Le panneau rectangulaire qui marque l'entrée du village, fixé sur un poteau métallique, est à deux mètres au-dessus du goudron usé de la route. Installés devant, une journaliste et son cadreur se préparent à prendre l'antenne. Elle met de l'ordre à ses cheveux, il allume la caméra portable posée sur son épaule. Après quelques secondes d'attente, une voix dans leurs oreillettes donne le feu vert.  

- Mesdames, messieurs, bonjour. Ici Laure Portage en direct de Bugarach, petite commune du sud de la France proche des Pyrénées. Derrière moi, au-delà des maisons, se dresse le pic choisi par les survivalistes pour échapper à l'imminente fin du monde prédite par les mayas. Les astronomes du monde entier sont pourtant formels : aucune planète errante potentiellement dangereuse pour la Terre n'a été détectée. Venues des quatre coins de la France et de l'étranger, les personnes actuellement rassemblées au pied de la montagne sont encadrées par les forces de l'ordre.  

Interruption.  

Le duo quitte sa position pour rejoindre l'événement.  

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  

De faux extraterrestres déambulent sous les yeux amusés des habitants, des gendarmes contrôlent les identités et un guitariste hirsute chante devant un public assis sur l'herbe :  

Pour la fin du monde  

Prends ta valise  

Et va là-haut sur la montagne  

On t'attend  

Mets dans ta valise  

Une simple chemise  

Pour la fin du monde  

Pas de vêtements . . .  

Laisse tes bijoux  

Tes machines à sous  

Pour la fin du monde  

Pas besoin d'argent . . .  

N'ait plus peur de rien  

Tout ira très bien  

Pour la fin du monde  

Viens tout simplement . . .  

Les derniers accords de guitare sont accompagnés par des applaudissements, cris et sifflements de joie. Micro à la main, Laure Portage s'approche du musicien pour l’interviewer :  

- Bonjour monsieur, quel est votre nom ?  

- Sylvain, Sylvain Solite, répond-il calmement.  

- Pourquoi êtes-vous ici ?  

- Pour atteindre le sommet de cette montagne, c'est le seul moyen de survivre à l'arrivée de Nibiru !  

- Qui est Nibiru ?  

- Un objet céleste qui va purifier la Terre en fusionnant avec elle.  

- Qu'y a-t-il au sommet ?  

- Une plateforme d'évacuation aménagée par des extraterrestres.  

- Avez-vous un message pour les téléspectateurs ?  

L'homme regarde la caméra.  

- Sauvez vos âmes, rejoignez-nous avant qu'il ne soit trop tard !  

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L'ascension se fait au milieu de la garrigue en empruntant un sentier. Certains «randonneurs» sont distancés, d'autres chantonnent ou papotent. Des cumulonimbus en expansion font progressivement baisser la luminosité et l'atmosphère se rafraîchit. Après quatre-vingt-dix minutes de marche le groupe atteint une plateforme rocheuse balayée par le vent, les regards se tournent vers un ciel devenu menaçant.  

«Vous voyez ce que je vois ?» demande soudainement quelqu'un.  

Une auréole lumineuse à peine visible stationne loin au-dessus d'eux, elle est entourée par un large anneau rouge. Le halo se transforme brutalement en une lumière aveuglante et plusieurs silhouettes en lévitation descendent lentement jusqu'au sol. Elles mesurent trois mètres de haut, ont un corps presque semblable au notre, quatre doigts à l'extrémité de chaque membre et des yeux globuleux sur une tête en forme de triangle inversé. Plus courageux ou inconscient que les autres, Sylvain Solite s'approche d'une de ces créatures en lui tendant une main pour la saluer. Mais il est violemment repoussé en arrière et se brise la colonne vertébrale sur un rocher. Sortis de nulle part, deux hommes en noir armés de gros flingues tirent sur le meurtrier. L'explosion projette une pluie verte et gluante sur les «randonneurs» paniqués. Les extraterrestres remontent précipitamment dans leur aéronef pour s'enfuir à la vitesse de la lumière. L'un des justiciers en smoking sort de sa poche une paire de lunettes de soleil qu'il met immédiatement sur son nez et un «stylo» en métal muni d'une diode électroluminescente rouge. Le groupe est prié de regarder attentivement l'objet, un flash identique à celui d'un appareil photo est déclenché. Les récents événements sont effacés de leurs mémoires. Caché par la végétation, le caméraman arrête de filmer . . .  

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Réalisatrice : Jodie Mendel  

Premier rôle féminin : izabella Lavez (Laure Portage)  

Premier rôle masculin : Nicholas Landers (Sylvain Solite)  

Personnage inspiré d'une personne réelle.  

https://www.youtube.com/watch?v=RuVIdmVxd_Q  

Chanson : Gérard Palaprat - Pour la fin du monde  

https://www.youtube.com/watch?v=IQG4at7o75c  

Affiche : Google images, Ezgif.com, Faceinhole.com,  

Paint 3D, Paint, Casimages.com