James Purdey (David Miller) revient en Nouvelle-Zélande après des années passées à parcourir le monde comme architecte. Profitant de la crise financière de 2009, il prend un break et retrouve Green Mill, accompagné cette fois de sa femme Carmen (Heather Jarred) et leurs enfants Caroline (Amy Blakstad) et James Jr, le nouveau-né.  

Green Mill est une petite bourgade accueillante du Sud du pays dans laquelle il avait passé ses jeunes années. Le citoyen Canadien qu'il est ne s'était jamais aussi bien senti que parmi cette communauté. D'ailleurs, à Green Mill, on est tellement heureux du retour du fils prodigue qu'on a préparé une petite fête pour sa petite famille.  

James fait ainsi découvrir aux siens le milieu dans lequel il a baigné avant de partir à la fac aux USA. C'est son père, initialement, qui était arrivé ici dans les 80's, à l'époque où ce dernier était ingénieur agronome. Il avait grandement aidé le village à se développer et améliorer l'irrigation des champs.  

En échange de ses services, le maire (et prêcheur) Philibert Gordon (Conor Lester) avait cédé pour une bouchée de pain à leur famille une grande bâtisse de notable au pied de la colline que le village surplombait, demeure entourée par de luxuriants champs de blé. Au décès de ses parents, James en avait naturellement hérité.  

A peine les bagages défaits et la maison inspectée, James dresse une liste des travaux à entreprendre pour quelque peu rafraîchir l'habitat. Il a également prévu après le déjeuner une ballade en carriole (qu'il a louée) afin de faire découvrir les environs à sa famille. La matinée se passe donc merveilleusement et une grande partie de l'après-midi est consacrée à la découverte du pays à bord de la rustique voiture.  

Au retour, ils repassent devant les hauts champs caressant le soleil. La jeune Caroline est fascinée par cette nouvelle contrée, elle s'est déjà faite des amis au village et tout ceci est si beau, la maison si cossue et grande et les champs si vastes - elle regarde rêveusement le paysage, s'arrêtant sur la mer dorée d'épis...  

Une ombre au milieu du champs.  

Non - pas une ombre.  

Caroline vient d'apercevoir quelqu'un, là-bas : une petite fille, comme elle, en haillons, qui la regarde, debout... Elle est à plusieurs dizaines de mètres, pourtant elle jurerait entendre une respiration saccadée, elle jurerait qu'elle se trouve à ses côtés, elle peut voir tous les détails de son corps violenté, ses plaies, ses mains pleines de terre, son visage décharné, ses vêtements passés... Ses yeux vitreux.  

Caroline se tourne vers James.  

"Papa...."  

A ce moment précis, le cheval jusqu'alors placidement docile se cabre, secoue la carriole qui s'emballe - une course folle s'engage : l'animal est incontrôlable, Carmen a grand mal à tenir son bébé tout en s'agrippant pour ne pas basculer, James n'arrive pas à reprendre les rênes, Caroline crie. Tout le monde crie, tout le monde pleure, le cheval n'en a cure, il dévale une petite butte.  

La carriole fait une embardée.  

Tout le monde est éjecté.  

Caroline tombe sur le dos, le souffle coupé. Quelque chose la frappe - elle perd connaissance...  

A son réveil, elle sent son corps courbaturé - elle a mal partout. Autour d'elle, des ombres floues discutent à voix basse.  

"Carmen... commotionnée..."  

"... n'a pas survécu..."  

"... lle horreur..."  

"... pauvre James."  

Elle se rendort.  

Le lendemain est pire encore. Son père est à son chevet. Il lui apprend que dans la chute, Carmen s'est faite très mal, mais qu'elle s'en sortira - elle est sous calmants, dans la chambre des parents... James Jr, lui, n'a pas eu cette chance.  

La semaine qui suit est atroce : les personnalités du village viennent présenter leurs funestes condoléances, essayant tant bien que mal de rassurer James sur leur solidarité et sur la fatalité de cet accident (le cheval n'a pas survécu, mort de... peur ?). Caroline regarde ça de loin - elle, ce qui l'inquiète, c'est qu'elle n'a pas beaucoup revu sa mère depuis, toujours sous traitement.  

Dès qu'elle peut remarcher, elle arpente les longs couloirs en solitaire.  

Un soir, alors qu'elle ne supporte plus de rester dans sa chambre, elle déambule dans les pièces du grenier. Une lucarne donne sur les champs. Elle les regarde tristement.  

Un souffle.  

Derrière elle.  

A l'autre bout de la pièce, dans la lumière d'un rayon de lune, la petit fille des champs la fixe de son regard laiteux.  

(Script original, d'après un rêve personnel)