en arpentant les couloirs, se battant contre ces monstres, il se dit qu'il a été sot et bêtement arrogant: Souhaiter l'Apocalyptis alors que des nuées de vampires bel et bien "mortels" détruisent la cité-libre, ce n'était que folie! Sa fille l'a mis en garde, il ne l'a pas écoutée, pas plus que cette vampire. Pourquoi une vampire voudrait empecher ça? -"Peut-être parce qu'elle est moins folle que nous autres, Humains arrogants et surs de notre puissance. Notre civilisation n'est que de paille face à ces êtres..." murmure-t-il. Dans les escaliers menant vers l'étage où vivait Constantia et son époux, il voit sa fille et Lunalesca se battre pour monter par les autres escaliers. Il ne sait pas comment elles ont pu sortir mais il comprend qu'elles partent sauver Éphraïm. Dans leur lutte sans merci pour avancer, elles n'ont pas vu le groupe de "mortis" qui s'apprêtent à les piéger. Il saute dans le puits de l'escalier, atterrit au sol, se brisant la cheville mais ne cessant d'avancer, atteignant les "mortis" juste avant qu'ils ne piègent les deux femmes. De son épée, il décapite certains de ces monstres, en embroche d'autres, les deux femmes l'aident mais il refuse en hurlant: -"Éphraïm! Sauvez-le!" Sa fille échange un regard avec lui, sachant que ce sera le dernier. Luna ne veut pas partir, elle sait qu'il est blessé, épuisé et que jamais il ne pourra contenir la vague de "mortis"! Tout en se battant à ses côtés, il s'excuse. -"Tout ce que j'ai fais dans ma vie, je le croyais juste, guidé par Dieu et par le Bien. Mais en vérité, je n'ai fait que comme les autres: Préparer ce jour! Qu'importe que l'Apocalyptis ne soit qu'un mythe, aujourd'hui, la cité-libre d'Exelium le subit en ce moment. Le jour où les Humains ont le retour de baton de tout ce que nous avons fait. Vous, vous n'êtes pas rentrée dans ce conflit, vous l'avez refusé là où moi, ma fille et tous les autres l'avons accepté, comme les vampires l'ont fait aussi..." Son repenti sincère fait quelque chose à Luna comme à Constantia. -"Merci d'avoir sauvée ma fille. Et je ne vous demanderez qu'une chose de plus: Sauvez maintenant mon petit-fils. C'est là la dernière volonté d'un vieil homme." La vampire accepte d'un hochement de tête. Alors qu'elles s'éloignent pour rejoindre les escaliers et les étages, Gabriele attend la prochaine vague, la dernière, il devra laisser le plus de temps possible aux deux femmes. Il défait les liens de son armure, enlève sa veste et il se met en position alors que le bruit se rapproche inexorablement. -"Toute notre vie, on nous apprend à vivre. J'espère que je saurais mourir..." Lorsqu'enfin il les voient: Il esquisse un sourire en frappant le premier de ces monstres.
Dans la chambre du bébé, c'est un champs de bataille: Des corps de vampires, des meubles brisés et au sol, dans une mare de sang, Anton est là, pris de spasme. Constantia se précipite vers lui, Lunalesca fait de même. La jeune noble constate la vaillance avec laquelle son mari a défendu la pièce. -"Il l'a pris..." Brühm a compris le lien entre Constantia et le bébé. Il le rendra sain et sauf si Lunalesca vient à lui. Anton est agonisant, son épouse l'embrasse mais il a une autre dernière volonté: -"Ils m'ont fait boire..." murmure-t-il. Il désigne l'un des cruxis que tient Lunalesca. -"Mon aimée, fais cela pour moi. Par amour, ne me laisse pas revenir." La vampire tend l'arme à la jeune noble, cette dernière pleure, lève l'arme et l'abat de telle manière que la tête de son époux se détache de son corps... -"Partons! Quittons cette ville!". Pendant qu'elles fuient le Palais, le cadavre nu et émasculé du Ducis Prior de la République d'Exelium est trainé dans les rues de la cité par les vampires, hurlant leur joie d'avoir pris leur revanche sur la République et le Clericatus, avant que lors d'une mise en scène sordide, il ne soit décapité par l'une de ses guillotines, symbole de la République, qu'il affectionnait tant... Lorsque le jour se lève sur la cité-libre d'Exelium, c'est une ruine où la désolation et la barbarie sont la norme.
Dans les marécages entourant la "cité aux mille cannaux", à plusieurs lieues de là, Constantia et Lunalesca sont seules, perdues dans ces lieux où toute vie semble éteinte. Elles ont couru puis marché sans s'arrêter, pour fuir Exelium. Elles trouvèrent refuge dans un camp de bucheron, visiblement déserté, probablement suite à l'attaque de la cité-libre. Constantia est inconsolable à cause de son bébé enlevé par Brühm, à cause de la mort de son époux, de la mort de son père, de tout ce qu'elle a vu. Elles sont trempées dans leurs vétements couverts de boue et de sang, après leur fuite éperdue dans les marécages. Luna est hors d'elle: Son père est devenu fou! Pour la récupérer, il a déclenché une guerre, les autres nations vont réagir! Et tout ça pour une "prophétie", une folie qui l'a faite souffrir elle et tant d'autres. Et maintenant, l'enfant de Constantia est entre ses mains. Se livrer et sauver cet enfant, cela ne fera que tuer plus de gens encore. Mais elle ne peut pas rester sans rien faire pour l'aider: Voir les yeux de Constantia embués de larmes, elle ne peut s'y résoudre. Elle vient s'asseoir à côté de la jeune noble. Cette dernière semble complétement abattue à propos de son enfant. -"Je me livrerais si cela peut le sauver..." murmure la vampire. Constantia pose sa main sur celle de Luna. -"Je veux le sauver plus que tout mais... Que se passera-t-il lorsque l'Apocalyptis sera vraiment déclenchée par votre père? Ne serais-pas juste retarder l'échéance pour Éphraïm et moi?" La belle vampire ne sait que dire: Bien des fois, elle s'est dit qu'il faudrait qu'elle meurt pour que tout cela se termine. Mais jamais elle n'a souhaité mettre un terme à ses jours. -"J'ai toujours pensé que j'aurais un rôle à jouer, un jour, un rôle important dans cette pièce de théatre qu'est la vie..." ajoute-t-elle. -"Je sauverais votre bébé. Et vous. Et ce monde si je le peux." Elles se regardent, sans dire quoi que ce soit. Et la jeune noble approche sa bouche de celle de la vampire et l'embrasse. Lunalesca a d'abord un mouvement de recul mais finalement accepte ce baiser. Un baiser qui ne ressemble en rien à ceux que son père lui imposait, seule personne avec qui elle a eu des relations "intimes". Elle comprend une chose en enlaçant Constantia: Elle l'aime. Elle l'aime plus que tout en ce monde, c'est une sensation qu'elle ne connaissait pas. La jeune noble comprend ce que Anton lui avait dit dans les cachots mais avant cet instant, elle ne voyait pas. Elle aime cette vampire, malgré ce qu'elle est, malgré qui elle est. Enlacées et s'embrassant, Constantia et Lunalesca cessent de penser à ce monde en train de s'effondrer, pour quelques heures tout du moins. Pendant que Brühm attend de récupérer sa fille pour la sacrifier et déclencher l'Apocalyptis, que les royaumes et nations montent des armées pour détruire les vampires et se partager les restes des richesses d'Exelium, les vampires et les "mortis" font désormais la loi sur ce qui fut les territoires de la République, rendant le voyage que Lunalesca et Constantia vont devoir faire pour tenter de sauver Éphraïm particulièrement périlleux et incertain... ----------------------------------------------- ![]() ![]() ![]()
Musique par Brittani Reyes ![]() Sorti le 03 février 2046 (Semaine 2144) Entrées : 26 381 261 url : http://www.cinejeu.net/index.php?page=p&id=54&unite=fenetre§ion=vueFilm&idFilm=25332 |