Jack Haley est un baron de la drogue. Pas n’importe quel petit caïd sud-américain ayant soif de pouvoir et d’argent, mais un véritable maître de l’industrie, le seul, contrôlant tout, des réseaux de télévisions aux centres de désintoxication, en passant par les ministères les plus influents des grands gouvernements : finance, santé, sécurité et éducation. Toutes drogues présentes sur la planète émanent de lui, et uniquement lui. Les soi-disant producteurs indépendants de Colombie ne représentent rien pour Haley, pas plus que les grands chefs des mafias italiennes, américaines et russes. Ils ne sont que des pantins en costard, des instruments réservé à la fortune du Baron. Jack Haley n’a que faire des guerres de clans du style 1920. Il les achètent tous, et les tient en laisse comme de braves bêtes inoffensives.

Née de parents toxicomanes qu’il méprisait dès l’âge de cinq ans, il avait vite compris que la drogue était un piège à con, et que la planète en était justement surpeuplée. Il avait d’abord tranché la gorge de son père devant les yeux horrifiés de sa pauvre mère avant de l’assassiner elle aussi, en lui crevants les yeux avec le tisonnier, très lentement. Il n’avait pas vraiment aimé l’expérience, elle le laissait plutôt indifférent. Sont but n’était que de voler leur stock pour le revendre dans la cours d’école, à ces étudiants pré-pubères se prenant déjà pour des gens importants. Ensuite, tout était allé très vite. Quatre ans plus tard, il faisait abattre Victor Risto, parrain de la mafia canadienne. Haley n’avait alors que neuf ans. On disait qu’il était plutôt brillant, pour son âge. Il s’en foutait.

Maintenant âgé de 36 ans, l’homme vivait dans un coin perdu de l’Europe, dans un petit château médiéval dérobé à une entreprise d’archéologie, de manière bien peu élégante. Il était le seul à pouvoir y accéder, mis à part une certaine femme, Nicole Darrow, peu connu du grand public. Haley l’avait dégottée au fond d’une ruelle, en train de flanquer dans la tête de six jeunes drogués des balles de 9 mm. Leur rapprochement avait été immédiat, instinctif. Depuis, ils avaient ensemble une relation, le genre de relation qu’on ne raconte pas. Le dernier journaliste à avoir comparé Nicole à la comtesse Elizabeth Báthory avait purgé une peine de deux semaines, pendu par un crochet au pied de la Tour Eiffel, aux yeux de tous.

C’est le 27 juin qu’il se passa quelque chose de bien étrange, de très dangereux, à trois kilomètres à peine du Repaire du Baron. Trois jeunes femmes avaient décidé, par instinct de survie, de tuer la compagne de Haley, alors qu’elle venait tout juste de les «engager». Parmi ces femmes se trouvait Tracy, étudiante en médecine dans les nouveaux programmes Haleyiens. Elle savait que son geste entraînerait la peine la plus cruelle qui soit, et que personne n’aurait même la permission de pleurer son sort. C’est pour cette raison qu’elle décida de se rendre elle-même au Repaire, pour éliminer l’auteur du populaire livre «La médecine héroïne» …