1989 : Jeanne Surge (Tamara Nicotero) est licenciée de son usine de production textile de Cherbourg. La délocalisation menace toute la filière au niveau européen et les industriels ne se posent pas vraiment la question des conséquences sur l'emploi régional ; les charettes se multiplient donc.
Pour Marianne Salzbourg (Francesca De La Boulaye), cette question de la culpabilité est d'ailleurs totalement hors de propos : c'est l'avenir de l'entreprise entière qui est en jeu. Le Maghreb représente déjà une menace, pas question de se laisser dépasser par la concurrence. Marianne a reçu ses instructions du siège parisien de la compagnie et elle se prépare, elle aussi, à partir, mutée à Hong-Kong. Normande de naissance, elle "l'a en travers de la gorge". Mais que faire d'autre ?

La situation est pourtant bien pire pour ceux qu'elle a violemment licenciés. Jeanne, par exemple, est catastrophée : divorcée, percluse de dettes, sa fille Gwendoline (MeL' Oo) devant partir dans quelques mois à la fac à 150 km de là, couturière dans l'entreprise depuis 25 ans et jetée dehors en une heure...
Devant l'agent des ASSEDIC auprès desquels elle vient s'inscrire pour faire valoir ses droits au chômage, elle craque complètement, nerveusement et physiquement : elle ne veut pas embêter sa fille, en pleine révision du BAC, avec ses affaires. Elle lui a donc tout caché. Un lourd secret à ajouter à la honte de sa situation.

L'agent, Philippe Delalande (Conor Lester) est bien en peine pour cette femme. Lui et ses collègues sont en vrai état d'alerte depuis le début de ces vagues de licenciements. Les perspectives sont catastrophiques pour la filière : soit les employés partent de la région (comment le pourraient-ils d'ailleurs ? La plupart sont mariés, ont des enfants, des crédits, etc.), soit ils vivotent la peur de l'avenir et l'ulcère en embuscade. La presse s'est d'ailleurs faite l'écho d'un inquiétant nombre de suicides suite à ces "plans sociaux".
Pourtant, pour Philippe, Jeanne est celle qu'il a attendue toute sa vie. Une vraie perle sortie des immondices de sa vie. Philippe, néanmoins, ne peut se répandre en sentimentalisme béât : Jeanne vient juste d'être blessée par la vie et lui révéler qu'il a eu le coup de foudre pour elle serait plus que déplacé. Il va donc tout faire pour lui prouver son amour : lui trouver du travail, faire pression sur ses collègues de l'ANPE, faire marcher ses contacts...
Ensuite... Ensuite, sa vie aura changé. Et il en fera partie.

Jeanne ne le sait pas mais aujourd'hui, elle vient de rencontrer son ange-gardien. (Script original)

Film tourné aux Visual Studios