Gérard Cousin Prod ![]() Nécropole -1920, Ascot Harbour, Maine- Katherine (Sigrid Dahlgren) regarde l'océan s'éloigner à mesure que la voiture s'enfonce dans l'immense forêt où se trouve le St. Jude Hospital, lieu où elle va faire ses débuts comme infirmière... Ou plutôt, pour finir sa formation pour être plus juste. Ayant fait ses études à Boston, la jeune femme est partie bien plus au nord pour finir sa formation au sein du prestigieux St. Jude Hospital, non-sans l'appui de son oncle, le Docteur Lang. De nombreuses élèves infirmières auraient aimé avoir la chance d'obtenir ce poste mais ce qui a fait pencher la balance, c'est son oncle, le Docteur Emerson Lang, qui connaît bien le propriétaire de cet institut. Après un voyage en train qui lui a paru interminable, voici donc Katherine presque à destination, traversant la forêt dense et un brin sinistre entourant l’hôpital. Lorsque la voiture débouche hors de la forêt, Katherine a enfin l'occasion de découvrir l’hôpital St. Jude, majestueuse bâtisse de briques blanches. Elle a beaucoup entendu parler de cet hôpital, qualifié par certains "d’hôpital des miracles" tant les réussites médicales du Docteur Wilmington semblent parfois extraordinaires. Pourtant, la jeune femme n'est pas naïve: Tout le monde sait que le Docteur Wilmington est un praticien de génie, un chirurgien brillant qui, outre sa formation académique, a œuvré sur le terrain lors de la Guerre Hispano-Américaine à Cuba. Reconnu par ses pairs comme un médecin extraordinaire, les "miracles" qu'on lui attribue ne sont que le résultat bien souvent de son talent et de ses vastes connaissances de son métier. Mais les gens aiment bien "mystifier" tout cela et parler de "miracle".
La voiture stoppe enfin juste devant l'entrée, dans la vaste cours pavée, la jeune femme descend pendant que le chauffeur descend ses bagages. Un homme blond, tiré à quatre épingles, descend les marches pour la saluer et demander aux employés de venir porter ses valises. Thomas Doyle (Ryan Dixon), l'administrateur de l’hôpital et surtout, l'homme de confiance du Docteur Wilmington, fait pénétrer Katherine dans l'édifice, lui indiquant qu'il allait lui faire visiter les lieux pendant que ses bagages seront apportés dans l'aile Sud, réservée aux employés et où la jeune femme aura une chambre. Bien qu'ayant déjà connu des hôpitaux, Katherine n'en a jamais vu un de la sorte: Visiblement ancien, l'architecture est "gothique", ressemblant plus à une sorte de cathédrale qu'a un hôpital. Lorsqu'elle suggère ceci, l'administrateur est amusé: -"Vous n'êtes pas la première à nous faire cette remarque..." Au cours de la rapide visite, Thomas lui explique la "politique" de St. Jude: -"Depuis la création de cet hôpital, la famille Wilmington a toujours voulu que ce lieu soit pour tous les malades, les plus riches comme les plus pauvres, sans aucune distinction." Ainsi, l'aile Ouest est réservée aux indigents là où l'aile Est est réservée aux patients les plus "fortunés". -"Cela est une chose importante pour le Docteur Wilmington, encore aujourd’hui." Katherine trouve cela très bien et extrêmement charitable. Alors qu'ils débouchent dans l'un des couloirs, ils croisent le propriétaire de ses lieux, le charismatique et séduisant Docteur Samuel Wilmington (John Mears): -"Je suis ravi de faire votre connaissance, mademoiselle Lang." Le docteur se fend d'un baise-main plus digne d'une cours d'Europe que du fin fond du Maine. Puis il fait signe à Katherine de le suivre, l'administrateur faisant de même mais légèrement en retrait. -"Je suis ravi que vous soyez ici, en ces murs. Votre oncle a été mon professeur et lorsque j'ai su que vous cherchiez à finir votre formation à St. Jude, je me suis empressé d'y répondre favorablement." Katherine le remercie tout en évitant son regard, masquant comme elle le peut ses joues rougissantes... Après qu'il lui ait montré une partie des salles et des chambres, Samuel présente ses excuses à Katherine, il a de nombreuses choses à faire aujourd’hui. -"Mais nul doute que nous nous recroiserons très vite..." Il fait signe à une femme rousse de les rejoindre. -"Madame Brackett, je compte sur vous pour répondre aux questions de mademoiselle Lang." Annie Brackett (Melany Morgan) est l'infirmière en chef de l’hôpital, la nouvelle "supérieure" de Katherine donc. Elle ne semble pourtant guère ravie de voir cette jouvencelle à la blondeur de blé arriver dans cet hôpital... Pendant qu'ils regardent Katherine et l'infirmière en chef s'éloigner dans le couloir, Thomas ne peut s’empêcher de demander à Samuel s'il ne fait pas une erreur de l'avoir faite venir en ces lieux? Le talentueux médecin sourit. -"Non, au contraire, je suis sur qu'elle se coulera parfaitement dans le moule et sera un atout à terme..." Puis, en tapant dans le dos de Thomas, il ajoute: -"Et nous avons bien besoin de sang neuf en ces murs, non?"
Katherine est un peu troublée par l'hostilité que semble lui manifester Mrs. Brackett. Pour briser la glacer, elle décide de lui demander s'il y a d'autres apprenties infirmières à St. Jude. Sans ralentir l'allure, la rouquine lui répond d'un ton cassant: -"Il n'y a aucune autre apprentie que vous, Mademoiselle Lang... Il n'y en a jamais eu!" La jeune femme ne comprend pas ce qu'elle veut dire...
Katherine s'adapte de son mieux à ses premières semaines au sein de l’hôpital: Elle est consacrée à son travail, ses jours de repos, elle les passe à flâner à Ascot Harbour avec d'autres infirmières, à peine plus âgées qu'elle. A dire vrai, elle aime son travail ici... Et elle mentirait si elle disait que la proximité avec le Docteur Wilmington lui déplaisait... En fait, l'assister dans ses visites est non-seulement un moyen d'apprendre, car Samuel est un puits de connaissance médicales, mais aussi, Katherine ne peut s’empêcher de penser à "l'homme" qu'il est, si bon et attentif à ses patients, les aidant autant qu'il le peut... Evidemment, il est compliqué de subir la mauvaise humeur quotidienne de Mrs. Brackett mais les moments passés en compagnie du maître de ces lieux gomment tout cela pour la jeune infirmière.
Depuis quelques jours, Mrs. Brackett a assigné Katherine dans l'aile Ouest, celle des indigents. Si au début, la jeune femme trouvait que cela était difficile, certains ayant de très graves pathologies, rapidement, elle s'est habituée et prend plaisir à aider les patients du mieux qu’elle le peut. -"Bonjour, messieurs Brown!" déclare-t-elle d'un ton guilleret, apportant les médicaments à Anthony et Jack Brown, respectivement père et fils, deux pêcheurs qui se sont échoués sur les récifs au large de Ascot Harbour lors de la dernière tempête. Si Anthony, le père donc, a eu de nombreuses blessures et une partie du mat brisé lui a perforé le ventre, son fils Jack s'en est mieux sorti: Ce n'est que de bien modestes blessures à côté de celles de son père. Les deux hommes sont là, dans la salle commune, alités l'un à côté de l'autre. Leur moral semble bon malgré tout et ils sont heureux d'être l'un vers l'autre. -"Cela change tout pour moi d'avoir mon fils à mes côté, mademoiselle!" déclare Anthony avec sa voix rocailleuse de marin. Un sentiment plus que partagé par son fils. Le lendemain, Katherine vient pour leur donner leurs médicaments mais les deux lits sont vides... Elle va voir Mrs. Brackett pour lui demander où se trouvent les deux patients... -"Monsieur Brown est actuellement au bloc où le Docteur Wilmington l'opère." Sans un mot de plus, elle laisse là la jeune femme a toute sorte de conjecture. Elle continue son travail et à la chance de croiser le Docteur Wilmington dans les couloirs. -"Docteur... Comment s'est passé l'intervention sur monsieur Brown?" Samuel lui sourit et lui assure que tout s'est passé pour le mieux... -"Vous vous préoccupez de tout vos patients comme cela? Quelle conscience professionnelle." s'amuse le praticien, ce qui fait rougir la jeune femme. -"Et son fils?" Samuel perd son sourire et indique un siège à Katherine. -"Ses lésions étaient bien plus grave qu'on ne l'avait imaginé..." Les explications laissent la jeune infirmière sous le choc. Voyant la détresse de Katherine, Samuel ajoute que la Mort fait aussi partie de la Vie... Et donc de la médecine. -"Nous ne sommes pas des dieux, nous ne sommes que des hommes essayant de faire de notre mieux... En choisissant le métier d'infirmière, vous deviez vous y attendre, non?" Oui, ce n'est pas le premier patient dont elle a eu la charge qui meurt mais c'est le premier qui semblait aller "si bien"... Le Docteur Wilmington, avant de prendre congé, lui dit qu'elle ne devrait pas s'impliquer émotionnellement avec ses patients: Sinon, elle sombrera littéralement... Elle poursuit son travail et constate qu'Anthony a regagné son lit. Katherine s'empresse d'aller lui présenter ses condoléances pour son fils... Le pêcheur la regarde avant de lui répondre, avec sa voix rocailleuse: -"Mademoiselle, je n'ai jamais eu d'enfants vous savez..." En fait, une très mauvaise chute lorsqu'il était enfant le priva définitivement de la possibilité de procréer... La jeune femme ne comprend pas un mot de tout cela: Cela n'a aucun sens! Elle va en parler à Mrs. Brackett qui semble agacée par ce qu'elle considère comme des affabulations de la jeune infirmière. Pourtant, cette dernière ne peut s’empêcher de s'interroger, d'en parler à Thomas mais ce dernier, bien que n'étant pas médecin, assure que le déni, c'est une chose courante chez certains patients, surtout lorsqu'ils sont déjà cruellement affecté par la maladie ou autre pathologie... Thomas fait un grand sourire à Katherine lorsqu'elle quitte son bureau, sourire qu'il perd immédiatement lorsqu'elle a quitté la pièce...
Katherine continue de travailler comme si de rien n'était mais elle ne peut empêcher de penser à la mort de Jack... Et au fait que son père ne se souvienne pas de lui: C'est juste incroyable! En se rendant à la pharmacie de l’hôpital, Katherine voit une infirmière poussant un fauteuil roulant où se trouve une femme âgée venant de l'aile Est, accompagnée du Docteur Wilmington s'engouffrer derrière une porte que la jeune femme n'a jamais vu utiliser. Elle interroge d'ailleurs Mrs. Brackett qui lui répond d'un ton cassant: -"Cette porte mène aux sous-sols, à la chaufferie et à un vaste débarras où nous entreposons tout ce qui ne sert plus. Donc je doute que le Docteur Wilmington y descende, encore plus pour y accompagner une patiente de l'aile Est. Vous divaguez, ma chère!" La jeune femme se dit qu'elle commence peut-être à dérailler? C'est vrai, elle travaille beaucoup, dort peu... Elle ne comprend rien à ce qu'elle voit ou à ce qu'elle pense ou croit comprendre! Mais tout de même... Lorsqu'elle s'en est enquis auprès du Docteur Wilmington, ce dernier lui a dit qu'elle devait faire attention à sa santé et à ne pas se surmener. -"Si vous tombez malade, qui s'occupera de nos chers patients?" Le ton et le sourire bienveillant de Samuel avaient calmé les doutes de la jeune femme.
Pourtant, une nuit, alors qu'elle est de garde, Katherine décide d'aller voir ce sous-sol... En tournant la poignée, elle se rend compte que la porte est fermée, bien évidemment... Katherine croit savoir où se trouve la clé, dans le veston du Docteur Wilmington. Enfin, c'est de là qu'il a sorti la dite clé pour ouvrir... Le plus discrètement possible, elle rejoint la salle jouxtant la salle d'opération où il opère, entouré de Mrs. Brackett et de plusieurs assistant. Katherine fouille le veston du docteur, rougissant de ce qu’elle fait et craignant d’être vue mais trouve finalement la clé, Elle hésite mais sa curiosité est plus forte que tout... Elle rejoint la porte, insère la clé, l'ouvre et découvre une petite pièce remplie de poussière et dotée d'un monte charge à côté duquel se trouve un escalier s'enfonçant dans les profondeurs. Le cœur de Katherine bat la chamade, elle serre sa lampe torche mais décide de descendre les marches... Une fois en bas, dans les ténèbres les plus complètes, excepté le rai de lumière de sa modeste lampe, Katherine essaye de distinguer quelque chose... Et plus elle avance, plus elle se rend compte que c'est tel que Mrs. Brackett le lui a dit: C'est un débarras avant tout, rempli d'objets cassés, de brancards troués et recouverts d'une énorme couche de poussière, tout comme des chaises à trois pieds, laissées là, à l'abandon... La jeune femme secoue la tête, se disant qu'elle est bien bête... Lorsqu'une chose attire son attention, un léger bruit d'eau qui coule. Elle s'oriente au bruit de l'écoulement, arrive tout près d'un mur où un liquide assez visqueux dégouline... Et lorsque la lumière touche le mur, c'est comme une paupière qui s'ouvre révélant un œil de grande taille, imité immédiatement par deux de petite taille, au dessus et en dessous. C'est de cet "œil" que semble couler le liquide visqueux qu'elle entendait. La jeune femme réprime un cri, lâche sa lampe et se cachant derrière une bibliothèque en bien triste état. -"C'est une hallucination... Juste une hallucination..." Elle tente de regarder de nouveau le mur et voit ces trois yeux, bouger, comme s'ils cherchaient qui les a "réveillés". Katherine, toujours à couvert, ramasse sa lampe torche et décide de remonter... Mais c'est un véritable dédale et elle ne débouche pas vers les escaliers, comme elle le pensait, mais dans une vaste salle ressemblant à un temple avec un puits ou un trou en son centre, aux murs ressemblant à ceux des catacombes de Paris: Recouvert de cranes et d'os, en ordre rangés. Lorsque la lumière touche les parois, ce sont des milliers d'yeux qui s'ouvrent et au sol, ce que Katherine avait pris pour un trou s'avère être plutôt une "bouche", hérissée de formations acérées et pointues semblant faites de chitine. L'odeur qui se dégage du trou béant est d'un coup intolérable, provoquant de très fortes nausées à Katherine... -"Qui? Qui? Qui?" Tels sont les mots qui s’entremêlent dans le crane de la jeune femme, comme si des milliers de voix lui posaient cette question, comme si toutes ces voix étaient au plus profond de son cerveau. Ces multiples questions, ces voix, l'infirmière ne peut les supporter, elle rebrousse chemin alors que chaque mur où elle regarde s'ouvre sur des dizaines d'yeux la fixant, elle crie, elle hurle et, par le plus grand des hasard, retrouve les escaliers, qu'elle gravit sans s'arrêter. Elle sort du bâtiment et court jusqu’à en perdre haleine, s'arrêtant enfin lorsqu'elle chute lourdement au sol, pleurant, ayant un mal de crâne hallucinant... -"Ce n'est pas un hôpital... C'est une nécropole..." murmure-t-elle avant de sombrer dans l'inconscience.
Katherine se réveille en sursaut, ne comprenant pas pourquoi elle est dans un lit. Mrs. Brackett est là, à son chevet, lisant un de ces romans à l'eau de rose dont elle est friande. -"Ah, vous voila réveillez..." Elle quitte la chambre avant de revenir quelques minutes plus tard avec le Docteur Wilmington. -"Les yeux... Les voix... Le sous-sol..." Il s’assoit près du lit et lui assure que tout va bien. -"Je vous avez dit de ne pas vous surmener, de ne pas trop en faire..." Durant sa garde de nuit, elle s'est effondrée selon des patients, elle divaguait, parlait d'yeux géants, de "nécropole", d'une bouche béante et menaçante... -"Je vous ai donné un sédatif... Mais je veux que vous vous reposiez maintenant." Katherine refuse, se lève, parle du sous-sol et de ce qui s'y trouve. Mrs. Brackett perd son calme mais le Docteur Wilmington lui fait signe de reculer. -"Allons dans le sous-sol si vous le souhaitez."
Le monte-charge, l'escalier, le débarras... Le Docteur allume la lumière et révèle le vaste sous-sol qui n'est rien d'autre qu'un sous-sol justement. Katherine s'avance, essaye de se souvenir, marche en direction du "temple"... Il y a bien une salle mais remplie de meubles cassés et au sol recouvert de poussière. Et les seules traces de pas qui s'y trouvent, c'est celles qu'elle vient de faire. Elle se retourne vers Samuel et vient se blottir contre lui, pleurant, se disant qu'elle perd la raison. -"Mais non, vous ne perdrez pas la raison, vous ne vous reposez pas assez, vous êtes épuisés" Pendant que Katherine se repose dans sa chambre, une infirmière "veillant" dans le couloir devant la porte, Samuel marche dans le couloir accompagné par Mrs. Brackett. -"Que faisons-nous?" Le docteur hausse les épaules: Il n'en sait rien. -"Mais pourtant..." argue l'infirmière en chef. Le docteur s'arrête et il se tourne vers elle, montrant un visage bien moins avenant qu'à l'accoutumé: -"Elle n'est pas prête... Pas encore..." Il reprend sa marche en concluant: -"...mais elle voit ce qui n'est plus et elle a entendu son appel, c'est le plus important..." ![]() ![]() ![]()
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