- 1953 -  

Fille d'un riche français ayant fait fortune au Cambodge, Michèle (Jeanne Mirren) avait toujours vécu à Phnom Penh, capitale du pays, et n'avait jamais imaginé vivre ailleurs. Toute sa vie se trouvait là, et pourtant, les choses avaient bien changées ces dernières années. Assise dans sa chambre, la jeune femme repensait à ce qui avait été sa vie, une vie entièrement dédiée à l'unique homme qu'elle avait jamais aimé, un homme qu'elle avait suivi toute sa vie, sans s'apercevoir qu'il lui avait échappé petit à petit.  

Car au fil des années, Pach (Kong Takami), l'homme avec qui elle vivait depuis ses dix-neuf ans, avait développé contre le pouvoir colonial français une colère de plus en plus grande. Lorsqu'ils s'étaient rencontrés, il n'était pourtant encore qu'un simple cambodgien de deux ans son aîné, né sous le régime colonial, comme elle. Il n'avait donc jamais connu autre chose que la situation du moment du Cambodge, et ne s'était jamais plus intéressé que ça à la politique du pays. Il vivait, et profitait de la vie, et c'est tout ce qui comptait pour lui. C'était d'ailleurs en grande partie ce goût pour le moment présent qui avait séduit Michèle, lorsqu'ils s'étaient rencontrés lors d'une soirée mondaine où avaient été invités les parents de la jeune femme, et où il avait été embauché comme serveur.  

Ce soir là, ils s'étaient promis de se revoir, chose qu'ils avaient faite quelques jours plus tard seulement, et ils étaient tombés amoureux l'un de l'autre dès le premier soir, et ne s'étaient plus quittés depuis. Désapprouvant cette relation, la famille de Michèle avait bien tenté de la séparer de cet homme, mais cela n'avait eut pour effet que de l'éloigner d'eux, et de la rapprocher de Pach.  

Alors comment en était-il arrivé là où il était aujourd'hui ? Comment avait-il pu petit à petit s'éloigner autant d'elle, sans qu'elle ne s'en rende compte, alors qu'elle avait tout sacrifié pour lui ?  

Bien sûr, il y avait ces réunions auxquelles il participait régulièrement, mais en dehors de ça, elle n'avait pas ressenti de grand changement chez lui. Lorsqu'il abordait des sujets politiques, il semblait bien plus impliqué qu'il ne l'avait été par le passé, mais même s'il était parfois virulent sur certains sujets, elle avait toujours mis ça sur le compte de la passion. Car Pach était un passionné. Tout ce en quoi il s'engageait, il le faisait à cent pour cent.  

Et aujourd'hui, il était parmis ces hommes qui demandaient l'indépendance de leur pays, s'opposant au pouvoir français, aux colons, donc à elle également. Inquiète, Michèle s'interrogeait sur l'avenir de sa relation avec l'homme qu'elle aimait. Jusqu'où allait-il aller dans son rejet des colons blancs ?  

Et inévitablement, elle ne pouvait s'empêcher de repenser à toutes ces années durant lesquelles l'Histoire du Cambodge libre s'était écrite petit à petit, sans qu'elle ne s'en rende compte, alors qu'elle était au plus proche de l'un des hommes qui participait à cette Histoire. Soudain, un souvenir lui revenait à l'esprit, ce moment où tout avait démarré, alors qu'elle ne s'en était pas aperçu à l'époque. C'était le 20 juillet 1942, à Phnom Penh...