La fraîcheur de la nuit la fit trembler. Adossée derrière un arbre, au fond de leur grande propriété, Vanessa tentait de reprendre son souffle tout en faisant le minimum de bruit. Elle avait réussit à se défendre à l'intérieur de la maison, et à prendre la fuite alors qu'il était semi-inconscient, mais elle savait que ce n'était qu'un sursis, et qu'il allait vite la retrouver. Il la retrouvait toujours, et elle craignait que cette fois-ci il soit encore plus en colère que d'habitude.  

Elle n'avait pas réfléchit lorsqu'elle avait saisit le vase sur le rebord de la cheminée, et l'avait écrasé sur sa tête. Ca avait été instinctif. Ca devait être ça l'instinct de survie. En voyant son époux allongé au sol, elle avait d'abord craint de l'avoir tué, mais il avait relevé la main pour la poser derrière son crâne qui lui faisait attrocement mal. A cet instant, elle avait alors pris la fuite, et sans réfléchir elle était partie vers l'arrière de la maison. C'est en arrivant dans l'immense jardin qu'elle avait pensé au fait qu'elle n'avait aucun moyen d'en sortir sans repasser par la maison elle-même, un immense mur de deux mètres cinquante de haut entourant leur propriété située en plein centre de Nantes. Elle avait alors courru dans le fond du jardin, et s'était réfugiée derrière un arbre, au hasard.  

Des bruits de pas. C'était lui. Il approchait, et il allait la retrouver. Vanessa serra les dents. Ce n'était pas la première fois qu'il la battait ainsi, mais elle sentait que les choses allaient cette fois-ci mal tourner...  

*  

Mickaël était fou de rage ! Quelle idée lui était passée par l'esprit pour lui briser ainsi le crâne de sa grand-mère sur le crâne ? Cette salope allait payer ! D'un pas assuré, il marchait dans l'herbe encore humide du jardin et regardait de gauche à droite à la recherche de son épouse. Elle ne pouvait pas lui échapper. Si elle voulait s'enfuire, il la verrait forcément. Il avait mis du temps à reprendre ses esprits, mais il avait eut le temps de la voir s'enfuire vers l'arrière de la maison. Elle n'était pas loin, il en était sûr. Il la connaissait par coeur, après quatre ans de mariage.  

Un bruit sur sa droite. Ca ne pouvait être qu'elle. Mickaël changea de direction, tel un animal à l'affut, et avança tranquillement vers l'origine du bruit. Il l'aperçut alors. Son pied dépassait derrière un arbre. Un sourire se dessina sur ses lèvres alors qu'il resserrait son poing sur la ceinture qu'il avait attrappée dans la chambre. Il fit quelques pas dans sa direction, et l'aperçut alors, tandis qu'il entendait les sirènes de polices approcher, prévenus par les voisins qui avaient sans doute fini par faire quelque chose en entendant ces cris venant de chez eux.  

Son coeur lui sembla soudain s'arrêter lorsqu'il la vit. Elle était là, contre l'arbre, morte, le crâne fracassé...  

*  

Le procès allait débuter dans deux jours, et il n'avait toujours pas réussit à trouver de preuve. Franck Miller (Kong Takami), détective privé de la région, avait été engagé par une avocate réputée nommée Hélène De Tramil (Julia Bremner). Lorsqu'elle lui avait présentée l'affaire, il n'avait pas voulu la croire. Pourtant, elle semblait persuadée de ce qu'elle disait.  

Franck avait entendu parler de cette affaire dans la presse, un patron d'entreprise qui avait tué sa femme. Prévenue par des voisins, la police était arrivée sur les lieux de la "dispute conjugale", mais trop tard. Il s'en était fallu de peu cependant, car la mort de Vanessa Le Guen avait eut lieu juste avant leur arrivée. Paralysé sur place, l'époux avait immédiatement été emené par les forces de l'ordre. Pourtant, malgré toutes les preuves qu'il avait contre lui, allant des témoignages du voisinage qui entendait régulièrement les cris venant de l'immense maison où habitait le couple, jusqu'à la scène sur laquelle la police était tombée, l'homme niait avoir tué son épouse.  

Pour la police, c'était une prise en flagrant délit, la situation idéale, et la pire pour un accusé. Mais malgré tout, Mickaël Le Guen n'avait jamais avoué ce crime. Dans sa déposition, il admettait avoir battu sa femme à de nombreuses reprises, mais il affirmait avoir découvert son corps inanimé dans le jardin.  

Une affaire difficile donc, pour Hélène De Tramil, qui recevait de nombreuses lettres d'insultes à son cabinet depuis qu'elle avait pris la défense de l'accusé. Bien sûr, elle admettait que son client avait de nombreux reproches à se faire, mais elle craignait qu'on ne veuille lui faire payer un crime qu'il n'avait pas commis.  

Elle comptait alors sur Franck Miller pour découvrir le fin mot de l'histoire. Car s'il était évident que leur client devait payer pour ses actes de violences envers son épouse, Hélène comme Franck ne pouvaient pas laisser un innoncent payer pour un meurtre qu'il n'avait pas commis.  

Pour ça, ils allaient devoir faire vite, car le procès approchait à grands pas.