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MMP présente
High Glandeurs

France, de nos jours.  

 

Akim (Pavel Feild) 28 ans, réside au 17ème étage d'une barre HLM de la cité-dortoir de Wish-Youwerire - à deux heures de Lille - en compagnie de sa maman adorée et de son frère dont tout le monde a oublié le prénom mais qui aime à se faire appeler Zorro (Tristan Mirren). Titulaire d'un CAP d'électromécanique et petit génie du bricolage, Akim tarde à quitter le nid familial et vivote, comme la plupart de ses potes, entre plans galères, mauvaises bières, petits boulots, mauvais shit et RMI plus ou moins douteux : le seul employeur de la zone, c'est l'hyper de Tubular-sur-Belles, le GigaMarket, dirigé de main de maître par Gouda Van Buxten (Nene Takishonda). Expatriée hollandaise partisane du management à la schlague (1) et récemment arrivée en France, ici, dans le Nord. Gouda goûte assez peu les charmes de la région : elle a du mal à ne pas considérer cette mutation comme une humiliation. Pourtant, le bassin d'emploi est suffisamment misérable pour quelques belles expérimentations. C'est du moins ce qu'elle pense.  

 

Akim et Zorro de leur côté font le désespoir de leur assistante sociale, une "bonnasse" nommée Caroline (Sarah Lee) qui a décidé de les sortir de leur condition d'assistés : elle leur a proposé de créer leur entreprise, de s'engager dans des formations rémunérées. Le problème est qu'ici, 75% des nouvelles sociétés ne dépassent pas le premier bilan, et qu'il est loin le temps où les formations assuraient d'un emploi tout chaud à la clé (et puis, c'est super loin, faut se loger, toussa...). Quant aux offres d'emploi... Caroline est donc bien embêtée, d'autant plus que sa nouvelle patronne du Pôle Activité et Emploi Valérie Lamour (Virginia Feild) lui met une pression terrible sur les épaules, histoire d'être bien notée par sa hiérarchie et respecter les engagements du nouveau président élu Niklaus Bartholdy (Nicolas Buxton) qui a fait de son mantra de campagne "Le pognon ou le bâton" une politique de terrain.  

 

A 14h00, en ce beau jour d'hiver, Zorro est sommé de se rendre avec son frère à la énième réunion du Pôle Activité "sous-peine-de-suppression-de-droit-on-coupe-les-vivres-fini-de-rigoler". Il quitte avec grand regret son clapier (autre titre pour une chambre aménagée en loucedé du proprio dans les combles du HLM) enjambant les cousins endormis dans la pièce, explosés par les pétards de la veille. La mère est partie travailler comme tous les jours, à 50km de là. Il trouve donc Akim somnolant, comme d'habitude, dans le salon sous une pile de cartons à Pizza et d'innombrables bières. Le DVD passe en sourdine un vieux Logan Lester - son frère n'a décidément aucun goût pour ce genre de choses. Ils finissent tant bien que mal par descendre et se diriger, amorphes et zombifiés, vers la petite salle de réunion - ancienne "Maison des Jeunes" fermée pour cause de dégradations et de coupes drastiques dans les budgets - au coeur de la cité. Sur le chemin, ils croisent des mineurs déscolarisés qui s'amusent avec des pétards et leurs mini-motos.  

 

Arrivés sur place, ils sont surpris du nombre de leurs copains présents : d'habitude, ils ne sont pas plus d'une dizaine - là on dirait que tous les traîne-savates de Wish-Youwer' et même une partie de ceux des Piperadegattes (une autre cité) se sont déplacés. Et - surprise surprise ! - quelqu'un a cru apercevoir dans la foule un assistant du sous-préfet (on le connaît bien ici, le sous-préfet - surtout quand M6 Lille vient pointer ses caméras après quelques "incivilités" de la jeunesse du coin). On a disposé des chaises dans la petite salle et tout le monde finit par s'assoir dans un brouhaha indescriptible. Devant eux, on a dressé une petite estrade - de celle qu'on trouve dans les salles de classe. Et c'est Caroline qui prend la parole sous les sifflets des garçons et des filles de la cité.  

Elle leur parle d'avoir un but dans la vie, de trouver son équilibre par le travail, de travailler plus pour au moins aider leurs parents à les loger, de l'importance de ne pas disposer de casier judiciaire, etc. - le discours est rôdé, Caroline essaye du mieux qu'elle peut d'éviter de stigmatiser une population dont une large partie a les nerfs à fleur de peau. Et ça fonctionne, mais peut-être pas de la manière escomptée : au bout de 5 minutes, son discours finit par installer une douce torpeur dans l'assistance. Alors que Zorro est reparti pour piquer un roupillon (comme sa voisine), Akim note la présence de la patronne du GigaMarket. Au bout d'un quart-d'heure, c'est elle qui prend la parole.  

 

D'abord, c'est LA voix. Qui les réveille tous. Et les tétanise. Il s'agit de bosser. Entreprise = effort = fric. L'état-corne d'abondance ayant montré ses limites, c'est le privé qui prend la relève : TOUS les chômeurs des cités environnantes deviennent DE FAIT des employés en CDI de la franchise commerciale bien connue. GigaMarket a des relais partout : dans la grande distribution, le commerce, l'énergie, la presse - il y aura une place pour tout le monde. Bien sûr, qu'ils n'escomptent pas se faire un pactole avant d'avoir montré ce qu'ils valent vraiment - il y aura du sang, des larmes, des gens qui ne feront pas l'affaire : aux grands maux les grands remèdes, le traitement "à la carte" ayant échoué, voici le temps de la "massification des embauches". Ils recevront tous leurs contrats par la Poste. Ensuite, c'est l'assistant du sous-préf' qui s'exprime, adressant tous ses remerciements à une telle entreprise citoyenne, etc. mais plus personne n'écoute : quoi, on vient de leur dire qu'ils viennent de trouver un poste. Ou plutôt qu'un poste vient de leur être attribué ?!?  

Et ils commencent demain !!?!!  

 

Le soir venu, les cités de la région bruissent des infos de la journée. La presse, les médias, la radio, la télévision locale puis nationale ont reporté l'info comme une trainée de poudre.  

Seul dans son lit, Akim pense à la providence. Peut-être que cette fois, c'est la bonne.  

Seule dans son lit, Gouda Van Buxten pense qu'elle a joué un coup de maître : si son opération fonctionne comme elle l'entend, alors c'est au moins un poste de Vice-Présidente qui l'attend au siège européen de la compagnie.  

Seule dans son bureau, Valérie Lamour sait qu'elle va demander au Ministre de l'Emploi de valider ce plan en national - peut-être même que le Président fera un geste : c'est LE plan anti-chômage absolu après tout, ça va être bon pour son avancement, ça. Certes, on a pas vraiment TOUT dit aux jeunes... et il est certain que les contrats de travail sont un peu flous, mais comme on dit : on ne fait pas d'omelettes sans casser les oeufs.  

Caroline n'arrive pas à dormir. Pas la faute aux ronflements de son compagnon, c'est Lamour qui la préoccupe : elle lui a caché quelque chose, ces jeunes ne savent pas où ils mettent les pieds et Van Buxten a été peu loquace sur ce "Centre d'Apprentissage au Travail" qu'elle a mis en place sur cet ancien porte-avion américain - il paraît que ça a fonctionné dans les pays scandinaves, elle veut bien le croire. Mais quelque chose cloche...  

Dans son lit, accompagné de trois mannequins-vedettes, le Président Bartholdy s'amuse.  

 

(1) http://fr.wiktionary.org/wiki/schlague  

 

(Script original)

Scénario : (1 commentaire)
une série A comique (sociale) de Carsten Weiner

Pavel Feild

Sarah Lee

Tristan Mirren

Virginia Feild
Avec la participation exceptionnelle de Nicolas Buxton, Nene Takishonda
Sorti le 02 mars 2013 (Semaine 426)
Entrées : 22 024 356
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