Suite du film Le Moscovite sorti de nos studios le 04 juin 2005 (Semaine 22)


Nous sommes à Moscou, au tout début de l’hiver. Il fait un froid de canard dans la ville. Seul les vrais Russes endurcis et autres touristes nordiques se risquent à marcher dehors, aux abords de la Place Rouge, sinon, tout est désert. Pour Elena Kroïtcheva, c’est un endroit comme un autre pour faire un meurtre. Rien ne l’a jamais rebuté à agir, pas même les plus imposantes escortes armés. Du moment qu’elle a la promesse d’un joli magot bonifié, elle s’adonne au vol éhonté des contrats de tueurs à gage. La cible d’aujourd’hui est particulièrement intéressante : le ministre de la défense en personne, que certains intérêts étrangers veulent à tout prix voir disparaître, pour des raisons géo-politico-économique dont Elena se fout éperdument. Elle aimerait bien d’ailleurs en finir au plus tôt, mais son acolyte n’est pas aussi impatient qu’elle.

Grigori Wikovsky est un agent très professionnel. Il a promis à ses employeurs que beaucoup de gens verraient le ministre s’effondrer dans la rue, il tiendra parole, peu importe ce qu’en dira cette énergumène d’Elena. Du moment qu’il tire le coup avant l’adversaire, il n’y aura aucun problème. Certes, voler des cibles n’est pas son sport favori, mais il n’a plus le choix. Son dernier combat contre miss Kroïtcheva lui a montré clairement qu’il ne peut rivaliser avec une égale, féminine en plus, donc doté d’un sale caractère. C’est résignés et couverts de honte qu’ils avaient tous deux scellés une trêve après avoir vainement tenté de s’entre-éliminer. Mieux valait finalement vivre pour tuer que d’être tué pour tuer. Les deux avaient au moins eu l’once de sagesse nécessaire pour comprendre cela, à ce moment. Travaillant en tandem et n’acceptant que des contrats allant dans le sens de leur conviction commune, Grigori et Elena avaient désormais un nom de code bien à eux : les Moscovites.

Les tueurs se trouvent sur un balcon d’hôtel, en diagonale d’une magnifique église orthodoxe où monsieur le ministre assiste à la messe en compagnie de gardes du corps et autres résidents ordinaires. Dès qu’il sortira, accompagné d’une masse de gens, Grigori ordonnera à Elena de faire feu. L’arme utilisée aura l’effet voulu, soit un maximum de giclée de sang sur les civils alarmés. Reste à savoir si l’autre agent ayant reçu le même contrat est présent aujourd’hui. Ça ne semble pas être le cas, tout les points stratégiques étant désert.

Le temps passe.

On entend au loin des sirènes de pompiers s’activer. Il y a un feu quelque part. Grigori et Elena reste concentrés.

Une minute passe, puis un cri s’élève dans le silence de la rue, suivi immédiatement d’une violente explosion à l’intérieur de l’église. Les deux tueurs sont propulsés violemment contre le mur derrière eux sous la force de l’impact. Des débris viennent jusqu’au balcon.

Le ministre a été victime d’un attentat spectaculaire. Pompiers et ambulanciers accourent dans la rue. Les magnifiques dômes dorés de l’église s’écroulent juste devant eux, manquant de les écraser.

Grigori se relève, assourdi. Il regarde rapidement les alentours. Un homme et une femme s’éloignent vers l’est, en bas. Probablement les auteurs de l’explosion.
Ça ne fonctionne pas ainsi!
Wikovski empoigne son fusil et vise les fuyards, mais son doigt touche à peine la gâchette qu’Elena intervient miraculeusement. Il faut rester patient, agir professionnellement, pas comme elle le ferait normalement.

Les Moscovites ont maintenant un nouvel ordre du jour. Plus question de chercher à récupérer l’argent, c’est impensable. Ils ont deux terroristes à dérouiller pour leur insolence. On ne fait pas le coup de la bombe à la figure des deux meilleurs tueurs à gage du monde…