La lumière du réverbère illuminait de sa lumière blafarde le tableau de bord de la voiture sur lequel reposaient son arme de service et ses menottes. Assis au volant de sa voiture, il restait immobile dans la nuit, fixant ses deux outils de travail en cherchant à trouver un sens à tout cela.  

Souhaitant faire tout son possible pour rendre le monde meilleur, David (Logan Kordic) avait consacré sa vie entière à la justice, il s'était dévoué tout entier à son travail de policier, tout au long de sa carrière. Et jusqu'à ce jour, il était resté convaincu qu'il ne faisait pas ça pour rien. La justice triomphait toujours, ou presque toujours. Il fallait parfois du temps, certains dossiers traînant pendant des années avant d'aboutir, mais il avait vu assez d'affaire se terminer par l'arrestation du ou des criminels pour être convaincu que le mal était toujours puni.  

Malgré tout, à mesure que les années étaient passées, David se sentait fatigué. Car le monde était encore bien sale et malgré tous les efforts d'hommes tels que lui, le crime était toujours partout, et tenait bon. Quand un criminel était arrêté, un autre prenait sa place, et les choses se poursuivaient ainsi. Alors que sa retraite approchait, il s'était plusieurs fois demandé comment le monde avait évolué depuis son entrée dans la police, si finalement ses efforts avaient vraiment servi à quelques chose.  

David n'avait vécu que pour cela, ignorant autant que possible les remarques de son supérieur lui intimant de prendre les congés qu'il méritait comme les autres. Il avait consacré chaque minute de sa vie depuis toutes ces années à cela, à tel point qu'il s'interrogeait sur la suite, sur ce qu'il allait pouvoir faire de son temps une fois la retraite arrivée.  

Vivant entre son travail et son minuscule appartement, au troisième étage d'un immeuble d'un quartier modeste de la ville, ses seules relations en dehors de son travail était sa voisine et sa petite fille Hélène (Brittani Tager) qu'il croisait de temps en temps et qui l'invitaient à dîner avec elles, par pitié pour cet homme vieillissant qui vivait seul enfermé chez lui. La jeune femme était mère célibataire, abandonnée par le père de sa fille avant même qu'elle ne vienne au monde. David avait beaucoup de respect pour cette femme qui se saignait aux quatre veines pour offrir à son enfant le meilleur qu'elle puisse lui donner.  

Voir cette petite lui redonnait alors du courage et de l'espoir. La petite Hélène aimait discuter avec le vieux flic. Elle lui apportait beaucoup, à lui qui n'avait jamais pris le temps de vivre sa vie. Il s'était parfois imaginé ce que serait sa vie s'il avait pris le temps de rencontrer quelqu'un, d'avoir des enfants. Que seraient-ils aujourd'hui ? Que leur aurait-il transmis ? En réfléchissant ainsi à ce qu'il avait peut-être laissé filer, le vieil homme se sentait vide.  

Mais sans le savoir, cette petite venait combler ce vide. Elle était l'enfant qu'il n'avait jamais eut, elle qui n'avait jamais eut de père. Elle était l'espoir pour David. Lorsqu'il s'interrogeait sur l'utilité de tout ce qu'il faisait quotidiennement, il pensait à elle, songeant à ce qu'elle allait devenir.  

Et tout ça s'était arrêté cet après-midi là, dans cette rue entre l'école et son immeuble. Un affrontement entre gangs, une fusillade, une victime innocente...  

Alors à quoi bon se battre ? A quoi bon tout faire pour enrayer le crime, si celui-ci avait toujours le dessus, si celui-ci laissait sur le trottoir une petite fille mourante. Cet après-midi là, David avait soutenu cette mère qui venait de perdre sa fille, celle pour qui elle se battait tous les jours. Il avait été une épaule sur laquelle elle avait longuement pleuré. Mais il s'était demandé alors à quoi avait servi toutes ces années de travail pour que la petite Hélène finisse ainsi.  

Après avoir raccompagné la pauvre mère jusque chez elle, David n'avait pas pu rentrer dans son appartement. Il avait rejoint sa voiture, et était resté assis derrière le volant, son la lumière du réverbère. A quelques mois de la retraite, qu'avait-il finalement accompli ? Les criminels courraient toujours. Ils emplissaient les rues de la ville, à la vue de tous, sans que la police n'arrive à y faire quoi que ce soit. Oui, ils arrêtaient les criminels, mais cela changeait-il quelque chose finalement ?  

Tournant la tête vers le siège passager de la voiture, David observa silencieusement la petite fille qui y était assise, et le regardait avec des yeux attendris. Hélène semblait comprendre ce qu'il ressentait. Elle était liée à lui plus qu'il n'avait jamais osé se l'avouer, et c'est à présent qu'elle était morte qu'il s'en appercevait vraiment. C'était finalement pour elle qu'il se battait depuis quelques années. Sans elle, il aurait sans doute déjà baissé les bras.  

Comme sa mère, il avait voulu offrir à cette petite un monde meilleur où elle pourrait vivre tranquillement, et il avait échoué. Il avait échoué. Non, le mal ne pouvait pas toujours finir par gagner, il ne pouvait pas l'accepter. Tournant de nouveau les yeux vers le tableau de bord, David fixa une nouvelle fois son arme de service et ses menottes. Il tendit alors le bras et les attrappa. Ouvrant la boite à gants, il y jeta alors les menottes avant de démarrer le moteur.  

Cette nuit, il n'en aurait pas besoin...  

La voiture démarra dans la nuit noire, avec au volant ce vieux flic qui n'avait rien à perdre, et à ses côtés cette petite fille qui avait tout perdu.