Cinejeu.net : devenez producteur de cinéma ! (jeu en ligne gratuit de simulation économique)

canaldream présente
Yellow cab

Les rues de Los angeles défilent sous mes yeux. Impitoyablement droites, piétinées par une foule interlope et déjantée.  

Des milliers de lumières viennent lécher mon pare brise. L.A la nuit c'est formidable,. Un air de jazz suinte de ma radio, c'est Morning jazz, de Ella fitzgerald, mon morceau préféré. L'odeur du bitume chaud,je me parfume avec.  

Mon bras gauche pend sur la portière,il prend l'air comme il peut. J'ai toujours eu horreur de la clim, c'est un coup à choper la crève, c'est bon pour les clients.  

Au volant de ma vieille yellow cab je suis le roi de l'asphalte. Je connais la ville comme ma poche, griffith park approche et m'offre sa verdure.Inutile mais beau.  

Un feu rouge, je m'arrête. Derrière un bouseux klaxonne, j'aperçois un doigt d'honneur dans mon rétro. À ma gauche, une blonde assise dans une belle corvette, à côté d'un dandy, probablement un gosse de riche de l'Upper East side. Ça m'étonne pas, on approche de la 59th street, la porte d'entrée du quartier le plus cossu de Los Angeles.  

Ses beau cheveux dorées tombent sur ses beaux yeux verts, ses lèvres, agitées par un chewing-gum sourient d'un rouge vif. J'aperçois le mouvement de son pouce par dessus la vitre . J'ai compris, c'est une michetonneuse qui a fini sa soirée avec un p'tit friqué, et qui veut rentrer en taxi moyennant une petite faveur. Elle pointe son doigt vers l'avant. Ok, au prochain feu, j'ai pigé.  

Ce sera ma dernière cliente. Après je rentre me coucher. Feu vert, je lâche la pédale de frein, dans un feulement, le capot de ma Buick se soulève tranquillement jusqu'au prochain carrefour.  

La portière de la belle gosse claque, la mienne s'ouvre. Elle me lance un « Hi buddy ! 493 Driggs avenue,» en faisant claquer une bulle de son chewing-gum rose, et passe sa langue sur ses lèvres pour en décoller la fine pellicule caoutchouteuse qui est restée collée. Ça la rend encore plus désirable.  

J'active la loupiote blanche de mon taxi, je ne suis plus libre. 5 ans que je fais ce métier,je suis comme le sang dans son corps de pierre. J'en ai ramassé des poupées, des reines de la nuit, des princesses, des divas, des toxicos, des paumées, des larguées, mais une comme celle-là...  

Pas de transition, d'une voiture à une autre, d'une nuit à l'autre, une michetonneuse c'est pas là pour perdre son temps. Sa beauté inonde mon rétro. Je ne vois qu'elle. Ses boucles blondes dégoulinent sur son décolleté, son regard vert est un appel au vice, ses lèvres rouges une invitation au plaisir.  

Son parfum capiteux embaume l'habitacle, un doux mélange de musc et de vanille. Je règle mon rétro pour admirer le ballet de ses jambes longues et fines qui se croisent et se décroisent, impatientes d'être séparées l'une de l'autre et d'être remontées contre son cou.  

J'aime ce langage corporel, quand deux êtres veulent se rapprocher, il n'y a pas besoin de chichis et de manières. Un taxi driver ça cause beaucoup, ça cause tout le temps, mais quand il faut se taire ça sait se taire. Un autre air de jazz suait de ma radio, So what, de Miles Davis.  

— J'aime conduire sous jazz, lui murmurais-je.  

— Et moi j'aime me faire conduire sous champagne, susurra t-elle.  

Pas le temps d'en dire plus, clignotant à gauche, camion de pompiers derrière sirène hurlante, flashs de lumières bleus et rouges. Une limousine arrive plein phare devant. Sa chaîne en or scintille sous les feux et je peux lire son nom gravé sur un médaillon, inversé : aloL, Lola. Quel joli prénom, un prénom commun pour les michetonneuses, elles ont toutes des surnoms qui finissent en a, ça fait plus glamour, plus exotique. Un passant évité de justesse fout une claque sur mon capot et lance un juron, et on y est, on est arrivé. À la radio, Cole Porter enchaîne avec la mélodie sirupeuse de Let's do it, un titre évocateur et prémonitoire. Elle ne me tend pas de billet, juste un clin d’œil dans le rétro, et une autre bulle de chewing-gum qui claque. Elle le retire de sa bouche, de son index, il colle sur son ongle long et verni de rouge, et le glisse dans un kleenex. Le désir s'empare de moi, je sens le sang battre dans mes tempes. J'ouvre ma portière et je descends. Les rues sont désertes. Elle est assise sur la banquette arrière, à droite. Je m'installe à ses côtés. Elle se met de travers et s'adosse à la porte. J'entrevois ses dessous, son porte jarretelles. Légèrement de travers, je me soulève un peu pour défaire mon pantalon, je déboucle ma ceinture et ouvre le bouton de mon vieux jean usé par le cuir de mon siège. Je baisse la fermeture éclair, il est toujours aussi dur et long. Je me saisis de mon tournevis, et lui assène un coup, un seul, derrière la nuque.  

Son regard se fige, sans un cri, sans un spasme. Un filet de sang sort de ses lèvres pulpeuses rouges glossy, un autre me réchauffe la main. Il est 1h30 du matin et Lola est ma dernière passagère.  

Le coffre de ma voiture est plein. Ça fait 5 ans que j'exerce ce métier, 5 ans que je nettoie les rues de los angeles.  

 

 

-Johan Hannigan dans le rôle du chauffeur de taxi  

 

- Ciara Hennessey dans le rôle de Lola  

 

Une production Canaldream  

Scénario : (2 commentaires)
une série Z thriller de Pamela Froese

Johan Hannigan

Ciara Hennessey
Sorti le 11 décembre 2049 (Semaine 2345)
Entrées : 3 168 997
url : http://www.cinejeu.net/index.php?page=p&id=54&unite=fenetre&section=vueFilm&idFilm=25715