La fillette (Cristina Hemmings) est dans sa bulle de verre qui occupe presque toute la pièce. Elle regarde fixement le scientifique (Pierre Hunter) qui lui fait face, de l'autre côté de la paroi transparente. Dans un coin, on peut lire un panneau : 'Spécimen 139'.  

L'homme griffonne quelque chose sur son cahier tandis que l'enfant se rapproche.  

Au moment où leur regard se croisent, elle se précipite sur lui avec un cri guttural - pour s'écraser contre le plexiglas securit. Saignant du nez, elle reprend son élan. Même résultat. Désormais par terre, vaincue par l'invisible, elle se recroqueville dans le coin de sa bulle et se met à gémir.  

Le pager de l'homme en blouse blanche vibre. Il le consulte : on l'attend en salle de réunion. Il range son carnet et sort.  

L'hôpital de Claremont dans le Missouri est spécialisé dans la recherche comportementale et le Spécimen 139 est une sorte d'aboutissement pour cet homme : toute sa vie, il a étudié le comportement animal et ses possibilités d'évolution - cette petite fille est un défi pour lui. Jusqu'à l'âge de 7 ans, elle a connu un développement moteur et cognitif normal. Et puis d'un seul coup, inexplicablement, elle s'est mise à régresser, ne développant plus à l'égard d'autrui qu'un autisme ultraviolent. L'Académie de Médecine et les autorités suivent l'affaire avec beaucoup d'attention.  

Cet homme, le Dr Winsberg travaille en collaboration avec l'équipe Dan Sherman / Christina Leprosi (Scotty Hartnett / Summer Bova). Tous deux sont les créateurs de la Matrice à Rêves, la "Dream Matrix" qui sera bientôt utilisée sur le Spécimen 139 en conjonction avec de l'hypnose régressive et un bouillon de drogues.  

Bien que le concept de cet instrument ne soit pas neuf, le génie de Sherman/Leprosi a été de générer un système de visualisation virtuelle des rêves - Winsberg n'y a pas cru au début, mais les premiers tests sur des aliénés ont été concluants. La cartographie des sous-bassements de la conscience n'est qu'une question de temps. Pour le corps médical, le traitement des pathologies dont souffre cet enfant ne sera bientôt plus une énigme.  

Le staff l'attend pour un debriefing avant l'expérience. Leprosi n'a pas la mine des bons jours : dès le début de l'entretien, elle annonce que la machine fonctionne, certes, très bien, mais que le système de visualisation est récemment passé en multicanal, de manière totalement anormale...  

"Multicanal" ? Winsberg, un peu énervé par les termes de SF utilisés par le couple, réclame une explication.  

C'est Sherman qui lui répond, essayant d'être didactique : dans l'absolu, l'équipe médicale pouvait avec la machine, "voir" les créations oniriques du patient. Passer en "bicanal" signifie que, non seulement elle pourrait observer mais aussi interagir avec. Pire, il se pourrait que le patient devienne conscient de cette intrusion dans ses rêves et réagisse plus ou moins violemment. Ce dernier point n'est pas tout-à-fait clair mais l'inventeur estime que ce "bug" du système les amène trop loin et demande un report de l'intervention sur "le 139".  

Leprosi n'est pas de cet avis. Winsberg, lui, se voit déjà un Nobel de Médecine dans les bras.  

(Script original)