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PPAAMMS présente
Les Tenebres

Réalisation : Demetra Chatwood  

Mazoey : Howard Landers  

Petia : Kellie Wryn  

Inspiré des Ténèbres du Ciel de WWP  

 

 

En mai, il y avait toujours de l’orage accompagné de pluies torrentielles. Les phares des voitures roulant sur l’unique route de l’île étaient continuellement allumés, ainsi que leurs essuie-glaces. Mazoey avait beau être habitué à cette météo excessive, il se sentait néanmoins à cran durant cette période. Lorsqu’il levait les yeux vers le ciel, il sentait comme une présence menaçante au-dessus de sa tête, l’observant et le jugeant au travers des grondements féroces.  

 

« - Regarde la route ! » hurla Petia, paniquée, agrippant le volant de ses deux mains.  

 

Il avait levé les yeux vers ce ciel sombre et zébré d’éclairs lumineux une seconde de trop et la voiture qu’il conduisait en avait profité pour se déporter légèrement sur la voie centrale, alors qu’un autre véhicule remontait la file derrière eux. Mazoey s’excusa brièvement et Petia souffla bruyamment, excédée. Mazoey scruta le rétroviseur pour vérifier que Lily, sa nièce, dormait toujours.  

 

« - Je te dépose chez Mamoue ? » demanda le jeune homme comme pour diffuser la tension qui s’était installée dans l’habitacle.  

 

Petia hocha silencieusement la tête, les yeux rivés sur la route, les doigts serrés sur son téléphone portable. Son frère se massa la nuque, soudain las et vidé de toute énergie. Depuis des semaines maintenant, il enchainait les shifts à l’usine. Malgré la fatigue, il n’avait pas le choix, sa famille avait besoin de l’argent qu’il y faisait et la nouvelle situation précaire de sa sœur, allait à coup sûr l’obliger à continuer. Mamoue était leur mère, une vielle femme au visage rond et doux et à la peau fripée. Elle avait eu une vie dure, mais personne ne l’avait jamais entendu se plaindre. Elle avait élevé ses quatre enfants avec courage et dévouement, tandis que leurs multiples pères continuaient à échoués lamentablement dans les bars environnants. Mazoey admirait sa mère et espérait avoir plus de points communs avec elle, qu’avec son géniteur.  

 

« - Rose ne répond pas, il vaut mieux que j’aille passer quelques jours chez Mamoue. »  

 

Mazoey acquiesça mentalement aux paroles de Petia. Il lui jeta un coup d’œil rapide et remarqua que le bleu qu’elle avait sur la pommette s’étendait désormais sur une plus large surface et avait noirci. Il resserra l’étreinte de ses doigts sur le volant et songea plutôt à Rose, leur plus jeune sœur, celle-là même qui vivait sur l’ile d’Oamako. Si l’on empruntait le vieux pont rouillé reliant les dunes, l’on pouvait rejoindre les deux iles en seulement quelques minutes. Petia avait cherché à joindre Rose lorsque Mazoey l’avait rejoint chez elle, mais leur cadette était aux abonnés absents. L’orage causait surement des interférences. Le jeune homme avait conscience que Petia n’avait aucune envie de retourner chez Mamoue, mais, pour le moment en tout cas, il ne semblait pas y avoir d’autre solution.  

 

 

Après une vingtaine de minutes de route, ils parvinrent devant la maison de Mamoue et la vieille femme apparut à la porte d’entrée. Elle observa son fils descendre les valises sous une pluie battante, sa veste remontée au-dessus de sa tête pour tenter de se protéger. Petia attrapa la petite qui dormait a l’arriere, puis tous trois se réfugièrent en trottinant jusque dans la bicoque aux coloris délavés. Les enfants embrassèrent leurs mère, tandis que Lily, la fille de Petia, se lovait tout contre sa grand-mère, les yeux a demi-clos par le sommeil. Mamoue leur servit du thé bien chaud et, malgré l’atmosphère étouffante du salon, Mazoey le but avec réconfort, comme si la chaleur pouvait l’aider à sécher ses vêtements humides.  

 

« - Je vous ai préparé la chambre de Mazoey, les filles. Vous pouvez rester autant de temps que vous le souhaité. »  

 

Le jeune homme lança un regard furtif a sa mère, des émotions partagées l’assaillant. De la jalousie, de l’amertume et une pointe de reproche. Alors que ses sœurs avaient toutes quittées le nid familial des années auparavant, Mazoey avait été le seul enfant à se soucier de leur mère. Il était celui qui avait tout sacrifié pour prendre soin d’elle et, même s’il le faisait de bon coeur, il leur reprochait parfois secrètement d’avoir avancées dans leurs vies, tandis que lui travaillait dur pour garder la tête hors de l’eau et offrir la meilleure vie possible a ses cadets. Et une fois encore, il devait abandonner son confort au profit de sa jeune sœur et de sa nièce. Mamoue, elle, ne sembla même pas remarquer le trouble de son fils, trop occupée à câliner Lily, babillant sur ses genoux.  

 

« - Je vais porter les valises dans la chambre » , dit Mazoey en se levant, cherchant une bonne raison de fuir.  

 

Les deux femmes l’ignorèrent totalement et, le dos voûté, il pénétra dans son ancien repère. Il remarqua que les draps avaient été changés et que certains de ses bibelots avaient été déplacés. Sa penderie aussi avait été violée, tout ce qu’elle contenait jadis se trouvait désormais dans un sac au sol près de la porte. Il soupira et déposa les bagages de sa sœur sur le lit, avant d’attraper les siens et de sortir. Au salon, les deux femmes conversaient bruyamment, dénigrant sans retenue le désormais ex-compagnon de Petia.  

 

« - Je vais faire un tour » lâcha-t-il, mal à l’aise.  

 

Encore une fois, personne ne lui prêta attention et il sorti de nouveau dans la nuit orageuse.  

 

 

Sa vie pourrait être tellement plus simple s’il n’avait pas de famille. Il savait que cette pensée était des plus horrible, mais il se sentait si fatigué et en colère qu’il en était indifférent. Il frappa dans une pierre a l’instant même où le tonnerre raisonna au-dessus de lui. Il leva son regard vers le ciel, comme à la recherche d’un bouc-émissaire a son mal-être. Les cieux semblaient autant courroucés que lui. Quel était donc le sens à sa vie ? Y-en avait-il au moins un ? Un éclair perça la voûte nuageuse et Mazoey crût apercevoir une forme dans les nuages. Il cligna vivement des paupières, incrédule. Il devait avoir rêvé, pourtant, il se la remémorait très clairement. La forme était longue et anguleuse, telle un invertébré serpentant au travers de la masse nuageuse. Malgré la pluie lui inondant le visage, le jeune homme resta de longue minute à contempler le ciel dans l’attente d’un nouvel éclair. Sa prière muette s’exauça et il l’aperçu de nouveau, cette fois-ci plus à l’est. Mû par un regain d’énergie, Mazoey s’employa à guetter chaque nouveau rai de lumière dans l’espoir d’apercevoir encore une fois cette chose cachée dans les nuages. Presque à chaque coup, il la vit. Il n’en croyait pas ses yeux et sorti alors son téléphone portable de sa poche, dans l’espoir de la capturer en image. C’est alors que la foudre frappa près de lui. Il sursauta et se baissa dans la surprise.  

 

« - Vous avez vu ça ? » l’interrogea une voix derrière lui.  

 

Mazoey se retourna et aperçut un homme trapus a la peau claire qui pointait du doigt le dôme invisible au-dessus d’eux. Devant le mutisme de son interlocuteur, l’homme réitéra sa question au moment même où le ciel s’illumina de nouveau.  

 

« - Il y a quelque chose dans le ciel » , dit simplement Mazoey, mi-surpris, mi-curieux.  

 

Le tonnerre était maintenant assourdissant et au moment où l’inconnu se rapprocha pour communiquer, un forme noire descendit fugacement du ciel et s’enroula autour de lui. Mazoey n’eut pas le temps de réagir, que l’homme et l’appendice avait déjà disparu, remontés à une allure folle vers les ténèbres atmosphériques. Mazoey était maintenant pétrifié par la peur. Un grondement fracassant déchira la nuit et une explosion de lumière jaillie a quelques mètres seulement. C’est seulement à ce moment précis que Mazoey prit ses jambes à son cou et rebroussa chemin en direction de sa maison. Il se sentait traqué par la créature au-dessus de lui et se força à ne pas lever les yeux à sa recherche, accélérant plutôt le pas, une décharge d’adrénaline le parcourant lorsque la pensée fugace de ce qui venait de se passer avec l’homme lui traversa l’esprit. Quelque chose le frôla, mais il ne s’arrêta pas et redoubla d’efforts pour avancer au travers de la pluie, ses pas claquants bruyamment dans les flaques au-dessous. Devant lui, il aperçut la maison familiale, elle n'était plus qu’à quelques mètres maintenant. Perçant le rideau de pluie a la hâte, il s’écrasa littéralement dans le salon. Sa mère et sa sœur hurlèrent de terreur en le dévisageant, ruisselant et tremblant sur le plancher.  

 

« - Mazoey ! Es-tu devenu fou ? » , cria Mamoue, une main sur le cœur.  

 

Il lui fit signe de se taire et l’oreille tendue, redouta le grondement du tonnerre, mais le seul son audible était celui de sa respiration saccadé.  

 

« - Mamoue, je te jure, il y a quelque chose dans le ciel » , lui expliqua-t-il après un moment.  

 

La vieille femme le regarda comme s’il était fou. Sa sœur ouvrit la bouche pour parler, mais le fracas du tonnerre retentit de nouveau et les vitres de la maison volèrent en éclat. Les femmes hurlèrent de nouveau et Lily lâcha un pleur strident. Mazoey se releva d’un bon et observa au dehors. Des voisins curieux et inquiets sortaient en trombe de chez eux et se regroupaient devant la maison.  

 

« - Abritez-vous ! » , leur cria Mazoey depuis le salon en faisant de grands gestes équivoques, mais les habitants ne semblaient pas le comprendre.  

 

Jurant dans sa barbe, le jeune homme ouvrit la porte pour leur intimer de rentrer chez eux, mais il n’en eut pas le temps et le tonnerre gronda de nouveau. En même temps qu’un éclair zébrait le ciel, une forme tentaculaire descendit des cieux, gigantesque et sombre, et frappa brutalement le petit groupe de personnes. La suite fût un amas de hurlement d’horreur et de peur. Impuissant, Mazoey et sa famille contemplaient les quelques survivants blessés se débattre et ramper. Petia inonda son frère d’un flot de questions, mais ce dernier se précipita pour allumer le petit poste de télévision trônant au milieu du salon. Un bulletin d’information apparut à l’écran, ainsi qu’un journaliste au regard affolé et un bandeau d’alerte défilant sur le bas. Des images amateures filmant le ciel surgirent et il était désormais clair qu’il y avait de la vie dans les nuages. Mamoue plaqua de stupeur une main sur sa bouche. Un appendice gigantesque, noir et luisant descendait des cieux pour s’enrouler autour des badauds à chaque nouveau grondement du tonnerre. C’est a cet instant précis que l’électricité se coupa et que tout se retrouva plonger dans le noir.  

 

 

Scénario : (1 commentaire)
une série Z d'horreur de Demetra Chatwood

Howard Landers

Kellie Wryn
Sorti le 06 novembre 2060 (Semaine 2914)
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