La plus tombait à grosses gouttes sur la carrière de schiste, éclaboussant les vêtements de Louis Le Soliec (Joshua Camacho) et ses compagnons de route qui se rendaient aux ardoisières dans lesquelles ils s'engouffraient quotidiennement depuis plusieurs années. Depuis l'arrivée du chemin de fer à Gourin en 1892, l'exploitation de l'ardoise s'était déplacée vers l'intérieur de la Bretagne, abandonnant les anciennes carrières arrivées à épuisement. Les ardoisières de Gourin avaient alors pris à l'époque un réel essor offrant du travail à de nombreux habitants de la région.  

Mais les conditions de travail n'étaient pas faciles. Contrairement à d'autres carrières à ciel ouvert, celles de Gourin étaient souterraines. Telles les mines du Nord de la France, les ardoisières s'enfonçaient dans les entrailles des Montagnes Noires, tenant leur nom de cette matière dont elles étaient composées et qui servaient à couvrir les habitations, de plus en plus profondément.  

Comme tous les matins, Louis empruntait ce long chemin qui menait du village jusqu'aux ardoisières situées loin à l'extérieur, accompagné de nombreux hommes. Parmi eux, il y avait Robert Le Goff, dit Bébert, un ami d'enfance qui comme lui n'avait jamais quitté Gourin, Alfonse Le Gac, un vieil homme fatigué dont le travail à la carrière était de couper les blocs d'ardoises ramenés par ses compagnons en fines plaques prêtes à être posées sur les toits, et Amédé Rouzic. Tous les jours, les quatre hommes faisaient route ensemble, suivant les différents pelotons d'hommes qui se rendaient comme eux au travail. Ils parcouraient le sentier qui partait du bourg, traversait le bois de Tronjoly et s'enfonçait dans la campagne gourinoise jusqu'à la carrière. Un chemin difficile, boueux par endroit où les pieds s'enfonçaient profondément, ce qui rendait la marche difficile, et pavé à d'autres endroit, là où se trouvaient d'anciennes voies romaines dont les pierres, usées par le temps et devenues glissantes, étaient toujours en place.  

Sur la route, ils discutaient de tout et de rien, de leur vie et de celles de leurs proches. Contrairement à d'autres habitants qui avaient quitté le pays pour se rendre aux Etats-Unis, comme François, le frère de Louis, l'avait fait il y a quelques années, ces hommes avaient préféré rester là où ils étaient nés, où ils avaient grandi, et où ils espéraient que leurs enfants fonderaient à leur tour leur famille.  

Avec son épouse Thérèse (Morena Reyes), Louis révait de l'avenir de ses deux enfants. Il espérait pour eux autre chose que cette misérable vie cependant, et c'est pour cela que le couple se sacrifiait chaque jour pour mettre de côté assez d'argent pour permettre à leurs enfants de faire des études.  

Ce matin là, Thérèse avait vu comme tous les jours son époux prendre la route avec ses compagnons, le ventre noué par crainte qu'un accident n'arrive. Mais comme chaque matin, une voix la rassurait intérieurement en lui disant qu'elle n'avait pas à s'inquiéter et qu'il rentrerait comme il le faisait chaque soir, en bonne santé.  

Pourtant, ce jour là, une galerie de la carrière allait s'effondrer, enfermant Louis et ses collègues dans ce sous-sol qui était son lieu de travail. Il allait alors leur falloir beaucoup de courage, à eux et à leurs proches à la surface à qui on avait annoncé leur décès, pour réussir à s'extraire des entrailles des Montagnes Noires...  

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Après avoir découvert la vie des gourinois ayant quitté leur pays pour tenter de vivre le rêve américain, découvrez la vie de ceux qui ont décidé de rester en Bretagne, dans ce village qui vivait à l'époque principalement de ses ardoisières, à travers ce film aux couleurs sepia.