New York City, de nos jours.  

Jack Dawson (Sam Ouraï) en avait vu des horreurs, mais cette fois, le niveau de violence devant lequel il était confronté dépassait tout ce qui avait pu forger son caractère et faire de lui un des meilleurs flics du NYPD.  

Ils étaient au 22ème étage du Montana Building, une de ces nouvelles tours art-déco post-9/11 qui avait fleuri partout en ville récemment. La famille Montana était, dit-on, à la tête d'une des branches les plus influentes de la mafia - la branche financière -, assertion que l'on avait jamais pu prouver bien sûr. Les Montana avaient fait profil bas, devenant du même coup les premiers mécènes de la ville : ils étaient aussi craints que respectés.  

Hier, se tenait dans cette salle une réunion du staff de leur fondation.  

Ce qui restait des participants relevait du puzzle éparpillé sur 120 mètres carrés. Les légistes étaient sur place et avaient appelé en renfort l'ensemble du personnel du CSI de l'Etat pour récupérer les restes des victimes... C'était comme si ces dernières étaient passées dans un hachoir qui les aurait dispersées du sol au plafond.  

Sa partenaire Rebecca Legrand (Stephanie Lillard) avait le maire en ligne et ce dernier commençait à passer de l'impatience à la colère ; il devait assez peu goûter la mise à mort des principaux donateurs de sa dernière campagne et pensait être personnellement visé par cet acte d'incivilité assez prononcé.  

Ce qui préoccupait le plus Dawson était ce mode opératoire et surtout la nature des victimes... Personne ne s'en était soucié mais il y a un mois et demi de cela, on avait retrouvé des petits dealers d'Easy Street assassinés de la même manière - on avait mis ça un peu rapidement sur le compte d'une meute de loups affamés (cet hiver était le plus rude que l'on ait connu en ville depuis 40 ans et les pannes électriques étaient courantes). Il y a deux semaines, c'était un groupe de la mafia serbe qui redécorait les murs des cabines de leur yacht amarré sur le port : la mafia russe, reconnue pour sa très grande violence, aurait été à l'origine de la chose.  

Et cette troisième affaire. Trois enquêtes. Trois équipes. Aucune piste. On pouvait tout aussi bien dire que cette disparition violente et relativement massive d'individus aux activités louches faisait l'affaire de la société : ces meurtres répétés allaient stopper de longues investigations et éviter aux contribuables de coûteux procès (sans assurance de résultats) mais en même temps, Dawson ne voulait pas entendre parler de vengeur masqué, de "justice immanente" ou de destinée divine "qui a vécu par l'épée périra par l'épée" - bullshit : depuis le décès de sa femme Linda (Gina Vrana), il savait qu'il se battait pour un monde meilleur, pour ses enfants - pour qu'ils soient fiers de leur père. Il savait qu'il bataillait dans le vide mais il savait pour qui. Pitoyables humains qu'ils étaient, encore accrochés à leur justice et à leurs lois. C'était ça ou la folie de toute façon.  

De retour au poste, il attendait les premières analyses toxicologiques de la bidoche ramenée. Elles seraient négatives bien entendu : il avait consulté les deux autres dossiers. Il comptait d'ailleurs les récupérer, histoire de bénéficier de plus de moyens. L'hiver meurtrier faisait encore les gros titres et ces affaires étaient encore médiatiquement invisibles - il fallait en profiter pour avancer le plus possible, déterrer des pistes...  

Quelqu'un attendait Rebecca et Jack dans leur bureau : Carver Hampton (Alex Maher), un allumé qui avait connu la journaliste Lisa Brentwood lors de cette affaire de recrudescence de meurtres rituels qui avait abouti au blocage du métro pendant un mois*. Jack ne savait pas comment Hampton s'y était pris mais depuis, il s'était collé à leur service comme de la glue en tant que "conseiller" et tout ça avec la bénédiction des autorités compétentes. Carver Hampton était une sorte de médium qui pratiquait tout un tas de rituels pseudo-"magiques" - pour Jack, rien d'autre que l'arrivée de l'irationnel au sein d'un département qui n'en voyait que par la logique et la psychologie. Autant dire un loup dans une bergerie : ces temps-ci, les gens étaient prêts à croire n'importe qui et n'importe quoi à partir du moment où le discours était enrobé dans un joli paquet cadeau.  

Mais Carver Hampton ne semblait pas avoir envie de discuter des mérites de leurs méthodes respectives. Dès leur arrivée, il se levait et demandait au couple de flics :  

"- Qu'est-ce que vous connaissez du vaudou ?"  

(Script original, adaptation du roman Darkfall de Dean R. Koontz, 1984)  

* Pour plus de renseignements sur L. Brentwood et ces évènements, il est recommandé au lecteur de se référer au film Le Portail (Dark Mirror - Portal) sorti en mars 2012 : http://www.cinejeu.net/index.php?page=p&id=54&unite=fenetre&section=vueFilm&idFilm=6195