Ce type était plutôt sympathique. Mais sa copine était trop bonne pour que j’en fasse un pote. Je lui livrais son shit à domicile. Je sonnais, c’était toujours elle qui venait ouvrir. Elle donnait toujours l’impression d’être surprise au saut du lit. Elle ouvrait, elle souriait et s’écartait pour me laisser entrer. Le couloir était étroit, juste assez pour que l’on ne se touche pas, mais que je sente comme elle respirait.  

Quand son copain avait roulé le splif, il lui passait pour qu’elle l’allume. Elle portait toujours du rouge à lèvres et le filtre était marqué d’une empreinte de bouche quand elle nous tendait le joint. Leur salon me semblait étroit, le truc qu’elle me faisait c’était tellement de la dynamite que j’avais peur de faire péter les murs.  

Je me demandais ce qu’elle foutait avec ce type : est-ce qu’il la baisait si bien que ça ? Il n’avait pas de thune, aucun prestige, pas de situation. Et son humour était lamentable. Il y en avait des centaines d’autres comme lui.  

J’imaginais souvent, si elle avait été ma femme, comment ça changerait ma vie. Ca aurait changé un tas de choses, si j’avais eu une copine pareille. J’aurais été quelqu’un de différent : plus stable, plus volontaire, plus généreux. Et j’en aurais fini avec tous les sales trucs. Je ne me serais pas défoncé comme un con, je n’aurais pas gaspillé ma thune, j’aurais cessé de perdre mon temps, je n’aurais pas été mauvais avec autrui parce que je n’aurai plus eu aucune rancœur.  

Vraiment, je ne pouvais pas croire qu’il la baisait si bien que ça. Plus je le regardais moins je pouvais le croire. Ca se repère, les garçons qui font crier les filles. Et c’était pas son cas. Trop fade, trop éteint. De la confiture aux cochons, cette fille superbe et si tentante, avec ses seins splendides et son ventre bombé, sa peau mate et pulpeuse, ses ongles toujours rouges et ses chevilles tellement fines. Je ne pouvais pas croire qu’il savait quoi en faire, comme moi j’aurais su.  

Et petit à petit, je m’étais mis à en vouloir furieusement à ce type.