Nu sur le carrelage froid de sa cuisine, Lancaster (Bruce Vinding) réfléchit.  

Avez-vous déjà imaginé, au moment où vous faites fondre une motte de beurre ou un glaçon, que tous deux pourraient être le berceau d'une civilisation avancée ?  

Lancaster, lui, le pense.  

Il en a d'ailleurs tellement parlé autour de lui que des gens gentils sont venus le chercher pour ce qu'ils appelaient "une cure de repos". Rien n'y a fait : malgré les dénégations de sa famille, il est sorti peu de temps après. Les psychologues se sont cassés les dents sur son cas, mais l'ont finalement laissé sortir : il ne représentait pas un danger ni pour lui ni pour autrui. Une famille qui désespère de le guérir, à commencer par sa femme Babette (Amanda Feild) qui ne supporte plus les "lubies" de son bonhomme.  

Mais Lancaster n'est pas fou. En tout cas, c'est son opinion sur le sujet : tout ce qui l'entoure capable de s'agglomérer, de générer "des petits tas" (de beurre, d'huile, de poussière, de liquide) est susceptible de développer une intelligence collective, supérieure même à la nôtre.  

Nettoyer sa maison serait donc un génocide. Il le sait : n'est-il pas ingénieur en Sciences de la Vie ?  

Il regarde donc attentivement la goutte de savon qu'il vient de faire tomber sur le sol de sa cuisine. Dans l'attente d'un signe.  

Ca va arriver. Il le sent.  

Lancaster n'est pas fou.  

Ce sont les autres qui ne voient rien.  

(Script original)