Lydia tirait nerveusement sur sa cigarette. Elle se demandait si cela faisait partie du plan de l'inspecteur qui se tenait devant elle. Lui faire une faveur pour qu'elle se mette à table. Mais Lydia n'avait rien à lui dire. Ni à lui ni à d'autres. Elle détourna le regard de l'inspecteur qui la regardait avec attention et ses yeux balayèrent le mur gauche de la salle. Un mur où était épinglée une photographie représentant une clairière d'une forêt...  

- - - Trois jours plus tôt. 16h00 - - -  

Lydia chercha son paquet de cigarette dans son sac. Elle avait besoin d'une clope. Une bouteille de whisky aurait été mieux indiqué mais elle n'avait pas ça sous la main. Ce gosse était décidément insupportable !  

Eliott faisait encore un caprice. Tout à l'heure, dans le magasin, il voulait acheter la dernière revue sur ses héros tapant dans un ballon et voilà que maintenant il ne voulait plus marcher pour rentrer à la maison. Il était là, assis sur un banc en train de taper du pied, l’œil mauvais.  

Lydia le regarda avec un air désespéré. Heureusement, la nicotine commençait à faire son effet sur son cerveau. Perdant patience, elle lança à l'adresse d'Eliott :  

- Et bien tant pis ! Moi, j'y vais ! Reste là si t'as envie !  

Et elle pressa le pas laissant le gamin bouder sur son banc....  

- - - Trois jours plus tôt. 19h45 - - -  

Lydia était avachie sur le canapé. Elle sortait difficilement de son sommeil lorsque la sonnerie de son portable retenti. Quand elle ouvrit les yeux, elle vit le triste décor. La télévision était allumée mais sans son avec une émission quelconque de téléréalité où une blonde en culotte soutif s'engueulait visiblement avec une brune en string et tee-shirt "I am a bitch" au bord d'une piscine. Sur la table basse, une bouteille de whisky à moitié vide et un cendrier rempli de mégots. Soudain, Lydia pensa à Eliott.  

Après un effort surhumain, le mal de crâne n'aidant pas, elle se saisit de son portable et vit les messages en absence et les appels ratés.  

Pourtant, Lydia ne ressenti rien... A part l'envie de finir la bouteille de whisky...  

- - - Trois jours plus tôt. 20h35 - - -  

L'inspecteur l'observa de loin. C'était la paumée typique de ce quartier. Il se dit que finalement, le gosse avait évité de grandir auprès d'une cassos... Il détourna le regard sur la scène de crime.  

Un garçon était assis sur un banc, un couteau planté dans la jugulaire. Son visage était figé dans une véritable expression d'étonnement.  

L'inspecteur se dit que c'était encore l’œuvre d'un toxicomane en manque. A moins que ce ne soit la mère qui était devant lui. Il regarda son visage où l'on voyait des cernes typique de l'alcoolique. Il devait parler mais il n'en avait pas envie. Au lieu de cela, il regarda le paysage en espérant fuir cette réalité.  

Les arbres de la clairière du bois des Hautes Plagnes étaient éclairés par la pleine lune...