Damien Corbis (Colin Troughton), agent de l'Assistance Publique dans le bourg Suisse de Schiltrhaben, a reçu une demande d'allocations de la part de Jany et Friedrich Broehm (Cristina Caine et Tristan Krumholtz). Jany attend un enfant, et son frère ne peut subvenir seul aux besoins de la famille.  

Toute demande d'allocations étant soumise à enquête, le fonctionnaire se rend à leur domicile. Les Broehm sont une antique famille de la ville, certains disent qu'ils demeurent dans leur manoir depuis que la Confédération Helvétique existe. Autrefois immensément riches et respectés, de "mauvais choix" durant la Seconde Guerre Mondiale les auront fait tomber dans un anonymat honteux (plus que l'opprobe). Pour Damien, les savoir en quête d'une aide extérieure est au moins la preuve de leur humilité. Mais il n'est pas là pour les juger : il ne connaît pas ces gens et les critères de son investigation ne tolèreraient pas des considérations personnelles fort peu à propos. Lui-même est relativement nouveau dans le Canton et commence à peine à faire "partie du décor", comme on dit.  

Arrivé à la résidence des Broehm, il est tout de suite saisi par l'étrange atmosphère qui y règne. A l'extérieur, les jardins autrefois luxuriants ont fait place aux herbes folles et on jurerait que l'endroit est inhabité. En fait, les résidants n'occupent plus qu'une aile de la vaste demeure : Jany et Friedrich accueillent à titre gracieux des squatters - qui eux-mêmes vivotent sans jamais vraiment sortir d'ici, sinon pour des courses rapides. Le jeune homme manque d'ailleurs de se faire dévorer par le chien de l'un d'entre eux, Alice (Brittani Landers), zonarde venue d'Autriche. L'incident demeure néanmoins sans gravité, Friedrich s'excusant pour ce malheureux quiproquo.  

Friedrich a ce ton des châtelins du XIXème, sûr de lui et de son fait et certain qu'il demeure un personnage d'une importance capitale pour la gestion des affaires du monde. Ce ton sans âge et la morgue dont il fait preuve ne cachent pourtant pas un certain réalisme : Friedrich évoque le passé de la famille, leurs difficultés économiques actuelles. Très vite pourtant, la conversation devient monologue - et le jeune homme de se perdre dans le souvenir d'une soeur disparue prématurément. D'ailleurs, l'héritier n'hésite pas à faire visiter plusieurs ailes du manoir dans une odeur de bois vieilli et de rideaux poussiéreux afin de "présenter" à son invité divers tableaux de ses prestigieux aïeux, s'arrêtant souvent de manière émouvante sur des oeuvres plus récentes représentant les trois derniers enfants de la lignée.  

C'est en détaillant mieux les traits de la disparue que Damien note une ressemblance troublante avec la jeune Alice.  

Puis au détour d'une phrase de cette conversation préliminaire et impromptue, un lapsus fait tiquer le jeune homme : Friedrich vient d'avouer à demi-mots qu'il serait le père de l'enfant à venir de sa soeur. Il ne laisse rien voir de son émoi - il se doute même que le jeune châtelain a volontairement laissé traîner cette information, pour lui, pour qu'il s'en empare.  

Et commence à ressentir un sérieux malaise...  

(Script original - Film tourné dans les studios "Le Mercenaire")