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Gérard Cousin Prod présente
Unhollywood

-1947-  

----- Sang d'Encre -----  

Jack Cooper se demande parfois ce qu'il fiche ici, à Los Angeles, cette foutue cité des Anges et son industrie cinématographique qui attire les Âmes perdues comme une flamme attire les papillons et leur brûle les ailes! Jack est un auteur raté, ayant quitté son Massachusetts natal pour venir ici, en Californie, pour vivre ses rêves de gloire et de célébrité. Mais rien de tout cela ne s'est produit: Rien de se qu'il écrit ne plaît et son seul moyen de subsistance, c'est de bosser comme figurant sur des tournages, de faire le livreur parfois aussi. Non, rien n'a fonctionné pour lui depuis qu'il est arrivé ici. Il regarde les néons depuis la fenêtre de sa chambre, en fumant une cigarette.  

-"Jack, tu pourrais fermer la fenêtre? J'ai froid..."  

Il se retourne et voit, enroulée dans les draps Michelle, sa petite-amie, une chic fille à la blondeur de blé. Elle aussi venue à LA pour faire carrière dans le cinéma, elle aussi n'y arrivant pas. Jack sourit en écrasant sa clope, se disant que dans ce tas de merde qu'est sa vie, il a au moins un rayon de soleil en la personne de Michelle, la petite-amie idéale. Et qui l'aime comme personne ne l'a aimé avant. C'est un sentiment agréable pour lui.  

 

Jack sait qu'il devrait essayer d'écrire mais comme souvent, il préfère sortir, essayer de penser à autre chose qu'à sa vie merdique. Et ça se finit, comme souvent, dans un bar où il claque ses derniers dollars en alcool de toute sorte, le moins cher de préférence.  

-"Toi, ça va pas, mon vieux!"  

Le scénariste raté tourne la tête et voit son ami Clarence lui faire un grand sourire. Il s'assied à côté de lui, commande à son tour et fixe Jack dans les yeux. -"Alors? Quel est le problème? Michelle ne te voit plus comme l'homme parfait?"  

Il secoue la tête.  

-"Cela t'est déjà arrivé de vouloir tout quitter et laisser cette foutue ville derrière toi?"  

Clarence reconnaît que ça lui a traversé l'esprit: Scénariste et auteur lui aussi, il a connu des difficultés pour véritablement débuter dans le milieu. Des débuts qu'il doit à Stan Lloyd, la plus grande star masculine de Hollywood. Depuis, le jeune homme vit bien et ses scénarios sont achetés par les studios. Mais il n'a pas oublié ses années de galère, pas plus qu'il n'a oublié les amis de l'époque comme Jack, raison pour laquelle lui propose un job.  

De la main, Jack assure que ce n'est pas nécessaire: Il va bosser comme figurant dans diverses productions, de quoi tenir encore un peu.  

-"Je te propose un boulot de pigiste! Je peux en parler à Stan, il acceptera..."  

Jack sourit en se demandant quel tête feraient toutes les femmes si elles savaient que leur "idole" Stan Lloyd, l'homme à femmes, le séducteur dans ses films comme dans la vie, n'a aucun goût pour la gent féminine et file le parfait amour depuis des années avec Clarence?  

-"Merci mais je vais me débrouiller seul."  

Son ami n'insiste pas, sachant que Jack est aussi têtu qu'une mule.  

-"Mais sache que ma proposition reste sur la table!" conclut-il avec un sourire.  

 

De retour dans son modeste appartement, Jack décide d'écrire un peu, il a une histoire qu'il aimerait proposer à un journal, rien de grandiose mais juste de quoi gagner quelques maigres dollars.  

Mais il a la mauvaise surprise de constater que sa vieille machine à écrire, qui a fait le voyage avec lui depuis le Massachusetts, a définitivement rendu l’âme puis que le E, le R et le A ne fonctionnent plus, sont cassés. Sous le coup de l'énervement, il la jette violemment au sol, prenant sa tête entre ses mains, retenant avec peine ses larmes de rage.  

Michelle arrive à ce moment-là, visiblement ravie.  

-"Jack... Tu ne vas pas croire qui j'ai rencontré? Ashley Randolph!"  

Mais Jack se moque éperdument que sa petite-amie aie rencontré l'actrice la plus populaire, la plus brillante et la plus connue d'Hollywood.  

A ce moment précis, il n'a qu'une envie, aller traîner en ville, ne plus penser.  

-"Tu veux que je vienne avec toi?" demande-t-elle timidement à Jack mais ce dernier, d'un ton cassant, lui assure qu'il n'en a aucune envie. Il quitte l'appartement en claquant la porte. Jack marche sans savoir où il va, en plus, il s'est mis à pleuvoir peu après qu'il ait quitté l'appartement.  

 

Il traîne les pieds, épuisé et fatigué, fatigué de vivre cette vie de merde, sans véritable espoir de s'en sortir, enfin. Il trébuche, se rattrape sur une poubelle mais tombe lamentablement au sol.  

-"Pourquoi? Pourquoi dois-je subir cela?" pleure-t-il en étant toujours au sol.  

En relevant la tête, il découvre, tombée de la poubelle, une machine à écrire comme neuve. Jack pense à un signe du destin: Il se relève, inspecte rapidement la machine, qui semble neuve et en parfait état! Un grand sourire illumine le visage du jeune homme qui décide de la prendre et de la ramener chez lui.  

A peine de retour, il décide de se mettre à l'écriture.  

Lorsque Michelle rentre dans la soirée, elle a l'agréable surprise de voir son homme taper, encore et encore, semblant très inspiré mais surtout, il sourit, content de ce qu'il est en train d'écrire. C'est si rare de le voir comme cela. Les jours suivants, ayant une inspiration comme jamais, Jack écrit et écrit encore. Il va déposer les nouvelles au siège des journaux locaux qui en publient de temps en temps, contre quelques dollars. Si au moins un des journaux en publie une, ça sera vraiment merveilleux!  

 

Jack est avec Michelle lorsqu'on frappe à la porte de l'appartement. N'attendant personne, ils sont surpris surtout à une heure si tardive. Il va ouvrir et fait face à des représentants des trois journaux auxquels il a déposé des nouvelles.  

-"Je suis là pour vous faire signer un contrat d'exclusivité! Votre nouvelle est formidable!" s'exclame l'un d'eux, un petit gros chauve. Mais un plus jeune, filiforme, assure que le journal qui l’emploie lui donnera des conditions d'exclusivité encore plus avantageuses, c'est certain! Jack, rejoint par Michelle, n'en croit pas ses oreilles. En quelques semaines, Jack est devenu l'écrivain en vogue et son boulot n'est pas passé inaperçu auprès de certaines personnes du milieu cinématographique.  

 

-"Je suis pas à l'aise, habillé comme ça..." maugréait Jack, en tirant sur son nœud papillon.  

Michelle a beau lui assurer qu'il est parfait, il n'en croit rien. Ils se rendent à une soirée de gala, organisée par une obscure association de bienfaisance, mais où il y aura le tout Hollywood. Jack a été invité, pour que certains puissent discuter avec lui. Donc, sur son 31, accompagné de Michelle, il pénètre dans la salle, cherchant du regard des gens qu'il connaît...  

Mais que par les journaux, par les films, pas réellement!  

Jack se tranquillise en voyant Clarence. Son ami est en discussion avec son amant, la star Stan Lloyd et son épouse Martha mais aussi avec le producteur Artie Spiegel.  

-"Michelle, vous ne me présentez pas à votre ami?"  

Ashley Randolph est sublime dans sa robe de soirée. Jack la trouvait magnifique dans les films où cette grande actrice a joué mais de visu et de près, elle est encore plus attirante. Elle a beau avoir la quarantaine bien tassée, elle parait infiniment plus jeune. Michelle, qui est un peu devenue l'une des protégées d'Ashley depuis leur rencontre, lui présente Jack, ce qui semble ravir la vedette.  

-"J'ai lu vos nouvelles et je dois vous avouer ne jamais en avoir lues d'aussi bonnes! J'en parlait il y a peu avec Stan et Artie: J'adorerais que vous écriviez le scénario de mon prochain film! Vous avez un style et une imagination débordante..."  

Ashley se rapproche de Jack et conclut:  

-"...nul doute que vous ferez de moi ce que vous voudrez, en me créant un rôle absolument fabuleux."  

Le cœur de Jack bat la chamade alors que l'actrice est proche de lui: Elle dégage un tel magnétisme, une telle beauté...  

-"Ce serait avec un grand plaisir, madame Randolph."  

Elle met son index sur les lèvres de l'auteur:  

-"Pour vous, très cher, ce sera Ashley."  

Elle fait signe à sa secrétaire qui ne la quitte jamais, Miss Weiss, de donner sa carte à Jack.  

-"Si vous aviez la moindre question, appelez-moi. Katherine, donnez lui ma carte."  

La secrétaire rousse s'exécute.  

-"Bonne soirée, Jack."  

Ashley se tourne vers Michelle, lui caresse la joue en lui faisant un petit sourire:  

-"Michelle, définitivement, vous êtes à croquer, ce soir..."  

Il est presque jaloux du regard que Ashley pose sur sa petite-amie.  

 

Jack s’attelle à écrire le scénario dont il rêve depuis longtemps: Un polar noir, une histoire très sombre et qui va beaucoup jouer sur le duo d'acteurs qui incarnera le détective et la sœur de l'une des victimes. Lorsqu'il se met à écrire, il voit que la peinture de sa machine à écrire s'écaille un peu, chose qu'il n'avait pas vu auparavant. Mais bon, qu'importe, il l'a trouvée dans une poubelle, c'est pas grave si elle est un peu abîmée. Et il peut facilement s'en acheter une neuve désormais. Il devient un boulimique de travail, il écrit jour et nuit, mais ce n'est pas ça qui inquiète Michelle: Son petit-ami maigrit de plus en plus, son teint est cireux, maladif, ses orbites se creusent à cause du manque de sommeil. Pire, leur appartement exalte une odeur nauséabonde, sans que la jeune femme ne comprenne d'où cette odeur vient.  

-"Jack, tu devrais te reposer..."  

Mais il n'est pas d'accord: Il doit écrire, il a deux nouvelles en chantier, son roman et le scénario pour Ashley!  

-"Pourquoi te donnes-tu tant de peine? Ce que tu écris est fabuleux! Repose-toi, mon chéri, je m'inquiète pour toi..."  

Jack se moque éperdument de ce que Michelle peut dire.  

La jeune femme doit rejoindre Ashley, elle vient embrasser son chéri et s'apprête à quitter l'appartement lorsque son regard tombe sur une feuille posée à côté de la machine. En lisant ces lignes, elle semble subjuguée.  

-"C'est formidable! C'est une nouvelle? Un début de roman?"  

Jack la regarde sans comprendre.  

-"Cela t'amuse de te moquer de moi?"  

Michelle n'a pas envie d'une nouvelle prise de bec et préfère partir après avoir reposé la page. Jack la prend et regarde à son tour ce qu'il y est écrit: Rien, juste des tests pour voir si le ruban était bien imbibé d'encre. Il a tapé au hasard sur la machine, juste pour essayer, il n'a rien écrit et, malgré ce qu'a dit Michelle, il n'y a rien à lire ou à comprendre, juste une suite de lettre et de caractères sans signification.  

 

Jack est couché sur son lit, fumant et réfléchissant à tout ça. Il décide d'écrire une page volontairement sans sens, appuyant sur les touches au hasard. Il s'assied et commence à taper sur la machine à écrire, constatant qu'elle semble être sacrément détériorée, on dirait presque qu'elle va partir en morceau. Il récupère la page, passe devant le miroir et voit son visage de cadavre.  

Même lui n'en revient pas!  

Mais il manque de sommeil, ce doit être ça.  

Il se rend chez Clarence pour lui faire lire sa page qui n'a pas le moindre sens mais sa logeuse lui explique qu'elle n'a l'a pas vu depuis presque une semaine. Jack se dit qu'il a dû partir en compagnie de Stan sur un tournage. En désespoir de cause, il décide de se rendre au studio pour faire lire ça à Ashley. Cette dernière, en compagnie de Miss Weiss, relit ses répliques avant de tourner une scène de son nouveau film. Si Katherine s'interpose entre Jack et Ashley, cette dernière dit à sa secrétaire de le laisser passer.  

-"Quel bon vent vous amène, Jack?"  

D'un signe de la main, elle congédie Miss Weiss, pour rester seule avec l'auteur et scénariste.  

-"Voila, j'ai écrit cela et j'aimerais votre avis..."  

Ashley lui fait un sourire qui ferait fondre le cœur de n'importe qui. Elle prend la page, la lit avant de déclarer:  

-"Est-ce une plaisanterie?"  

Il semble soulagé jusqu’à ce qu'elle ajoute:  

-"Pourquoi ce n'est pas dans le scénario que vous écrivez pour moi?"  

Jack ne comprend plus: Les gens sont subjugués même lorsqu'il écrit "rien", juste des caractères au hasard?  

-"Que lisez-vous sur cette page?"  

Ashley ne saisit pas la question. Et elle constate, en le regardant mieux, qu'il a une mine affreuse.  

-"Vous allez bien? Je peux faire venir mon médecin personnel si vous..."  

Il secoue la tête, assurant que non, il n'en a pas besoin.  

 

Il arpente les rues, ne comprenant pas ce qui se passe. En marchant, il voit que l'un de ses ongles est noir: Il a dû se coincer le doigt, qu'importe. En rentrant chez lui, il est assailli par l'odeur nauséabonde, comme celle d'une charogne en état de putréfaction avancée. Il cherche d'où vient l'odeur et découvre que ça vient de sa machine à écrire: Elle semble se "putréfier" à l'intérieur, chose impossible pour un objet en métal. En la voyant, et malgré l'odeur, il n'a qu'une envie: Écrire! Mais ses doigts le font souffrir de plus en plus. Il revoit cet ongle noir et décide de l'inspecter sous la lampe: Jack découvre avec horreur que dans le noir, sous son ongle, il y a une lettre, similaire à celle des touches de sa machine!  

En se regardant dans la glace, une idée folle lui traverse l'esprit: Et si cette machine était en train de le tuer, aspirant sa vie, son Âme, son sang. Comme si elle se nourrissait de tout ça pour lui permettre de trouver l'inspiration mais aussi le succès. Jack est pris de douleur dans le ventre, dans les membres, il tombe au sol, se tordant de douleur, il constate avec horreur que ses doigts se transforment en barres de lettres, il tente de crier mais sa mâchoire se déforme, se transforme, en un cadre de machine, il jette un œil horrifié en direction de la table où sa machine est en train de fondre littéralement, pourrissant à vu d’œil, au sol il se tord, se transforme, il s'agite, frappe sur le mur de ses bras, un sang noir gicle...  

Ce n'est pas du sang mais de l'encre!  

Jack agonise, devenant une machine à écrire à son tour...  

 

 

----- Un Cadavre dans le Placard -----  

-"Alors? Qu'est-ce que cela vous fait de débuter, d'ici quelques jours, le tournage d'un film que vous avez écrit?" demande le journaliste Ben Gordon.  

Stan Lloyd sourit, tout en fumant, assurant que c'est un véritable rêve pour lui de jouer un film qu'il a écrit.  

-"Vous savez, Ben, je suis un artiste dans tous les sens du terme: J'écris et j’interprète avec la même facilité. Je suis très content que mon ami Artie Spiegel ait accepté de produire ce film."  

L'entretient dure plusieurs minutes avant que le journaliste ne décide qu'il a assez de matière pour écrire son article, un article comme toujours très favorable à Stan. La star rejoint son épouse, Martha. Elle lui assure qu'il était comme toujours: Impeccable dans son rôle de "star" assez imbu de lui-même.  

-"Mais ça, mon chéri, ce n'est pas un rôle, n'est-ce pas?"  

Venant de n'importe qui d'autre, cette petite "pique" ne serait pas passée: Stan est connu pour ses excès de colère et son tempérament violent. Mais Martha a une sorte de "sauf conduit" avec lui, le lien entre les deux époux est fort et ce même si ce n'est qu'un mariage arrangé entre un homosexuel et la fille d'un magnat de la finance. Ils ont développé un lien amical fort tous les deux, vivants ensemble pour donner le change mais ayant chacun une vie sentimentale et amoureuse épanouie en dehors du mariage, Stan et ses amants, Martha et la relation incestueuse qu'elle entretient avec son père depuis son jeune age. C'est d’ailleurs en connaissant les préférences de Stan que Winthrop Aldrich a arrangé ce mariage, désireux que sa fille ait un mari qui ne la toucherait pas.  

Ces derniers mois, Stan n'a guère le loisir de draguer ou de passer du temps avec Clarence, son amant: En effet, il œuvre à la concrétisation du scénario qu'il a écrit pour en faire un film. Bien sur, il a été rapidement soutenu par sa chère amie Ashley Randolph, qui a accepté d’apparaître dans le film, mais aussi de Artie Spiegel qui va produire ce grand projet dans la vie de Stan. Un film qui sera mis en scène par Byron Leonard, l'ex-mari d'Ashley.  

Tout se présente sous les meilleurs hospices pour ce film qui va être tourné dans le tout neuf plateau des studios appartenant à Artie.  

 

Les techniciens s'affairent car c'est aujourd’hui le grand jour, le premier jour de tournage de "The Bells of Heaven", écrit par Stan Lloyd, un drame amoureux où un gangster et la femme de son Boss entretiennent une liaison clandestine.  

-"Tu n'es pas anxieuse?" demande Anna à son amie Michelle.  

Cette dernière secoue la tête: Non, pas vraiment.  

Faisant partie des "protégés" d'Ashley Randolph, elles ont été recommandées sur ce film par la star, désireuse de jouer quelques scènes avec ses deux jeunes protégées. Michelle devrait être aux anges d'avoir enfin décroché un second rôle, assez bien payé en plus. Mais non, le cœur n'y est pas. Anna pose sa main sur celle de son amie, comprenant ce qu'elle a: Michelle ne s'est pas remise de la disparition de son petit ami, Jack. En rentrant, Michelle avait trouvé sa machine à écrire, abandonnée au sol, et rien d'autre. Jack n'a pris aucun vêtement, aucune affaire mais n'est pas réapparu depuis plus d'un mois maintenant. Elle est allée voir la police mais ils n'ont rien fait concernant cette disparition. Alors que Michelle s'apprête à parler de son petit-ami disparu, la Packard 120 convertible blanche d'Ashley stoppe devant l'entrée du studio.  

Miss Weiss descend et va ouvrir la portière d'Ashley. Elle marche en direction de Michelle et d'Anna, ravie de constater que ses protégées sont là, à l'heure et déjà passées au maquillage. Le regard de braise d'Ashley croise celui de Michelle: La jeune actrice blonde ne sait pas vraiment comment elle doit comprendre les "signes" d'Ashley. Est-ce qu'elle la voit comme sa "protégée", comme une amie... Ou autre chose?  

 

Une heure plus tard, le tournage est vraiment lancé, commençant par une scène entre Stan et Ashley, incarnant respectivement le gangster et la femme de son Boss.  

-"Je pourrais le tuer pour toi, pour nous..."  

Elle secoue la tête, comprenant que tout cela n'est que de la vantardise.  

-"Je sais bien qu'il te fait autant peur qu'à moi, plus même peut-être. Et c'est pour ça..."  

Un bruit assourdissant emplit le studio lorsqu'une rangée de projecteurs se décroche du plafond et manque d'écraser Stan!  

-"Coupez bon sang!" hurle le réalisateur qui va tout se suite sur le plateau voir si Ashley, son ex-femme, va bien. Stan étant déjà entouré d'assistants, de Martha et de Artie, venus voir si sa star n'était pas déjà blessée après même pas une scène de tournée! Michelle et Anna n'en reviennent pas: Stan aurait pu être tuer sur le coup!  

La star et scénariste est furieuse et se précipite vers l'éclairagiste, hurlant, l'invectivant!  

-"J'ai failli mourir, espèce de connard!"  

Dans son accès de rage, il frappe l'éclairagiste et hurle qu'il est viré. Artie, tout en fumant son cigare, confirme.  

-"Et n'espère plus travailler sur un film! Tu es grillé!" ajoute Stan, toujours aussi furieux.  

Son épouse lui dit de se calmer et l'amène à l'écart.  

-"Mes chéries, c'est aussi ça notre métier: Vivre l'improbable." commente Ashley, de manière assez détachée, attendant que Miss Weiss allume sa cigarette. Anna comme Michelle sont sous le choc, ce que semble voir la célèbre actrice.  

-"Ne vous en faites pas, cet amour de Stan va bien."  

 

Le lendemain, tournage reprend, Ashley tourne toutes ses scènes, dont celles avec Michelle et Anna avant de partir sur un autre tournage, dans la vallée cette fois.  

-"Ne vous tracassez pas, mes chéries, Byron ne vous embêtera pas, il sait que vous êtes mes protégées."  

Michelle s'était rendue compte que le réalisateur n'était pas, avec elles deux, comme avec les autres filles du plateau: Se montrant obséquieux vis à vis des femmes, avant de se laisser bien souvent aller à des privautés plus que déplacer, Byron est toujours gentil et son comportement est différent avec elles. Les deux débutantes ne s'en plaignent pas.  

Michelle n'a pas encore tourné de scène avec Stan mais c'est ce qu'elle s'apprête à faire: Pour la jeune actrice, donner la réplique à ce monstre sacré du cinéma, c'est quelque chose.  

L'acteur Anglais Geoff Goodman est avec eux sur le plateau.  

-"Action!"  

Dans un décor de snack, Stan, assis au comptoir, regarde dédaigneusement Geoff. Ce dernier fume une cigarette en fixant le gangster.  

-"Je crois qu'on s'est mal compris Jo: C'est pas une suggestion que je te fais, c'est pas un truc que tu peux négocier, c'est comme ça que ça va se dérouler." déclare Geoff.  

Stan ricane:  

-"Hors de question que je bosse avec la flicaille: Je suis pas un indic ou une balance, inspecteur Sullivan."  

L'Anglais s'approche de lui, sort son arme et appuie le canon sur le crane du gangster.  

-"J'ai comme dans l'idée que tu n'as pas le choix..."  

Michelle, vêtue en serveuse, arrive dans le champs, assez terrifiée par ce qui se déroule devant elle.  

-"Messieurs, aller faire ça dehors ou j'appelle la police!"  

Geoff sort sa plaque et la lance sur le comptoir.  

-"Elle est déjà là, la police, mignonne..."  

Stan demande au réa de le remplacer par sa doublure pour le reste de la scène vu qu'on ne voit pas son visage. Le tournage reprend, Geoff a repris sa position, son flingue contre le crane de la doublure de Stan, Michelle leur fait face.  

-"Alors? Encore un truc à dire, Jo?"  

Le coup de feu est violent, inattendu: Geoff a tiré et le crane de la doublure a explosé!  

Michelle est éclaboussée de sang, de morceaux de cervelle et de bouts d'os! C'est la stupeur sur le plateau, c'est l'horreur totale aussi. Certains des techniciens vomissent, les secours sont appelés, Stan regarde avec horreur ce qu'il reste de sa doublure.  

-"J'ai pas tiré! Je vous jure que j'ai pas tiré! J'ai même pas touché la gâchette!" se lamente Geoff en larmes. Michelle s'effondre. C'est la panique sur le plateau.  

-"Appelez la police et un médecin!" hurle Byron dans ce brouhaha.  

 

L'inspecteur Jeff Harvey regarde le va et vient de ses collègues en uniformes. Dans son costume sur mesure, ilécoute les explications de Adam Spiegel, avocat du tout Hollywood mais surtout frère cadet du producteur Artie Spiegel.  

-"Jeff... Je t'ai tout expliqué: Mon frère va perdre beaucoup d'argent si ça s'ébruite, et Geoff va être dans une merde noire. Tu peux nous trouver une solution?"  

L'inspecteur hausse les épaules: Y'a toujours une solution, cela dépend juste du nombre de zéros. Surtout lorsqu'une vraie balle s'est retrouvée sur un plateau de tournage.  

-"Après, faudra peut-être voir avec mes supérieurs."  

L'avocat marron lui assure que les zéros, c'est pas ce qui va manquer, ni pour lui, ni pour sa hiérarchie. Jeff réfléchit avant d'ajouter:  

-"Je peux te trouver un négro camé jusqu'aux yeux et lui faire porter le chapeau pour le meurtre. Je te laisse te débrouiller avec le procureur pour les détails."  

Cela satisfait Adam qui s'empresse d'expliquer le tout à son frère aîné.  

-"Suffit que personne ne parle et on va s'en sortir sans soucis. Appelle Ben, explique-lui ce qui s'est passé et on avisera." conclut Adam alors qu'Artie explique que tout sera fait pour le mieux.  

-"Qui sont les acteurs ou actrices sur le plateau, Geoff mis à part?"  

Artie parle de Michelle et d'Anna.  

-"Elles sont surs, ces greluches?"  

Artie ricane en s'allumant un cigare:  

-"C'est des protégées d'Ashley...  

Alors "sures" ou pas, on s'en balance, non?"  

Adam a un grand sourire: Effectivement.  

 

Stan s'enfile whisky sur whisky.  

Assis dans le confortable fauteuil de son bureau, il cogite pas mal: Oui, c'est lui qui aurait dû être là, à se faire exploser le crane, pas sa doublure. Idem pour la rangée de projecteurs.  

Martha rejoint son mari.  

-"C'est moi qui était visé! Moi, tu entends?"  

Elle lui assure que ce sont des accidents, rien d'autres! Mais l'acteur le plus populaire d'Hollywood sait que non, ce n'est pas "que" ça.  

-"Je dois voir papa ce soir..." hasarde-t-elle.  

Il lui dit de bien s'amuser, puis il se lève, regarde par la fenêtre.  

Lorsqu'il entend des pas dans le couloir...  

Il voit monter Martha dans la limousine de son père mais les bruits de pas continuent. Stan pose son verre, se disant que si l'un des domestiques s'amuse à lui faire peur, il risque de le regretter douloureusement. Il ouvre la porte et il n'y a rien, ni personne dans le couloir. A peine retourné, il entend un sifflement, étouffé mais que Stan distingue malgré tout. Il décide d'aller prendre l'air: Il grimpe dans sa Jaguar Mark IV coupé décapotable et démarre, allant s'aérer l'esprit dans Los Angeles "by night".  

 

Cheveux au vent, Stan ne pense à rien, roulant sans but sur les routes bordant la colline où s'illustre en gros le signe "HOLLYWOODLAND" ou plutôt "OLLYWOODLAND" puisque le "H" est complètement effondré. D'ailleurs, c'est toutes ces foutues lettres qui sont sur le point de s'effondrer. Naviguant dans les rues du centre de LA, alors qu'il arrive à un feu, Stan sent que les freins de la Jaguar ne répondent pas! Il a beau appuyer, rien n'y fait! La Jaguar est percutée par un autre véhicule, l'envoyant s'écraser contre un mur, ce qui stoppe finalement sa course. Stan, le visage en sang, ne comprend pas ce qui vient de lui arriver: La voiture a été révisée récemment, les freins n'avaient pas de problème durant tout le trajet. Avant de sombrer dans l'inconscience et alors que les sirènes retentissent, il voit le panneau avec le nom de la rue: "S Clarence Street"...  

A son réveil, Stan est entouré de Martha mais aussi de Adam, préférant rester là, les policiers voulant interroger la star sur son accident.  

-"Stan, ne dis rien, je vais arranger les choses, ne t'inquiète pas!"  

Néanmoins, l'avocat est aussi là à la demande de son frère pour voir si le visage de Stan est abîmé ou si sa convalescence va retarder le tournage. D'après les médecins, ce n'est pas très grave et avec du maquillage, et sans le filmer en gros plan, ça passera dans un premier temps et ça cicatrisera vite. Stan est terrifié, sachant que ça ne peut pas être un hasard, oh non.  

-"Tu es sur que ça va, chéri?" demande Ashley en regardant le visage de son ami.  

Il ne répond pas. Il repense à cette nuit, à Clarence...  

Non, c'est impossible!  

 

-"Pourquoi tu m'as amené ici?"  

Clarence ne comprend pas trop, regarde le chantier sur lequel son amant, Stan, l'a conduit. Il fait nuit, une légère brise ébouriffe les cheveux du jeune scénariste. -"J'aimerais que l'on parle de "The Bells of Heaven"." déclare Stan.  

Son petit-copain perd son sourire: Ils en ont déjà parlé et la réponse est non!  

-"Ce scénario, j'y ai mis toute mon Âme, tout mon cœur! Et il est hors de question que je laisse quelqu'un être crédité à ma place!"  

L'acteur est agacé: Ce scénario est un pur chef d’œuvre en devenir!  

-"Écoute, fais cela pour moi, pour ma carrière!"  

Stan vient vers Clarence, lui prend les mains. Mais le coup du sourire charmeur ne marche pas cette fois-ci: Le scénariste retire ses mains de celles de son amant avec vigueur.  

-"Je t'aime comme je n'ai jamais aimé personne mais la réponse est non!"  

Stan perd patience, ouvre le coffre de sa Jaguar et en sort un hache. Clarence se retourne, ne comprenant pas ou plutôt, ne comprenant que trop bien les intentions de son amant!  

-"Tu es fou! Tu ne vas pas me tuer quand même?"  

Stan assure que tout le monde se fout d'un vulgaire scénariste dont personne ne se souviendra du nom, ni même s'il a existé un jour.  

-"Moi, je suis Stan Lloyd, je suis une légende du cinéma et je le resterais bien longtemps après ma mort! Mais toi, petite gouape de merde, tu seras sous une dalle de béton, comme un chien crevé sans talent!"  

Clarence est hors de lui:  

-"Sans talent? Tu veux me tuer pour me piquer mon scénario car tu le trouves si bon!"  

La seule réponse de Stan, c'est d'abattre sa hache sur le crane de son amant, le fracassant en deux! Puis, il tire le corps, le met dans le béton encore frais et attend qu'il l'ait complètement englouti...  

 

Il fait nuit et Stan a pris un taxi pour rejoindre le studio: Il a besoin de se changer les idées. Les gardiens l'ont laissé rentrer sans difficulté, le connaissant bien. Il déambule sur les plateaux où "The Bells of Heaven" est en train d'être tourné. Il entend des pas derrière lui, il se retourne et voit la silhouette de Clarence, son crane fracassé, une silhouette décharnée et rongée de toutes parts.  

-"Tu es revenu ici, là où tu m'a tué et abandonné... Là où tu tournes MON scénario sous TON nom!" La voix est horrible, cadavérique, à chaque mot, on a l’impression que celui qui fut Clarence va vomir.  

-"Pourquoi me fais-tu ça?" hurle Stan.  

Clarence est déjà derrière lui:  

-"Je t'aimais... Et toi, tu m'as tué de manière abjecte!"  

Stan voit la hache d'incendie dans les mains décharnées de Clarence. Mais avant qu'il n'ait pu réagir, il est frappé au crane, tombant lourdement sur le sol de béton. Le célèbre et adulé acteur agonise mais il est toujours conscient. Clarence se baisse et lui murmure:  

-"Pour toi, les cloches du Paradis ne retentiront pas, seules celles de l'Enfer le feront...  

Et nous partagerons ce sépulcre à jamais!"  

Stan sent des picotements sur tout son corps, il se sent plaqué sur la dure et glaciale dalle de béton, sa peau, son sang, sa chair, ses os, tout semble fusionner avec le béton, il est attiré vers le bas, crie ou plutôt tenter de crier mais sa trachée, ses cordes vocales ont déjà été absorbées, ne faisant plus qu'un avec le béton, la moindre parcelle de son corps se diluant dans le sol, s'enfonçant toujours plus profondément jusqu'à disparaître complètement, comme s'il n'avait jamais existé...  

 

 

----- Belles à Croquer -----  

-"Elle vient cette commande?"  

Michelle hoche la tête, amenant au client de ce misérable snack du centre de LA son repas. Et comme si la mauvaise humeur et l'arrogance de ce représentant en assurance ne suffisait pas, lorsqu'elle retourne vers le comptoir, le client lui met une main aux fesses...  

Vraiment, ce n'est pas du tout ce qu'elle espérait en quittant Blossom, Alabama: Plutôt jolie et au sourire charmant, elle s'était mis en tête de venir à Los Angeles pour devenir actrice pour le cinéma et devenir par la même occasion une "star". Quel ne fut pas sa déconvenue: Michelle était sure de "réussir" mais elle se rendit compte que s'il y avait beaucoup d’appelées, il n'y a, malheureusement pour elle, que très peu d'élues. En fait, le seul point positif pour la jeune femme à Los Angeles, c'est d'avoir rencontrer Jack, un scénariste et écrivain "de talent", elle en est persuadée, mais qui, comme elle, n'a pas la chance d'avoir eu l'opportunité de le prouver et d'avoir du succès avec ce talent. Évidemment, ce n'est pas vraiment facile pour eux mais ils affrontent tout ça "ensemble", ce qui est mieux que rien.  

Michelle rentre enfin chez elle, en compagnie de son amie Anna. Toutes les deux marchent sur le trottoir, discutant et papotant.  

Lorsque la discussion vient immanquablement sur Jack: Anna semble un peu "jalouse" de Michelle parfois et de sa relation avec un écrivain certes "raté" mais qui a au moins le mérite d'être là, avec elle. Anna, elle, n'a rien, ni personne dans sa vie...  

-"Tu vois, ce qu'il nous manque à toi et à moi, c'est un "réseau", quelqu'un qui pourrait nous aider à faire nos débuts. Jack est bien un bon copain de Clarence Smith, non? Peut-être il pourrait nous le présenter?"  

Anna attend la réaction de son amie à son "idée".  

En fait, Michelle, la tête tournée vers l'autre côté de la rue, n'a pas vraiment écouté Anna, tant son attention est focalisée sur une sublime Packard 120 convertible blanche, attendant devant le "Club Alabama", un club de jazz à la mode, situé sur Central Avenue. Elle ne peut détacher son regard de la Packard. Anna insiste pour continuer leur route mais son amie refuse: Elle connaît cette voiture, c'est celle d'Ashley Randolph, elle en est sure! Elle hésite mais finalement, elle décide de traverser la rue pour rejoindre la voiture, espérant croiser la plus grande star que compte Hollywood actuellement...  

Son amie tente de la stopper:  

-"Et tu vas lui dire quoi? Faire la "fan" ou quelque chose du genre?"  

Michelle n'en sait rien mais elle se dit qu'elle doit y aller.  

-"Tu viens de dire qu'ils nous faut un "réseau"? Ashley Randolph n'est pas "un" réseau, elle est "le" réseau à elle seule..."  

Ashley sort du club, discutant avec le propriétaire qui a insisté pour la raccompagner. Aux côtés de la star, on trouve Miss Weiss, la mutique secrétaire et chauffeur d'Ashley. La star s'apprête à monter en voiture lorsque Michelle et Anna la rejoignent. Immédiatement, Miss Weiss s'interpose entre elles et l'actrice mais Ashley lui fait signe que tout va bien.  

-"J'ai vu tous vos films..." murmure Michelle, ce qui fait sourire son interlocutrice.  

-"Je dois vous avouer une chose, je n'ai vu aucun de mes films!"  

Elle part dans un franc éclat de rire, imitée par Anna et Michelle. Ashley ne quitte pas sa "fan" du regard, observant la délicatesse de ses traits, la blancheur de sa peau, les quelques taches de son qui ponctuent légèrement le visage de Michelle...  

-"Êtes vous actrice?"  

Michelle assure que c'est son rêve, elle court les castings avec Anna mais pour l'instant, cela ne débouche sur rien...  

-"Comment? Avec ce visage, cet attirant sourire? Cette "présence"? Écoutez, je dois rentrer, je suis épuisée et j'ai une journée marathon demain. Mais faite moi le plaisir de venir chez moi, demain soir, pour dîner toutes les trois. Nous apprendrons ainsi à mieux nous connaître et à voir ce que nous pouvons faire de vous. Katherine, donnez leur ma carte."  

Miss Weiss s'exécute puis monte en voiture.  

-"Je ne sais comment vous remercier, madame Randolph..."  

Ashley lui sourit avant d'ajouter:  

-"En m’appelant par mon prénom, chérie..."  

 

Michelle et Anna, toute endimanchées, se tiennent devant la grille du portail de l'immense propriété de l'actrice, là où le taxi vient de les déposer. Les deux jeunes femmes sont particulièrement tendues à l'idée de rencontrer de nouveau Ashley, chez elle de surcroît.  

-"Tu ne sembles pas bien?" s'inquiète Anna.  

Son amie lui dit juste qu'elle s'est disputée avec Jack, encore, mais elle n'a pas envie d’en parler pour le moment. Un employé vient leur ouvrir et les conduit à travers les jardins magnifiquement entretenus, illuminés par le soleil qui se couche sur la ville. A l'intérieur de l'immense villa, Anna et Michelle découvrent un luxe et un faste qu'elles n'auraient pas imaginé. Dans le salon, Miss Weiss se tient debout, à côté du canapé alors qu'Ashley arrive, sublime dans sa robe éthérée, souriante et attirante comme jamais. En fait, Michelle se dit qu'elle est "comme dans les films" mais dans la vraie vie, ce qui est tout bonnement incroyable.  

-"Mes chéries! Je suis si contente de vous voir. Prenez un siège. Katherine, allez prévenir les domestiques et laissez-nous."  

Miss Weiss hoche la tête et quitte les lieux sans dire un mot.  

Pour Anna et Michelle, cette soirée est extraordinaire: Ashley leur parle comme si elles étaient amies depuis des années, l'ambiance est des plus chaleureuses et les deux jeunes femmes se sentent très bien auprès de la "star" qui a une sorte de "magnétisme" incompréhensible sur elles.  

Après le repas, tout en fumant, Ashley décide de leur annoncer la bonne nouvelle:  

-"Mes chéries, vous m'avez convaincu! Dès demain, je vais appeler des amis et je pense que je vous trouverais quelques petits rôles, pour vous "rôder", c'est toujours bien pour débuter..."  

 

Les semaines s'écoulent et Michelle, comme Anna, apprennent énormément auprès d'Ashley qui non-seulement leur ouvre des portes dans tout LA mais aussi leur apprend le métier d'actrice.  

-"Tu dois arriver à ne plus "jouer" ton personnage mais plutôt à "l'être" au quotidien..." avait notamment expliqué la star à Michelle. Anna a parfois du mal mais pour Michelle, l'exigence et le soutien d'Ashley en cette période extrêmement difficile, la disparition de Jack, le film "The Bells of Heaven" annulé suite à au départ de Stan Lloyd pour un hôpital Suisse, est essentiel et surtout bénéfique.  

-"Regarde moi comme si tu m'aimais. Je veux voir cela dans tes yeux..." murmure Ashley, faisant face à Michelle.  

Cette dernière est mal à l'aise par la situation: Si elle adore Ashley comme "amie" et "mentor", elle ne la voit pas comme autre chose et certainement pas comme une "amante".  

-"Je... Je crois que je vais partir..."  

Ashley lui propose de la raccompagner mais Michelle refuse, laissant l'actrice dans le salon, Miss Weiss à ses côtés.  

-"Elle semble croire que vous... Tentez de la séduire." déclare la secrétaire.  

Une déduction qui amuse follement l'actrice.  

-"Katherine, vous savez que jamais je ne toucherais à l'un de mes "protégés", c'est trop important." Elle quitte la pièce non-sans avoir ajouter en souriant:  

-"A moins bien sur que vous ne soyez jalouse, ma chère..."  

Miss Weiss tente de rester de marbre.  

 

Sur un tournage, où Michelle tient un petit le rôle, elle croise un homme plutôt séduisant et gentil, embauché comme assistant du réalisateur Byron Leonard. Ce dernier n'est pas ravi d'avoir un homme comme assistant, préférant s'entourer d'habitude de jeunes voir de très jeunes femmes pour ce poste mais il ne peut rien refuser à Ashley, son ex-femme.  

Michelle répète son texte dans sa tête, relisant ses lignes sur le document fourni par la production. Elle secoue la tête: Comment trouver le ton "juste" pour une réplique si stupide? Et pourquoi trouver le ton juste d'ailleurs? Quelqu'un la salut, elle se retourne et voit l'assistant du réalisateur lui faire face, venant chercher les «petits rôles»  

Elle se présente, Mark Miller fait de même. Une fois que la scène ait été tournée, il revient vers elle, pour lui dire qu'elle était parfaite. Mais surtout, il lui propose de prendre un café, ce qu'elle accepte, non-sans une courte hésitation...  

 

-"J'ai une formidable nouvelle à vous annoncez."  

Ashley est rayonnante, sublime, capable de subjuguer n'importe qui. En face d'elle, dans son immense salon, ses douze protégés, six garçons et six filles. Michelle et Mark échangent un petit sourire alors qu'Anna file un petit coup de coude à son amie.  

-"Samedi prochain, vous ferez vos grands débuts dans la Haute Société de Los Angeles, lors de ma réception."  

Tous sont sous le choc: La réception dont parle l'actrice est un événement extraordinaire, ayant lieu tous les deux ans, une réception où tout le Gotha mondain et les gens qui comptent à LA se réunissent autour de la belle Ashley pour parler business, pour draguer aussi et pour s'amuser...  

Il y a peu d'invitations envoyées, il n'y a que 69 convives en plus de l'actrice. Alors pour les jeunes gens, c'est une occasion inespérée de prendre contact avec les personnes les plus puissantes de la ville. Ashley, tout en buvant une coupe de champagne, regarde ses douze protégés ravis et heureux de cette nouvelle, plus qu'inespérée.  

-"Merci, Ashley, je... Je suis vraiment contente de participer à cette réception...  

Cela signifie beaucoup pour moi." murmure Michelle.  

Cela fait sourire l'actrice.  

-"Et cela signifie beaucoup plus pour moi..." conclut la star de cinéma de manière sibylline.  

 

Les largesses d'Ashley ne se limitent pas à cette invitation, non, bien sur, elle a ouvert des comptes pour ses protégés dans les différentes boutiques de luxe de la ville, pour qu'ils soient vêtus des toilettes les plus exquises, qu'ils la rendent fière lorsqu'elle les présentera aux autres convives. Anna comme Michelle vivent un véritable "conte de fée", un "rêve", celui d'enfin en avoir finit avec la galère et qu'enfin, leurs carrières débutent réellement. Pendant qu'elles essayent des robes dignes de princesses, Anna ne peut s’empêcher de demander à Michelle si elle... Enfin si avec Ashley, il y a "quelque chose". Son amie est outrée, ne s'attendant pas à une telle insinuation.  

-"Je m'interrogeais, c'est tout. Lorsque tu la regardes, tu sembles fascinée par elle, comme hypnotisée. Et il faut avouer que le regard qu'elle pose sur toi n'est pas celui d'une "mentor"..." D'ailleurs Anna assure que si Ashley lui proposait une liaison, bien qu'elle n'ait aucun goût pour les femmes, elle irait sans hésiter, assurée qu'elle serait de faire carrière. Mais Michelle ne voit pas les choses sous cet angle. Elle parle de Mark, de leur rencontre...  

Son amie sourit: Cela faisait plusieurs semaines que Michelle était sombre et déprimée, surtout après la disparition de Jack. Et là, cette rencontre avec Mark semble l'avoir un peu requinqué et lui permet de "sourire"...  

 

Le grand jour est enfin arrivé: Si la réception à proprement parler ne débute que le soir, les convives sont déjà là, à papoter, à discuter et à boire du Champagne alors que ce n'est que le milieu de l'après-midi. Parmi les chanceux qui ont eu leur invitation, on trouve le sénateur de Californie Alfred Johnson et son épouse Elizabeth, les frères Artie et Adam Spiegel, le journaliste des stars Ben Gordon, le réalisateur Byron Leonard, Martha Lloyd accompagné de son père. D'ailleurs, l'épouse de Stan ne semble pas plus affectée que ça par la "cure" de son époux en Suisse. L'Anglais Geoff Goodman, déjà bien éméché, est là aussi, Miss Weiss lui demandant de ne pas faire d'esclandre. Ainsi que beaucoup d'autres acteurs, actrices, d'artistes du music-hall, chefs d'entreprises, producteurs et personnalités politiques de tous bords. Il y aurait même un grand chef Français...  

Dans l'immense salle de réception, Ashley a prévu une sorte de scène où ses protégés vont défiler devant les convives. Le rideau s'ouvre et les protégés d'Ashley défilent sous les applaudissements des convives et de la musique jazzy. Les invités discutent entre eux, tout en regardant les beaux jeunes gens, rejoints par la toujours sublime Ashley.  

-"Je vous remercie de l’accueil que vous faites à mes jeunes amis."  

Michelle, Mark, Anna et les autres descendent de la scène, sont assaillis de questions, c'est assez extraordinaire pour eux de vivre ça: Ils ont galéré et maintenant, enfin, leur chance a tourné, ils fraillent au milieu du "gratin", discutent avec les personnes les plus puissantes de l'industrie cinématographique voir, des Etats-Unis!  

-"Alors? On fait bande à part?"  

Michelle se retourne et voit Ashley, lui tendant un coupe de champagne. L'actrice la dévore des yeux, son regard est celui d'un chasseur observant sa proie. Tous les "protégés" de la star sont en discussion mais elle, elle est submergée par une vague de tristesse, repensant à la soirée où elle avait traîner Jack. Elle assure que ce n'est rien, ça va passer.  

-"Ne te tracasse pas, Michelle. Ici, tu es en famille, tout va bien se passer."  

Michelle boit sa coupe, sous le regard charmeur d'Ashley. Rapidement, elle a l’impression que la salle tourne, un peu comme dans un manège. Les autres protégés semblent pris de la même chose. Michelle tourne son visage vers la star qui lui dit, avant qu'elle ne sombre dans l'inconscience:  

-"Tout va bien, c'est juste pour te détendre..."  

 

Michelle revient à elle, nue, et les mains et pieds attachée. Elle ne comprend pas où elle se trouve: L'odeur est horrible, écœurante, une puanteur extrême emplit les lieux. Elle a mal au crane mais trouve la force de tourner la tête et découvre qu'elle est couchée sur un sol glacial, entourée d'autres personnes, elles aussi nues et elles aussi attachées. Michelle n'a aucun mal à reconnaître Anna, Mark et les autres "protégés" d'Ashley, même s'il manque deux filles et un garçon.  

Des pas...  

Michelle est attrapée et traînée au sol jusque dans une pièce à côté.  

La jeune femme s’agite en découvrant que c'est une sorte d'abattoir!  

Elle hurle, incapable de garder son calme, terrifiée quelle est.  

-"Elle est pas endormie celle là!" murmure l'un des commis. La jeune femme s'agite et voit avec horreur, sur un crochet, une carcasse qui semble "humaine"!  

Comme folle, ses liens n'étant pas solidement attachés, elle réussit à se dégager de ses entraves et se met à courir, se demandant dans quel cauchemar elle se trouve.  

Poursuivie, terrifiée, elle entend les pas des gens à ses trousses, cherche une cachette et finit par se faufiler, laissant ses poursuivants continuer leur route. La jeune femme est en pleine crise de nerfs, ne comprenant pas ce qui se passe, ni où elle se trouve.  

Après s'être assurée qu'ils étaient passés, elle s'engouffre dans l'escalier situé non-loin, espérant qu'il le mène vers la sortie. Quelle n'est pas sa surprise en découvrant qu'elle est dans le couloir menant au salon, dans la villa d'Ashley! La brume de son esprit se dissipe quelque peu et tout lui revient: La réception, le champagne. Elle revoit mentalement les images de la carcasse de cette fille sur un crochet, l'odeur...  

Elle vomit, sans pouvoir se retenir.  

Des voix attirent son attention: Michelle s'approche de la salle de réception, hésite puis décide de jeter un coup d’œil.  

Autour de la table, les convives ont pris place, se délectant de l'entrée qui vient de leur être servit. Sur le plus grand plat, entouré de légumes, trône un demi-torse humain!  

La jeune femme recule et décide d’appeler la police pour sortir de ce cauchemar!  

 

Ashley mange à belles dents la somptueuse entrée que Pierre, son invité et ami de longue date, a préparé. L'un des commis lui fait signe à Miss Weiss. La secrétaire d'Ashley va le voir puis va vers sa boss.  

-"L'une des filles s'est échappée..."  

Elle pensait que la star allait être furieuse mais ce n'est pas le cas.  

-"Ne serait-ce pas cette chère Michelle?"  

Weiss confirme. Ashley s'excuse auprès de ses invités et décide d'aller elle même là trouver.  

Michelle est dans le bureau d'Ashley, décroche le combiné du téléphone et appelle la police. Son appel est basculé au bureau de l'inspecteur Jeff Harvey.  

Michelle est soulagée en raccrochant. Entendant du bruit, elle se retourne et fait face à Ashley. Cette dernière regarde avec envie le corps dénudé de sa "protégée".  

-"Pourquoi? Pourquoi vous nous faites subir ça?"  

La star s'amuse de la question de la jeune fille.  

-"Tout le monde n'est jeune qu'une fois dans sa vie. Et lorsqu'on ne l'est plus, il faut se "nourrir" de cette jeunesse, par tous les moyens possibles et au prix de certains "sacrifices"..."  

Ashley s'approche d'elle et lui explique que si elle ne fait pas son age, si elle a une peau de pêche, ce n'est pas un hasard. Michelle recule, dégoûtée par le détachement d'Ashley qui, pour la première fois, lui parait laide, horrible, son sourire carnassier ressemblant à celui d'un animal assoiffé de sang. L'actrice s'approche de sa pupille et lui propose de passer des vêtements et de la rejoindre. -"Michelle, tu m'a séduite, j'ai vu en toi autre chose qu'une simple "apprentie" actrice. Et ton évasion en est la preuve."  

Cela n'était jamais arrivé à vrai dire.  

Ashley approche son visage de celui de Michelle, lui proposant de la prendre comme amie, comme amante, comme disciple...  

-"Je ferais de toi une star. Et nous ferons en sorte que jamais cette beauté ne se fane, je te le promet."  

Michelle est horrifiée, écœurée...  

Mais malgré tout, elle ne peut détacher son regard de celui d'Ashley, du "magnétisme" étrange qui se dégage d'elle.  

Ashley se recule et lui sourit, lui assurant qu'elle va la laisser réfléchir et lui faire porter des vêtements. En quittant le bureau, Ashley croit bon d'ajouter:  

-"Jeff est un ami et lors de mes réceptions, quoi qu'il se passe dans ma propriété, la police ne vient pas, cela fait partie d'un "arrangement" que nous avons avec la municipalité et avec les forces de police..."  

 

Miss Weiss se tient aux côtés de Michelle. Elle la conduit dans la salle de réception, sous le regard amusé des convives. Ashley vient la rejoindre pour lui indiquer une place autour de la table, la sienne. La jeune actrice est mal à l'aise, n'aime pas le regard que tous posent sur elle. Mais sa mentor lui susurre à l'oreille de ne pas s'en faire.  

-"Tu dois avoir faim..."  

Les domestiques déposent sur la table un plat où un corps de femme, presque entier et cuit à la broche, est entouré de légumes et d’assaisonnements divers. Ils procèdent au découpage puis servent. Michelle a des hauts le cœur, Ashley se tient à ses côtés, la regarde, semble jouir de la situation. Lorsqu'elle est servie, Michelle est comme tétanisée. Mais Ashley attrape les couverts et coupe la viande puis lui tend, comme on nourrit un enfant.  

-"Mangez, ma chère, rejoignez-nous... Rejoins-moi..."  

Michelle hésite mais en voyant le visage d'Ashley, son regard, elle ne peut résister et mange le morceau de viande sur la fourchette. Le goût que cette viande est... extraordinaire!  

La jeune femme n'a jamais mangé quelque chose de meilleur! Imitant les autres convives, Michelle se régale, Ashley a fait rajouter un couvert et mange de concert, aux cotés de sa nouvelle compagne, la chair d'Anna...  

 

Mark se réveille et découvre l'horreur, le cauchemar que les "protégés" d'Ashley vivent, égorgés, vidés et cuisinés comme de vulgaires animaux. Il cherche Michelle du regard. Ne la voyant pas, il se dit qu'ils ont déjà dû la tuer. Il se faufile et débouche à l'étage, arrivant non-loin de la terrasse où Michelle et Ashley se trouvent, semblant en grande discussion.  

Mark est soulagé mais Miss Weiss est là aussi, le frappe et l’envoie au tapis! Mais il se relève, riposte et casse le nez de la secrétaire d'Ashley, puis se précipite vers Michelle, Weiss se relève et ouvre le feu sur Mark, ce dernier plonge au sol, entraînant Michelle avec lui, la tête de la jeune femme tapant le sol. Mark désarme la secrétaire et tire! Puis il pointe son arme vers Ashley et tire encore! Il pique les clés de la Packard ainsi que le porte-feuille, rempli de billets désormais ensanglantés, de Weiss puis porte Michelle pour la "sauver" de ce lieu maudit et partir loin!  

 

Lorsque Michelle se réveille, sur le siège passager de la Packard, elle ne comprend pas où elle se trouve, ni pourquoi. Puis, en voyant Mark, tout lui revient.  

-"Des monstres! Ce sont des monstres...  

Ils t'auraient fait du mal..."  

La jeune femme hoche la tête.  

-"Oui, ils m'auraient fait du mal..."  

Elle semble ne pas se sentir bien, comme malade.  

-"Arrêtons-nous dans ce motel, s'il te plaît..."  

Mark, bien que terrifié à l'idée qu'ils les retrouvent, accepte, ne pouvant rien refuser à la femme qu'il aime...  

Oui, il en est sur désormais.  

 

Après une étreinte aussi courte qu'intense, Mark prend une douche pendant que Michelle se repose. Il entend des pas, il ouvre le rideau de douche et découvre sa chérie, pointant l'arme de Miss Weiss sur lui. Il ne comprend plus.  

-"Tu jouais la comédie tout à l'heure?"  

Ce qui fait sourire Michelle.  

-"Lorsque tu es une actrice, tu dois arriver à ne plus "jouer" ton personnage mais plutôt à "l'être" au quotidien..."  

Avant qu'il ait pu réagir, elle ouvre le feu sur lui, vidant sur lui les balles restantes du barillet. Puis, le plus calmement du monde, elle décroche le téléphone.  

-"Ma chérie, je savais que tu étais spéciale en plus d'être réellement des nôtres." déclare Ashley, bel et bien vivante, pendant que l'inspecteur Harvey note tous les renseignements sur l'odieux "kidnapping" dont Michelle Jones, future grande star d'Hollywood, a été la victime...

Scénario : (1 commentaire)
une superproduction d'horreur de Vince Wesson

Giuseppe Lederman

Gaia Williams

Luke Halberg

Alexandra Green
Avec la participation exceptionnelle de Michael Cannon, Neelam Cousin, Alex McBrain, Daniel Flintstone, Avi Elias, Camilla Horowitz, Ellein Morcar, Melany Morgan, Alec Lederman, Savannah Dallas, Clarke Crewson, Graham Cannon, Michel Couscous
Musique par Elaine Emerson
Sorti le 23 avril 2050 (Semaine 2364)
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