Ca aura été un déchirement pour moi que de voir Elora mourir sous mes yeux, ma dague recouverte de son sang, cette même dague qui me suit partout depuis que j'ai repris connaissance il y a plus d'un an dans cette ruelle de Tarmif, cette dague qu'on avait voulu me dérober pour empêcher une prophétie de se réaliser. Mais je n'avais pas d'autre choix. Elora n'a pas voulu comprendre que ma destiné est bien plus grande et bien plus importante que tous les objectifs des rebels. Avant de rejoindre le royaume de Turmak, le dieu de la mort, elle m'a dit ne pas me reconnaitre et m'a demandé où était passé le Ravim qu'elle avait rencontré un an auparavant, celui qu'elle aimait, sous-entendant que je n'étais plus le même. Peut-être a-t-elle raison, mais je sais en moi-même que le vrai Ravim Cringon est celui que je suis actuellement, et que celui que j'ai été pendant un an n'était pas moi.  

A présent que je possède le sceptre d'Oliana, et qu'Elora n'est plus là pour m'empêcher d'accomplir ma destiné, plus rien ne va pouvoir m'empêcher de reprendre ma place à la tête de la guilde des Ecorchés, et par la même occasion à la tête des territoires d'Oliana. Arilyne, ma nouvelle compagne de combat, une mercenaire elfe que j'ai retrouvée dans les bas fonds de Tarmif, m'a révélé la raison pour laquelle j'avais ainsi pris le pouvoir.  

Il y a trois ans, je l'avais embauchée pour découvrir ce qu'était devenu un manuscrit vieux de plusieurs centaines d'années, et qui selon la légende aurait disparu. Mais j'étais persuadé que la légende cachait une partie de la vérité. Les divinations d'Ember le Sage, un vieil homme longtemps considéré fou à cause de ses prédictions farfelues qui finalement s'étaient avérées exactes des dizaines d'années après sa mort, ne pouvaient pas avoir été ainsi jetées aux oubliettes. La rumeur disait que le Seigneur Ulrick avait réussi à enfermer Aleria, la déesse de la magie, en suivant ces prophéties, et j'étais persuadé qu'il savait encore où se cachait ce grimoir, mais qu'il refusait de le révéler par peur que d'autres prédictions ne se réalisent.  

Avait-il lu qu'il se ferait assassiner, qu'avec sa mort les territoires d'Oliana seraient plongés dans la chaos ? Peut-être... Toujours est-il qu'à l'époque, Arilyne m'avait confirmé que le grimoir était caché quelque part dans la forteresse du Seigneur d'Oliana. J'avais jugé alors que la meilleure manière de s'en emparer était de me débarasser d'Ulrick et de prendre le pouvoir d'Oliana. Une chose que je m'étais bien gardé de révéler à mon second Nolius. Une précaution que j'avais bien fait de prendre, sans ça il aurait peut-être déjà mis la main dessus depuis.  

Mais aujourd'hui, les choses vont changer. Accompagné de l'elfe, je suis bien décidé à pénétrer la forteresse qui abrite le Seigneur actuel et à reprendre le pouvoir du Royaume. Le sceptre en ma possession pourra m'y aider, un objet de magie brute et qui malgré l'absence de la déesse Aléria peut tout de même fonctionner. Mais il va me falloir faire vite, car déjà on ressent la perte de pouvoir de la guilde depuis que je l'ai dépossédée du sceptre et on raconte qu'un pirate revenu dernièrement sur le continent aurait avec lui un anneau, lui aussi de magie brute, qui pourrait permettre aux rebels de renverser une fois pour toute le pouvoir des Ecorchés. Une chose que je ne peux pas laisser faire, évidemment.  

Les talents de voleuse d'Elora m'auraient bien aidé une fois de plus dans ma nouvelle mission, mais je vais désormais devoir faire sans eux. Arilyne est peut-être moins discrète, mais son talent au combat compensera. Et si jusqu'ici j'ai travaillé dans la discrétion, le sang risque de couler bien plus à présent...