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Walken Production présente
Peur

L’éclair s’abattit dans un fracas assourdissant à peine quelques mètres à côté du cadavre. Celui-ci ne broncha pas. Un rideau de pluie maussade s’avança au même instant sur le cimetière St-Barthélemy, transformant la terre fraîchement déplacée en un amas de boue immonde et puant. L’homme harassé s’étouffa maladroitement, crachant un épais mucus gluant dans le trou béant qui s’ouvrait devant ses pieds. La nuit était fraîche, mais le labeur à moitié achevé l’empêchait d’en souffrir. Trempé de sueur, d’eau et de sang, il entrepris sans ménagement de jeter dans l’abyme la carcasse inanimée, à qui il offrit comme dernier compagnon de route un sac de sel et quelques couches de terres. C’en était assez pour la journée. L’homme allait rembarquer dans sa camionnette et quitter cet endroit lugubre, enfonçant l’accélérateur dans le tapis et plongeant, peut-être, dans la rivière, à dix kilomètres de là.  

 

 

«La légende dit qu’à l’époque de sa fondation, le village de St-Barthélemy a été victime des pires atrocités que ce monde ait jamais connue. Nul ne sait aujourd’hui ce qui s’est réellement passé, mais les histoires parlent de crimes sanglants, de meurtres sadiques, de mutilations monstrueuses et de vengeances cruelles. Une époque où des monstre horribles dominaient les hommes, une époque où régnait le mal et… la peur.»  

 

 

Jim et Monika se tenaient là, devant le panneau d’accueil de ce village fantôme que l’on appelait autrefois St-Barthélemy. Le nombre "2000" en-dessous du mot "population" avait été rayé grossièrement à l’aide d’une matière rougeâtre dont les deux jeunes préféraient ne pas connaître l’origine. Pour tomber en bête panne d’essence, ce n’était guère l’endroit idéal. Déjà sur la route, aucune autre voiture ne semblait vouloir se présenter, et le soleil à l’ouest descendait rapidement vers la ligne d’horizon, dans un ciel de plus en plus nuageux. Heureusement, ils n’étaient pas du genre à sombrer dans la panique, aussi prirent-ils la décision de poursuivre à pied leur route, à travers ce village désert, où des maisons en ruines donnaient au décor une ambiance morbide.  

Après plus de quinze minutes de marche, dans le silence de mort s’éleva le bruit du vent, et dans une de ces démonstrations du pouvoir de la nature, un éclair éblouissant fendit le ciel de la nuit et s’abattit au loin devant eux, suivi d’un terrible grondement et d’un craquement sinistre. Jim et Monika sursautèrent, et comprirent leur stupidité au moment où un torrent d’eau tomba sur leur tête. La voiture désormais était loin derrière, il vallait donc mieux emprunter une demeure abandonnée pour se couvrir le temps que l’orage se passe. C’est ainsi qu’ils franchirent le seuil du 24, Chemin Principal, la construction la plus conservée du vestige d’un temps révolu.  

 

 

«Et on dit que, lorsque St-Barthélemy fut privé de l’entièreté de sa population, on n’y trouva plus alors que le murmure d’un effroyable massacre, l’écho des cris poussés par ces êtres innocents qui n’avaient rien demandé à personne, hormis la vie. Dès lors qu’il n’y eut plus rien à effrayer, plus rien à tuer sauvagement, on raconte que le mal se dissipa de par lui-même. Les créatures se tapirent dans l’ombre, ignorées du monde, mais jamais elles ne quittèrent le village des yeux, et toujours elles furent prêtes à y revenir, pour y propager de nouveau ce que par-dessus tout elles préféraient : la peur.»  

 

 

Monika parcouru avec un certain plaisir la maison qu’ils venaient de s’approprier. Elle était plutôt jolie, abstraction faite des couches de poussière sur les meubles en décomposition et des quelques rats courant ici et là sur le plancher, lui-même souillé de marques rouges. Les douilles en grand nombre disséminées dans la pièce auraient pu l’inquiéter, pour peu qu’elle soit capable d’inquiétude, mais ce n’était guère le cas. Décidément, des choses pas nécessairement catholiques s’étaient produites dans cette maison, et cette idée excita plutôt la jeune femme.  

Jim, lui, accoudé à la fenêtre, entreprit de surveiller la route, au cas où une voiture y passerait. Et ce fut bientôt le cas. Une vieille camionnette, autrefois rouge, désormais rouille, filait à toute allure vers le 24, Chemin Principal, en direction de la sortie du village. Jim et Monika accoururent devant elle, la forçant littéralement à s’arrêter. L’homme au volant, torse nu et visiblement abîmé par une terrible mésaventure, les regarda fixement, l’un et l’autre, et repartit en trombe sur la route, les laissant là, après leur avoir murmuré, à peine distinctement : "N’ayez pas peur… et servez-vous du sel…"

Scénario : (2 commentaires)
une série Z fantastique (Horreur) de Lucy Taufen

Jared Madeye

Hilary Pullman
Sorti le 14 février 2009 (Semaine 215)
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