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MaNyla Productions présente
Versailles

Juillet 1789.  

 

Un carrosse traverse à toute allure les ruelles étroites de Paris, ses roues soulevant la poussière des pavés.  

À l'intérieur, une jeune femme élégamment vêtue, Marie-Anne Duval (Francesca Gunning) , observe les rues grouillantes de la capitale avec une certaine appréhension. Elle n'a jamais vu une telle foule, ni même senti l'air lourd d'une telle tension.  

Son regard croise celui d'un groupe de paysans en haillons, leurs yeux pleins de colère et de désespoir. La jeune femme détourne le regard, troublée.  

La voiture passe près de la Bastille, une forteresse imposante qui semble inébranlable, mais que les rumeurs disent en danger. C'est le symbole du pouvoir royal, mais tout autour, des murmures de révolution se font entendre. Marie-Anne s'apprête à rejoindre Versailles, ignorant encore que sa vie, comme celle de toute la France, est sur le point de basculer.  

 

 

Le faste de Versailles contraste brutalement avec la misère que Marie-Anne vient de quitter à Paris. Sous les lustres de cristal, elle avance parmi les nobles, tous vêtus de soie et masqués, comme si la cour elle-même tentait de se cacher de la réalité qui s'éveille au-delà de ses portes.  

La lumière tamisée des lustres, la musique délicate des violons et le chuchotement des soieries dessinent un tableau grandiose et artificiel dans la galerie des glaces. Le bal masqué est à son apogée, chaque noble dissimulant son identité derrière des masques finement ouvragés, symboles d'une cour qui aime les apparences et le mystère. Marie-Anne, dans sa robe crème brodée de fil d'or, porte un masque de dentelle qui ne parvient pas à cacher son malaise.  

Elle observe, silencieusement, cette mascarade somptueuse, consciente que derrière ces masques se cachent des intrigues et des tensions invisibles.  

La Reine Marie-Antoinette, éclatante dans sa robe de taffetas, mène la danse, entourée de ses fidèles dames de compagnie. Le sourire de la reine est gracieux, mais Marie-Anne peut lire dans ses yeux une lassitude qu'elle cache habilement. Marie-Anne est nouvelle à Versailles, et bien que cette vie de luxe l'ait fascinée au début, une part d'elle ne peut ignorer ce qu'elle a vu à Paris : la pauvreté, la faim, et le mécontentement qui monte.  

Le contraste entre ces deux mondes la trouble profondément.  

 

Alors qu'elle se tient en retrait, un murmure attire son attention. Deux nobles, cachés derrière leurs masques dorés, discutent à voix basse, échangeant des informations sur la situation à Paris.  

- "La Bastille pourrait tomber d'un jour à l'autre. dit l'un d'eux, tandis que l'autre rit, avec dédain.  

- "Laissez-les s'agiter. Le roi saura mater ces pauvres gueux !"  

Pour Marie-Anne, ces hommes semblent si détachés de la réalité. Elle sait que la situation est plus grave.  

À l'autre bout de la salle, un homme masqué, en simple habit noir, observe attentivement la foule. Son allure le distingue des autres courtisans. Ses vêtements sont moins extravagants, et sa posture, bien que discrète, révèle une vigilance constante. Cet homme n'est pas là pour se divertir, mais pour observer. Leurs regards se croisent brièvement et Marie-Anne ressent une étrange tension.  

Qui est-il ?  

Elle se force à détourner les yeux.  

 

Jacques Lafarge (Donovan Miller), sous son masque, analyse méthodiquement la salle. Cet ancien soldat, maintenant espion pour la Révolution, a réussi à se faufiler dans cette soirée grâce à des contacts parmi les domestiques. Il est ici pour recueillir des informations cruciales. Les nobles pensent être à l'abri entre les murs dorés de Versailles, mais Jacques sait que ce monde pourrait s'effondrer en un instant. Chaque conversation, chaque geste, peut lui donner un indice sur les intentions de la monarchie. Il a repéré Marie-Anne dès son arrivée.  

 

Marie-Anne, cherchant à échapper à l'atmosphère pesante de la salle, se dirige vers les jardins de Versailles, espérant trouver un moment de calme. Les jardins, illuminés par des centaines de lanternes, sont magnifiques, mais même ici, l'oppression de la cour semble la prolonger. Les parfums de jasmin et de roses semblent trop lourds, presque étouffants. Elle se tient près d'une fontaine, écoutant l'eau couler, lorsqu'elle entend des pas qui approchent.  

 

La jeune femme se retourne juste à temps pour apercevoir un homme qui s'approche d'elle, elle lui demande ce qu'il veut mais ce dernier ne répond pas.  

Soudain, il sort une lame et tente d'attraper Marie qui manque de tomber dans la fontaine. Jacques arrive rapidement derrière l'assaillant et le neutralise. Le masque de Marie-Anne tombe dans la mêlée, révélant son visage choqué, tandis que Jacques, toujours masqué, reste impassible. Il sait maintenant que cet incident n'est pas un simple hasard. Quelqu'un à la cour veut faire taire cette jeune femme.  

Essoufflée et désorientée, Marie-Anne réalise qu'elle doit sa vie à cet homme mystérieux.  

Le bal masqué continue en arrière-plan, comme si de rien n'était. Mais pour Marie-Anne, tout a changé en un instant. Elle est consciente que cet homme, qu'elle ne connaît pas, lui a sauvé la vie, et qu'elle est maintenant liée à lui d'une manière qu'elle ne comprend pas encore.  

 

Après avoir maîtrisé l'assaillant, Jacques le pousse contre un arbre dans l'ombre des jardins de Versailles.  

Le bal, avec ses rires et ses musiques joyeuses, semble à des années-lumière de la scène qui se déroule ici. Marie-Anne, encore tremblante, observe la scène à quelques mètres, cachée derrière une statue de marbre. La menace est passée, mais la tension dans l'air est palpable.  

L'assaillant, un homme au visage dur et couvert de sueur, essaie de se débattre, mais Jacques le maintient fermement. Il déchire un morceau de tissu de la veste de l'homme et le serre autour de ses poignets pour l'immobiliser. Avec un calme froid, Jacques retire son masque, révélant son visage marqué par les années de guerre et les luttes révolutionnaires. L'assaillant le fixe, les yeux écarquillés, il ne s'attendait pas à ce que quelqu'un interfère.  

Jacques se penche vers lui, ses yeux perçants ne laissant aucune échappatoire.  

- "Qui t'a envoyé ? demande-t-il, sa voix basse et menaçante.  

L'homme reste silencieux, serrant les dents. Il tente de détourner le regard, mais Jacques attrape son visage avec force, le forçant à le regarder.  

- "Ne joue pas à ça avec moi. Je n'ai pas de temps à perdre." Sa main libre glisse lentement vers le couteau qu'il a récupéré lors de la bagarre, le faisant briller à la lumière des lanternes.  

Jacques appuie la lame contre la gorge de l'assaillant, juste assez pour que celui-ci ressent le froid du métal contre sa peau.  

L'homme hésite, puis lâche enfin un mot entre ses dents serrées.  

- "Le Comte De Malet." Il prononce ce nom avec une grimace, comme s'il crachait du venin.  

Jacques fronce les sourcils.  

Le comte de Malet est un noble influent, connu pour ses manigances à la cour. Loyaliste fanatique, il est prêt à tout pour préserver ses privilèges, même s'il doit éliminer des personnes qu'il juge menaçantes. Jacques comprend alors que l'attaque contre Marie-Anne n'était pas un hasard.  

- "Pourquoi elle ?"  

Jacques pointe Marie-Anne d'un signe de tête.  

L'assaillant reste silencieux un instant. Mais face à la lame et à la pression qui monte, il cède.  

- "Elle… elle sait quelque chose. Elle a surpris une conversation entre le comte et ses puissants amis."  

 

Marie-Anne, cachée dans l'ombre, ressent un frisson glacé parcourir la colonne vertébrale. Le comte de Malet , un conspirateur contre la monarchie ?  

Mais elle croyait que tous les nobles soutenaient le roi et la reine. Cette révélation bouleverse sa perception du monde. Elle se rappelle un échange qu'elle avait entendu quelques jours plus tôt, entre deux hommes au ton grave, mais elle n'avait pas compris de quoi ils parlaient. Peut-être était-ce cela…  

 

Jacques, maintenant armé de cette information, assène un coup rapide à l'assaillant avec le couteau, laissant le corps contre l'arbre. Il se redresse, essuyant le couteau avant de le remettre dans sa ceinture puis se tourne alors vers Marie-Anne, qui l'observe, le souffle court.  

 

- "Ce jardin n'est plus sûr pour vous. Ni Versailles, d'ailleurs." dit-t-il en fixant la jeune femme dont le regard ne cesse de regarder Jacques et le corps sans vie de son agresseur.  

Elle ne peut quitter la Reine. La jeune femme explique qu'elle est ici par devoir envers ses parents qui ont tout fait afin qu'elle soit acceptée à la Cour.  

Marie-Anne baisse les yeux, tiraillée entre sa loyauté envers sa famille, la reine, et cette vérité qu'elle ne peut plus nier. Elle se souvient des rues de Paris, des regards affamés des enfants, des mères épuisées et des hommes en colère. Ce contraste avec la frivolité de Versailles la déstabilise encore plus. Elle s'était toujours demandé pourquoi elle se sentait si étrangère à cette cour, si déconnectée, mais elle n'avait jamais osé admettre que son monde, celui de la noblesse, était en train de s'effondrer.  

Jacques se rapproche d'elle, il tente de la convaincre d'une chose qui pourrait la mettre davantage en danger mais également la sortir des griffes du Comte de Malet.  

- "Espionner pour vous ?!" s'offusque Marie-Anne en reculant d'un pas.  

Jacques soupire, conscient du dilemme moral qu'il lui impose.  

- "Ce n'est pas une trahison, Marie-Anne. C'est la réalité. Le comte de Malet complote contre le roi. Vous êtes un obstacle sur sa route. Pensez-vous vraiment qu'il en restera à cet échec ? Non. Il recommencera jusqu'à ce que vous soyez réduite au silence. Il se prépare à sauver ses propres intérêts. Croyez-moi."  

Un silence lourd s'installe. Marie-Anne repense à ce qui l'a amenée ici, à la fierté de ses parents lorsqu'elle a été acceptée à la cour. Mais elle pense aussi à ce qu'elle a vu dans les yeux de cet homme qui a essayé de la tuer : l'indifférence froide, la cruauté. Et cette indifférence, elle la retrouve dans les murmures des nobles, dans les regards fuyants, dans les rires faussement légers de la cour.  

- "J'accepte." déclare-t-elle simplement.  

Jacques sait que cette décision est un tournant important pour la cause qu'il représente mais également pour Marie-Anne. Sans un mot de plus, ils se séparent dans la nuit, Marie-Anne retournant vers la lumière du bal, et Jacques disparaissant dans l'ombre.  

 

 

Le lendemain matin, la cour de Versailles s'éveille dans une agitation inhabituelle.  

Un corps a été retrouvé dans les jardins royaux, près d'une fontaine. La nouvelle se propage comme une traînée de poudre, enflant avec chaque bouche qui la prononce. Les nobles chuchotent entre eux, troublés par cet incident macabre. La garde royale est déjà sur les lieux, examinant la scène, tandis que la rumeur se fait de plus en plus précise : il s'agirait d'un homme, visiblement poignardé.  

 

Marie-Anne, au bras de la reine Marie-Antoinette, traverse les couloirs richement décorés du palais.  

Les conversations murmurées autour d'elles sont impossibles à ignorer et la reine elle-même semble plus tendue que d'habitude. Elle a été informée de la découverte et, bien que la cour essaie de maintenir une façade de tranquillité, l'inquiétude est palpable.  

- "Quelle horreur... dans les jardins du roi, un tel acte de violence..." murmure la reine, jetant un coup d'œil inquiet à ses dames de compagnie.  

Marie-Anne, bien que troublée par cette découverte, doit garder son calme.  

Elle sait que le corps retrouvé est celui de l'homme qui a tenté de la tuer la nuit précédente.  

Ses pensées tourbillonnent mais elle doit jouer son rôle à la perfection. Elle sait qu'elle est désormais prise dans un jeu dangereux. Tout geste ou mot mal placé pourrait la trahir.  

 

Alors qu'elles avancent dans la galerie, une silhouette familière apparaît.  

Le comte de Malet, impeccablement vêtu, s'approche du groupe, le visage impassible mais les yeux alourdis par une tension visible. Il fait une révérence formelle à la reine, avant de poser un regard calculateur sur Marie-Anne. Celle-ci a ressenti une sueur froide lui glisser dans le dos, mais elle redresse la tête, masquant ses émotions derrière une expression sereine.  

- "Votre Majesté", commence le comte, sa voix empreinte d'une fausse courtoisie. "J'ai entendu parler de l'incident de ce matin. Quel acte barbare... dans les jardins du roi, qui plus est."  

La reine acquiesce d'un mouvement de tête, le visage crispé.  

- "En effet, Comte. Nous attendons des explications claires de la part de la garde royale. Il est inacceptable qu'une telle violence ait lieu ici."  

Malet jette un coup d'œil rapide vers Marie-Anne, son regard perçant traversant son masque de courtoisie.  

- "Mademoiselle, vous semblez bien calme en de telles circonstances. Je suis surpris que vous n'ayez pas plus d'inquiétude... peut-être est-ce la marque de votre courage."  

L'insinuation est subtile mais elle résonne dans l'air comme une menace déguisée. Marie-Anne sent son cœur s'accélérer mais elle garde un ton poli et distant.  

- "Nous devons tous rester calmes en temps de crise, Comte. S'agiter ne ferait que semer davantage de panique."  

Le comte sourit légèrement, un sourire qui ne parvient pas à masquer le soupçon dans ses yeux.  

- "Vous avez raison. Mais parfois, ceux qui semblent les plus calmes sont ceux qui en savent le plus."  

Un silence pesant s'installe.  

La reine, visiblement mal à l'aise avec la tension entre eux, reprend la parole, cherchant à apaiser la situation.  

- "Comte, je vous prie de veiller à ce que tout soit fait pour renforcer la sécurité. Nous devons rassurer la cour et rétablir l'ordre."  

Malet fait une révérence profonde, mais ses yeux ne quittent pas Marie-Anne.  

- "Soyez assurée, Majesté. Je prendrai toutes les mesures nécessaires pour que la sécurité du palais ne soit plus compromis."  

Lorsque le comte se retire, Marie-Anne ressent un poids énorme quitter ses épaules mais le malaise persiste. Elle sait que Malet la soupçonne de quelque chose et qu'il est bien trop habile pour laisser ses soupçons de côté. Elle tente de dissimuler son trouble, mais la conversation a révélé la profondeur de l'implication du comte dans les événements de la veille.  

Tandis qu'elles reprennent leur marche, la reine jette un coup d'œil furtif à Marie-Anne.  

- "Ce comte de Malet... toujours aussi prompt à mettre les autres mal à l'aise, n'est-ce pas ?"  

Marie-Anne hoche la tête.  

- "Oui, Votre Majesté. Il semble toujours calculer chaque mot qu'il prononce."  

Marie-Antoinette acquiesce, perdue dans ses pensées.  

- "Il est de ceux qui savent manipuler à merveille les intrigues de la cour. Mais il faut nous méfier. Je sens qu'il n'a pas encore révélé toutes ses cartes."  

Ces mots résonnent dans l'esprit de Marie-Anne alors qu'elles suivent leur route. Elle sait que son rôle à la cour vient de devenir beaucoup plus dangereux.  

 

 

La nuit s'était abattue sur Versailles, et dans la chambre de Marie-Anne , seul le faible éclat d'une bougie vacillante éclairait les ombres qui dansaient sur les murs. Allongée dans son grand lit, enveloppée dans des draps de soie, elle fixait le plafond, incapable de trouver le sommeil. Son esprit ne cessait de revenir aux événements de la veille et à la rencontre glaçante avec le comte de Malet . Son regard, lourd de soupçons, hantait ses pensées. L'idée qu'il puisse vouloir sa mort, faisait naître en elle une terreur sourde qu'elle ne parvenait pas à chasser.  

Son cœur s'accéléra à cette pensée, et elle se redressa légèrement, ses doigts serrant instinctivement la couverture. Elle était en danger, elle le savait. Jacques lui avait ouvert les yeux sur les réalités cruelles de cette cour, et malgré toute la loyauté qu'elle ressentait envers ses parents et la reine, elle ne pouvait plus ignorer la menace qui planait au-dessus d'elle.  

 

Jacques.  

Son nom résonnait dans sa tête, mais c'était son visage qui la hantait le plus. Ses traits lui semblait étrangement familier. Au début, elle n'avait pas fait le lien, secouée par la violence de la situation, mais maintenant, dans le silence de sa chambre, son esprit explorait des souvenirs enfouis.  

Jacques lui rappelait quelqu'un… un jeune homme qu'elle avait connu autrefois . Un simple fils de soldat, mais avec qui elle avait partagé des moments si intenses, si passionnés, malgré les conventions qui les séparaient.  

Marie-Anne se leva, marchant lentement vers la fenêtre. Elle pose une main tremblante sur le rebord, regardant les jardins en contrebas. Elle se souvenait de ces nuits volées, bien des années auparavant, lorsqu'elle et cet homme se rencontraient en secret, dans l'ombre de ces mêmes jardins. Un jeune homme fougueux, plein de rêves et de détermination. Ils s'étaient aimés dans le silence, cachant leur affection du regard des autres, car elle, noble et lui, fils de soldat, ne pouvait espérer vivre cette romance au grand jour.  

Un jour, elle avait appris qu'il était parti à la guerre. Les nouvelles de sa disparition sur le champ de bataille brisée avaient son cœur. Elle l'avait cru mort, emporté par les horreurs de la guerre, et elle avait refoulé cette douleur pour se conformer aux attentes de sa famille et de la cour.  

Mais maintenant… était-ce possible ? Ce Jacques qui l'avait sauvée, cet homme durci par les années, pourrait-il être le même que celui qu'elle avait aimé autrefois ?  

 

Pendant ce temps, à quelques mètres d'elle, Jacques , vêtu de noir, observait silencieusement les lumières vacillantes du palais depuis les toits de la ville.  

Son regard se pose sur la fenêtre éclairée de la chambre de Marie-Anne. Il savait qu'elle ne dormait pas.  

Il s'était promis, alors qu'il combattait les anglais en Amérique, qu'il la retrouverait un jour. Et maintenant qu'ils étaient réunis, tout était plus compliqué qu'il ne l'avait imaginé.  

Jacques se souvenait de leurs moments ensemble. De la façon dont elle souriait, dont elle parlait avec passion, même dans l'intimité de leur amour interdit. Il avait toujours su que leur différence de statut rendait leur relation impossible aux yeux du monde, mais cela ne l'avait jamais empêché d'aimer Marie-Anne. La guerre l'avait éloigné d'elle, mais elle n'avait jamais quitté ses pensées.  

Il serrait les poings, luttant contre l'envie de la rejoindre, de frapper à sa porte et de tout lui dire. Mais il ne pouvait pas.  

La cour était trop dangereuse, et ils étaient au milieu d'un complot qui dépassait leur histoire personnelle.  

Pour l'instant, il devait se contenter de la protéger, jusqu'au moment où il pourrait enfin lui révéler la vérité. Il devait se rendre chez le Comte de Malet.  

 

 

Jacques, silencieux comme une ombre, glissa à travers les couloirs du manoir du comte de Malet. La nuit était avancée, et les quelques serviteurs présents dormaient profondément, croyant leur maître en sécurité.  

Après quelques minutes, il trouva enfin ce qu'il cherchait : la porte menant au bureau du comte. Le cœur battant, il s'assurait que personne ne l'avait suivi avant de glisser un petit crochet dans la serrure. Il fallut quelques secondes pour que le verrou soit crocheté. Jacques entra sans bruit, fermant la porte derrière lui avec précaution.  

Le bureau du comte était vaste, rempli d'armoires en bois massif, de documents et de livres rares. Un lourd parfum de tabac imprégnait l'air. Jacques savait que son temps était compté. Il devait comprendre pourquoi Marie-Anne était devenue une cible.  

Que savait-elle ?  

Qu'avait-elle entendu lors de cette mystérieuse conversation qui avait conduit à l'attaque contre elle ?  

 

Jacques se mit à fouiller rapidement les documents, ses gestes précis et méthodiques, n'ayant aucune intention de laisser de traces de son passage. Chaque tiroir ouvert, chaque papier inspecté était remplacé exactement comme il l'avait trouvé. Cependant, la plupart des papiers concernaient des affaires mondaines, des lettres politiques ou des traités commerciaux. Rien qui ne justifie la traque de Marie-Anne.  

Alors qu'il fouillait l'un des tiroirs les plus bas, un document attira son attention. Le parchemin portait un sceau distinct, celui du comte de Malet mais il n'y avait aucune inscription. Il déroula le papier avec précaution et se mit à lire.  

Il découvre des détails sur un complot visant à renverser la monarchie, bien plus ambitieux que ce qu'il avait imaginé. Le document révélait que Malet et plusieurs nobles de haut rang conspiraient pour précipiter la chute du roi, mais surtout, il y avait une mention de Marie-Anne . Selon les mots de Malet, elle représentait un danger car elle avait surpris une conversation essentielle à la réussite de leur plan. Marie-Anne , innocente et sans le savoir, avait entendu quelque chose de compromis lors d'un dîner. Peut-être un murmure discret, une confiance trop audacieuse. Malet voulait donc l'éliminer avant qu'elle ne puisse en parler à qui que ce soit, craignant qu'elle ne dévoile tout à la reine ou à quelqu'un d'influent.  

Jacques serra les dents . Maintenant, il comprenait. Marie-Anne n'avait aucune idée de la gravité de ce qu'elle avait entendu, mais cela la plaçait directement sur la ligne de mire de cette conspiration. Elle était une gêne parce qu'elle représentait une éventuelle fuite d'informations. Il savait que Malet n'hésiterait pas à envoyer d'autres assassins pour la faire taire définitivement.  

 

Des voix approchaient.  

Jacques rangea précipitamment le document et eut juste le temps de se glisser dans l'ombre derrière une armoire massive lorsqu'il vit la porte du bureau s'ouvrir. Le comte de Malet entra, suivi de deux autres hommes. L'un d'eux, de haute stature, portait une perruque blanche et un uniforme militaire, tandis que l'autre semblait être un homme d'église, drapé dans une longue soutane.  

Le comte se dirigea vers son bureau sans remarquer le moindre signe d'intrusion. Il alluma une lampe à huile, jetant une lueur chaude et vacillante sur la pièce.  

- "Vous êtes sûr de votre choix, Malet ?" interrogea l'homme en uniforme d'un ton grave.  

Le comte s'installa lourdement derrière son bureau et soupira.  

- "Nous n'avons pas le choix. La monarchie est en déclin, et si nous ne prenons pas les devants, nous serons balayés par la Révolution."  

L'homme en soutane prit alors la parole, sa voix basse et pleine de conviction.  

- "Quoi qu'il en soit, nous devons agir vite. Chaque jour, la situation se détériore à Paris. Si cette fille a vraiment entendu ce que nous avons dit, elle doit disparaître au plus vite."  

Le comte acquiesça, puis, d'un geste désinvolte, sortit une dague de son bureau.  

- "Cette fois-ci, je m'assurerai que l'opération soit un succès."  

 

Les trois nobles, chacun drapé dans des vêtements d'une richesse qui ne trahissaient en rien leurs liens secrets avec la Révolution, s'étaient installés confortablement dans le bureau du comte qui avait le visage souriant sévèrement éclairé par la lueur vacillante de la lampe à huile.  

Il s'adossa à son fauteuil de cuir, écoutant les murmures des deux autres hommes, un calculateur aux lèvres.  

Jacques, caché dans l'ombre derrière l'armoire imposante, ne ratait pas un mot de cette conversation. Chaque phrase révélait un complot plus sinistre que celui qu'il avait pu imaginer.  

 

L'homme en uniforme, de haute stature et portant une perruque poudrée, murmura.  

- "La Révolution est un tourbillon incontrôlable, mais nous avons su garder nos contacts avec les bonnes personnes. Une fois la monarchie tombée, nos titres seront confirmés, et nous pourrons régner avec encore plus de pouvoir que sous l'ancien régime."  

Le comte de Malet acquiesça, une lueur dans ses yeux.  

- "En effet. La loyauté n'existe que pour ceux qui sont trop faibles pour saisir les opportunités du changement.  

L'homme d'Eglise, vêtu d'une soutane noire, hocha la tête d'un air grave.  

- "La Reine et ses conseillers sont aveuglés par leur arrogance. Mais la jeune femme, Marie-Anne , elle… elle pourrait tout faire échouer si elle parle."  

Le comte fronça les sourcils, son expression devenant plus sombre.  

- "Elle sera éliminée. J'ai un plan. Dans deux jours, la Reine et sa cour se rendent au Petit Trianon. Ce sera le moment parfait pour frapper."  

 

Pour Jacques, tout était limpide désormais. Ils allaient utiliser Marie-Anne comme un pion dans leur jeu de trahison. Elle serait assassinée et ce crime serait présenté comme un attentat dirigé contre la Reine par les Révolutionnaires. Malet cherchait à tuer deux oiseaux d'un coup : se débarrasser de Marie-Anne tout en attisant les flammes du chaos pour accélérer la chute de la monarchie.  

- "Et comment allez-vous faire en sorte que cet assassinat paraisse comme un acte des révolutionnaires ?" demanda l'homme à la perruque, souriant malicieusement.  

Le comte se leva et commença à faire les cent pas dans la pièce, sa main effleurant une dague posée sur son bureau.  

- "Un message laissé sur le corps de la Reine, peut-être un pamphlet, cette dague dans la main de Marie-Anne. Tout sera soigneusement orchestré pour que la cour et même la population croient que les révolutionnaires ont frappé au cœur même de la noblesse".  

Le comte continuait à parler avec assurance , comme s'il avait déjà tout planifié dans les moindres détails.  

- "Marie-Anne sera proche de la Reine ce jour-là. Avec la foule, les gardes distraits et l'atmosphère étendue du Petit Trianon, il sera facile pour l'assassin de s'infiltrer. Un coup rapide, propre. Ensuite, le message sera déposé, et tout semblera être l’œuvre d’un fanatique révolutionnaire. De Marie-Anne."  

Avec ces derniers mots, les trois hommes se mirent à rire et quittèrent finalement la pièce, leurs pas résonnant dans le couloir désert.  

 

Jacques, resté seul, sentait une colère aigre monter en lui. Il savait que les heures étaient désormais comptées. Ils voulaient précipiter le royaume dans un bain de sang. La Révolution serait manipulée pour servir les intérêts de quelques traîtres avides de pouvoir.  

Il sortait silencieusement de sa cachette, ses poings serrés. Il devait agir, et vite. Marie-Anne devait être protégée à tout prix, et ce complot infernal devait être révélé avant qu'il ne soit trop tard.  

Sans perdre une seconde, Jacques quitta la demeure du comte, son esprit concentré sur la prochaine étape : trouver un moyen de sauver Marie-Anne et d'empêcher cet assassinat double, avant que l'histoire ne bascule dans le chaos complet.  

 

Jacques, toujours profondément enraciné dans ses convictions révolutionnaires, avait autrefois rêvé d'un monde où l'égalité et la justice régneraient. Il croyait fermement en la cause de la Révolution. Pour lui, le peuple devait se libérer du joug de la monarchie. Il avait vu de ses propres yeux la misère des paysans, les souffrances des ouvriers et la guerre menée par la démesure des puissants. Sans roi ni reine, pensait-il, la France pourrait enfin respirer.  

Mais aujourd'hui, face à la réalité de ce complot, Jacques se trouve à un carrefour dangereux. Marie-Anne , une noble malgré elle, était devenue une victime innocente dans ce jeu cruel de pouvoir et de trahison. Bien que Jacques ait toujours voulu abattre les structures de la monarchie, il ne pouvait se résoudre à laisser Marie-Anne périr pour une cause qui, ici, n'était qu'une manœuvre égoïste des puissantes. Elle n'était pas une ennemie du peuple. Elle ne devait pas être sacrifiée comme un pion sur cet échiquier mortel.  

 

Dans l'obscurité de la nuit , alors qu'il quittait discrètement le manoir du comte de Malet, Jacques se sentait tiraillé. Son premier instinct était de retourner immédiatement à Paris pour avertir ses supérieurs au sein de la Révolution. Il devait les informer que certains des nobles, sous couverts de soutien, utilisaient le mouvement pour leurs propres ambitions, manipulant la situation pour conserver leur pouvoir une fois la monarchie renversée. Ce complot devait être énoncé.  

Mais le temps manquait cruellement.  

S'il faisait un aller-retour à Paris, il serait trop tard pour sauver Marie-Anne.  

Le plan serait déjà en action, et la jeune femme serait morte, probablement avec la Reine, dans ce coup fatal.  

Jacques marche à pas rapides à travers les ruelles sombres, réfléchissant à chaque option. S'il présentait son rapport, il faudrait du temps pour qu'il soit entendu, débattu et peut-être même rejeté par ceux qui pensaient que le sacrifice de quelques nobles était un mal nécessaire pour atteindre l'égalité. Marie-Anne serait vue comme une simple perte acceptable  

Non.  

Il ne pouvait pas compter sur cela.  

Il devait agir seul.  

Et cela, même si cela signifiait désobéir aux ordres, même s'il devait trahir sa propre cause pour protéger celle qu'il aimait autrefois et qu'il n'avait jamais vraiment oublié.  

Ses pensées se cristallisèrent.  

Il devait trouver un moyen de mettre Marie-Anne en sécurité sans éveiller les soupçons des conspirateurs. En parallèle, il fallait discrètement saboter leurs plans. Si Jacques pouvait isoler Marie-Anne avant le jour fatidique, l'assassin ne trouverait pas sa cible.  

Mais cela ne suffirait pas.  

il devait aussi prouver que les coupables étaient les nobles conspirateurs, et non les révolutionnaires.  

 

Une idée traversa son esprit. Si la scène de l'attentat pouvait être manipulée à son tour , si Jacques pouvait retourner leur propre stratagème contre eux, il pourrait à la fois sauver Marie-Anne et discréditer définitivement ces nobles corrompus.  

 

Jacques avait appris au fil des ans à utiliser les failles de ses ennemis contre eux.  

Organiser un faux attentat.  

Il connaissait un groupe de révolutionnaires radicaux, jeunes et facilement manipulables, qui rêvaient d'un coup d'éclat contre la monarchie. Jacques savait qu'il pourrait les convaincre d'organiser une diversion ce jour-là. Ils n'avaient pas besoin de savoir qu'ils faisaient partie d'un plan plus vaste.  

Une simple émeute à l'entrée du Petit Trianon attirerait les gardes et mettrait l'endroit en alerte maximale.  

 

Pendant que l'attention de la Cour et de la garde serait tournée vers cette fausse attaque, Jacques se chargerait de neutraliser l'assassin engagé par le comte de Malet. Il devait non seulement empêcher l'assassinat de Marie-Anne , mais aussi s'assurer que l'assassin soit capturé, idéalement sur le point d'agir. Si tout se passait comme prévu, les gardes royaux, alertés par la diversion, arriveraient juste à temps pour arrêter l'homme.  

 

Mais Jacques voulait aller plus loin.  

Il devait créer un lien direct entre l'assassin et les conspirateurs nobles . Le comte de Malet et ses alliés avaient prévu de laisser des preuves incriminant les révolutionnaires sur le corps de Marie-Anne. Jacques allait faire de même, mais cette fois, les preuves porteraient directement vers Malet. Il falsifierait des documents compromettants , trouvés dans le bureau du comte, et les placerait dans les affaires de l'assassin. Une lettre, signée du comte, donnant les instructions pour l'attentat. Ainsi, même si Malet tenterait de se défendre, il serait pris à son propre piège.  

 

Jacques devrait organiser un moyen de la faire quitter discrètement le Petit Trianon avant que le complot ne puisse aboutir. Emmener la jeune femme dans un refuge secret à la périphérie de Paris, tenu par un ancien camarade de la Révolution. Là, elle serait en sécurité, loin des regards des conspirateurs. Le plus difficile serait de convaincre Marie-Anne de quitter définitivement la Cour, elle qui avait toujours ressenti une forte loyauté envers la Reine et ses parents. Mais Jacques espérait que, face à l'imminence du danger et à la trahison des nobles qu'elle servait, elle comprendrait qu'elle n'avait plus d'avenir dans ce monde.  

 

Jacques savait que ce plan était risqué.  

Si un seul élément échouait, il risquait non seulement de perdre Marie-Anne, mais aussi de se retrouver lui-même accusé de trahison. Mais c'était un risque qu'il était prêt à prendre. Il n'avait plus le luxe de se reposer sur ses convictions révolutionnaires. Sa loyauté allait aussi vers Marie-Anne, et il se battrait pour la sauver, tout en restant motivé par sa soif de justice.  

 

Jacques, désormais prêt à affronter le défi, quitta les ruelles sombres, déterminé.  

Le compte à rebours avait commencé, et il n'avait plus une minute à perdre.

Scénario : (4 commentaires)
une série Z historique de Adam Geller

Donovan Miller

Francesca Gunning
Sorti le 04 août 2068 (Semaine 3318)
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