Ticalorca, Cordillère des Andes - de nos jours.  

L'hélicoptère de la Fondation Stark pour la Recherche venait de virer de bord brusquement. A l'intérieur, les hommes de la Fondation, le Professeur Damian (Joel Nicotero), sa fille Margo (Annie Berger) et leur accompagnateur Ike Harris (Kong Takami) avaient été dangereusement malmenés, venant de se faire surprendre par un brusque vent contraire. Responsable de l'expédition auprès de ses créanciers, Damian décidait de poser l'hélicoptère et de continuer à pieds : Harris connaissait bien la région, c'était d'ailleurs lui qui avait demandé au professeur de financer l'expédition. Ce dernier avait été fasciné par la thèse du jeune homme qui ne faisait que confirmer ses propres hypothèses selon lesquelles une race extra-terrestre avait entrepris un premier contact avec différentes civilisations terriennes au même moment il y avait de celà plusieurs siècles, voire millénaires. Une civilisation qui depuis, était devenue leur protectrice invisible. Pour les épargner de quoi ? - c'était toujours un mystère.  

Malgré les contestations des pilotes et du personnel de sécurité, le vétéran de l'expédition archéologique imposait un bivouac au coeur d'une cuvette rocheuse moins exposée. On se posait ainsi sans encombres.  

Harris était de plus en plus excité par la perspective de revenir sur les terres de ses recherches : c'était un retour aux sources autant qu'un retour au bercail. Le jeune asiatique pugnace avait vraiment "mis le feu" à l'Institut pour faire bouger les choses et tenait à ce que seul le microcosme scientifique fut au courant de ses recherches. De ce qu'il avait écrit... et de ce qu'il n'avait pas dit.  

Margo se doutait qu'il cachait pas mal de choses, la jeune femme - sans jamais mettre en doute la crédibilité ni les preuves offertes en pâture par Ike - savait qu'il ne leur avait pas tout révélé (finalement, que savaient-ils de lui ? - à part son CV qu'il avait laissé volontairement flou) et que seul son père et quelques autres individus triés sur le volet pourraient comprendre les implications de ce qu'il avait à leur faire partager. Le bouillonnant thésard avait une énergie assez communicative et elle n'avait jamais vu son père aussi enthousiaste et dynamique depuis la mort de sa femme.  

Leur budget, néanmoins, n'était pas illimité - et c'était à elle de rendre des comptes. C'est pourquoi - à sa demande - Damian avait souhaité se rendre en équipe réduite sur des lieux inviolés depuis des siècles.  

Ike, disait-il, faisait appel à sa "puissante intuition" pour trouver des preuves, révéler des présences de vie troglodytes au coeur de ses montagnes. C'était difficile à comprendre.  

Après quelques heures de marche, alors que le soleil commençait doucement à décliner, Damian décidait de camper. C'est alors qu'Ike leur intimait - gentiment mais fermement - de continuer car ils n'étaient "plus très loin". Le vieil homme fatigué se sentait tout-à-coup investi d'une nouvelle vie et redoublait d'effort, dépassant même sa fille et le jeune homme. Incroyable.  

Harris trouvait une faille (invisible sur les photos aériennes et les relevés topographiques) entre deux structures rocheuses imposantes. Une faille que l'on aurait juré oeuvre de Dame Nature. Ce qui n'était pas le cas selon Harris : "ils" avaient fait en sorte de passer inaperçus en imitant ce qui les entourait. Des milliers d'individus seraient peut-être passés à côté sans jamais la remarquer. En s'enfonçant en elle, un peu angoissés, chacun pouvait se rendre compte de la réalité de la chose.  

Des escaliers. Au coeur de la montagne. Harris avait été le premier à allumer sa puissante lampe-torche.  

Il descendaient ainsi au coeur des strates, de plus en plus estomaqués par ce qu'ils voyaient : de nombreuses gravures à même la roche, de formidables preuves d'une existence qui avait précédé - ou accompagné - celles des civilisations précolombiennes. Ils s'arrêtaient parfois pour preuves des notes, photos et empreintes - c'était tout bonnement gigantesque.  

Certaines parois s'étaient effondrées - obligeant à des contours par d'autres boyaux. Les affres du temps, pensait Damian. Ike avait une toute autre opinion sur la question : il y avait eu une guerre ici, il y a des milliers d'années de celà.  

Au fur et à mesure de leur progression, Margo se rendait compte que la voix du jeune homme commençait à muer. Il s'affirmait non seulement comme leur guide - mais plus encore comme le conteur d'un peuple oublié : il évoquait ainsi le retour de dieux technologiques et sages chargés de juger l'humanité, de la création commune du chaînon manquant ayant donné naissance aux trois grandes races : les humains de la surface, les déviants troglodytes et les éternels en attente des Célestes, leurs créateurs. Jusqu'à présent, Margo avait toujours pensé que ce fatras mythologique relevait de l'imagerie et de la métaphore, mais les accents d'Harris sonnaient comme une vérité presque tangible.  

Et au détour d'une cavité, quelqu'un les attendait. Quelqu'un qu'Harris connaissait bien : c'était une belle jeune femme (Pamela Yuan) qui l'appela "Ikaris". Il la leur présenta sous le nom de "Circé". Alors que son père était toujours sous le choc de leur découverte, Margo observait la jeune inconnue, se demandant dans quel "jeu" Harris était impliqué : ces deux-là devisait dans une langue qu'elle ne parvenait pas à retrouver mais qui - au fond d'elle-même - lui parlait secrètement.  

Harris se retourna vers eux :  

"Il faut partir plus profond, les déviants nous ont senti."  

(Script original d'après la série de comix de Jack Kirby - Les Eternels clôturent de manière "bigger than life" la collaboration entre le groupe Marvel et la MMP, collaboration débutée début 2006 par Deathlok et qui s'achève en cette fin d'année 2012.)