USS Sarkozy, au large de Proxima du Centaure. Quelque part dans le futur...  

"JAMMIN'..."  

Les enceintes des hauts-parleurs situés dans les couloirs faisaient résonner le navire de frêt militaire comme un gigantesque caisson de basse. Depuis 3 heures, l'intégrale de Bob Marley passait en boucle. Le programme prévoyait ensuite tout Peter Tosh et un best-of galactiquement cool des Wailers. Le Lieutenant Georges Garrisson (Sebastian Mendel) s'était dit que, quitte à passer 3 mois dans ce vaisseau intergalactique avec son collègue le Commander Charles Lennon, il convenait de s'armer d'une bonne dose de bonne humeur.  

Et là, sa bonne humeur était au top : ça faisait à peu près une heure qu'il déambulait dans les couloirs de l'USS Sarkozy, rigolant bêtement à chaque fois qu'il s'apercevait qu'il n'était toujours pas sur le bon chemin du poste de commande, se heurtant régulièrement aux murs, observant parfois avec fascination ses propres mains et tout ce qui, autour de lui, prenait une teinte tantôt pourpre, tantôt verdâtre... ou devenait transparent, ou flottait dans l'air. Il se demandait même parfois s'il avait fait vingt pas depuis tout ce temps qu'il était parti... Quoi faire, au fait ?  

"COME ON, JAMMIN' WITH YOU.."  

Toujours à l'apogée de son trip, il n'avait jamais laché un seul moment son gigantesque spliff... Il s'étonnait d'ailleurs qu'il continue à se consumer, sans jamais avoir eu besoin de le rallumer. C'était LE spliff qui l'aurait certainement détourné de l'armée s'il était tombé dessus à l'académie.  

Mais l'Académie, c'était fini, il n'était plus cadet. C'est qu'il avait des responsabilités maintenant. Ramener cette cargaison d'herbe sur Terre, pour les besoins de la science, dixit leur hiérarchie et les extra-terrestres qui leur avaient conseillé "de ne pas y toucher" car, non non non non, "les humains n'étaient pas prêts pour ça"...  

Là, il venait d'arriver devant le panneau de la porte du poste de contrôle. Celle-ci s'entrouvrit dans un mince sifflement.  

A l'intérieur du poste, Charles avait oublié de mettre la clim', la pièce était donc embrumée des vapeurs de la ganja galactique qui, depuis 2 semaines, les faisait rire comme des couillons.  

"- Hé mon frère, on tourne toujours en rond ?  

- Je suis pas ton frère, Georgie boy, (il se pinça le nez), je suis ton père !!"  

Ils partirent tous les deux du énième fou-rire de la journée... A peine calmés, Charles fit le point de la situation : il avait affiché une holo-carte sur son tableau de bord. On voyait bien la Terre, la position de leur vaisseau et pas mal d'autres astres qu'il serait superflu de décrire ici. Il pointa son doigt sur la forme représentant le vaisseau :  

"- Tu vois ça ?...  

- Oui - c'est ta bite ? (5 mn de rires)  

- Non, ça, c'est le vaisseau, (montrant du doigt) ça c'est la Terre, et ça c'est un tas d'astres qui nous intéressent pas. Et ça, la ligne blanche, c'est la courbe du vaisseau depuis son départ de la planète Ganja - ou je sais plus son nom.  

- Ouais, et alors ?  

- Tu vois la ligne bleue qui à un moment se sépare de la blanche ?  

- Ouais.  

- C'est cette courbe qu'il faudrait qu'on suive..."  

Le vaisseau dérivait, ça n'était pas difficile à comprendre - chaque seconde qui passait, leur trajectoire les envoyait des milliers de kilomètres par-delà le chemin qu'ils auraient du suivre...  

A peu près au même moment (si nous faisons fi de la relativité), une jeune femme en costume militaire observait une carte similaire à celle de Lennon et Garrisson et arrivait aux même conclusions.  

Le Commander Staar (Pamela Van Handenhove) et sa hiérarchie (grosses légumes politiques, militaires et diplomatiques) étaient silencieux, réunis dans une des salles de conférence du QG de l'European Space Consortium, à deux pas de l'Astrodrome de Zurich. Staar fut la première à briser le silence pesant qui régnait depuis les dernières conclusions de l'enquête :  

"- Ils dérivent. Ils n'ont pas donné signe de vie depuis 15 jours. Ils n'ont pas récupéré les commandes manuelles du vaisseau. Les communications avec eux ne passent plus, tous nos messages restent sans réponse. On sait maintenant que leur trajectoire les envoie directement sur le secteur Antonov, celui de cette race - comment les appelez-vous...  

- Les Shanti : des amazones bisexuelles désinhibées et nymphomanes qui vivent à l'état sauvage... On ignore quel pourrait être le résultat d'un contact entre elles et les millions de tonnes d'herbes hallucinogènes médicinales que l'USS Sarkozy transporte.  

- C'est sûr, nos hommes vont mourir...  

- Pas si on intercepte le vaisseau avant !"  

(Script original, merci à Matt Groening, Ray Bradbury, les Pot Head Pixies de Gong et Les Nuls)  

Production tournée dans les studios MaxFuSérieZ_1