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Walken Production présente
Frère et Soeur

Assister à la mort de son grand frère, quand il est le seul membre toujours vivant de sa famille, n’a rien de facile. On passe par de multiples émotions. D’abord l’effroi, puis la tristesse, puis la colère, en passant par des bribes d’incrédulité et de nostalgie. Quand, en plus de tout, son grand frère agonise lentement, dans une terrible douleur, pendant plus de trois heures, et qu’à chaque minute on sent son souffle et le battement de son cœur ralentir toujours plus, sans pouvoir rien faire pour le sauver, cela devient carrément insupportable. Surtout quand on n’a pas que ça à faire.  

Je me suis levée et je l’ai laissée crever dans la solitude de l’appartement, m’enfuyant dans la nuit. Je sais qu’il aurait fait la même chose pour moi.  

Après tout, il m’aimait.  

 

***  

 

Seize heures plus tôt, dans un grand entrepôt du port de Gérardmerveille.  

 

Six cadavres et pas une seule trace de cocaïne sur eux. Du beau gâchis, pour un plan foireux dès le départ. Ce n’était pas faute à Gaëlle de l’avoir répété à son frère une cinquantaine de fois. Gilbert s’était montré beaucoup trop ambitieux en montant ce coup à la va-vite. On ne joue pas au plus fin avec la mafia russe, et encore moins avec leurs hommes de terrains. Loin d’être idiots, ils n’allaient certainement pas se laisser rouler par des gamins s’improvisant revendeur de drogue.  

Dès leur entrée dans l’entrepôt, les quatre hommes avaient manifesté des signes d’inquiétude en voyant la gueule de Gaëlle, treize ans, assise sur une table au centre de l’entrepôt vide, une mallette sur le flanc droit, balançant les jambes comme une gamine. Disons qu’elle n’avait pas le profil attendue pour un dealer de profession. Des invectives avaient alors été lancées, des mots mauvais avaient retenti durement dans le silence de l’entrepôt, repris en écho à quelques reprises de façon presque cocasse. Gaëlle avait gardé son calme, demandant simplement, de sa voix la plus autoritaire, où était la cocaïne qu’ils avaient commandée et pour laquelle elle avait à ses côtés une mallette contenant cinq-cents milles dollars, comme prévu. C’est alors que les quatre hommes avaient sortit leur flingue, pas content du tout de s’être fait rouler, et surtout d’avoir pris la peine de sortir les Volvo pour l’occasion. Ils allaient descendre la gamine en guise d’exemple. On ne joue pas au plus fin avec la mafia russe, et encore moins avec leurs hommes de terrains.  

C’est à ce moment que le sang avait commencé à couler. Sévère. Gilbert, bien positionné sur une passerelle au-dessus de la scène, avait ouvert le feu de façon méticuleuse avec son AR-15 semi-automatique. Des gerbes de sang avaient volées, l’une d’elle allant même se poser sur la cuisse de Gaëlle, toujours bien assisse, balançant les jambes dans le vide. Les quatre hommes s’étaient écroulés comme des théâtreux jouant une tragédie grecque. Mais le boucan que ça avait fait! Les deux autres Russes qui montaient la garde dehors n’avaient pas tardé à faire leur entrée dans l’entrepôt. Gaëlle les avait accueillis bien chaleureusement, à l’aide de son Beretta 92. La jeune fille savait tirer aussi bien que son frère.  

Et ses jambes de continuer à se balancer au-dessus du plancher, comme si rien ne s’était produit.  

 

***  

 

Deux heures plus tard, dans un appartement du quartier ouvrier de Gérardmerveille.  

 

Gilbert était en colère. Il avait tué pour la deuxième fois de sa vie, cette fois sans en récolter le moindre bénéfice. Il se considérait même déficitaire dans cette aventure, ayant eu à utiliser ses armes. Les réserves de munitions qu’il accumulait depuis bientôt cinq ans étaient aussi importantes à ses yeux que sa propre survie ou que celle de sa sœur. Mais surtout, ce qui le fâchait vraiment, c’était d’avoir eu tord et elle raison. Comme toujours la gamine démontrait sa supériorité vis-à-vis de son frère, qui accumulait les échecs et les bourdes, mettant leur sécurité en péril.  

De retour à leur appartement, ayant laissé les cadavres sur place (l’une des Volvo manquait de toute façon), Gilbert et Gaëlle se préparaient à recevoir de la visite hostile. La jeune fille, contrairement à son grand frère, prenait les choses avec une certaine philosophie. Plutôt que de voir les événements de l’entrepôt uniquement comme un échec lamentable, elle les voyait comme une preuve révélatrice de leur capacité d’action contre des forces a priori beaucoup plus importantes que les leurs. À eux deux, ils avaient dégommé six mafieux habitués aux situations de danger, habitués à faire usage de leurs armes contre des personnes vivantes. Ils avaient gagné la bataille la tête haute! Une fenêtre d’opportunité s’offrait désormais à eux. S’ils passaient la journée, ils pourraient certainement quitter la ville dans la nuit, et se refaire une vie ailleurs. Ensemble, ils étaient plus forts que tout. Rien ne leur résisterait plus.  

 

Ils passèrent les heures suivantes à disposer une partie de leur arsenal de façon stratégique dans l’appartement. Ni Gilbert ni Gaëlle ne souhaitaient quitter l’endroit où ils étaient nés, là où leur père et leur mère avaient vécus leur vie de parent avant de mourir assassinés. Mais ils n’avaient pas le choix. Ils attendraient seulement la nuit pour bouger avec leurs affaires. Entre temps, ils iraient se réfugier quelques part dans la ville, là où les tentacules de la mafia locale ne se rendraient peut-être pas. Mince espoir de trouver pareil endroit dans le quartier ouvrier de Gérardmerveille. Mais ils essaieraient. L’arsenal dans l’appartement – deux AR-15, deux C7, une M4 et quatre Beretta – c’était au cas où ils rencontreraient des ennuis dans la journée. Ils pourraient alors se retrouver là, et tenir un siège contre l’ennemi. Leur papa l’avait fait avant eux, longtemps auparavant, à Chicagole, alors que sa femme, enceinte de Gaëlle, en profitait pour fuir avec le petit Gilbert. Et il avait survécut, cette fois.  

 

La situation, aujourd’hui, avait de bonne chance de prendre une tournure similaire. Pour Gilbert, c’était le destin. Cela le frappait, maintenant. Ce soir, il devrait jouer courageusement le rôle de son père : tenir un siège contre des hommes bien déterminés à l’éliminer, et assurer, à ses risques et périls, la survie de sa jeune sœur…  

…ainsi que celle de l’enfant qu’elle portait…  

 

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Gilbert - Jared Madeye  

Gaëlle - Amy Blakstad  

Scénario : (3 commentaires)
une série Z d'action de Kellie Wright

Jared Madeye

Amy Blakstad
Sorti le 15 juillet 2017 (Semaine 654)
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